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La nouvelle génération de Francs-Maçons, au début du règne du roi Georges Ier, voyait d’un œil très critique les Anciennes Constitutions « gothiques » que leur avaient laissées les Maçons du temps passé (ce qui n’empêchait évidemment pas les « opératifs » de l’époque de continuer à travailler sur leurs chantiers ni ceux parvenus à la qualité d’architecte de se pencher sur leurs plans !). C’est ce que laisse entendre l’Approbation officielle du Livre des Constituions de 1723 dont Anderson était l’auteur (avec ses 14 réviseurs !).
« Comme à cause des troubles occasionnés par les guerres (des Saxons et des Normands) … les archives des Maçons Anglais avaient subi beaucoup d’altérations, les Francs-Maçons jugèrent nécessaire de corriger leurs Constitutions, Obligations et Règlements : d’abord durant le règne du roi Saxon Athelstan, puis longtemps après sous le règne d’Edouard IV le Normand. De plus les Anciennes Constitutions en Angleterre avaient été fortement interpolées, mutilées et misérablement altérées … à cause de l’ignorance des copistes à ces époques profondément illettrées et avant la renaissance de la Géométrie et de l’ancienne Architecture : si bien qu’il en résultait un grand préjudice pour tous les Frères instruits et judicieux, et pour les ignorants qui s’y sont trompés. C’est pourquoi notre dernier Grand Maître, le duc de Montagu donna ordre à l’auteur de ce livre d’examiner, corriger et rédiger selon une nouvelle et meilleure méthode l’histoire, les obligations et les règlements de l’ancienne Confrérie » (Approbation, signée par le duc de Wharton GM 1722-1723, du Livre des Constitutions de 1723, p. 157 de la traduction de Mgr Jouin, 1930, p. 73 de l’original anglais).
Plutôt que de voir d’un oeil très critique les Anciennes Constitutions, il pourrait s’agir d’une impossibilité pour des maçons acceptés de constituer des loges et de faire des maçons, privilège des opératifs ; d’où la nécessité de faire une version des Anciens Devoirs qui le permette.
On remarquera tout de même la rigueur toute opérative des Constitutions de 1723 ; aux détails près de la religion et de la lecture de l’histoire du métier, tout y est, obligations de l’apprenti et vis à vis de lui, responsabilité du maitre, tenure, assiduité, discipline et pratique de la géométrie qui réunis tous les arts, etc.
Le « Poème Hudibrastique » parut le 15 février 1723 dans le Daily Post.
Or la publication du Livre des Constitutions (d’Anderson) le fut dans le Post Boy du 26-28 février 1723 ! La coïncidence est surprenante et n’a pas manqué d’être soulignée.
Le « Poème », on l’a vu, faisait une distinction très nette entre les Francs-Maçons d’autrefois et ceux de son époque, « travailleurs d’une toute autre espèce », plus enclins à la grivoiserie qu’au travail de l’esprit (et de la main).
Se pourrait-il que cette charge d’un goût douteux soit une réponse à des Constitutions nouvelles dont les «vieux » maçons ne voyaient pas l’utilité mais ressentaient l’outrage (notamment l’abandon inéluctable de la lecture de l’histoire traditionnelle du métier) ? Cette crainte doit être rapprochée de la publication des « Anciennes Constitutions », l’année précédente, par J.Roberts dans The Post Man.
Plusieurs le pensent. Henri Sadler, par exemple, y voit la réaction des artisans et des travailleurs manuels qui étaient encore membres des loges les plus anciennes (Faits et Fables Maçonniques,1887, voir surtout les deux premiers chapitres). David Stevenson (Heredom, vol 10, 2002) pense plutôt le conflit était politique, opposant le parti Whig représenté par le duc de Montagu au parti Tory, illustré par le flamboyant duc de Wharton.
Petit complément :
« Quand enfin les maçons ont été dévêtus,
Approuvés, marqués et fouettés,
Ils sont d’emblée attifés de la tête au pied
Et habillés comme un dandy quelconque
Avec des gants et un tablier de cuir,
Une épée, une longue perruque, un chapeau et des plumes.
Tels le Seigneur Quichotte, ils fanfaronnent
Pour prouver qu’ils sont hommes de courage
Qui peuvent combattre les moulins à vent et conclure des traités.
Le tablier de cuir est leur habit,
S’il est permis de deviner,
Ce que représente le surtout martial
Et tout ce qui est rude et grand.
Alors le maçon est installé.
Sur le Livre, il est invité en toute fraternité,
Et il prend son engagement sur la Bible
Que jamais il ne révélera
Les secrets de la maçonnerie
Ou autre chose qui doit rester secret.
Et le dernier reçu des Frères
(Ceci ne fait pas partie du métier de maçon)
Doit abaisser sa culotte et montrer son cul,
Que tous doivent aussi exposer.
Le nouveau maçon les salue de près,
Ce que nul ici n’ose discuter,
Et quand il a bien bavé sur leur cul
Et remis son épée au fourreau,
Un discours savant est présenté
Sur la culotte et la dignité du maçon ;
Après quoi (le nouveau maçon) est enfin installé
Et conduit à sa place de maçon. »
L’Angleterre « augustéenne » était loin d’être sage comme on la présente parfois. Comme partout, le volet dionysiaque de la nature humaine y cohabitait avec son volet apollinien.
Voltaire n’en décrit qu’un aspect, partiel car conditionné par son expérience de la société français du temps.
Le texte complet se trouve sur internet. Suffit de taper « Hudibrastick poem ». Mais c’est en anglais!
Oh ! que ça fait du bien de lire cela, une FM « mauvais genre » rabelaisienne et libertaire, le sublime et le plus trivial dans le même temps, comme souvent au cours de son Histoire et parfois même encore dans nos ateliers d’aujourd’hui.
Loin des majuscules à chaque phrase pour les mots magiques (Fraternité, Spiritualité) et de l’enfilage de perles régressif au possible et passablement ennuyeux…Bon, j’exagère un peu mais à peine la FM « chamallow » ça va un temps mais ça manque de chair.
Merci à Pierre Noël pour son érudition coutumière et le partage, est-il possible de trouver le texte dans son intégralité ?