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Géplu.
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Bon, comme il faut tout de même en finir un jour, et qu’il me semble que les uns et les autres ont dit tout ce qu’ils avaient à dire sur des sujets d’ailleurs autres que celui de l’article, je pense que l’on pourrait en rester là.
Sauf donc apport nouveau sur le sujet premier de l’article, l’initiation de Voltaire, je ne publierai plus de commentaires sous cet article.
Merci aux uns et aux autres d’en tenir compte. 🙂
Ici, de ma part, pas de commentaires sur le fond, il y en a désormais pléthore et même davantage.
De mon point de vue la coupe est désormais plus que pleine. Avec 160 interventions ce n’est plus – et depuis déjà un fort long moment – pour le lecteur un plaisir de fin gourmet, cela est devenu du gavage ; et c’est fort dommage.
Du coup, avec ces 160 bavardages, c’est le record du site pour l’année 2018 (Au passage, et sauf erreur, en 2017 le maximum atteint était de 168 avec « La « Voie substituée de la F.M. Hors du Temple », une chronique de Emerek le Fol le 02/06/2017). J’espère qu’il ne s’agit pas ici d’une course à l’échalote pour établir un nouveau record, dont on se passerait bien.
Donc, juste quelques mots sur la forme. Et donc sur la vie de ce blog
J’avais déjà donné mon point de vue le 24 avril quand nous avions atteint ici les 126 commentaires.
Mais il est vrai que c’était en réponse à un intervenant sous l’article « Récupération » du 22 avril, ( à propos de la cérémonie d’hommage de la G.L.D.F. au F :. gendarme Arnaud Beltrame) lequel intervenant s’agaçait dès seulement 62 messages ; dans un article qui en compte désormais 113… On peut s’y reporter si on le souhaite.
Avec 126 commentaires à cette date, qu’avions-nous ?
Un total de 18 intervenants, mais 5 seulement à avoir dépassé chacun la dizaine de réactions, dont 1 bien en tête dépassant une vingtaine de messages à lui tout seul.
Et déjà je m’interrogeais sur la pertinence relative au nombre, à la densité et la longueur de tous ces messages.
Sont-ils vraiment d’une qualité et d’une clarté quant à l’exposition des idées et des arguments ? Une telle abondance, une telle encre kilométrique, une telle logorrhée ne nuit-elle pas à l’effet recherché vis-à-vis du lecteur ?
Qu’on en juge, désormais, depuis mon précédent bilan c’est : 160 interventions pour 20 commentateurs., et toujours seulement 5 à avoir dépassé la dizaine de messages. Et sur ces cinq là, 3 n’atteignent pas les 20 et 2 franchissent la barre des 30 interventions. Donc à deux ils arrivent à faire quasiment 70/160 messages soit 44%.
Quant au trio de tête, il a ainsi produit, chacun pour ce qui le concerne, 806 lignes de texte pour le premier d’entre-eux, 442 pour le second, et le troisième 428.
Est-ce vraiment raisonnable ? Et surtout est-ce vraiment productif ? Ici sur un blog où tout un chacun vient lire et, éventuellement, intervient, ou tente de déposer sa petite pierre, même sans avoir l’érudition de quelques uns.
Car au fond, quelle impression cela donne-t-il à force de lire tout ça; et j’ai tout lu, ?
Désolé d’être aussi abrupt pour l’exposer, mais cela ressemble finalement à une querelle savante entre une infime poignée d’érudits.
A une petite bataille d’auteurs perchés sur leur olympe qui s’ébrouent devant les autres lecteurs du site qui eux n’appartiennent pas à ce cénacle, car tout le monde ne peut évidemment pas être auteur de bouquins. Mais les autres lecteurs ne semblent-ils pas conviés à applaudir les débatteurs ?
Bref on a surtout l’impression de voir quelques professeurs Nimbus, ou Savancosinus ou Tournesol en manches de lustrine se renvoyant dos-à-dos des arguments pas toujours palpables pour les béotiens, pour ne pas dire, au vrai sens du terme, pour les profanes que nous pouvons alors redevenir quand la matière est trop spécialisée, et qu’elle est ainsi assénée.
Bref, ici désolé à avoir à le dire ainsi, j’aurai personnellement surtout assisté à un entre soi entre auteurs laissant, (involontairement ou non, là n’est pas la question), la plèbe maçonnique à distance.
