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Oui, le sigle S.P.R.S. apparaît dans des documents comme la patente Morin (ou plutôt dans les copies de la patente, l’original ayant disparu) et le diplôme conservé à Bouillon (qui n’est pas une copie) porte le nom de 4 membres (dont le prince de Rohan-Guéménée) qui font suivre leur signature des initiales S.P.R.S. triponctuées.
Mais ce ne sont pas des rituels ! Peut-on affirmer sans hésitation que c’est du grade connu aujourd’hui sous le nom Prince du Royal Secret qu’il s’agit, avec son « camp du rendez-vous » si caractéristique et son « voyage » de Naples à Jaffa ?
C’est évidemment une hypothèse séduisante (ce l’est tellement qu’on aimerait le croire), mais de là à dire qu’elle est prouvée, il y a un pas que beaucoup hésiteront à franchir !! Il n’est pas exceptionnel à l’époque que le même nom recouvre des rituels bien différents.
Méfions-nous du « wishful thinking » (prendre ses rêves pour la réalité) si courant dans nos milieux.
Et n’oublions pas que tous ces degrés ne furent jamais pratiqués selon la progression théorique (prévue par une échelle en fréquent remaniement) . Le SCDF présidé par Grasse-Tilly (de 1804 à 1806) puis par Cambacérès (de 1806 à 1814) n’a jamais rien fait de plus que conférer le 32° et le 33° degré du rite à des chevaliers/princes Rose-Croix reçus dans les chapitres dépendant (du Grand Chapitre) du GODF (Statuts de l’Ordre Maçonnique en France, 1806, voir notamment le chap VIII, p 137 et suivantes).
Bonjour à tous!
Vu qu’il n’a jamais été mis en doute que de nombreux degrés constituant le Rite de Royal Secret (et d’autres) ont continué à être pratiqués après le départ de Morin (pourquoi en aurait-il été autrement?), je souhaite resserrer le débat.
Qu’en est-il de la pratique sur le Continent, avant le début du XIXe siècle, du degré de Souverain Prince du Royal Secret?
A ma connaissance, il n’en existe que trois mentions:
– Chaillon de Jonville dans la Patente Morin
– Lyon dans les années 1770 (un diplôme publié dans un vieux numéro d’AQC)
– Bouillon en 1785
C’est peu, mais cela suffit pour que si quelqu’un continue à prétendre que ce degré a été créé par Morin après son départ, il faille alors que soit fournie une explication convaincante compatible avec ces trois mentions.
Excellente journée!
Bonjour,
La version la plus ancienne des Princes du Royal Secret se trouve à ma connaissance dans le « Manuscrit Baylot » (Bibliothèque Nationale Paris FM4 15), un recueil de rituels ayant été compilé à l’intention de Martines de Pasqually. La partie se rapportant à ce degré pour le titre « Ralliement des Princes Sublimes ». Le Manuscrit Baylot est formé de plusieurs cahiers, que l’on peut dater entre 1753 et 1767. Le grade concerné est dans le dernier cahier, donc probablement rédigé vers 1767. La rédaction du manuscrit ne nous renseigne pas sur la date réelle d’origine du grade. Mais en tout cas, ce manuscrit nous apprend que ce degré était connu à Bordeaux cinq ans après le départ de Morin, sans qu’il semble être venu des Amériques.
