Armoiries Schaw
William Schaw, fils de John Schaw de Broich et petit-fils de sir James Schaw de Sauchie.
Ils étaient "Gardiens de la Cave à Vin du Roi", d’où les trois Coupes couvertes d’or sur azur de leur blason.

Les Statuts Schaw, l’art de mémoire et le mot de maçon

Publié par Pierre Noël

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dimanche 30 mars 2025
  • 18
    Etienne Hermant
    7 avril 2025 à 11h05 / Répondre

    Je ne sais pas pour PN me concernant, mais pour ma part aucune trace d’ironie à son encontre.
    Il s’agit dans mon esprit de faire état d’une érudition générale et d’une lumière particulière souvent inspirante donnée à certains sujets.
    Mais est-ce un crime de lèse-autorité de ne pas partager certaines des lumières présentées ?
    .
    Cela étant, PN semble oublier ce que lui-même a écrit dans son article.
    Je cite : « Reste à voir si Schaw, homme de la Renaissance, n’avait à l’esprit que la simple utilité pratique de la méthode. N’est-il pas aussi vraisemblable qu’il souhaitait l’appliquer à d’autres domaines, relevant des sciences « secrètes » ? L’hypothèse est d’autant plus tentante que la maçonnerie écossaise du XVII° siècle est surtout connue par son « mot de maçon » qui n’a avec la pratique du métier qu’un lointain rapport. »
    .
    Je ne désire pas rouvrir le débat, mais la présence d’Hermès dans les Old Charges est loin d’être anodine dans un environnement professionnel qui côtoyait intimement les clercs au moyen-âge, et une franche érudite venant du Métier, à la Renaissance, période qui nous occupe.
    Les Old Charges moyenâgeuses faisaient, eux, état de Pythagore dont on sait l’importance qu’il avait dans la construction des cathédrales.
    Concernant l’illettrisme des tailleurs de pierre, qui reste un cliché pour une certaine catégorie d’entre-eux, j’ai donné des éléments en 7 et 10 (et pas trois phrases) qui manifestement ne sont pas pris en compte, soit, et j’aurais pu parler de la transmission orale, de l’étude des plans qui ne demandent pas d’écrits, de tailleurs de pierre érudits dont on connaît certains noms, du fait qu’ils représentaient « l’aristocratie » du bâtiments et ses implications, ce qui aurait rallongé considérablement les commentaires…
    Et les maçons étaient-ils tous illettrés ?
    Les Old Charges d’Aberdeen de 1699 précisent en page de titre : « Ecrit par James Anderson, vitrier et maçon, et secrétaire de notre honorable loge ».
    Un cas isolé ?
    .
    Il faut s’emparer des archives de ces époques qui donnent des détails éclairants sur le sujet.
    C’est ce que fit Pierre Du Colombier, Jean Gimpel, Emile Mâle, Roland Recht.
    Mais il reste des manquements dont se sont emparés les actuels spécialistes du sujet.
    Et il reste des inconnus qui sont à l’étude.
    .
    Alors oui, comme dit PN « We agree to disagree”…

  • 17
    Pierre Noël
    6 avril 2025 à 19h08 / Répondre

    EH écrit : « il nous fait part (de son avis) à la lumière de son érudition et de son expertise personnelle sur le sujet.  » Que cache cette ironie masquant à peine une certaine irritation ? Ai-je jamais parlé d' »expertise personnelle », d’érudition et de lumière ? L’illettrisme de certains signataires de la « charte » (ce n’en est pas une) de Rosslyn est communément relevée par les commentateurs (Lyon, Robert Cooper) ! Hermès trismégiste a droit à un paragraphe de quelques Old Charges ! Et alors ? les bâtisseurs du Parthénon ou ceux du Panthéon romain savaient-ils tous lire, les constructeurs de la Porte des lions (à Mycènes) faisaient-ils choux gras de l’Art de Mémoire cher à William Schaw ? Et cela sans parler de Mansart!
    Nous différons sur ces sujets d’intérêts, c’est tout !

