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Le fait est que le Rite Ecossais Philosophique attend toujours son ouvrage de synthèse.
Plusieurs contributions ont été produites à son sujet, à commencer par l’excellent Pierre NOEL, incontestablement le premier spécialiste de la question.
Le F. Jacques LITVINE qui en a imposé la pratique à la R.L. ‘LA PARFAITE AMITIE’ n°11 à l’O. de Bruxelles (G.L.R.B.) voici une vingtaine d’années (car il subsiste cet Atelier qui le pratique encore – et, à ma connaissance, il n’y a plus, en Europe à tout le moins, que ce dernier !) a déployé de gros efforts pour le mettre en exergue, mais il n’est pas sûr qu’il ait su le rendre ‘attractif’ aux yeux de sa Loge-mère bruxelloise…
Tous ceux qui évoquent le Rite Ecossais Philosophique, systématiquement, l’abordent par son histoire et en font la critique historique. Très peu relèvent ses authentiques spécificités. Ses hauts grades sont parfaitement tombés en désuétude. Sa connotation ‘philosophique’ (nous dirons : ésotérique) est très peu apparente au niveau des grades bleus, pour ne pas dire quasi inexistante.
Très justement, Pierre NOEL, dans sa grille de lecture des rites pratiqués en langue française, le classe comme ‘écossais et moderne’, à l’égal du Rite Moderne Belge ou encore du Rite Ecossais Rectifié.
Aussi bien, on pourrait dire qu’il s’agit d’un rite français tangiblement ‘écossisé’, tant il est clair que sa pratique emprunte à l’un comme à l’autre des deux courants ‘conservateur’ et ‘progressiste’.
De fait, un ouvrage de référence qui reprendrait de façon complète et circonstanciée l’ensemble des caractéristiques de ce rite – finalement mal connu – reste manquant à ce jour…..
Ce qu’il y a d’interpellant dans ce rite, dont les uns disent qu’il est ‘authentiquement écossais’ tout en restant, dans ses grades bleus, assez proche – toutefois loin d’être identique au Régulateur du Maçon de 1801 (lieu des Travaux (non le porche du temple, mais son dehors), ce qui permet de contempler la Voûte Etoilée / les mêmes 3 Grandes Lumières (Soleil, Lune et VM.) dans l’Atelier / stalles des Surv. placées parallèlement à l’Occident, le Premier au Midi, le Second au Septentrion / inversion française des Colonnes / ‘J’ qui s’épèle au premier, ‘B’ pareillement au second / ‘T’ pour l’Apprenti, ‘S’ attribué au Compagnon / les mêmes 3 bijoux mobiles / les mêmes 3 bijoux immobiles / les mêmes 3 ornements / marche de l’Apprenti qui part du pied droit / position d’ordre (coude ramené sur la poitrine)), cependant que d’autres y voient dans son essence un ‘prototype de ce que sera la maçonnerie égyptienne’, est sa totale tombée en désuétude au fil des ans.
Comment ce rite antérieur au R.E.A.A. et dont certains disent encore que quelque part il a contribué à l’essor de ce dernier, a-t-il pu ainsi décliner ?
Cette question me taraude depuis des années…….
J’ai bien connu Jacques Litvine (qui fut de mes maîtres à l’université). J’étais présent à la consécration de la loge PARAM à Bruxelles et j’y ai vu tous les grades pratiqués (les trois « symboliques »). J’ai regretté qu’on y néglige (on les ignorait en fait !) l’élément véritablement fondateur du rite en tant que tel, le rôle du grade de maître écossais comme axe et pivot du système (les hauts-grades n’étant qu’ajouts d’intérêt discutable).
Je ne sais d’où venait le peu d’intérêt de JL pour la touche réellement « écossaise à la française » du système, peut-être de sa formation dans une loge « libérale-adogmatique » très éloignée des intérêts « philosophiques » du XVIII° siècle.
Merci, Pierre, pour cet élément d’information précieux.
J’adore l’appellation de ‘touche réellement écossaise à la française du système’.
On ne saurait mieux dire !
Excusez-moi, j’ai écrit trop vite !! Je n’ai pas assisté à la « consécration » de la loge PARAM, mais bien à l’adoption du REP par la loge, à l’initiative de JL lorsqu’il en fut le VM. Les trois grades bleus du rite, exhumés par JL, vinrent remplacer ceux du rite Moderne (belge).
J’avais compris, Cher Pierre, et rectifié.
Je m’en souviens parfaitement bien.
J’étais présent moi aussi.
J’étais Compagnon à ce moment (encore initié au Rite Moderne Belge d’application à la PARAM jusqu’alors) et déjà bombardé Maître des Cérémonies adjoint par le Vénérable de l’époque (Philippe de Grunne).
Je me rappelle que je n’entendais rigoureusement rien à ces subtilités…
On ne te remerciera jamais assez pour tes apports qui demeurent de pertinence absolue !
En 1820, un certain Smulikofski fit paraître un Almanach qui décrivait entres autres tous les « rites » pratiqués alors dans le royaume des Pays-Bas unis. Il écrivait ceci du rite écossais philosophique :
« Rite Ecossais Philosophique.