Cela m’a fait penser à quelques joutes verbales maçonniques où, dans certaines tenues, deux où trois frères monopolisent l’espace et la parole pour la satisfaction de leur ego personnel, et voilà tout.
Il y a d’autres lieux pour cela.
Il me semble que le minimum fraternel serait de faire en sorte de ne pas larguer ou reléguer les autres frères, ou les autres lecteurs.
La réussite d’une vraie vulgarisation de la pensée ou de la connaissance n’est-elle pas là ?
Du coup je réitère mon point de vue esquissé dans mon message précédent cité au début, et publié sous un autre article, en procédant ainsi, avec des échanges de plus en plus érudits tout en étant de plus en plus querelleurs, la connaissance et l’érudition y gagnent-elles à tous les coups?
J’aime bien apprendre des choses, qu’on me propose des pistes, mais excusez du peu, ces 160 commentaires n’ont pas toujours été un régal à suivre.
Et au passage, ayant posé quelques questions, j’en profite, fût-ce avec un peu de retard, pour présenter mes remerciements à Philippe (35), Négrier (20) et Pierre Noël (87) pour leurs réponses judicieuses tout en étant courtes et concises.
Et pour conclure, ceci :
1/ L’ironie dans tout cela c’est que l’auteur lui-même du livre sur Voltaire, Francis Frankeski, sauf à avoir employé un pseudo qui le cache bien, n’est absolument pas partie prenante dans cette affaire.
2/ Géplu lui-même nous dit (message 95), à peu de choses près, que le combat cessera faute de combattants.
Et à mon sens, à part les trois ou quatre qui semblent se régaler tous seuls, tous les autres lecteurs ont du déserter la place devant un débat qui désormais s’épuise, s’étiole, s’essouffle et s’effiloche au fur et à mesure qu’il dure.
Je partagerais bien volontiers ce commentaire s’il s’agissait de débattre sur un sujet qui réclame une prise de position en tant que FM.
Il me semble que ce sont plutôt des aspects historiques qui sont abordés, auquel cas la discussion porte sur le fond et sur la méthode, tels qu’on les conçoit dans cette discipline qu’est l’histoire. D’où le fait qu’un non maçon peut fort bien se sentir concerné.
En outre, qu’est-ce qui oblige un internaute réticent à suivre le fil de la discussion? Rien. Ni personne. Il m’arrive de parcourir d’autres blogs, y compris d’autres rubriques de celui-ci. Si, pour une raison ou une autre, je ne suis pas intéressé, je passe à autre chose, et voilà tout.
Comme dit Geplu, le débat s’arrêtera faute de débatteurs. Il ne me semble pas qu’il définit son blog comme le prolongement d’un travail de loge.
Et puis, restons zen, ça s’arrêtera quand même un jour.
La tolérance maçonnique n’a pas de limites
contrairement à la discipline historique qui en a
Cet échange était d’une grande richesse. Pour ce qui vous concerne et d’autres, il y a toujours deux possibilités :
1. Vous ne lisez pas les commentaires parce qu’ils vous fatiguent ou vous heurtent, pour l’une ou l’autre raison.
2. Supprimer les commentaires du blogue, mais cela s’appelle, je pense, une attitude fermée, voire dictatoriale.
Le blog est accessible à tout le monde et apporte des informations de ci de là qui seront sans doute utiles aux chercheurs.
C’est tout à l’honneur de Geplus (et je le dis sans flagornerie) d’avoir permis cet échange, parfois un peu vif il est vrai.
Enfin, pour ce qui me concerne, cela ne m’amuse pas de devoir revenir sans cesse à mes arguments parce que l’un ou l’autre les ignore superbement.
Ayant reçu hier et aujourd’hui plusieurs messages d’amis me demandant quelques précisions sur ce que je pense aussi du livre que Jean van Win a consacré à Voltaire en 2012, ce dont je souhaitais me dispenser dans mes posts précédents, afin de ne pas surajouter dans la controverse, je m’y résous bien volontiers. Un petit rappel relatif à un échange qui nous a opposé en 2008, après la parution de sa première version de son Bruxelles Maçonnique, s’impose alors.