  • 16
    Arnaud Laehert
    6 avril 2025 à 14h47 / Répondre

    La question à laquelle il faut répondre avant toute spéculation qui, sans cela, se révèle inutile, c’est : à quoi pouvait bien servir la théologie, l’hermétisme, la Kabbale, l’alchimie, la philosophie dans l’apprentissage puis l’exécution des métiers de la construction qui demandent une rationalité intégrale, toute approximation étant sanctionné plus ou moins dangereusement, et plutôt plus que moins ?
    Pour l’art de mémoire, c’est assez évident : tout apprentissage est basé et uniquement basé sur la mémoire. La mémoire étant le propre du vivant, du photon à l’Homme.

  • 15
    Etienne Hermant
    6 avril 2025 à 12h59 / Répondre

    Il a été question des historiens Frances Yates et David Stevenson.
    Quels sont leur approche de « L’Art de la Mémoire » initié dans le Métier par William Schaw en 1599 ?
    .
    Frances Yates s’interroge dans son « The Art of Memory » (1966) : « Où trouve-t-on un tel ensemble de tolérance, de liens émotionnels avec le passé médiéval, d’insistance avec les bonnes œuvres envers autrui ? Je ne peux concevoir qu’une seule réponse à cette question- la Franc-maçonnerie, avec ses liens mythiques avec les maçons médiévaux, sa tolérance, sa philanthropie, et son symbolisme ».
    .
    David Stevenson, quant à lui, dans « The origins of Freemasonery » (P 85) va dans ce même sens.
    Il indique que William Schaw « est connu pour avoir voulu faire en 1599 des maçons formés dans l’art de la mémoire » et que « cet art au XVIe siècle, avait développé des liens étroits avec l’hermétisme ».
    Il s’étonnera qu’il serait « extraordinaire » que « des influences hermétiques ne soient pas présentes dans le métier ».
    Il fait état des « Old Charges », « d’une tradition conservée selon laquelle Hermès avait joué un rôle majeur dans la préservation de la connaissance du métier de maçon et sa transmission à l’humanité après le déluge ».
    Il établit que « Tout homme éduqué de l’époque aurait une certaine connaissance de la tradition hermétique et reprendrait la référence à Hermès dans les Old Charges et serait donc susceptible de voir la maçonnerie comme un art hermétique lié à l’un des grands mouvements
    intellectuels de l’époque ».
    .
    Pierre Noël, qui est une source d’inspiration, ne partage pas ces visions.
    Il nous fait part, à la lumière de son érudition, de son expertise personnelle sur le sujet.
    Il s’agirait, pour lui, d’une « hypothèse trop compliquée pour les tailleurs de pierre du XVII° siècle (souvent illettrés si on juge par les signatures de la « charte » de Rosslyn) »
    Quiconque argumenterais à contrario de cette opinion – argumentaires établis sur base des actuelles découvertes concernant l’érudition avérée d’une catégorie de tailleurs de pierre de cette époque- se placerait, selon lui, « à l’aune du moralement correct à la mode d’aujourd’hui ».

  • 14
    Pierre Noël
    5 avril 2025 à 19h21 / Répondre

    J’apprécie énormément l’ouvrage de Stevenson (que j’ai dévoré dans mon jeune temps, à sa sortie en 1983), mais je ne crois pas à ses hypothèses, équivoques quoiqu’en tout honneur, sur la signification de « l’art de mémoire » chez les ouvriers/artisans/tailleur de pierre/ imagiers, qui ne reposent que sur quelques articles imprécis des Statuts Schaw de 1599. Quant au reste de l’argumentation, qu’il y a-t-il à débattre lorsque tout a été dit sinon : we agree to disagree, punt aan de lijn.

