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Géplu.
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Très bel exposé du Védanta, clair et synthétique par un être qui semble habité par son sujet. Aux antipodes des exposés indigestes sur la question. Un seul reproche, ne pas faire une nette différence entre le bouddhisme et l’Advaita même si on a pu parfois accuser Shankara de bouddhisme ! Il est vrai que ce dernier puise ses racines dans l’Hindouisme et en étend les concepts au-delà de la tradition hindoue. On peut faire la même comparaison entre le judaïsme et le christianisme.
Oupanishads et origine de la philosophie hindoue
Commençons par rappeler que dans la jeunesse de l’humanité, la femme avait affirmé une seule divinité : Vishnou, la Déesse.
Précisons que le terme « Déesse » est le nom générique de toutes les femmes supérieures et qui n’indiquait alors que les qualités morales inhérentes au sexe féminin. Pas de surnaturel ; partout les mêmes principes, c’est-à-dire les mêmes commencements, avaient pour base la nature même, encore inviolée.
Le Brahmane vint qui, retournant tout ce qu’elle avait fait, affirma, lui aussi, un seul Dieu : l’homme.
Mais la substitution fut lente. On continua longtemps à croire aux anciennes Déesses, puis on arriva à les confondre avec les nouveaux Dieux, on créa les couples divins, et dans le couple, bientôt, la femme disparut et l’homme resta seul. C’est ainsi que s’ébranlait la puissance féminine, qu’elle fondait, absorbée dans celle du Dieu mâle.
Pour éviter les contestations, on arriva à supprimer toutes les personnifications humaines dans la Divinité ; on consentit à supprimer le Dieu-homme, à la condition de supprimer aussi la Déesse, et on résuma tous les anciens Dieux dans un « Dieu unique » qui est, d’abord, Brahma, « l’essence de la prière ». Plus tard il deviendra Brahma, la source de tous les êtres et l’âme de la Nature.
C’est ainsi que, ayant gardé l’habitude de la prière (ces habitudes sont tenaces), les prêtres s’adressent maintenant « au ciel », qui ne les entend pas, non plus à la Déesse qui les entendait. La prière devient une imitation de l’élévation de l’esprit féminin vers le ciel, mais la Femme qui s’élève vers la puissance solaire, ou qui s’absorbe dans la contemplation de la Nature, ne l’implore pas. Le prêtre, qui n’a pas les mêmes facultés, ne comprend pas qu’il y a une différence entre elle et lui. Lui qui sent sa faiblesse et a toujours besoin de secours, envoie sa Supplique au principe cosmique, comme s’il l’entendait ; cela devient un rêve, une illusion trompeuse.
C’est à cette époque qu’apparaissent les plus anciennes Oupanishads. C’est dans ces écrits que l’on a dit à l’homme : « Insensé qui crois que tu es toi ! Insensé qui ne sais pas que tu es moi, que je suis toi, et que tous deux et tout ce qui est, nous sommes Brahma, et que rien n’est que Brahma ».
En fondant le Brahmanisme, les hommes instituèrent le système des castes, qui est un classement des hommes, un classement masculin qui ne comprend pas les femmes.
C’est une façon de remplacer l’ancienne division naturelle, celle qui ne divisait l’humanité qu’en deux moitiés : les Dêvâs et les hommes.
De grandes précautions furent prises pour préserver les Ecritures révisées de la critique des mécontents. Ce fait seul, qui se produisit partout, révèle la supercherie des rédacteurs.
Actuellement encore, les Livres sacrés sont tenus secrets, par pure tradition ; personne n’est admis à les examiner dans les temples, on craint l’indiscrétion des savants et l’on redoute toujours vaguement la vengeance des femmes.
Les membres de la caste des Brahmanes sont chargés par les lois religieuses de la conservation et de l’interprétation des Védas.
Ces menaces nous révèlent la crainte que les imposteurs ont toujours eue de voir leurs supercheries découvertes. Mais elles n’ont pas empêché les savants de déchiffrer les textes, pas plus qu’elles n’ont empêché certaines femmes d’en comprendre la signification qu’on a pris tant de soin de leur cacher.
