Séparer l’Etat de la franc-maçonnerie

Publié par Jiri Pragman

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samedi 6 septembre 2008
  • 15
    Vincent
    12 septembre 2008 à 14h43 / Répondre

    Merci Nicolas pour ta contribution.

    En théorie je dirais que l’on devrait pouvoir initier des politiques… En pratique, il m’est tentant de suggérer le contraire… Ce d’autant plus que les personnes qui veulent rentrer en maçonnerie par intérêt politique, ne sont pas aussi difficiles à détecter …

  • 14
    nicolas dupond
    9 septembre 2008 à 15h09 / Répondre

    Quitte à choquer, mais travaillant dans une fonction publique très proche des élus, je puis dire qu’on ne retrouve plus ce qui devrait être les valeurs de la franc maçonnerie (notamment la défense de l’intérêt général et du citoyen) dans la politique locale actuelle.

    N’étant pas entré en franc maçonnerie pour rechercher le clientèlisme, je ne puis dire si les élus que je côtoie tous les jours sont maçons (mais la rumeur même interne serait positive pour certains). En tous cas, je ne reconnais pas les élus maçons des élus profanes: ils doivent avoir malheureusement les mêmes travers (je suis désolé mais c’est la vérité).

    Et après, malheureusement, nos « amis en bruns » peuvent vendre, déja en premier lieu au niveau politique, leur soupe populiste au peuple qui souffre de plus en plus de la situation économique. Et le pis, c’est que sur le fond (et non la forme qui est à vomir), ils n’ont pas tout à fait tort. La situation dangeureuse est d’ailleurs qu’actuellement seuls les extrêmes (gauche et droite) semblent faire un diagnostic « brillant » de la politique.

    Et dans une seconde étape, ils amalgament de manière jouissive pour eux politique maçons et maçons tout court pour nous faire du tort.

    De toute façon, il ne faut pas oublier que le fou à moustache est arrivé au pouvoir en Allemagne en grande partie à cause de ce qu’était la République de Weimar combattue d’ailleurs par Rosa Luxembourg qui toute révolutionnaire qu’elle était (une espèce pas toujours appréciée par certains frères) était une soeur il me semble.

    Doit on encore initier des politiques? Quitte à mettre les pieds dans le plat, je pose la question (mais autour de moi en loge, je ne suis pas le seul à se la poser).

  • 13
    Apprenti63
    8 septembre 2008 à 23h24 / Répondre

    @ Vincent,
    C’est peut-être l’heure tardive, mais j’ai un peu de mal à comprendre ton explication sur le secret qui termine ton dernier message.
    Tout mot est par essence polysémique, il recèle une richesse, un potentiel de significations parfois insoupçonnées. Notre démarche consiste bien à explorer ce qui apparaît obscur, caché, enfoui, « occulté ». Mais comment aller au-delà des connotations? Un mot ne peut pas ne pas en avoir, ou alors il se réduit à un signe possédant une seul valeur possible (à l’image des panneaux de circulation). C’est en jouant sur les multiples sens d’un terme que l’on peut développer sa pensée (mais aussi son imaginaire, son intuition, sa sensibilité).
    Alors, si j’évacue la connotation religieuse du mot :
    => d’accord pour la foi maçonnique en tant qu' »engagement, promesse, serment » (1er sens donné par le Robert)
    => d’accord pour la foi maçonnique en tant que « fidélité », droiture, loyauté, sincérité
    Tout Maçon reconnaîtra là des termes qui l’auront marqué lors de son initiation.
    Pour les autres virtualités du mot, je suis un peu plus dubitatif…

    Cet échange m’aura en tout cas beaucoup appris – à partir d’un seul mot!
    Comme on dit dans d’autres circonstances, j’ai touché mon salaire 😉
    (d’ailleurs c’est assez curieux, ces échanges par commentaires interposés, séparés de temps de réflexion silencieuse, peuvent s’apparenter aux prises de paroles en Tenue)

  • 12
    Vincent
    8 septembre 2008 à 13h33 / Répondre

    Tu touches à un point important : encore à mon avis, être libre passe aussi par se libérer du poids toujours subjectif du sens des mots. Un bon exemple étant l’Architecte de l’univers qui cependant ne peut sans doute s’aborder de la même façon en loge par rapport au monde profane… En loge il peut signifier plein de choses (par forcément le Dieu révélé); par contre dans le monde profane, impossible de le dégager de la pesanteur de l’Histoire qui en fait une des dénominations du Dieu révélé….

