Stifani : sur son blog en décembre…

A MANU HAINAUT: d’où je me connecte, je n’ai malheureusement pas accès au texte de Mr Stefani (j’irai le consulter dès que possible), par contre j’ai lu votre commentaire avec intérêt et je dirai que l’antimaçonnisme n’est qu’une goutte dans l’océan des exclusions. La recherche de boucs émissaires n’a jamais été aussi dense qu’à l’heure actuelle car dans une société qui prône, valorise et sublime l’individualisme, il est évident que la faute ne peut être trouvée que chez autrui. « Si la société va mal, ce n’est pas de ma faute, c’est celle des maçons, des juifs, des musulmans, des étrangers, des illuminatis, des politiciens, des adorateurs de Cthulu, (biffez les mentions inutiles et trouvez-en encore bien d’autres) ». Ajoutez à cela que les complotistes les plus délirants peuvent désormais répandre leurs « théories » très facilement via le Net et que l’esprit critique est tellement dévalorisé, car pouvant nuire au consumérisme, qu’on peut désormais faire avaler non plus des couleuvres mais des anacondas au premier venu. Vous obtiendrez l’explosif mélange actuel qui provoque des bouffées de haine à l’égard de tout ce qu’on ne veut même pas chercher à comprendre, mais sur lequel on peut fantasmer à loisir. Ce n’est que mon avis, bien entendu.

J’ai lu avec attention l’article de Hiram.be et l’entièreté de l’article sur le blog. Et je suis plutôt déçu ! J’ai lu des généralités déjà mille fois lues mais pas une analyse un peu approfondie. Et je trouve les pistes de réflexions, actions, réactions face à cette montée de l’antimaçonnisme :  » Quatre décennies de parcours maçonnique m’ont convaincu que nous devons revoir cette notion de « secret ». … Toutefois, pour que cela soit rendu possible, la Franc-Maçonnerie doit renoncer à toute ambition du pouvoir, qu’il soit spirituel, temporel politique ou social. Elle doit se recentrer sur la démarche initiatique de ses membres et répondre à la quête de sens des sociétés contemporaines.  »

Mr Stifani aurait pu parler de la montée conjointe, parallèle des ostracismes – comme nous l’avons connu dans le passé avec le complot judéo-maçonnique ou bolchévico-judéo-maçonnique. Faut-il penser l’antimaçonnisme comme phénomène isolé, spécifique ou le considérer dans une montée plus large des exclusions ?

Mr Stifani ne mentionne nullement les petits groupes – très marqués idéologiquement – qui expliquent l’ensemble des phénomènes économiques, sociaux, culturels, … par des « complots » de l’état américain ou autre, des groupes subversifs, des financiers, … ou des francs-maçons. Tant que ces petits groupes font leur popote complotiste entre eux, c’est pas trop grave (enfin, il me semble); là où le problème se pose vraiment c’est quand ces « théories » complotistes trouvent un écho plus large.

Et la crise, seule, n’explique pas cet élargissement de l’audience : il y a eu des crises où cet élargissement d’audience n’a pas eu lieu. Il me semble qu’il doit y avoir en même temps une défaillance majeure des groupes sociaux, politiques, culturels, éthiques, moraux à donner du sens à ce qui se passe et à proposer une « sortie par le haut ». La proposition de Mr Stifani que la FM « réponde à la quête de sens des sociétés contemporaines » est exactement cela.

Et alors ? Comment penser à partir de demain matin ? Quoi faire demain matin ?

Mon commentaire n’est nullement polémique; les questions que je soulève ici, je n’y ai pas de réponse satisfaisante.