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La taille de la pierre parait être le travail d’un compagnon, elle est symétrique du soubassement à sa représentation centrale -le bas d’une fleur de lys- ainsi que la sirène, idem, on ne soupçonne pas que Michel-Ange soit intervenu, mais le dessin est net, équilibré et bien expressif.
La pierre me semble aussi appartenir à la maison, voyez les soubassements et « moulures » parfaitement alignés, la différence d’épaisseur des moulures n’étant le fait que de la différence de couleur, un effet d’optique, et la pierre est de même nature que le reste de l’encadrement de la porte.
En revanche, ce sont les dessins des outils, du soleil, de la lune, etc, qui sont vraiment indigne même d’un apprenti, ce n’est pas du tout professionnel.
Je me demande dans quelle mesure cette maison ne fût pas à un moment acquise par un franc-maçon qui entrepris de jouer au tailleur de pierre ; puis la pierre fût mise à terre, soit par des anti-maçons, soit par des compagnons outrés qu’on puisse imaginer qu’un des leurs ait pu faire un truc pareil !
Parce que franchement, plus je détaille ces dessins, plus ils m’apparaissent comme des « trucs » 🙂 🙂
@ DÉSAP : tu persistes mon TCF dans l’idée qu’un travail de compagnon doit nécessairement être d’un certain niveau qualitatif, ce qui n’a pas vraiment de sens lorsque l’on regarde les exemples anciens attestés 😉 Et puis, encore une fois, la présence du compas et de l’équerre ne sont pas obligatoirement compagnonniques.
Dans tous les cas, en vérifiant via Google Maps et Street View, ce linteau de porte est un remontage récent comportant des éléments anciens (la partie ornée qui nous intéresse ici) et des éléments modernes ou, pour les piédroits, d’une autre origine que la partie central de la clé. Comme cet élément patrimonial n’est pas mentionné dans le rapport de la SDAP publié en 2011, je pense qu’il a été mis en place entretemps, ce que tend à confirmer l’apparence générale de la façade (au demeurant très médiocre quant à l’enduit et les joints des pierres). Voir cette photo :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1845361445527371&l=24581dda26
La question est donc de savoir d’où provient le fragment ancien (je ne pense absolument pas qu’il puisse s’agir d’un bricolage maçonnique moderne) : était-il déjà présent dans cette demeure, dissimulé sous un enduit, ou bien s’agit d’une acquisition chez un marchand d’anciens matériaux ou un antiquaire ?
Je penche de plus en plus pour une réalisation datant du XVIIIe siècle. Le motif spiralé du sommet de l’accolade m’évoque un cas que j’ai étudié (et dont la sculpture n’est pas non plus un chef-d’œuvre) à Venterol dans la Drôme (sommet du premier des deux blasons) :
http://compagnonnage.info/blog/blogs/blog1.php/2009/09/10/blasons-tailleursdepierre-venterol-26
Bien fraternellement.
Mon cher Jean-Michel, disons que je réfléchissais tout haut et cette idée d’un franc-maçon se prenant pour un opératif et s’engageant à décorer son linteau me faisait rire.
Naturellement, je m’en remets bien plus à ton expertise qu’à mes spéculations.
Bien Frat.
bonjour
Je commence a être pétrie de non certitude, entre couteau de bourrelier, maillet de calfatage, ou bien pic de tailleur de pierre.
Il faut regarder sur le Monduit, traité de stéréotomie pour la taille de pierre et a la page 59, est représentait des outils de tailleur de pierre.
l’outil sur le linteau est ; »Une pioche a pierre dure,outil a deux pointes(fig 233).
le têtu n’aurait pas été représenté de la même façon. Mais je reste sceptique sur l’appartenance d’un tailleur de pierre sur ce linteau , les gravures n’aurait pas été aussi naïve.
Par contre si il est vrai que la Bretagne et la Normandie était absente des corporations Compagnonniques de tailleurs de Pierres, il en était autrement chez les Compagnons Charpentiers.
tout d’abord une dissidence du compagnonnage Soubise qu’ils ont nommé « Renégat ».
Le groupement était très important a Nantes ,ils s’appelait « Les Renards De Libertés », ils avaient des sièges dans certaine villes de France , fêté la St Joseph, et était coiffé de la casquette de Nantes,
qu’ils leur données une image de voyou, les rixes étaient très fréquentes contre les deux autres compagnonnage charpentier, du devoir rite » Soubise » , et les indiens du » devoir de liberté » rite Salomon.
Je peux me tromper , mais je pense que le linteau représente un charpentier de marine, le compas fermé est une insulte ,mais aussi une arme ,aux deux autres compagnonnage historique, et reconnu.
Cordialement
Il ne faut pas confondre tailleur de pierre et sculpteur. Si certains étaient capables de réaliser de petits travaux de sculpture, voire avaient du talent, ce n’était pas leur métier, ni ce que l’on attendait d’eux. Les témoignages sculptés laissés avec certitude par des compagnons tailleurs de pierre ne sont que rarement des chefs d’œuvre de gravure lapidaire et de sulpture : voir notamment les marques de passage de la vis de Saint-Gilles, les plus soignées restant assez frustes.