J’ai été éclairé par la méthode chère à JVW quand, en 2008, il me qualifiait de profane. Où avec donc eu cette information ? Nulle part. Elle lui était dictée par son imagination. Partant du principe qu’un auteur en désaccord avec lui ne peut pas être un bon maçon, voire pas maçon tout court, il le répute profane. J’avais à l’époque presque 20 ans de pratique, et j’avais tendance à penser que lorsqu’on écrit sur l’histoire de la franc-maçonnerie, on doit simplement se borner à faire de l’histoire, laquelle ne s’écrit pas dans une loge ni dans un convent. En symétrie, j’avais aussi tendance à penser que l’on ne demande pas à un maçon d’être un grand connaisseur de l’histoire, de la culture des choux-fleurs, de l’évolution des pièges à loups entre 1323 et 1325, ou du Kamasutra. Il lui suffit de se conformer à l’éthique affichée dans les principes fondateurs, et du reste non exclusifs à la fraternité : respecter son prochain comme soi-même. Bref, quand un historien prend pour champ de ses études la franc-maçonnerie, il l’aborde exactement comme il pourrait le faire d’un autre champ, par exemple le siècle de Louis XIV, et on ne lui demandera pas d’en être un fantôme rescapé pour avoir le droit d’en parler, ou l’habitat au temps de l’homme de Neandertal, et on ne lui pardonnera (j’espère) de n’avoir pas vécu dans une grotte pour avoir une légitimité.
– Le fait d’être franc-maçon peut certes aider à comprendre certaines données. Mais il existe d’excellents confrères qui ne le sont pas, et ne sont pas disqualifiés pour autant. Plus encore, le fait de l’être ne donne pas automatiquement la capacité d’être plus éclairé. La preuve est administrée par JVW.
– Voltaire a été initié. Cela le gêne. Dans la mesure où il ne peut réfuter cette évidence, il explique que cette initiation n’en est pas une, qu’elle n’est pas conforme. Ce serait une regrettable parodie d’initiation, en « contradiction avec les principes de base de la tradition rituelle et initiatique maçonnique » (144). Qui définit ces principes ? Lui-même, c’est-à-dire son imagination parfois exubérante.
Dans les premières pages de son livre, il promet d’étayer ses arguments par la lecture « attentive et exhaustive des rituels, des procès-verbaux de tenues, des livres d’architecture et des textes de l’immense majorités des loges de l’époque » (17). Ainsi alléché, le lecteur est disposé à applaudir. Hélas, aucun document de cette nature n’est ensuite cité dans le livre. Un seul fait l’objet de sa sollicitude et il l’emploie pour en comparer le contenu aux récits faits par les contemporains de Voltaire sur la cérémonie qui lui a été dédiée dans la loge parisienne des Neuf Sœurs en 1778. Il est convaincu que ce rituel fournit le modèle d’une initiation conforme. Et c’est pourquoi, comparaison entreprise soi-disant avec minutie, il conclut à la non conformité de celle du philosophe.
Il s’y risque en assurant avec beaucoup d’aplomb que le Grand Orient de France contrôlait l’exécution correcte des rituels dans toutes les loges de son obédience (81, 87). Peut-on savoir comment il s’y prenait ce GO ? Qui était missionné pour les contrôles ? Existe-t-il un document émis par cette instance, qui permette de poser une telle affirmation ? Non. JVW laisse encore courir son imagination. D’où la contradiction dans laquelle il tombe quelques pages après avoir osé une telle contrevérité. Il écrit en effet : « On ne sait pas de façon exacte ce qui se passait dans les loges du Grand Orient de France en 1778 » (137). Bien dit ! Auquel cas, il est absurde de déconsidérer la cérémonie concernant Voltaire et rien ne sert de s’engager dans une dénonciation des points qui n’auraient pas été orthodoxes. L’unique rituel produit par JVW et qu’il date lui-même de 1778 ne peut être adopté comme une référence supérieure. En méthode, un minimum de cohérence est souhaitable.
– JVW ne croit pas le moins du monde à l’initiation de Voltaire en Angleterre en 1726 ou dans les années consécutives. C’est son droit. Il le fait de trois manières.