  • 13
    Etienne Hermant
    5 avril 2025 à 16h58 / Répondre

    -11- Pour être clair, c’est à ce commentaire de PN qui m’était resté en mémoire (« Maçons géomatiques Ecossais » en 42) que j’apporte des précisions et non, bien évidemment, au commentaire 9 :
    « Je ne crois pas à l’hypothèse ingénieuse de David Stevenson (1988) qui suppose que ce Mot était un avatar de l’Art de Mémoire des Anciens ou des occultistes de la Renaissance, hypothèse trop compliquée pour les tailleurs de pierre du XVII° siècle (souvent illettrés si on juge par les signatures de la « charte » de Rosslyn) »

  • 12
    Etienne Hermant
    5 avril 2025 à 12h51 / Répondre

    -11- « puisqu’il semble se placer à l’aune du moralement correct à la mode d’aujourd’hui ».
    S’il s’agit d’intégrer les nouvelles donnes sur ces sujets, acceptons-en l’augure, puisqu’augure il y a, faute d’argumentaire…
    Une saute d’humeur n’en tient pas lieu.

  • 11
    Pierre Noël
    5 avril 2025 à 12h22 / Répondre

    J’ai écrit (c’est vrai) : « Dans tous les métiers (j’ajoute « dont ceux du bâtiment ») il y a des apprentis, des ouvriers qualifiés, des spécialistes de l’une ou l’autre branche, des contremaîtres, des chefs de chantier (d’atelier) et des maîtres d’oeuvre …  » J’aurais pu y ajouter des tâcherons, des experts, des artistes inspirés, mais aussi des maladroits de naissance, des sous-doués et des intellectuellement faibles ! Sans oublier qu’il y eut toujours des patrons et des salariés (ou pire !), comme il y en eut partout depuis le début du néolithique et de la vie en commun dans des édifices de boue et d’argile d »abord, puis de pierre et de briques … en attendant le béton armé ! Sans doute est-ce là « portrait à charge » sans nuance qui inclut les érudits écossais et les Steinmetzen allemands de la Renaissance comme le fait remarquer aimablement un honorable commentateur éclairé ? Acceptons en l’augure puisqu’il semble se placer à l’aune du moralement correct à la mode d’aujourd’hui.

  • 10
    Etienne Hermant
    4 avril 2025 à 18h20 / Répondre

    Les tailleurs de pierre écossais de la Renaissance étaient-ils ces êtres frustes, rustres, analphabètes dont on a tendance ici à faire un portrait à charge ?
    .
    Interrogeons-nous sur ce qui apparaîtra très vite comme étant un cliché à considérablement nuancer.
    .
    Le regroupement en Loge et en Chambre était mentionné dès le 15e siècle dans le Cooke, ce qui laisse supposer deux types d’activités différentes, l’une la pratique du Métier en Loge, et un aspect spéculatif en Chambre dont il faudra définir les contours au vu des divers témoignages de l’époque.
    Citons d’emblée une première approche : la pratique des « voyages » qui permettait d’engranger et de partager des apports multiples dans un environnement d’une Renaissance qui avait acquis les différentes techniques emmagasinées lors de la construction des cathédrales moyenâgeuses.
    .
    Une Renaissance qui, à côté du bouillonnement des idées, à côté de ce mouvement de pensée, voit se répandre, en osmose, un courant professionnel lié à l’Architecture et propre aux tailleurs de pierre, à l’origine duquel il faut placer les dix livres d’architecture de Vitruve qui seront revisités (dont c’est inspiré l’architecte Palladio !), une œuvre complète qui pour le Métier est un maître à penser permanant, qu’il est toujours intéressant de relire : conceptions philosophiques, panorama des connaissances techniques, les arts libéraux, histoire légendaire du Métier (déjà !), géométrie, Ordres d’architecture, perspective…
    Un courant professionnel qui était baigné, à travers le contexte religieux qui constituait leur clientèle et leur enseignement, de nombreux courants, que les théologiens mystiques, en marge de la théologie officielle, propageaient, tel l’hermétisme, la Kabbale, l’alchimie, la philosophie.
    .
    Dès lors il paraît improbable que les tailleurs de pierre n’auraient pas bénéficier de ces différents apports de la Renaissance de par ces différents contacts obligés.
    .
    Et ici il faudrait différencier les différentes composantes d’un chantier où on trouvait toute une hiérarchie technique allant du manœuvre très ignorant, et ils pouvaient être légion, au technicien chevronné, tel le tailleur de pierre précisément.
    Et on ne fait pas état en la circonstance du tailleur de pierre qui taillait des carreaux, mais de celui qui traitait de la coupe des pierres (la stéréotomie, art extrêmement difficile) à travers l’enseignement d’une élite, à travers l’Art du Trait, science qui contribua bien plus tard à la perspective.
    On fait état de celui qui sculptait des chapiteaux sur plans, particulièrement complexes à élaborer, des statues, des colonnes, et leurs références bibliques obligées.
    .
    Et que dire de cet enseignement de Luca Pacioli (nous sommes en Italie), théologien et professeur de mathématique qui donnait à ses élèves tailleurs de pierre, des cours de géométrie d’un niveau tout à fait comparable de ce que l’on enseignait dans les écoles de gentilhommes, ainsi qu’une nouvelle règle du Trait, la Divine Proportion, invention de Pacioli, pour de savantes constructions.
    Que dire d’un Philippe de l’Orme (nous sommes en France), fils d’un Maître d’œuvre et son Traité d’architecture dans la veine d’un Vitruve, à l’attention des tailleurs de pierre.
    L’Ecosse, avec William Schaw et la cour érudite de son Roi Jacques VI d’Ecosse, ne sera, comme nous le savons, pas en reste, loin s’en faut.
    En ce sens l’Europe du Métier était un immense patchwork où se rencontrait, à la Renaissance, l’effervescence d’une époque.

