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Fernig était VM de la Loge Les Propagateurs de la Tolérance, créée en octobre 1818 par le SC d’Amérique (dont il était lieutenant Grand-Commandeur sous l’autorité d’Elie Decases, SGC).
Cette loge se réunissait au n° 39 de la rue Neuve-des-petits-Champs.
Le 1° Surveillant en était jean-Bernard Jusderetz et l’orateur en fut Chemin-Dupontès, le « pape » de la théophilanthropie (membre par ailleurs des « Trinosophes » du GODF) .
Sa création fut annoncée dans le premier numéro du périodique « La Bibliothèque Maçonnique » , éditée par le Fr :. Joly, orateur de la loge. Quelques pages plus loin, relatant la séance du 19 novembre de la chambre symbolique du Suprême Conseil, le secrétaire-général du Saint-Empire précisait le rôle de cette loge.
« …la Gr\ loge écossaise des propagateurs de la tolérance, et son Souv \ Chap \, la Resp\L\ des Chevaliers de la Palestine, et son Souv\ Chap\, le Souv\ Chap \ enfin de la Rose du parfait silence, se présentent à vos esprits entourés du prestige imposant d’une antique renommée et d’une existence nouvelle … Tous les Ill\ FF\, qui composent le Sup\ Conseil du 33° degré sont membres nés de la Resp \ L\ des propagateurs de la tolérance : elle doit à cette mesure, dont vous apprécierez quelque jour la sagesse, et à quelques circonstances qui ont entouré son berceau, le nom de Grande Loge écossaise. En le prenant, elle s’est investie de toutes les attributions qui répondent à ce titre ; elle a déclaré qu’elle possède tous les pouvoirs que ce nom rappelle, et qu’elle devient par sa formation même le conservateur né de tous les droits de l’Ecossisme dans cet Or\
Représentant de la Grande Loge générale Écossaise de France du rite ancien accepté, héritière de ses droits, forte de son courage et sur-tout de son exemple, elle sera peut-être appelée à souscrire un nouvel acte d’union avec les corps maç\ qui l’entourent, ou si ses vœux ne sont pas écoutés, si ses désirs ne sont pas remplis, elle saura toujours maintenir ses libertés, repousser toute suprématie, défendre son indépendance. »
Le programme était clair. La Grande loge écossaise, héritière de la Grande Loge générale de 1804, se proposait de rassembler tous les Grands Inspecteurs Généraux, 33° degré ‘le SC « de France », celui de 1804, était en sommeil depuis 1815) et se voyait investie de tous les pouvoirs de l’Ecossisme à Paris et en France (il ne contrôlait pourtant que trois loges, trois chapitres, un aréopage et un consistoire).
la loge avait 19 membres honoraires (tous grands noms du régime qu’on ne vit jamais et qui ne donnèrent pas un sou à la loge) et 94 membres « ordinaires » (selon tous les sens du mot).
Le plus célèbre est Jean-Baptiste Chemin-Dupontès (1767-1850) qui fut d’abord libraire avant d’être enseignant. Républicain engagé, il fut incarcéré sous la Terreur et libéré par Thermidor. En 1796, il créa la Théophilanthropie, religion a-dogmatique, d’inspiration rousseauiste, limitée à des discours de morale et des hymnes à l’Etre Suprême. Elle fut Interdite le 4 octobre 1801 par le Premier Consul. De 1797 à 1801, il publia divers ouvrages sur la théophilanthropie et la religion naturelle.
Il s’affilia à la loge écossaise, bien que membre du GODF (loge Les Trinosophes) et en devint l’orateur.
la loge se réunit 15 fois entre octobre 1818 et août 1819, dont cinq fois pour une initiation et une fois pour une tenue d’adoption. les PV en sont signés de la main de Fernig et Judesretz.
Elle disparut sans doute pour des raisons d’argent qui faisait cruellement défaut.
A. Combes (1998, p.58) reconnaît à demi-mot que le SCDF ne dut son réveil (en 1821) qu’aux efforts de Fernig et de Muraire (ce que n’admettent que du bout des lèvres les commentateurs du SCDF).
Le général de Fernig est surtout connu par ses deux sœurs, Marie-Françoise-Théophile-Robertine (1775- 1819) et Marie-Félicité-Louise (1770-1841).
Elles étaient âgées l’une de seize ans et l’autre de treize, lorsqu’elles firent le coup de feu avec la garde nationale de Mortagne contre les Autrichiens en 1792, s’attirant les honneurs de la Convention. Ce fut de courte durée car comme leur frère, elles s’attachèrent à Dumouriez et le suivirent dans la dissidence.
Elles reprirent leur habit féminin après cet épisode guerrier. Toutes deux étaient, paraît-il, très belles. Nées à proximité de Valenciennes, elles décédèrent à Bruxelles.
Une correspondance inédite (XXXIII lettres de 1795 à 1803) de Théophile de Fernig, « aide de camp du général Dumouriez » fut publiée en 1873 (librairie de Firmin Dodot, Paris). Elle mourut sans descendance.
Sa sœur, Marie-Félicité-Louise épousa en 1798 un capitaine belge, François Van der Wallen (1774-1829), habitant Bruxelles (une de ses descendantes épousa George Moens qui fut Commissaire de l’exposition universelle à Bruxelles (1958) et autorisé en 1934 à porter le nom Moens de Fernig).
Malheureusement, aucune de ses vaillantes combattantes ne fut maçonne. En revanche, Marie-Adrienne (1777-1837), sœur cadette des deux combattantes, épousa le général comte Guilleminot qui devint 33° du Suprême Conseil de France, avec son beau-frère et ami.
On parle peu du comte de Fernig (il n’a droit à aucune mention dans l’index de l’Histoire de La Franc-Maçonnerie Française de Pierre Chevallier), pourtant il fut un maçon exemplaire, actif, dévoué, bien différent de tous ces noms illustres qui n’ont de maçon que le nom et qui n’ont souvent jamais remis les pieds dans une loge après leur initiation. L’engagement de Fernig pour la question juive dans la maçonnerie allemande (dont témoignent les lettres qu’il a écrites pour les défendre) fait plaisir à lire.
Merci à vous deux, Pierre et Michel, pour vos brillantes et intéressantes interventions relatives à l’histoire maçonnique.
Michel Hermand pour notre bonheur à tous fait une analyse exhaustive des travaux du chapitre (pas de la loge) des AP pendant ses premières années (quand il était chapitre attaché au GODF, donc « de rite français »). J’attends avec impatience ses conclusions.
Il nous donne les dates de réception de Fernig aux 3 premiers Ordres.
Il se pourrait donc que L' »illustre » Bédarride, imaginatif s’il en est, n’ait pas tort quand il situe son R+ en 1808.
Initié aux Amis Philanthropes le 16 janvier 1804, il fut reçu Elu le 23 octobre 1804 et Ecossais le 29 mars 1805, portant à trois (avec Rostollant et Chameau) le nombre, parmi les membres du Souverain Chapitre des Amis Philanthropes, de « refondateurs » du Suprême Conseil de France en 1821. Le 6 juin 1805, le Chapitre décide, qu’étant en partance, le grade de Chevalier d’Orient lui soit communiqué au moment de son départ.