    Si le mot « foi » te gêne, sachant qu’il ne s’agit pas de savoir si tu as ou si j’ai tort ou raison (impossible, je crois), je t’encourage à voir en toi pourquoi cela te gêne: aller au-delà des connotations. Les symboles ne peuvent être pris comme responsables de ce qu’ils signifient et font faire aux êtres humains. Ils sont des miroirs de nous-mêmes et les mots sont symboliques aussi… Le secret est une notion très révélatrice de cette tendance (naturelle ?) à chercher en dehors de soi: au lieu de le voir comme l’image inconnue de soi, on peut comprendre que bien des gens le perçoivent comme un danger extérieur à eux… Un autre argument pour séparer l’État de la FM ?

  • 11
    Apprenti63
    8 septembre 2008 à 8h42 / Répondre

    Merci, Vincent, pour tes précisions.
    Sur la démarche telle que tu la présentes, je n’ai rien à redire, car elle correspond à la manière dont beaucoup de Maçons vivent leur cheminement initiatique, leur quête spirituelle.
    Mais l’emploi du mot « foi » me gêne terriblement, du fait de ses connotations, de tout ce qu’il suggère et a hélas trop souvent entraîné au cours des siècles : soumission aveugle aux dogmes conduisant à l’intolérance, au fanatisme ; rejet du rationalisme…
    Je suis bien convaincu que tu n’entends pas ce mot ainsi, et tu as bien sûr toute l’attitude pour l’employer!

  • 10
    Vincent
    7 septembre 2008 à 23h05 / Répondre

    Merci Apprenti63 pour tes commentaires. Le charme de la maçonnerie est d’être un peu espiègle : jamais vraiment saisissable, mais toujours accueillante.

    La foi maçonnique est, selon moi, essentielle car elle relate la nécessité intuitive, confuse et spirituelle de s’enfoncer dans l’inconnu propre au symbolisme, à l’initiation, dans un soi-même plus ou moins obscur. Je parle de foi parce que ce cheminement n’est pas une question de savoir rationnel, mais bien de croyance-confiance en quelque chose que l’on ne peut imaginer (c’est le propre du secret initiatique) car cela se passe sur une autre plan que le rationnel …

    Le rationnel a tendance à refuser à accepter ce qu’il ne comprend alors que « l’initiatique » cherche à accepter avant de comprendre (ce qui peut prend des années).

  • 9
    Apprenti63
    7 septembre 2008 à 20h15 / Répondre

    Vincent,
    Certains de tes propos m’ont vivement intéressé, et je me permets de t’exprimer (si possible avec concision!) la réflexion qu’ils m’inspirent:

    => « Un politicien peut être franc-maçon, mais ça n’est pas le franc-maçon qui fait de la politique: c’est le politicien. « 
    Je suis d’accord, mais seulement en partie car on ne peut pas séparer l’homme politique du maçon, en ce sens que ce dernier défend une vision humaniste qui le conduit à placer certaines valeurs au 1er plan.
    Seulement, il n’agit pas pour faire triompher un programme d’action complet qui aurait été rédigé ou conçu par son obédience : c’est là la limite que les obédiences ne doivent pas franchir, car en effet plus rien ne les distinguerait alors des organisations pilitiques classiques.
    Enfin, je précise que je ne place pas les politiciens-maçons au-dessus des autres hommes politiques, évidemment!

    => « VITRIOL exprime à la perfection ce que signifie s’intérioriser »
    Je suis comme toi très attaché à cette formule alchimique qui résume l’essence du travail sur soi-même que tout maçon entreprend. Mais je ne vois pas pourquoi elle serait incompatible avec toute implication dans la vie de la cité, qui est une manière de mettre en oeuvre les valeurs fondamentales de la FM (tolérance, respect des autres et de soi-même, désir d’améliorer la société : ceci n’est pas propre à « ma vision », mais est encore une fois une dominante de l’Ordre dès les « Constitutions d’Anderson ».)
    Au risque d’aggraver mon cas, je pense que cet investissement dans la société est un point d’aboutissement logique (mais nullement obligé!) pour beaucoup de Maçons : le chemin de la connaissance de soi et du perfectionnement individuel conduit souvent à s’ouvrir aux autres, à voir ce qu’on peut leur apporter, ce qu’on peut améliorer.
    Dans de nombreux ateliers, on trouve ainsi des Frères venant des milieux associatifs (du club sportif à l’association d’aide aux chômeurs, en passant par l’économie solidaire…), politiques, syndicaux, mais aussi des enseignants – bref, des hommes et des femmes qui ont en commun de travailler en direction des autres, au service des autres.
    C’est d’ailleurs souvent ce qui conduit des profanes très impliqués dans l’action au service des autres à frapper à la porte du temple, et la lecture des lettres de candidature montrent que la FM est pour eux en cohérence avec cette implication.
    D’une manière ou d’une autre les deux facettes du travail maçonnique (envers soi-même/envers les autres) sont très souvent liées.