1°) La première consiste à juger défavorablement ceux qui sont d’opinion opposée. Il possède à cet égard une échelle étendue d’adjectifs dévalorisants voire méprisants. Ce qui, croit-il, le dispense d’étudier de près les arguments qu’ils avancent. Surtout, il se garde bien d’aller aux sources qu’eux-mêmes ont pu employer.
2°) La seconde consiste à postuler que les archives anglaises ne contiennent aucune trace de cet événement, et que cela autorise donc à le nier. Il ajoute que ces archives sont « très précises » (46). Cela prouve qu’il ne les connaît pas, qu’il ne les a jamais consultées. Elles sont souvent imprécises pour la bonne raison qu’elles sont loin d’être exhaustives. Et je peux citer de nombreux FM anglais dont on sait positivement l’appartenance maçonnique grâce à leurs propres témoignages, ou ceux de leurs contemporains, sans que leur nom apparaisse une seule fois dans un document de loge (y compris de la GL où il est connu que les lacunes sont diverses).
3°) La troisième manière est la plus inattendue quand on s’efforce à l’objectivité en histoire. Elle est psychologique. Elle se borne à répéter, sur le mode incantatoire, que Voltaire n’a jamais exprimé le désir d’être FM, ni dans sa jeunesse ni dans sa vieillesse (45, 47,130, 144). Comment le sait-il ? Mystère… Il convoque la subjectivité du personnage à l’audience en se fondant uniquement sur ses déclarations ironiques, voire railleuses à propos de la FM. Un moqueur ne pas être FM. Hum ! Je pense que le caricaturistes William Hogarth qui n’hésitait pas à croquer la silhouette de quelques frères avinés au sortir d’une loge, et qui allait même jusqu’à représenter Anderson dans des situations ridicules, devrait être rejeté pour le même motif. Sauf que le même fut un dignitaire de la GL de Londres. Et ce n’est qu’un exemple parmi une dizaine d’autres.
– Le livre de JVW est truffé d’audaces de même calibres. Comme lorsqu’il prête à Jean-Jacques Bacon de La Chevalerie un rôle qu’il n’a jamais eu, au point de lui prêter à sa mort une fortune considérable (117), lui qui acheva les dernières de sa vie dans le besoin ! Ou bien quand il écrit sans sourciller que la loge d’adoption souchée sur L’Olympique comprenait 2120 sœurs (j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour être sûr de ne pas être victime d’une hallucination).
Je laisse de côté les citations non référencées, les reprises de rumeurs, etc. En revanche, je ne peux m’empêcher de relever que JVW prétend avoir interrogé l’un des conservateurs du château de Cirey avant d’écrire son livre. Il l’a fait, prétend-il, après avoir lu ‘Réseaux maçonniques et mondains’ où je propose une autre analyse que la sienne. Voici ce qu’il lui aurait été répondu: « L’idée d’une loge maçonnique à Cyrey me paraît extraordinaire ; cela n’a pas de sens. Cirey était loin de tout. Je viens de retrouver les archives du château, perdues depuis 1750, mais elles restent encore à explorer. Pour l’instant, aucun signe d’une activité maçonnique. » (50). Le style de cette réponse ressemble étrangement celui de JVW en personne. Mais, ce n’est pas ce que je veux mettre en exergue. Ce qui m’intéresse, c’est de rapproche cette citation de celle fournie dans son post 141. JVW prétend avoir interrogé cette fois un conservateur des Archives départementales de la Haute-Marne. Et voici la réponse : « Il est fatiguant de rencontrer sur son chemin ces pauvres diables qui ne peuvent respecter ni les faits, ni l’absence de faits. Je vous félicite de combattre les fantasmes de M. Kervella — sont-ils basés sur le portail de l’aile de Voltaire à Cirey où l’on voit les symboles des arts, dont celui du bâtiment ? ». Cela ressemble encore à du JVW.
Je laisse les lecteurs de ce blog se faire une opinion de cette étrange démarche qui consiste à ne pas nommer des témoins allégués qui viennent opportunément au secours d’un auteur en difficulté dont le style est si caractéristique.
– En résumé, quand JVW dit qu’un homme du passé n’a pas pu être initié (Charles de Lorraine), et qu’on lui oppose des documents qui tendent à montrer qu’il l’a été. Il nie la valeur de ces documents et campe sur ses positions.
