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La Loge Human Duty n°6

Publié par Pierre Noël

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dimanche 2 avril 2023
  • 15
    Pierre Noël
    7 avril 2023 à 18h45 / Répondre

    Les premières années du DH sont extrêmement intéressantes, par la personnalité hors-norme des fondateurs, pas seulement des Français et Françaises (admirables par leur activité humaniste et républicaine), mais aussi les anglo-saxons, surtout par leur excentricité, confinant aux limites du sérieux, de la crédulité et du fou-rire !)

    La première loge de Sydney a été fondée en février 1912 par sept maçons, les premières femmes étant initiées en mars suivant. Au cours de cette année, de nombreux théosophes de toute l’Australie ont obtenu les Craft degrés à Melbourne et des loges ont été établies à Brisbane et à Adélaïde. Des loges pour les degrés supérieurs ont été créées peu après.
    Le 12 juin 1915, un jeune Anglais, James Ingall Wedgwood, initia (le très sulfureux et infréquentable, coutumier des petits garçons) Charles Webster Leadbeater à la co-maçonnerie à Sydney. Au départ, Leadbeater n’avait ressenti aucun intérêt et même un peu d’hostilité pour ces occupations trop « cérémonielles », mais Wedgwood l’a rassuré qu’elles étaient une préparation de la « Seconde Venue », et il a accepté l’initiation. Ses impressions méritent d’être relevées.
    « Je ne savais pas, pas plus que tout autre candidat, à quoi m’attendre lorsque j’ai rejoint [la Loge] ; mais ma première vue d’une Loge maçonnique a été une grande et agréable surprise pour moi, car j’ai découvert que je connaissais parfaitement tous ses arrangements, qu’il rappelait exactement des arrangements similaires que j’ai connus il y a six mille ans dans l’Égypte ancienne. Je suis tout à fait conscient que c’est une déclaration surprenante, mais je vous assure que c’est littéralement vrai. L’initiation a ravivé des souvenirs de vies antérieures et du travail cérémoniel auquel j’avais participé dans le passé, et a immédiatement stimulé un grand intérêt à travailler à nouveau avec le rituel. … »Vous pouvez imaginer à quel point j’ai été surpris et ravi de constater que l’ancien travail était toujours en cours après tant d’années. [La maçonnerie a] gardé presque toutes les cérémonies inchangées au cours de ces milliers d’années. »
    (Affirmation que peu de francs-maçons, aussi exaltés soient-ils, feraient, aujourd’hui comme hier)
    L’ascension de Leadbeater fut rapide jusqu’au 33e, et il a été nommé administrateur général de l’Ordre co-maçonnique universel en Australie. De manière assez naturelle, il décida d’appliquer sa
    « clairvoyance » aux origines de l’ordre, et à cette fin, lui et Wedgwood préparèrent une liste de questions que Leadbeater pourrait présenter dans l’astral au « chef intérieur de la franc-maçonnerie », le « vrai » chef de tous les francs-maçons (le comte de Saint-Germain, rien de moins !).
    « Vous devez vous rappeler que ce grand Maître, au nom auguste et honoré, est pour [Mme Annie Besant], pour moi et pour beaucoup d’autres un Homme vivant, personnellement connu et vénéré par beaucoup. Je ne savais pas, jusqu’à ce que j’aie eu le privilège d’entrer dans [la co-franc-maçonnerie] exactement quelle était sa relation avec la co-franc-maçonnerie, car je ne lui avais jamais parlé à ce sujet ; mais la dernière fois que j’ai eu l’honneur de le rencontrer à la chair à Rome descendant le Corso, Il m’a emmené dans les jardins publics sur la colline du Pincio, et là nous avons parlé pendant une heure et demie de la Société Théosophique et de son travail. » Leadbeater a soumis la liste de ses questions au Maître, et « Il a leur très gentiment et gracieusement répondu, m’a donné beaucoup d’informations et a exprimé son plaisir de voir mon intérêt. Le Maître a décrit l’histoire de la franc-maçonnerie et, en outre, m’a demandé (à moi, Leadbeater !) de réviser les rituels de la maçonnerie pour leur rendre leur antique signification. »

    Je n’ai connu en FM que trois FF qui m’ont tenu des discours du genre, avec des esprits farceurs, des auras lumineux et des apparitions inattendues ! Ils n’étaient pas au DH.

