« Pour rester libre un média ne doit dépendre que de ses lecteurs »
Amis lecteurs, Frères, Sœurs, ou profanes,
La gestion professionnelle et indépendante d’Hiram.be, Le Blog Maçonnique a un coût, qui croît régulièrement. Aussi, afin d’assurer la pérennité du blog et de maintenir sa qualité, je me vois contraint de rendre son accès payant. Rassurez-vous, la somme demandée est très minime : 20 € par an !
De plus, afin de ne pas « racketter » les nombreux visiteurs occasionnels et de permettre aux nouveaux lecteurs de découvrir un peu le blog avant de s’y abonner, la consultation de trois articles est offerte aux non abonnés. Mais dans tous les cas, afin de pouvoir gérer ces gratuits et l’accès permanent, la création d'un compte est préalablement nécessaire.*
Alors, si vous aimez Hiram.be et êtes satisfaits du service d’informations maçonniques qu'il vous rend chaque jour, soutenez-le, créez votre compte et réglez dès aujourd’hui vos 20 € pour votre accès permanent et illimité d'un an au blog.
D’avance je vous en remercie.
Géplu.
* Je certifie qu’Hiram.be ne fera aucun commerce et ne transmettra à personne les données recueillies, collectées à la seule fin de la gestion de ses abonnements. Géplu.
Ce manuscrit n’est pas en contradiction avec les hypothèses de Pierre Mollier sur l’émergence des maçons français Antients à Saint Domingue via leurs relations avec la Pennsylvanie à une époque où les relations avec la métropole étaient difficiles.
A la lecture des différents rituels qui ont jalonné l’histoire et l’évolution des 3 premiers degrés du REAA, je les trouve aujourd’hui bien loin de l’esprit d’origine des rituels des Antients. Si dans la forme, il y a toujours eu une volonté de se distinguer du rite français, sur le fonds il y a de nombreuses différences entre le REAA actuel et le rite des Antients (ésotérisme, alchimie, circulation en loge, disparition des diacres, allumage des flambeaux, parfois axis mundi, etc.).
Finalement je ne sais pas quel rituel actuel se rapproche le plus du rite des Antients dans sa version américaine ? York peut-être ?
Le Colloque déjà cité, tenu le 31 aout 2004, était organisé sous l’égide de l’Aréopage « Sources ». Il fut publié sous le titre « Le REAA : Mise en perspective historique deux siècles après » (102 pp)
Entre autres orateurs, Brent Morris y lut « l’Ordre du Royal Secret en Amérique avant 1801
Il déclara notamment : « La FM arriva en Amérique par différentes formes. Quatre manuels furent édités avant 1801, tous réimpressions de manuscrits anglais (je donne les dates de parution en Amérique) : The Mystery of Free-Masonry (1730), Masonry Dissected (1749-1750), Hiram or the Grand Master-Key (1768) et Jachin & Boaz (1774-1801). J&B constituait l’exposé le plus important publié en Amérique et contribua largement à l’uniformisation du rituel avec sa pratique se référant aux Anciens. Ce dernier livre connut 10 impressions en Amérique avant 1801, alors que les trois autres ne furent jamais réimprimés. » (2004, p 10).
J’ai posé la question : « Vous citez quatre exposures publiées en Amérique, mais vous ne faites pas allusion à TDK. Cet ouvrage ne fut-il pas publié en Amérique ? »
Brent Morris répondit (je le vois encore devant le buste de Marianne !) : « Non, TDK ne fut pas publié aux USA et n’a pas non plus été réédité. Je suis absolument certain qu’il a été importé aux USA depuis l’Angleterre mais il n’y a pas eu d’édition américaine avant 1801. » (p 28)
Je dépose ceci au dossier, à tout hasard.
Selon qu’il y ait ou non de majuscule et selon qu’il y ait ou non de virgule, la signification de certaines phrase en anglais passe de rien à une chose ou une autre n’ayant aucun rapport entre elles, notamment d’un point de vue maçonnique.
Ainsi :
Question : Brother, is there any thing between you and I ? = Mon Frère -ou simplement Frère- y a-t-il quelque chose entre vous et moi ?
Réponse :
– there is worship = il y a du culte –> signification toute relative, pour le moins très mal formulée, et incohérence avec la suite du dialogue.
– there is worshipful = il y a adoration –> dans le contexte d’un catéchisme maçonnique, ceci n’a aucune signification.
– there is Worshipful = il y a du Vénérable –> Worshipful -avec une majuscule, donc- signifie « Vénérable », on approche ainsi un début de cohérence maçonnique, néanmoins formulé ainsi sans virgule ceci ne signifie rien, et est sans cohérence avec la suite du dialogue.