    Cette catégorie de tailleurs pierre étaient tout sauf inculte, même si leur culture étaient spécifiques à travers des enseignements et des environnements dont nous avons vu les différentes et riches perspectives.

  • 9
    Pierre Noël
    2 avril 2025 à 18h28 / Répondre

    Dans tous les métiers, il y a des apprentis, des ouvriers qualifiés, des spécialistes de l’une ou l’autre branche, des contremaîtres, des chefs de chantier et maîtres d’oeuvre … C’est vrai des hommes du bâtiment comme des horlogers ou des chirurgiens !

  • 8
    Arnaud Laehert
    2 avril 2025 à 16h51 / Répondre

    Il me semble qu’un Maitre Maçon ou Maçon désigne au moyen âge un architecte plutôt qu’un tailleur de pierre.
    Il est vrai que ceux-ci sont assez majoritairement issus des tailleurs de pierre.
    Un tailleur de pierre est un compagnon.
    Les Maîtres sur les chantiers médiévaux surveillent les travaux. Leur travail consiste à s’assurer que ce qu’exécutent les compagnons est bien conforme aux plans, ou plutôt aux croquis dessinés par les Maîtres et approuvé par l’architecte à qui le Maitre d’ouvrage a commandé l’édifice.
    Il m’apparaît bien avoir lu cet organisation du métier de la construction médiévale dans les ouvrages de recherche dédiés.