Nous sommes en la circonstance quelque peu victimes des clichés modernes quant à l’excellence professionnelle des compagnons : ne projetons pas sur le passé ce que nous pensons savoir d’eux aujourd’hui ! Si ce linteau date du XVIIe ou XVIIIe siècle, ne nous attendons pas à ce qu’il soit d’une qualité de conception et d’exécution digne du concours de MOF !
Par ailleurs, c’est une obsession assez commune depuis quelques décennies, notamment dans les milieux maçonniques, de vouloir à tout prix trouver du compagnonnage de charpentiers de marine… Malheureusement, il n’en existe aucune trace fiable du côté des compagnonnages du Devoir comme des sociétés du Devoir de Liberté. Je ne dis pas qu’il ne peut pas en avoir existé un (on en a la trace dans d’autres pays d’Europe), mais que dans tous les cas, il était tellement discret qu’à la différence de tous les autres métiers, il n’a même pas laissé l’ombre d’une trace dans les archives judiciaires, les autorités étant pourtant promptes à soupçonner de coalition toute initiative ouvrière à s’organiser !
Au demeurant, concernant les compagnons charpentiers, ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on a, à partir de 1804 à Paris et plus probablement à partir des années 1830 dans d’autres villes dont Nantes, une scission qui se dit d’abord des « Renards de Liberté » (voir ce que dit Perdiguier dans son « Livre du Compagnonnage en 1841) avant de s’intituler du « Devoir de Liberté », au fur et à mesure qu’elle se fédère. Comme tous les contestataires des Soubises n’acceptèrent pas de devenir pour autant des « Indiens », il demeura effectivement une branche dite des « Renards Libres, Joyeux et Indépendants » : c’est celle dont vous parlez, qui, vers 1900, affectionnait tout particulièrement la casquette et l’air « apache » (qui n’est pas indien…), singeait les usages des compagnons mais se moquait d’eux. Ni les Soubises, ni les Indiens n’ont admis dans leurs rangs des charpentiers de marine en tant que tels. Pour les RLJI, nous n’en avons pas de trace non plus. Et dans tous les cas, nous sommes là au XIXe siècle bien entamé, et pas sous l’Ancien Régime.
Quant au compas fermé, je ne sais ce qui peut vous avoir suggéré qu’il puisse être une insulte à l’encontre des autres sociétés compagnonniques… Quant à sa potentielle fonction d’arme, là encore gardons-nous de projeter sur le passé ce que nous savons… des luttes compagnonniques sanglantes de l’époque de la Restauration. Dans bien des compagnonnages et sociétés opératives d’antan, le compas fermé a d’autres significations éminemment positives 🙂
Ce n’est ni une besaiguë de charpentier, ni un couteau à pied de bourrelier ou de sellier : il s’agit d’un pic de tailleur de pierre. Cet outil possède de nombreuses variantes dans sa géométrie selon la dureté des pierres et les traditions locales. Cette forme-ci est caractéristique pour les tailleurs de pierre dure, tel le granite ou encore, non loin de Douarnenez, à Logonna-Daoulas près de Brest, la kersantite.
Il s’agit donc sans aucune hésitation d’un linteau de tailleur de pierre et si la présence du compas et de l’équerre peut laisser à penser qu’il était compagnon, cela ne le prouve pas.
D’autant que la sculpture est très peu élaborée.
Elle pourrait paraitre volontairement naïve, mais non, elle est pauvre et déséquilibrée.
Bien Frat. TCF JM. Mathonière.
@ DÉSAP. : Le fait que la sculpture soit assez naïve ne préjuge toutefois pas de celui que son auteur appartienne ou non au compagnonnage.
Ce n’est qu’à partir du début du XIXe siècle que les compagnons se sont focalisés sur le concept d’excellence professionnelle. Leur vocation principale était jusqu’alors la solidarité ouvrière et nombre de compagnons d’antan n’étaient pas des « super artisans » mais plus modestement des personnes qui ne déshonoraient pas le métier et qui, surtout, étaient de bons frères.
Ce qui m’incite à rester prudent quant à l’appartenance compagnonnique, c’est tout simplement le fait que la Bretagne est l’une des grandes absentes, avec la Normandie, des régions d’origine des compagnons tailleurs de pierre tels que nous pouvons mieux les connaître par les archives à partir du début du XVIIIe siècle (avant, nous ne disposons pas de suffisamment de documents). Par ailleurs, compas et équerre sont des outils d’usage normal pour un tailleur de pierre et leur présence doit donc être analysée sans préjuger de leur éventuelle symbolique…
Pour faire suite à la remarque judicieuse de Maffre, ce linteau a été fortement restauré. Seule la partie ornée est ancienne, on le voit très bien à la couleur des voussoirs qui l’encadrent et au manque de profondeur du double filet surmontant la moulure.
Il serait intéressant d’en savoir davantage sur cette maison et les travaux de restauration qu’elle a subi récemment. L’inventaire du patrimoine architectural de cette commune, réalisé par le SDAP en 2011, ne mentionne pas ce linteau. Il peut y avoir des oublis, mais il n’est pas impossible que ce linteau ait été mis (ou remis- en place entretemps.