Bonjour mes Très Cher Frères,
Depuis 30 ans, existe en France le Souverain Grand Conseil des Sublimes Princes du Royal Secret pour la France. L’association fut enregistrée à la préfecture de Paris le 16 Novembre 1988 par René DESPRATS son président et regroupait 27 Frères, dont une dizaine de 33èmes issus du Suprême Conseil pour la France. Ils reçurent, du TPSGC ALBERTS du Suprême Conseil des Pays Bas, une copie dédicacée des rituels Morin, la traduction de 1794 avec les dessins de Gamble. A l’aide de ce manuscrit et d’une édition publié par LATOMIA en 1993 des 36 numéros des manuscrits KLOSS (XXVII) se trouvant dans la bibliothèque de la Grande Loge des Pays Bas à La Haye , s’intitulant « Les Rituels du Rite Ecossais Ancien et Accepté de la période peu après l’introduction du Rite en France en 1804 », ils réveillèrent en France le Rite du Royal Secret ou Rite de Perfection. Cette association existe toujours et continue à pratiquer et à faire vivre tous les degrés du Rite à travers 3 Loges situées à Montauban, Nîmes et Graulhet (près de Toulouse). Nous ne sommes qu’une cinquantaine de Frères à pratiquer ce Rite, par choix, sans nous préoccuper des Grandes Instances maçonniques françaises. Nous recevons régulièrement des Frères, quelles que soient leurs obédiences , qui désirent participer à nos travaux. Alain BERNHEIM, Claude GAGNE ont longtemps été en contact avec René DESPRATS, de son vivant. Même si la franc-maçonnerie doit évoluer avec le monde, nous estimons qu’il est nécessaire que demeure quelques endroits où cette tradition écossaise « primitive » continue à être pratiquée dans sa « pureté originelle ».
Fraternellement
Jean-Louis SAUX
Je ne sais pas exactement ce qu’organise le SC de Belgique, mais le SCDF incite à la pratique effective des degrés dits « intermédiaires »; dont le contenu se résumait jadis à quelques lignes dans les rituels d’initiation au 12ème, au 17 et 18ème, puis au 29ème et 30ème degrés. Le SCDF a ainsi rétabli les rituels et les contenus de chacun des degrés. Le cahier complet du 5ème au 12ème est d’ores et déjà disponible et les TFPM ne manquent pas ‘être invités par le SC à pratiquer tel ou tel de ces degrés dans le courant de chaque année.
Le cahier du 19ème au 28ème doit être disponible très prochainement.
Ainsi, le Rite de déploie effectivement plus concrètement, au-delà des seules planches ou travaux de comité sur tel degré non pratiqué.
Il y a belle lurette que le SCdB incite ses corps à « représenter » les degrés dits intermédiaires (et cela, je crois, bien avant le SCDF).
Cela se passe généralement une fois par an, au Chapitre (qui chez nous comporte la LdP) et à l’Aréopage.
Tout cela est bien beau mais ne répond pas à la question que chacun, naïvement, se pose ; quel étaient (quels sont encore aujourd’hui) les grades effectivement pratiqués ? Bien peu sans doute.
Certains l’étaient, en Amérique du moins (cela se pratique encore pour certains degrés marginaux), à la façon d’un side-degree (au sens propre du mot). En échange d’un engagement vaguement formel, dans le coin d’une pièce ou l’embrasure d’une porte, on recevait un titre et quelques secrets ! Parfois un beau diplôme avec des titre ronflants, comme sur celui que Grasse-Tilly a ramené d’Amérique. Il existe bien des exemples de diplômes de ce genre.
Mon Très Illustre et Très Cher Frère Pierre,
Je ne sais pas ce qui se passe en Belgique. Pour sa part, le SCDF incite les ateliers sous sa juridiction à pratiquer effectivement ces degrés dits « intermédiaires ». Il a reconstitué les rituels du 5ème au 11ème, du 15ème et du 16ème, puis du 19ème au 27ème degré. Les Ateliers sont donc invités à travailler au moins une fois par an à l’un de ces degrés. Depuis 2 ou 3 ans, le cahier du 5 au 12 est disponible; celui du 19 au 17 le sera dans les mois qui viennent. Ainsi le Rite se déploie-t-il dans l’ensemble de ses degrés, au-delà des planches ou des travaux de comité sur l’un ou l’autre d’entre-eux.