IL prit ce titre à Paris où il fut introduit par des commissaires de la GL écossaise du comtat Venaissin le 2 avril 1776. Ils installèrent la Mère-loge sous le titre de Contrat Social, dans laquelle la Mère-Loge du comtat fut ensuite incorporée.
Le GO ne voulut pas reconnaître le titre de Mère-Loge mais un concordat fut signé le 26 novembre 1781 entre les deux. La Mère-Loge renonçait à constituer des loges en France mais se réservait le droit d’affilier à ses hauts-grades. A la Mère-loge sont attachés les chapitres et le tribunal chef d’ordre, fondé à Paris le 17 octobre 1783 par le F. Boileau, Grand Supérieur national des LL et chap du rite écossais philosophique nommé par une bulle du GM des LL et chapitres dans la Basse-Saxe, la Pologne, la Livonie et la Courlande en date du 11 juillet 1776. Il y a des tribunaux « suffragans » qui relèvent du tribunal chef d’ordre et qui portent les noms de Gr. Inspecteurs Inquisiteurs Commandeurs.
La Mère-Loge ne reçoit pas son droit de suprématie par l’effet du consentement des autres LL du même régime, mais de sa qualité de plus ancienne L. Si elle était dissoute, la plus ancienne prendrait le titre, et ainsi de suite sans que les LL aient besoin les unes des autres. Chaque membre d’une loge philosophique est censé membre de toutes les LL du rite et est admis comme tel.
En 1801, les anciens membres du Contrat Social étaient dispersés, la L de St-Alexandre d’Ecosse reprit les travaux comme la plus ancienne sous le titre de Mère-Loge du régime Ecc. Philosophique de France. En 1805, il y eut une réunion des deux loges.
Il y a dans ce rite un souverain chapitre écossais métropolitain attaché à la Mère-Loge et des chapitres particuliers, qui dirigent les degrés au-dessus des symboliques.
Il y a un Souv. Conseil des Grands Aigles blancs et noirs, que le Souverain tribunal, chef d’ordre, peut seul constituer. Ce conseil comprend trois degrés : le Chevalier du Soleil, le Sublime Maître de l’anneau lumineux et le chevalier Grand Aigle blanc et noir. Pour obtenir ces grades, il faut être membre d’une loge du Rite Ecossais philosophique et avoir été successivement promu dans un chapitre régulier aux degrés de Maître Parfait, de Parfait Elu et de Gr. Ecossais.
En 1810, la loge La Paix, par les soins du frère de Cammeler, fut constituée au rite philosophique par le Mère-loge de Paris. A été créé un chap particulier par le Souverain Chapitre métropolitain le 11 août 1810, et un conseil particulier des Grands Aigles B et N le 20 juin 1811. Le Tribunal provincial était érigé le 17 septembre 1812.
Depuis la séparation d’avec la France, la Loge la Paix et la Candeur prend la qualité de Mère-Loge écossaise philosophique et le tribunal la qualité de Tribunal chef d’Ordre dans le royaume, ayant seul le droit de créer des chapitres de Gr Aigle B et N et des tribunaux provinciaux suffragans.
Le Tribunal est composé de 27 membres : un Ill. Président, un Grand Ministre de l’Ordre, un Grand Chancelier général, un Gr Archiviste à vie ; un Gr Trésorier et 22 GIIC.
Le chapitre du Grand et Sublime Ordre du R+ de Kilwinning , attaché à la loge la Paix et la Candeur, est entièrement indépendant du REP. Il a été constitué le 4 octobre 1811 par le Grand Chapitre provincial de Rouen, lui-même institué par Edimbourg le 1 mai 1786. »
Dans la Maçonnerie Ecossaise de la M.L. de Marseille, datée de 1812, on trouve dans le deuxième grade une Explication de la Loge, qui contient le texte suivant.
« Jetez maintenant les yeux sur ce tableau. Cinq marches que vous avez régulièrement montées vous ont conduit au portique ; arrêtez-vous sur la dernière, mais pour vous souvenir sans cesse des choses que ce symbole renferme, les sept arts libéraux auxquels les maçons doivent s’appliquer et dont la cinquième qui nous est le plus recommandée est désignée par la lettre initiale qui occupe le centre de l’Etoile ; cette science est la Géométrie. A ce précepte séduisant pour l’esprit d’un candidat, il décèle bien vite que nos loges ne sont pas des séances frivoles où on se borne à une doctrine sèche. »
Nos rituels contiennent tous des petits joyaux de ce genre, souvent exprimés en langage « mystérieux », figuré, ésotérique, ce qui signifie sans plus qu’il faut dépasser le sens premier (littéral!) des mots pour éprouver le plaisir de leur compagnie.
Je crois que bien que le rite se définit comme écossais, il est en son essence bien plus un prototype de ce que sera la « maçonnerie égyptienne » qui en reprendra quelques rituels, notamment le grade de Rose-Croix d’Allemagne dit aussi petit chevalier de l’aigle noir en trois parties.