– Quand il ne peut pas nier qu’un homme du passé a été initié (Voltaire), il nie la validité de cette initiation en la déclarant fantaisiste, ce qui équivaut à affirmer que cet homme n’a pas été initié (belle gymnastique intellectuelle), et il campe sur ses positions.
– Quand il ignore le statut d’un contemporain qui le gêne, il le repousse parmi les profanes, ce qui est supposé lui donner plus de hauteur à lui JVW. Et il campe sur ses positions.
– Quand un témoin du passé aussi bien qu’un auteur passé ou contemporain lui résiste, il opte in petto pour le dénigrement. Et il campe sur ses positions.
Est-ce vraiment cela faire de l’histoire ?
J’ajoute que je me suis diverti à cliquer sur le lien fourni dans l’un de ses derniers posts, où il réfute l’analyse de Joël Goffin sur le parc maçonnique de Bruxelles. Il commence par dresser devant lui un bouclier humain en fournissant les titres universitaires des experts qu’il pense favorable à sa thèse, puis il développe des considérations fort embrouillées en omettant le détail qui l’embarrasse le plus, c’est-à-dire le témoignage de l’auteur de l’Apologie qui cite Charles de Lorraine comme un Frère aussi initié que son aîné François. Or, voici ce qu’il préconise dans son Bruxelles maçonnique : « Il faut faire usage de toutes les sources, même celles qui sont défavorable à la thèse que l’on sert » (p. 17). Nous avons donc ici la preuve qu’il s’exonère une fois de plus de ses propres impératifs. Vraiment, est-ce ainsi qu’on construit une histoire crédible ?
Excellente mise au point de M. Kervella.
Par ailleurs, il serait temps que les Bruxellois se demandent s’ils ne possèdent pas le plus grand ensemble maçonnique au monde avec le parc de Bruxelles et plus largement le Quartier royal (cité dans ce post, donc je réinterviens), c’est-à-dire le fronton du Palais de la Nation et Saint-Jacques-sur-Coudenberg.
N’oublions pas que la « pierre angulaire » (citation de l’époque) fait défaut, à savoir l’obélisque central.
Voici quelques commentaires de mon article émanant d’historiens ou de maçonnologues, sans compter l’article du Cercle d’Histoire de Bruxelles
https://www.cehibrux.be/chroniques/visites-conferences-livres/425-a-la-recherche-d-un-bruxelles-maconnique.
Hormis Jean van Win, je n’ai pas rendu les expéditeurs identifiables, mais ils sont certifiés sincères et véritables sur mon honneur et ma conscience :
1. « j’ai beaucoup apprécié ton travail sur Saint Jacques sur Coudenberg, et depuis cette lecture, meliora praesumo à ton égard !
Je pense néanmoins que tu te trompes en ce qui concerne le rôle de Starhemberg en sa qualité de maçon aux Pays-Bas autrichiens, et je vais approfondir ce point-là sur base de documents plus crédibles que ceux produits par les ineffables Cordier, Duchaîne et Vander Schelden, tous antérieurs à l’avènement de la critique historique, et affabulateurs notoires. »
Jean van Win, 2 décembre 2017
2. « J’ai fini de relire votre texte. Je le trouve fort documenté et très convaincant. Peut-être connaissez-vous les travaux que je vous adresse en pièce jointe. Ils vous permettraient sans doute de procéder à des comparaisons.
L’empire austro-hongrois date de 1867, auparavant il vaut mieux parler de l’Empire, ou de l’Empire des Habsbourgs. Pour la loge Minerve aux trois palmes, elle ne s’est pas encore ralliée à la SOT au moment où Starhemberg y est reçue (je l’ai vérifiée sur la matricule de la loge), car la SOT n’existe pas à cette date. »
3. « La démonstration me paraît convaincante. J’ai mis quelques observations sur des points de détail, entre autres, la thématique aigle/pélican pourrait être amplifiée en rapport avec le grade de Rose-Croix. »
4. « Je profite de ce dimanche matin pour répondre à votre mél…
Merci de m’avoir fait parvenir le résultat de vos travaux historiques sur le symbolisme maçonnique de Bruxelles.
Tout cela me semble bien documenté, j’y ai appris beaucoup de choses et vous félicite pour le sérieux de votre démarche.