La thèse défendue par Pierre Mollier dans cette conférence est la seule qui vaille : il est aujourd’hui établi qu’Etienne Morin est parti en 1762 avec un ensemble de rituels – au moins autant que de grades à proprement parler, puisque sans hiérarchie ni ordonnancement réellement fixé. Son long voyage, interrompu par quelques mois de – douce – captivité anglaise, lui aura sans doute permis d’organiser ces rituels pour en faire une véritable progression par degrés successifs. Le Rite du Royal Secret a probablement pris forme à ce moment, avant d’être porté par Francken dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre. Lorsque 30 plus tard, après que les Gentlemen de Charleston eurent incorporés à l’édifice 7 autres rituels venus de France entre-temps, plus un degré de « culmination » pour donner naissance au Rite en 33 degrés dont la génèse est décrite magistralement par Alain Bernheim ( et qui ne s’appelait pas encore le REAA !) , et que de Grasse-Tilly et son beau-père furent revenus en métropole, il est évident qu’à travers cette dernière, de nombreux orients connaissaient et pratiquaient au moins un certain nombre des 25 rituels (grades) que Morin avait reçu patente d’exporter. Avec le temps, la systématisation pour aboutir à un véritable rite avait séduit et était plus ou moins adoptée ici et là.
Leur adhésion au système progressif bien systématisé proposé par le Rite en 33 degrés s’est faite facilement, sans reniement aucun, au contraire.
Penser que ces degrés de perfectionnement ou autres auraient disparu après 1761-62 n’a guère de sens.
Le Rite en 33 degrés de Charleston rapporté par Grasse-Tilly en est au contraire l’éclatante revivification en même temps que l’élargissement et l’enrichissement.
merci Jean-jacques
Il est paru cette année sur ce sujet un excellent livre qui explique bien des choses (peut-être avec un peu trop de détails, mais pour qui aime l’histoire…) sur ce qui s’est passé aux Antilles et aux USA avec Morin, Franken et consorts avant le retour en France de Grasse-Tilly. C’est un livre de André Kervella : Les Source secrètes du REAA qui est disponible ici : http://www.lapierrephilosophale.com/livres-les-sources-secretes-du-reaa-andre-kervella.html
L’utilisation de l’adjectif « secrète » est exagérée. Rien n’est ou n’était secret, peut-être une documentation pas suffisamment exploitée, diffusée qu’a su magistralement reprendre et rendre accessible notre Frère breton A. Kervella.
Pierre Mollier a évidemment raison ! Comment des grades maçonniques emmenés par un commerçant dans ses pérégrinations auraient-ils pu disparaître dans leur pays d’origine, d’autant que leur lieu de naissance est sans doute multiple ?
Que le Rose-Croix ou le Kadosch (sous le nom de chevalier du temple) aient été pratiqués en France et en Europe avant les événements de 1789 est notoire. Les rituels dédiés au marquis de Gages (1763-1767) conservés à la BN (Paris), ceux conservés au château d’Ecaussines (entre autres) le démontrent sans peine. Le marquis de Gages lui-même constitua en 1782 un chapitre (Les Vrais Amis de l’Union) à Bruxelles l’autorisant à conférer le grade de R+ (Libert, 1996, p. 15). Il était de même pratiqué à Mons, Gand et Namur à la même époque (sans rien connaître de Saint-Domingue)
La particularité du rite dit de Morin, tel que copié par Francken en 1783, est de grouper ces grades en 7 classes, dont la 5° contient le chevalier d’orient ou de l’épée (15°), le prince de Jérusalem (16°), le chevalier d’orient et d’occident (17°), le chevalier rose-croix (18°) et le Sublime Ecossais, Grand Pontife (19° degré). Cette ordonnance réunit trois degrés apocalyptiques en une même classe, que ne conservera pas la distinction actuelle en grades capitulaires et aréopagites, séparant arbitrairement le récit apocalyptique (17° degré) de sa conclusion naturelle (19° degré).