  • 7
    Etienne Hermant
    2 avril 2025 à 10h40 / Répondre

    Qu’est-ce donc cette innovation nommée « Art de la Mémoire » ?
    .
    Dans l’Article 6 des Statuts Schaw de 1599, on lit que :« le surveillant/diacre de la loge de Kilwinning doit choisir six maîtres des plus parfaits et habiles de mémoire pour juger de la qualification des maçons en art, métier, science et ancienne mémoire, car il en sera le responsable » ?
    .
    Il est donc question dans cet Art 6 de « science et ancienne mémoire ».
    Mais évoque-t-on bien ici « l’Art de la Mémoire », ou fait-on état d’une mémoire que possédaient les « maist, anctient maisteries of the lodge » de l’Article 5 des Statuts de 1599, à savoir les « maîtres, anciens maîtres de la loge » qui pourrait avoir attrait à un par cœur des catéchismes dont on retrouvera la désignation dans le Ms Dumfries N°4, sans connaître, il est vrai, à cette époque, l’existence avérée de catéchismes et à fortiori de leur contenu ?
    Et même si les mots « art », « métier » et « science » sont ici plus qu’interpellant !
    .
    L’Article 10, quant à lui, est plus explicite quant à cette qualification « d’Art de la Mémoire ».
    Il nous indique, en effet, que « tout compagnon du métier » ne sera pas admis sans un essai suffisant et une preuve de mémoire de l’art du Métier.
    Or, nous savons qu’un « essay » ou « essy » consistait en un travail à effectuer et non des moindres, comme cet « essy » demandé par Mary’s Chapel en 1686 à un certain John Hamilton.
    Ce tailleur de pierre se devait de construire une maison de trois étages avec l’entrée sur un grand escalier, un palier à l’arrière, des cheminées et un toit sur charpente.
    Le tout dans un délai de sept mois !
    On peut le comparer à un « chef-d’œuvre ».
    Il s’agit donc d’une « science » très élaborée du métier.
    Une « science » qui n’est pas sans implication avec un aspect « speculatif », terminologie déjà présente dans le « Cooke » moyen-ageux, prise à cette époque dans le sens de « théorique » en opposition avec la « pratique », « practyke ».
    .
    L’Article 13 remet à nouveau en avant l’importance de l’Art de la Mémoire et de la science de la maçonnerie : « Il est ordonné par le Surveillant Général que la loge de Kilwinning, étant la seconde d’Ecosse, jugera l’art de la mémoire et de la science de chaque compagnon du métier et de chaque apprenti conformément à leur vocation ».
    .
    Notons que Schaw fait référence dans ses Statuts au Ms Grand Lodge N° 1 (vers 1586) qui est un « Ancien Devoir » qui succède à la fin des chantiers religieux (1530) et introduit, à la place de Pythagore, Hermes et ainsi l’hermétisme de la Renaissance, qui, on le sait est une forme de spéculation, avec une référence à « L’Art de la Mémoire » dans ces mêmes Statuts Schaw.
    .
    Il ne s’agit pas de valoriser inconsidérément ces Loges opératives, comme il ne s’agit pas de les dévaloriser inconsidérément.
    .
    La difficulté réside sans doute là.
    .
    Il n’empêche on ne peut pas passer sous silence le discours symbolique sur les outils qui se pratiquait dans les Loges opératives ainsi que le désigne le « Maçon Accepté » Randle Holme III dans son ouvrage Academy of Armory publié en 1688.
    Difficile de passer sous silence les recueils d’emblèmes de la Renaissance qui propulseront le sens allégorique attribué aux outils déjà très présent dans le passé puisque la spéculation des maçons de métier sur leurs outils est attestée par la maçonnerie allemande de la fin du 15e siècle.
    .
    Il apparaît qu’en Ecosse, au 16e et 17e siècle, le métier de tailleur de pierre (car il faut bien cerner l’artisanat qui fait sens dans la pratique maçonnique et éviter le terme générique d’opératifs) ne consistait pas uniquement en l’exercice physique de la taille de pierre, mais incorporait au préalable une dimension intellectuelle non négligeable, qui, selon les spécialistes de ces matières, consistait « en la conception et le tracé des éléments complexes des voûtes ».
    .
    Et les recueils d’emblèmes de la Renaissance propulseront le sens allégorique attribué aux outils déjà très présent dans le passé.
    .
    C’est l’architecture qui est au centre des débats et son corollaire, l’interprétation symbolique qui lui est immanquablement attaché.
    .
    Négliger cet aspect ne fait pas sens dans la pratique même du Métier de l’époque.
    .
    Dommage que Youtube n’existait pas à cette époque, on aurait pu avoir des surprises, dans un sens comme dans l’autre…