Il est bien d’avoir rétabli le rôle important de la SOT en ce qui concerne Charles de Lorraine. Le rôle de la maçonnerie templière et chevaleresque a été trop longtemps ignoré ou sous-estimé par de nombreux maçons, notamment en Belgique. »
5. « Je vous remercie pour votre article fouillé. C’est en effet un sujet complexe et polémique. L’appartenance de Starhemberg est un élément intéressant (est-ce bien un document d’époque qui en atteste ?), mais il est peu probable qu’un ministre plénipotentiaire prenne ce genre de « liberté » sans l’approbation du gouverneur général, en l’occurrence Charles de Lorraine. Plusieurs éléments que vous relevez sont interpellants, mais je reste toutefois sceptique en l’absence d’une mention explicite dans les archives (mention, même implicite, que je n’ai jamais trouvée malgré les centaines de documents dépouillés) car s’il y a plusieurs cas connus de symbolisme maçonnique dans des jardins privés, il est très rare au 18e siècle que des symboles maçonniques se retrouvent, comme ici, dans l’espace public. De plus, les archives témoignent bien des nombreuses contingences topographiques (relief, bâti ancien, réseau viaire existant) qui ont en grande partie déterminé les choix de plan, notamment l’orientation des allées latérales. Quant à la patte d’oie, c’est une forme très populaire dans l’art des jardins, surtout depuis Versailles. Pour l’équerre et le compas sur la statue, c’est là aussi une iconographie extrêmement répandue qui le plus souvent à l’époque évoque plutôt les beaux-arts que l’Art royal… Pas simple
Bref la question me semble ouverte et vous avez raison de rouvrir le dossier surtout si de nouveaux éléments venaient à éclairer le dossier ! »
Enfin, je conclus cette notice en trouvant piquant de constater que le quotidien La Libre du 28 avril reprend telle quelle la thèse de Jean van Win, qui nie tout caractère maçonnique au Parc, sans citer de contradicteur (c’est la presse belge francophone) tout en conviant ses lecteurs à une visite du Musée belge de la FM, rue de Laeken, avant une promenade dans le Parc de Bruxelles à travers ses symboles. Le tout pour 35 euros. Pourquoi faire une promenade dans le Parc après une visite du Musée s’il n’a rien de maçonnique ? Pour information, Christian Laporte, le guide de circonstance,a reçu mes articles dès le mois de septembre…
C’est fini ? Quand est ce que ça recommence ?
Vous n’aimez pas les échanges de vue ? Evitez les blogs maçonniques alors.
149 post pour savoir si Voltaire était ou non franc-maçon, c’est pas mal, on va en rajouter quelques uns, d’autant que la reponse est contestée il qu’il faut recueillir quelques avis
Notuma, vous avez raison. J’avais cru comprendre que vous étiez excédé.
Joel vous connaissez Asem ?
C’est pour un quizz ?
De rien , c’est pour faire avancer le kilblims
Je pense que ces échanges d’experts à propos de la qualité maçonnique de Voltaire sont intéressants, mais disons que cela n’a qu’un intérêt anecdotique. Voltaire qui a écrit des milliers de lignes, n’a écrit qu’une seule phrase sur les maçons, et c’était plutôt méchant. Des frères de ce genre ne m’intéressent pas, malgré toute l’admiration que j’ai pour le Voltaire écrivain.
@ André Kervella
Bonjour.
Je viens de terminer votre livre : 1717, l’histoire volée des FM (Au demeurant très instructif)
À la suite de cette lecture, peut-être y aurait-il une éclaircie sur cette « double initiation » de Voltaire ?
Tout simplement, sa première initiation se serait déroulée dans une loge jacobite catholique (hypothèse de ma part, non confirmée). D’où son acrimonie pour ce type de FM qui ne correspondait pas/plus à ses convictions philosophiques déistes, opposée aussi à ses visions politiques (catholiques = intolérants).
D’où une seconde initiation aux 9 sœurs, bien plus tard, bien documentée celle-là, qui serait une sorte de « régularisation » de son état maçonnique. Je sais qu’on pouvait être réinitié lorsqu’on changeait d’obédience en ce temps-là. Seule cette seconde initiation aurait eu de la valeur à ses yeux et aux yeux des contemporains de 1776. La seule qui vaille, en quelque sorte !