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Les symboles y sont clairement de nature hermétiques et les certains rituels sont de la composition du baron Tschoudy qui fut Vénérable de la Parfaite Union à Naples du temps du prince Raimondo di Sangro. C’est d’ailleurs là l’influence principale de Tschoudy, mais aussi d’autres personnages important de l’histoire comme Cagliostro qui fréquenta la Loge napolitaine et qui produira lui-même un rite maçonnique égyptien. C’est encore ce bassin napolitain qui donnera naissance à certains grades pour le rite égyptien de Misraïm dont le premier document connu date de 1811 (chapitre la concorde à Lanciano).
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Si l’on s’en tient à une observation phénoménologique des rites maçonniques dans l’histoire, je dirai qu’il y a clairement une maçonnerie « du sud » qui plonge ses racines culturelles hermétiques dans la Renaissance italienne, notamment à partir de la traduction latine par Marsille Ficin qui reçut de Cosme de Médicis la commande de traduction de 14 traités écrit en grec. Lors de la structuration de la maçonnerie, on constate une nette influence de l’hermétisme dans la création des rituels. La France n’en fut pas exempte et nombre des protagonistes avaient connu cette influence « du sud ».
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Pour rester sur l’influence de l’hermétisme, c’est-à-dire du courant « égyptien », il faut noter que beaucoup de symboles maçonniques n’appartiennent pas à l’art du bâtisseur mais proviennent directement de l’hermétisme. Les quatres éléments, le sel le soufre le mercure, etc.
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Bon je m’écarte…
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Bbb à tous
C’est vers 1760-1780 que fut pratiqué, dans l’est de la France, un grade intitulé Chevalier de l’aigle Rose-Croix ou, dans d’autres versions, Vray Rose-Croix d’Allemagne. Ce grade n’a lui rien à voir avec le Rose-Croix « français ». Présent surtout dans l’est de la France et la vallée du Rhône, Lyon, Avignon et Marseille, il fut répandu par le baron messin, Théodore Henry de Tschoudy (1727-1769), et pratiqué par Pierre-Jacques Willermoz (1735-1799), frère de Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824).
« Le Vrai Rose-Croix d’Allemagne était en vénération dans les loges du Nord parce que le roi de Prusse régnant en a été le grand maître ». Le rituel attribué à Tschoudy contient la même phrase mais spécifie que c’est de Frédéric-Guillaume II qu’il s’agit ! Le grade serait donc postérieur à 1786. L’aigle noir se trouve dans le plan ou tableau de la loge ou chapitre.
Le caractère en est théâtral, avec l’introduction du candidat, les yeux bandés, dans un cabinet de réflexion où il est soumis à une épreuve « gothique » à souhait (cadavre, authentique de préférence, cœur d’agneau que le candidat aveuglé doit poignarder, crâne humain …). C’est très proche voire identique au rituel de Tschoudy. Le rituel est très proche de celui cité par Gustave Bord (1908)
Le grade de Rose-Croix n’est pas cité généralement dans l’échelle du Rit philosophique. Il y existait cependant comme le prouve un rituel daté du 21 février 1784 (21e jour du 12e mois 5783) et signé par Jacques-Louis La Rochefoucauld-Bayers (le Contrat social, 1770, Grand Maître du rite écossais philosophique en 1776).
En outre, le grade d’H.D.M. de Kilwinning était pratiqué « par analogie » comme le montre l’annuaire de 1811
« Chap. de H.D.M. de Kilwinning.
Quoique l’Ordre de H.D.M. de Kilw. soit entièrement étranger au Rit philosophique, néanmoins, entendu que le R. Chapitre du Choix (1) à Paris est uniquement et exclusivement composé de FF professant le Rit philosophique dans la capitale ou dans les villes avoisinantes, on croit devoir aussi indiquer ses réunions. Ce Chapitre s’assemblera, pour ses réunions d’obligation, le 4 juillet (2) et le 30 novembre, fête de la Saint-André. »
1) Chapitre de l’Ordre créé en 1785 (par l’Ordre Royal d’Edimbourg)
2) Anniversaire (n.s.) de la bataille de Bannockburn en 1314 (victoire des Ecossais sur les Anglais) et de la création (fictive) de l’Ordre.
Dans l’annuaire de 1811 de la R.M.L.E. de France, on lit : « Le Secrétariat général est rue Jean-Jacques Rousseau,
Hôtel de Bullion. L’adjoint perpétuel y donnera tous les renseignements qu’on exigera sur les affaires de l’Ordre. »
Merci à Pierre pour cette synthèse. J’ajouterai simplement qu’en Belgique, le REPH fut pratiqué par Les Frères Réunis à Tournai. Cette loge prendra en 1838 le titre de Mère Loge du Rite Ecossais Philosophique.
Une fort belle synthèse de Pierre à propos d’un rite qui attend toujours un ouvrage de synthèse à son propos.
Un tableau imprimé de La Paix en 1812 donne la liste des membres avec leur grade.
Il est intéressant de remarquer que les GIIC de la Paix et la Candeur étaient sans le moindre problème admis directement au 32e degré du REAA.
Excellente journée!