    => « on parle de foi maçonnique » – personnellement, je n’avais encore jamais lu ou entendu cette formule, que je récuse tout à fait!

    => « la franc-maçonnerie n’a rien d’une organisation démocratiquement représentative et ne peut pas, par essence, porter une idée politique particulière » : comme mouvement de pensée, comme société de pensée, une obédience n’est pas légitime lorsqu’elle exprime une position sur des grands problèmes sociaux ou éthiques? La Ligue des Droits de l’homme, la Fondation Emmaüs ne sont pas « démocratiquement représentatives », mais je pense que leurs interventions dans l’espace public sont légitimes.
    Enfin, tout dépend de ce qu’on entend par une « idée politique particulière » : la FM n’a pas pour objet de proposer des lois précises, mais elle peut exprimer ses positions sur un plan éthique, humaniste, sur les décisions politiques qui lui semblent mériter une attention particulière.

    Enfin, je suis d’accord sur le fait que la FM n’est pas, bien sûr, l’unique défenseur des principes laïcs, républicains et démocratiques… mais il est difficile de lui dénier le droit d’agir elle aussi dans ce domaine!

    Voilà, je suis peut-être un peu confus et redondant, mais j’espère avoir apporté une (modeste) pierre sur le chantier!

  • 8
    gael
    7 septembre 2008 à 15h28 / Répondre

    il ne tien qu’à nous de le faire… Au moins de tendre vers cet idéal.

  • 7
    Vincent
    7 septembre 2008 à 15h05 / Répondre

    Merci gael… Mais qui dit « veille maçonnique », dit, à mon avis:

    – Une reconnaissance sociétale de ce rôle conféré à la maçonnerie;

    – Une neutralité totale;

    – Une probité sans aucune tâche.

    Je crois que malheureusement aucune de ces conditions n’est remplie…

  • 6
    gael
    7 septembre 2008 à 10h56 / Répondre

    Vincent,
    je partage en partie ton point de vue sur le fait que le racisme, l’anti-sémitisme et le sexisme sont l’affaire des « défenseurs de la loi »… loi qui évolue à chaque fois que le gouvernement éternue. C’est peut-être l’une des raisons qui pourrait inspirer une sorte de « veille maçonnique » sur ce type de question.
    g.

  • 5
    Vincent
    6 septembre 2008 à 23h36 / Répondre

    Bah j’aimerais bien quand même avoir quelques arguments au sujet de l’initiation ou non des femmes ! Un Blog, c’est pas un Forum de discussion ?

    Être Franc-maçon, à mon avis, c’est comme une nationalité (on a même un passeport !!!). Mais ce n’est qu’une dimension de l’identité d’un homme ou d’une femme. Un politicien peut être franc-maçon, mais ça n’est pas le franc-maçon qui fait de la politique: c’est le politicien. Cela me semble encore plus dangereux quand c’est toute une obédience qui fait de la politique: ce sont les partis politiques (ou des organisations représentatives de la société civile) qui font de la politique. Cette distinction nous aiderait beaucoup à combattre l’idée d’un complot maçonnique…

    Autre argument (le plus important d’ailleurs à mon avis): on ne peut s’extérioriser et s’intérioriser tout en même temps… je te laisse ainsi avec peut-être un manque d’explication, si ce n’est que VITRIOL exprime à la perfection ce que signifie s’intérioriser…

    Autre chose: il n’y a pas de différence aussi fondamentale que cela entre une religion et la franc-maçonnerie: on parle de foi maçonnique; puis religions (les vraies et non pas les outils politiques usant des religions) et franc-maçonnerie ont en commun d’avoir des symboles, des rituels, des valeurs pas si incompatibles, des officiers, des vêtements particuliers, …

    Bien sûr il y a des différences: LA PLUS IMPORTANTE, je crois, étant l’existence de dogmes, pas en maçonnerie (en principe), mais dans les religions (révélées) … et aussi les activités politiques !!!