    • 16
      Brumaire
      7 avril 2023 à 21h08 / Répondre

      15- Une précision concernant le plus que sulfureux Leadbeater, dont la pédanterie n’avait d’égale que son immoralité, l’ensemble des rituels qu’il a revus et corrigés ont été baptisés pompeusement Rite de Sydney…et l’appellation a perduré quand plus tard, deux loges en France ont été ouvertes avec ces rituels, la première étant composée à sa création de membres tous théosophes…

    • 17
      Pierre Noël
      8 avril 2023 à 11h16 / Répondre

      J’oserai être plus nuancé que Brumaire. Leadbeater était, sans hésitation, ce qu’on appelle, dans Tintin, « un fou » ! Il additionnait un délire paranoïaque structuré (la « clairvoyance », n’empêchant pas une vie journalière « normale »), une autosuffisance notoire, une homosexualité refoulée en amour (camouflée en vocation pédagogique) des éphèbes avec pratique épisodique de la masturbation réciproque (ce qui lui vaudra bien des ennuis judiciaires), un mépris de la femme tout juste bonne à lui cirer les pompes (pauvre Annie Besant !) et le besoin d’être toujours le meilleur, le plus grand, le chef en un mot (péché mignon courant dans nos milieux, dont la fréquence est à l’inverse de la taille dudit groupe). L’orgueil démesuré, aiguillonné par le manque douloureux d’éducation académique (il n’a jamais pu entrer à Oxford), n’empêche pas de briller en société, d’y être brillant causeur et même adulé de son entourage.
      Note : sa carrière maçonnique débuta en 1915, en Australie, à 56 ans (alors qu’il était théosophe depuis 1883). Il passa la fin de sa vie à Sydney, d’où le nom de son rituel, Sydney, qui est un Dharma working remanié à la sauce théosophiste (le texte français de son ouvrage « Le Côté Occulte de la FM », 1925, est sur internet. Il mérite d’être lu ! Ca vaut du Guénon ou de l’Eliphas Levi).

  • 8
    Brumaire
    4 avril 2023 à 13h39 / Répondre

    6-7- Merci Pierre, pour la traduction du texte d’Andrew Prescott qui donne des précisions que jusqu’ici j’ignorais.
    Par ailleurs, l’ouvrage de Marc Grosjean a été consacré à G.Martin, je ne l’ai pas considéré comme une hagiographie. A.Besant n’y tient pas une grande place, et c’est, pour moi, normal; pourtant, je l’ai toujours trouvé bien trop complaisant à l’égard de celle qui a dévoyé la maçonnerie dans pas mal d’endroits du DHI.

    • 9
      Pierre Noël
      4 avril 2023 à 15h49 / Répondre

      Ce que j’apprécie le plus chez M. Grosjean, ce sont les textes intégraux, présentés après chaque chapitre. Par contre, je déplore le manque d’index.

    • 10
      Pierre Noël
      4 avril 2023 à 19h46 / Répondre

      Brumaire comprendra (j’en suis sûr) :
      Je fréquentais autrefois (« régulièrement », au sens propre du mot) la rue de l’Ermitage où celle qui m’a élevé (ma tante) avait été initiée ( Egalité n°45) en 1958. Je n’y ai jamais entendu parler ni d’Annie Besant ni du débat bien franchouillard, éternel, récurrent et incessant autant que chiant, « régulier/pas régulier », dont les francs-maçons du monde entier se fichent comme de l’an quarante. Quand donc cela cessera-t-il ? Pourquoi ne pas accepter que chacun fasse « à s’mode » ?

      • 11
        Brumaire
        4 avril 2023 à 20h38 / Répondre

        10- Mais oui Pierre; tu sais, A.Besant n’est connue de presque personne dans les pays qui ne sont pas anglo-saxons! C’est juste quand on vit l’internationalité du DHI qu’on tire quelques conclusions.
        Mais, personnellement et surtout maintenant, je n’en ai rien à faire.
        Égalité-Émile Lefebvre, n°45 est la plus vieille loge de la Fédération belge du DH, une belle loge!

        • 12
          Pierre Noël
          5 avril 2023 à 12h45 / Répondre

          Je ne le sais que trop! Aucune de mes amies/copines du DH (belge) ne connaît son existences. (AB n’a-t-elle pas sa photo rue Jules Breton ?)
          J’avoue, timidement, être plus bienveillant que Brumaire (dans ce cas).
          Le « théosophisme » n’est, pour moi qu’une de ces excentricités anglaises, un peu ridicule, certes, mais inoffensive et finalement tolérante. J’ai assez connu de maçons qui sans se dire « théo-quéqu’chose » croyait aux influences occultes, aux esprits malins, aux eggrégores voire aux succubes (surtout dans les obédiences rationalistes et chez les guénoniens).

          • 13
            Brumaire
            5 avril 2023 à 23h24 / Répondre

            C’est un temple qui porte le nom d’ A.Besant, rue Jules Breton!
            Mais détrompe toi Pierre, la théosophie a fait de gros dégâts, et ce n’est pas pour rien que les fédérations anglo-saxonnes du DHI ont bien du mal à grandir, voire à survivre.

    • 14
      Pierre Noël
      6 avril 2023 à 10h01 / Répondre

      à 13 !
      Je ne le sais que trop. Je n’ai jamais rencontré de SS du DH anglais, mais j’ai rencontré des Néerlandaises qui m’ont raconté les péripéties (et le déclin) du théosophisme dans leurs loges des PB.
      les loges féminines reconnues par la GLUA sont cette branche qui s’est séparé du DH et d’AB (donc du théosophisme comme de Paris en 1907).