Pour voir un pic comparable à celui de ce linteau, voici le lien vers une photographie :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=110924942304372&l=87b5bef51f
Bien fraternellement.
J’ajouterai que ce linteau me semble dater d’entre le XVIe et le XVIIe siècle, voire du début du XVIIIe.
Je serais volontiers preneur d’un cliché en haute résolution afin d’étudier plus avant les détails, dont la « sirène ». On peut me joindre via le blog http://www.compagnons.info
Bien fraternellement.
Bonjour Dominique
Toujours à propos du linteau, il me parait important de vérifier qu’il est bien originaire de ce bâtiment. D’après la photographie, il semble qu’il ait été cassé et réparé, la pierre est-elle la même? La gravure aussi? Bien vérifier avant d’aller plus loin.
Frat
Je vous remercie pour ces indications précieuses:
Je retiens les deux vagues formant fleur de lys, la sirène, le couteau de bourrelier « à pied droit » …
La position de la maison près des quais du vieux port de Rosmeur m’oriente plus à penser qu’il s’agissait d’un « bourrelier-voilier » comme l’indique Dominique.
Les bateaux étaient des chaloupes sardinières, de relativement petite taille , les voiles trapézoïdales étaient glissées sur des perches et celles-ci montées aux deux mats du bateau. Les articulations étaient faites en cuir … Je vais aller au port-musée me renseigner sur cet outil et cette profession … et son appartenance éventuelle à un compagnonnage…
Bonjour Dominique. Je ne sais pas si vous avez suivi les commentaires et vu ceux que j’ai postés durant le week-end, qui, en résumé, disent qu’il s’agit d’un linteau de tailleur de pierre, compagnon ou pas.
Je serais vivement intéressé par une photo en meilleure résolution pour analyser de plus près la sirène ou Mélusine qui est dans l’accolade. Vous pouvez me contacter via mon blog http://www.compagnons.info
Bien cordialement:.
Il s’agit d’une sirène au creux de deux vagues symbolisant les eaux tourmentées de l’océan. Deux vagues qui au passage signent une fleur de lys. Cette sirène se trouve être en rapport avec la légendaire ville d’Ys, parfois appelée « Ker Ys ». Kêr-Is en breton, est une ville légendaire de Bretagne qui aurait été engloutie par l’océan. Probablement issue d’un thème celtique autour de la femme de l’Autre Monde. Une tradition bretonne fait d’Ys la capitale cornouaillaise du roi Gradlon, censée avoir été construite dans la baie de Douarnenez ou au large de celle-ci.
Je verrai bien un animal (poule, oie, ?) au cœur de l’accolade.
Chers tous,
Effectivement l’outil n’est pas une bisaïgue, les deux propositions sont intéressantes. J’aurais un peu de mal à confirmer l’une l’autre proposition (et je l’aurais plus vue sur un linteau en bois qu’en pierre). La bisaïgue est un outil en acier d’une longueur entre 1.30 m et 1.50 m, composé d’un tranchant ciseau d’un côté servant au façonnage de tenon ou entailles diverses et de l’autre extrémité un ciseau « bédane » servant à terminer une mortaise préalablement degrossie à l’aide d’une tarrière (grosse mèche à bois ressemblant à un tire bouchon). Au centre de l’outil une poignée perpendiculaire permettant l’usage le long de l’avant bras. La bisaïgue fait partie du blason des Compagnons Charpentiers des différents Devoirs, entrecroisée avec l’Equerre et le Compas. C’est un outil peu ou plus utilisé de nos jours du moins la bisaïgue française, à contrario de la bisaïgue allemande qui ne comporte pas de bédane, formant un simple L et que nous trouvons dans toutes les caisses outils de tout bon charpentier qui se respecte.
Frt
Intéressant ce linteau sur le plan symbolique, équerre, compas, rosace à douze divisions . . . L’ensemble orné, dans un style d’inspiration gothique, de deux vagues, l’une à la fuie l’autre au cap. De cette porte basse il émane une saveur d’autrefois où nombre d’hommes, nombre de marins notamment on probablement franchit son seuil, (époque oblige) en courbant la tête comme un salut à Dieu ou au Maître de ses lieux . . .
Charpentier de métier, je ne voie point de bisaiguë, mais un couteau de bourrelier à « pied droit », lame acier cintrée dont le manche (commerce maritime oblige) était bien souvent en ébène, monté d’une virole en laiton.
Ce pourrait-il que cette maison fut celle d’un gréeur, « bourrelier-voilier » ? Qui, du temps de la marine à voile, concevait et fabriquait, comme pour le « voilier-sellier » d’aujourd’hui, les voiles, tauds, housses, bâches . . .
Bonjour
Le troisième outils n’est pas une bise-aigu, mais plutôt un maillet de calfatage. On a bien affaire a un charpentier de marine.
Si c’est du granite, cela expliquerait la difficulté de sculpter avec finesse.
Passes encore pour une lune « étoilée », mais l’outil à droite ressemble plus à un taillant ou un maillet qu’à une bisaigüe qui est un outil très long…
La photo reste très belle.