    Enfin je pense que la franc-maçonnerie peut influencer le monde profane, mais pas en s’érigeant en justicier ou gardien de la bonne conscience: la franc-maçonnerie n’a rien d’une organisation démocratiquement représentative et ne peut pas, par essence, porter une idée politique particulière car les frères et soeurs ne sont pas supposés penser de la même façon (ou alors c’est dommage pour la quête de la perfection qui est élargissement dans la compréhension du monde; c’est aussi dommage pour le travail sur la tolérance). J’aime bien cette anecdote: ces militaires qui, le soir s’embrassent entre frères, et le jour, se font la guerre !!!

    Par contre, la pratique maçonnique nous permet de changer nos manières d’être, et par le contact humain de tous les jours, d’inviter les autres êtres humains à se questionner, à visiter l’intérieur d’eux-mêmes.

    Qu’il faille combattre le racisme, l’anti-sémitisme, le sexisme, … n’est pas à remettre en question. Cependant ça ne me semble pas être le rôle de la maçonnerie, mais celui des policiers, des juges, des membres des groupes de pression, des enseignants, des députés, .. qui peuvent s’avérer maçons, comme ils peuvent être bouddhistes, humoristes, curés, entraîneurs de sport d’équipe, clowns pour faire rire les enfants hospitalisés,…

    Vincent

  • 4
    Apprenti63
    6 septembre 2008 à 17h56 / Répondre

    @ Vincent : Peux-tu préciser en quoi « séparer l’état et la FM » peut « avoir du sens » pour toi?
    La formule du catho intégriste Bernard Antony sous-entend sournoisement que la FM comme organisation « noyauterait » ou contrôlerait les rouages de l’état, afin bien évidemment de prendre le pouvoir et de préparer l’avènement de l’Antéchrist (ou autre délire de la même farine).
    On retrouve la dénonciation de l’influence pernicieuse de la FM qui défend les droits de l’homme, chose insupportable aux yeux des intégristes de tout bord pour qui il n’existe que des devoirs envers Dieu.
    Il faut bien être conscient de cet arrière-plan idéologique nauséabond.

    Sinon, j’espère que le fait que des personnalités politiques soient des Frères ne te pose pas de problème!

    Enfin, je n’ai pas creusé la question, mais j’ai l’intuition que cette « séparation » Etat/FM n’a pas forcément de rapport avec la distinction profane/sacré qui s’applique uniquement au déroulement rituélique de nos travaux.
    N’oublions pas que nous sommes invités (à tous les rites?? besoin de lumière sur ce point!) à répandre à l’extérieur les vérités acquises à l’intérieur du temple – la construction de son temple intérieur incite chaque Frère à apporter ensuite sa pierre polie sur le chantier de la construction du temple d’une humanité plus juste et fraternelle.

    En tant qu’enseignant, j’aurais des choses à dire sur le second point mais mon message serait trop long ; nous ne sommes pas sur un forum de discussion 😉

  • 3
    SaT
    6 septembre 2008 à 16h50 / Répondre

    Il n’y a pas que des attaques sur la FM, on y trouve aussi tout les relents racistes, islamophobes, pro catho intégristes, beurk !

  • 2
    Vincent
    6 septembre 2008 à 14h27 / Répondre

    En tant que franc-maçon, séparer l’État de la franc-maçonnerie a autant de sens que séparer le profane du sacré (ce que l’on tâche de faire avec nos rituels). Bref ça a du sens pour moi…

    « Quant à libérer l’école de la main-mise du socialisme et des vieilles pédagogies destructrices », ça n’a rien à voir et je ne suis pas habilité pour dire quelque chose à ce sujet. J’aurais juste envie de dire que l’école pourrait être aussi un lieu ou on apprend aux enfants à choisir, être responsables et réfléchir par eux-mêmes: est-ce le cas actuellement ?

  • 1
    Laurent
    6 septembre 2008 à 13h24 / Répondre

    …Ils seront chef d’escadrille décidément, peste brune, peste noire,ça sent la m…. faire front et rendre coup pour coup voila ce qu’il faut faire, et si on commençait maintenant?

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