  • 7
    Pierre Noël
    4 avril 2023 à 11h38 / Répondre

    Annexe à la note 1 (que j’ai eu la goujaterie de pas traduire):
    « Ma tante Miss (Francesca) Arundale était le véritable lien entre Mme Besant et l’organisation française. C’est Mlle Arundale qui, elle-même déjà co-franc-maçonne, a mis Mme Besant en contact avec le Suprême Conseil français. Et un petit groupe, dont moi, est allé à Paris pour devenir co-francs-maçons à part entière » (Georges Arundale, « Mémoires »). Neveu des deux sœurs, Francesca et Maria Arundale, George Arundale vécut aux Indes après 1902. Il s’y consacra au théosophisme (il succéda à Annie Besant, présidente de la société, quand elle mourut), à l’enseignement, à l’ »Eglise Libérale Catholique » (dérive/scission de l’Eglise Vieille-catholique d’Utrecht) et à la co-masonry. Il épousa une Indienne de caste supérieure, malgré l’opposition farouche de la société indienne. Décédé en 1945.

  • 6
    Pierre Noël
    3 avril 2023 à 17h32 / Répondre

    L’article d’Andrew Prescott « Annie Besant and Freemasonry » (dans Snoek & Heidle, 2008) est autrement nuancé et impartial, beaucoup plus que l’ouvrage de Marc Grosjean qui n’évoque A.B. qu’au passage alors qu’il tend quelque peu à l’hagiographie de Georges Martin et de son épouse.
    A.P. cite le jugement de George Bernard Shaw (qui l’a bien connue) : « Comme tous les orateurs de talent, elle était un acteur né. Elle fut successivement une prédicante de style Haute-Eglise, une athée incisive fustigeant la Bible, une Darwinienne convaincue, une socialiste virulente, une meneuse de grèves, et finalement une Théosophiste convaincante, exactement comme une grande actrice pouvait être, avec autant de talent, Lady Macbeth, Béatrice ou Desdémone. Elle se voyait avant tout « comme une Grande Prêtresse » de la théosophie et c’est ce qu’elle fut jusqu’au bout. »
    Ses biographes parlent de « ses multiples vies » et la décrivent comme changeant plusieurs fois d’orientation, suivant ses mentors dominants, toujours désireuse d’exercer son pouvoir (bien réel) de persuasion ou simplement conditionnée par ses émotions passées. Une chose semble certaine, son action sociale d’avant sa « conversion » se poursuivit en Inde (notamment pour la cause des femmes locales) jusqu’à sa mort.

  • 3
    Brumaire
    2 avril 2023 à 15h31 / Répondre

    Les rituels de G.Martin 1895 étaient « REAA » plus qu’adapté! maintenant on dirait: mélange de RF, REAA et autres influences, avec même des inventions tout à fait personnelles.
    Quant à la question posée: comment G.Martin accepta-t-il une création aussi éloignée de ses principes? Il n’était pas anglophone et a laissé faire celle qui promettait un développement dans le monde anglo-saxon; elle l’a complètement débordé avec son engagement théosophique qui n’a pas fait que du bien au DHI, et c’est un euphémisme que de le dire!

    • 4
      Pierre Noël
      2 avril 2023 à 18h29 / Répondre

      G. Martin n’a t-il pas été quelque peu séduit par la possibilité d’extension mondiale de son enfant (encore maigrichon) par l’activité débordante d’A. Besant, son efficacité et son dynamisme tous azimuts ?

      • 5
        Brumaire
        2 avril 2023 à 19h41 / Répondre

        4- Bien sûr Pierre, tu as raison, et il était sans doute? peut-être?-on ne le saura sans doute jamais- resté sur une autre perception d’ A.Besant, celle d’avant de se faire influencer, le mot est faible, par cette folle de Blavatsky: une féministe, socialiste, engagée dans la société. La théosophie lui a complètement tourné la tête. En Inde, elle a fait ce qu’elle a voulu, avec les rituels revus et corrigés par Leadbeater, (dont la moralité était très aléatoire…) à tel point que les membres de la fédération orientale du DH, par la suite, sous l’ère Rhada Burnier, ne savaient même plus qu’ils faisaient partie d’un ordre maçonnique.
        Georges Martin était généreux, profondément bon, et sans doute a-t-il fait une confiance exagérée à des personnes qui étaient beaucoup moins désintéressées que lui!
        Je ne suis pas persuadée que M. Grosjean, dont tu cites l’ouvrage, ait été aussi objectif qu’il eût été souhaitable, dans son appréciation de « l’oeuvre d’Annie Besant » .

  • 1
    sylvain zeghni
    2 avril 2023 à 9h43 / Répondre

    Le scottish working est encore pratiqué par la Fédération britannique par la Scottish Lodge.
    L’ensemble des rituels pratiqués est très intéressants et souvent très surprenants pour les sœurs et frères français imitant ces loges.
    Merci pour cet excellent article

    • 2
      sylvain zeghni
      2 avril 2023 à 10h06 / Répondre

      Dans mon commentaire précédent lire visitant et non imitant

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