  • 6
    Pierre Noël
    1 avril 2025 à 13h20 / Répondre

    Un bel exemple de cette mémorisation basée sur des informations visuelles est la description du tableau de loge, exemple assez facile car basé sur un support visible (le tableau) et non mémorisé ou « imaginé » ! Quoi de plus simple que de contempler et décrire un tableau de loge ? Il requiert simplement une « systémisation » du regard (de gauche à droite et de haut en bas, par exemple) de manière à n’oublier aucun détail, aucun développement. Il est essentiel que l’orateur comprenne ce qu’il fait et parle sans entrave, sans se laisser parasiter par l’obsession du mot juste (celui écrit dans le texte imprimé). Nous avons trop souvent le spectacle lamentable d’un orateur tétanisé par la peur de ne pas trouver « le mot juste » , celui imposé dans un rituel concocté par une solennelle « loge d’instruction nationale » comme les aiment certaines Grandes Loges.

  • 5
    Pierre Noël
    31 mars 2025 à 14h24 / Répondre

    J’ai lu avec passion le livre de Frances Yates et l’ai rappelé et cité dans mon petit article.
    Je reste dubitatif devant l’interprétation de Stevenson que j’ai découverte vers 1980.
    L es statuts parlent certes de l’examen dans « l’art et la science » que devaient soumettre les « intenders » aux postulants au métier mais que recouvrait cet examen ? Enseignait-on les mystères occultes de la science médiévale aux maçons d’un mur d’enceinte, d’une pierre tombale, d’un pont sur une rivière, d’une muraille d’un château-fort, d’une contrescarpe de protection ?
    il est amusant de lire sur you tube (par exemple) les témoignages de tailleurs de pierre d’aujourd’hui sur leur métier, leurs outils, leurs techniques (taper stonemason par curiosité). On n’y parle jamais de philosophie ni de Giordano Bruno.

  • 4
    ERGIEF
    31 mars 2025 à 11h41 / Répondre

    J’ajoute qu’à partir du siècle des lumières celui ci tomba en désuétude , du fait de ses liens avec les religions post conciliaires, et ne fut plus enseigné. La FM spéculative, qui aurait pu constituer un de ses derniers bastions, par filiation avec les anciens métiers, a fini par le placardiser.
    Aujourd’hui sa partie exotérique, méthodologique, mnémotechnique, est timidement remise à l’honneur dans quelques enseignements supérieurs.

  • 3
    ERGIEF
    31 mars 2025 à 11h29 / Répondre

    Si l’art de mémoire, connu depuis la plus haute antiquité, fut un outil de transmission orale et imagière à des époques ou écriture et lecture étaient réservées aux classes sociales éduquées, il constitua dans les faits un véhicule de 1er choix pour la scolastique des églises de Rome et d’Orient. Certes à la Renaissance il fut un support de l’ésotérisme post classique mais un libre penseur et humaniste tel Rabelais s’en moquait ouvertement parce qu’il le jugeait contraire à la véritable érudition et frein à la curiosité et au libre examen, du fait de son détournement par les clercs. Ce qui ne l’empêchait en rien de finir sa vie curé de 2 églises à Meudon.
    Parmi les méthodes mnémotechniques qu’enseigne l’art de mémoire celle du palais est un formidable outil pour qui la maîtrise.
    D’autre part, pour toutes les raisons qui précèdent, la formule « Temple de Mémoire » me semble vouloir désigner, au travers du temple archétype de Salomon, la Tradition que René Guénon, n’en déplaise à ses détracteurs , qualifiait de primordiale.

  • 2
    Jean-Michel Mathonière
    30 mars 2025 à 8h22 / Répondre

    Concernant l’art de la mémoire, il est important à ajouter que la publication la plus importante sur le sujet est le livre de Dame Frances A. Yates, citée dans cet article pour son « The Rosicrucian Enlightenment » (1972) : « The Art of Memory » (1966) (traduction française, « L’Art de la mémoire », 1987). Basé essentiellement sur l’architecture, l’art de la mémoire est une composante essentielle de la culture de la Renaissance — où l’architecture elle-même est prépondérante.

  • 1
    Remi
    30 mars 2025 à 7h14 / Répondre

    Un très grand merci à PN pour cette belle contribution riche et intéressante. 👍😊

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