– there is, Worshipful = il y a, Vénérable –> cohérence maçonnique parfaite, l’interrogé répond à celui qui l’interroge à la manière accoutumée des Maçons, en nommant son interlocuteur.
– there is, Right Worshipful = il y a, Très Vénérable –> idem, selon les usages -avec ou sans « Très ».
.
Je n’affirme rien, n’étant en rien spécialiste ni adepte du REAA, mais toute de même, comment des Maçons ont-ils pu pratiquer un rituel aussi incompréhensible et incohérent ?
N’avaient-ils rien pratiqué auparavant ? Ils se seraient inventés maçons sur place pour que de telles énormités de traduction ne les surprennent pas ?
Mon Très Cher et Très Illustre Frère Pierre,
L’opinion de Brent Morris semble contredite par notre étude qui montre une parenté étroite, sans que cela soit une vrai traduction, avec les éléments divulgués pat TDK. En particulier nous démontrons que la première réponse du catéchisme dans le manuscrit Courtin, en français « Un culte », réponse diffusée telle quelle en France jusqu’à la nouvelle version de 1829, ne peut se comprendre que par une erreur de lecture/traduction de la réponse anglaise, divulguée dans TDK, « there is Worshipfull ». Cette erreur ne peut se concevoir qu’à partir d’un manuscrit anglais, plus ou moins bien écrit ou abrégé : « there is Worshipfull » est alors lu « there is worship » c’est-à-dire « il y a un culte ». La même réponse dans « Jachin and Boaz » est rédigée « there is right Worshipfull », ce qui ne peut pas induire une erreur de traduction.
Nous n’en serons jamais certain, tant qu’un manuscrit en anglais du rite « Antient » ne sera pas découvert, mais je parierai bien sur l’existence d’un tel document !
Très Fraternellement
C. MERMET
Je répète mon plaisir de lire un article aussi bien fait sur un sujet (presque) inédit et j’en félicite l’éditeur de Latomia.
Le dialogue discuté se retrouve, quasi identique (je souligne les quelques différences) dans les deux Exposures anglaises, TDK et J&B, mais à deux endroits différents (à l’ouverture de la loge d’EA dans TDK, dans l’instruction d’EA de J&B).
.
Mas. Brother, Is there any Thing between you and I ?
Ans. There is Worshipful.
Mas. What is it Brother ?
Ans. A Secret.
Mas. What is that Secret Brother ?
Ans. Masonry
.
(TDK p 6, dans « How to open the Lodge to set Men to Work »)
.
Mas. Brother, Is there any thing between you and me ?
Ans. There is, Right Worshipful (1)
Mas. What is it Brother, pray ?
Ans. A Secret.
Mas. What is that Secret Brother ?
Ans. Masonry
.
(Jachin & Boaz p 12, au début de « The Entered Apprentice ‘s Lecture »)
Le traducteur (français) aurait pu se baser sur l’une ou l’autre de ces versions. Dans les deux cas, il aurait commis la même erreur (énorme) de traduction, ne comprenant pas ce que peut signifier « there is » (oui, tout simplement !), incompréhension qui l’amena à inventer la réponse « un culte ».
Concernant la réponse de Brent Morris, je me contente de répéter ce que j’ai entendu dans le GT Groussier et qui m’avait profondément surpris (convaincu comme je l’étais que le traducteur français, où qu’il soit s’était basé sur TDK).
1) Right Worshipful est plutôt une formule écossaise, Worshipful est plutôt anglais.
Quel plaisir de découvrir avec cette article que la connaissance des rituels maçonniques d’autrefois peut encore progresser, grâce à des découvertes souvent fortuites!
la certitude que les 3 degrés par les « Antients » en Amérique (en Caroline du Sud, en Pennsylvanie notamment) furent ramenés en France par les contemporains/ complices/amis de Grasse-Tilly/Hacquet dans une maçonnerie entièrement dominée par le GODF, est relativement récente. le constat que ce qu’on appelle « les grades symboliques du REAA » sont d’abord l’adaptation en France de rituels anglo-irlando-américains nécessairement exotiques (après traduction) est encore plus récent. Latomia nous démontre en plus que la traduction de ces originaux anglo-irlandais se fit en Amérique, et non en France (contrairement à ce que je croyais).
Une remarque cependant! En 2004, lors d’un symposium (sur la naissance du SCDF) dans le temple Groussier de la rue Cadet, Brent Morris, à l’époque personnage notoire de la bibliothèque du SC juridiction Sud des USA, répondit (à une de mes questions) que c’est l’exposure « Antient », répandue, lue et connue en Amérique encore coloniale puis nouvellement indépendante, « Jachin and Boaz » de 1762, et non le TDK de 1760. Or si les deux textes sont très semblables, ils ne sont pas identiques.
Ceci relativise quelque peu la pertinence de la comparaison de TDK et des traductions américaines des rituels Antients.