Le rôle que les Brahmanes avaient pris auprès de la femme-Reine, rôle d’intermédiaires intéressés, ils prétendent le prendre auprès des rois quand le pouvoir masculin se forme ; alors nous voyons les Brahmanes se représenter eux-mêmes comme des hommes nécessaires.
(…)
L’évolution mentale avait amené un véritable chaos dans les esprits ; toutes les croyances primitives étaient dénaturées ou niées. Et alors on vit apparaître des hommes qui prétendirent tout expliquer. Remettant en question toutes les lois de la Nature, Ils les adaptèrent à la mentalité masculine, mélangeant les vérités premières à des erreurs secondaires. C’est cela que les historiens appellent « la philosophie ».
Aux Indes, c’est Çankarâchârya qui introduit ce genre de recherches ; il fonde des Mathas, ce qui veut dire des Ecoles philosophiques.
Son système est un compromis. Il amène l’exotérisme hindou à s’harmoniser, dans la pratique, avec la sagesse religieuse ésotérique. Il laisse aux peuples les anciennes Divinités, mais les explique philosophiquement, c’est-à-dire embrouille la question par des sophismes nouveaux. Pour expliquer la Divinité, il eût suffit de rétablir la loi des sexes. C’est parce qu’on veut la nier qu’on multiplie les explications de l’idée confuse qu’on substitue à la vérité simple. Cette philosophie tâchait de concilier le régime nouveau avec ce qu’il y avait de particulièrement indéracinable dans l’esprit des Hindous.
C’est au Vème siècle avant notre ère que les Ecoles philosophiques se fondent. Leur résultat est d’ouvrir Une voie nouvelle aux interprétations des hommes qui ont pour but de supprimer la Femme, sa science et son influence dans la vie sociale, en justifiant cet ostracisme par des affirmations mensongères.
Deux Ecoles se produisirent :
L’une spiritualiste, enseignant l’unité divine et sa spiritualité résumée dans Brahma, la puissance cosmique, qui hérite par ce système de tous les attributs féminins, en même temps que de la puissance morale de la Déesse. Et on va loin pour justifier ce système, on arrive jusqu’à nier l’existence du monde visible, on ne voit dans les anciennes Divinités que des apparences. Mâyâ n’est plus une réalité, c’est une illusion.
Le second système qui apparaît, c’est le matérialisme. Il insiste sur la réalité des êtres et du monde, rejette Brahma qu’il ne comprend pas, du reste ; il affirme la matière, mais nie l’Esprit (qui est en la Femme), et les Dêvâs qu’il ne veut plus comprendre parce que ce sont des créatures extra-masculines ; il limite le monde à l’homme et nie ce qui le dépasse.
Ces deux écoles se partagèrent longtemps les esprits. Cependant, sous le roi Vikrama, on vit se produire une renaissance de la littérature sanscrite ; de nouvelles Ecoles philosophiques se fondèrent ; alors les ouvrages intitulés Oupanishads donnèrent naissance à plusieurs systèmes, dont six sont admis comme orthodoxes, disons classiques. C’est de cette littérature que sortira, plus tard, la philosophie bouddhique, quand le Bouddhisme s’élèvera jusqu’à être un système philosophique.
Vers 400, un auteur appelé Yâska écrivit le Niroukta, livre grammatical donnant (ou plutôt prétendant donner) l’explication des termes obscurs des Védas, réunis dans le Nigama.
C’est certainement cet auteur qui dénatura le sens des mots sous prétexte de les expliquer. Alors, on vit naître une exégèse, c’est-à-dire une recherche du sens réel des mots.
Les Ecritures, une fois révisées définitivement, furent enseignées aux enfants qui passaient plusieurs années à les apprendre par cœur. C’était un devoir religieux, nul ne devait s’y soustraire sous peine de dégradation. Et il faut bien remarquer que c’est toujours quand la Vérité est altérée, cachée, quand l’erreur triomphe, qu’on en impose l’étude à la jeunesse…
Cordialement.