Si mon hypothèse vous semble ridicule, ne vous en prenez pas à moi 🙂
Quaero, non invenio
Effectivement, votre hypothèse tient la route. La double initiation est une pratique en vigueur à l’époque de Voltaire. Les obédiences (Londres et Paris, dans le cas présent) ne se reconnaissent pas comme instruisant dans la même maçonnerie. Les registres de la GL de Londres sont clairs à ce sujet, et l’on connaît dans quelques loges particulières parisiennes des années 1730 l’obligation de se faire régulariser en cas de provenance d’une loge londonienne. L’exemple le plus connu est celui de John Coustos qui est contesté jusque dans la loge qu’il a créée et qui est forcé de se soumettre à une nouvelle prestation de serment, bien qu’il prétende avoir dirigé plusieurs loges sous l’autorité de la GL de Londres (ce dont on ne trouve pas de traces, d’ailleurs : qu’il ait été membre, c’est certain; qu’il ait été Vénérable, rien ne permet de l’établir). N’oublions pas non plus que les premiers grands maîtres de la GL de Paris sont jacobites, sans avoir été initiés dans une loge hanovrienne.
Voici un poème paramaçonnique d’Henri Michaux puisqu’il cite à la fin « Le Grand Secret ». Inutile de dire que Michaux est ignoré dans son pays d’origine (Belgium). Je ne répondrai plus sur cette page qu’aux remarques éventuelles de Jean van Win sur le thème du parc (la réponse à sa réfutation bientôt sur mon site bruges-la-morte.net). Cela me permet de sortir sur une touche d’humour après un débat qui m’a paru passionnant (enfin, c’est très subjectif) :
« Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l’écorcobalisse.
L’autre hésite, s’espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C’en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s’emmargine… mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s’étonne, on s’étonne, on s’étonne
Et on vous regarde
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret. »
Post 141. Voilà qui est amusant. Faux chercheur ou vrai candide ? Jean van Win croit être bien inspiré en citant une personne dont il ne révèle pas le nom, et qui l’encouragerait à combattre les « fantasmes de M. Kervella ». Cela fait toujours chic de citer un anonyme qui (ô surprise) serait aussi un de mes lecteurs. Car il ne peut m’imputer des fantasmes sans m’avoir lu, n’est-ce pas ? Ce témoin masqué appartiendrait aux Archives départementales de Haute-Marne. Si cette information était exacte, ce serait la première fois que l’on verrait un conservateur ou un adjoint faire ce genre de réponse à un usager qu’il qualifie de surcroît de « cher Jean van Win ».
Etant moi-même en relation avec de nombreux centres d’archives, tant en France qu’en Angleterre et en Ecosse, je suis plus que surpris de découvrir une telle rhétorique. N’importe quel autre chercheur sera probablement dans le même cas.
Pour ce qui concerne Voltaire (ce qui ramène opportunément au thème de ce blog), je me demande si 1°) JVW a eu connaissance des archives conservées aux Etats Unis, à l’Université de Yale ; à défaut connaît-il la correspondance de Madame de Graffigny, qui le renseignerait du reste aussi sur le réseau de Charles de Lorraine? 2°) S’il sait quels sont les Anglais que Voltaire a fréquentés quand il séjournait à Londres, 3°) S’il a consulté la correspondance de Frédéric de Prusse, 4°) S’il peut soutenir sans rire ou sans ire qu’il suffit de découvrir un auteur qui parle méchamment (oh ! le « méchant Voltaire » !) contre la FM pour décréter que celui-ci ne peut pas appartenir à l’Ordre ; s’il répond ici par l’affirmative, je peux lui citer une bonne douzaine de contre-exemples.
– JVW emploie son procédé habituel quand il écarte une source de son champ de commentaires. Ainsi de Bachaumont : « On sait quel crédit peut être accordé à ce journaleux aux multiples visages ». Désolé, mais ON n’est pas historien, et n’est pas maçon, non plus. On = informateur anonyme, dans le style du pseudo archiviste de la Haute-Marne. Et puis, faut-il souligner ce qui prendrait l’allure d’un paradoxe si JVW persistait dans ses dénégations, à savoir que Bachaumont est aussi la source de nombreux chercheurs qui lui accordent apparemment l’avantage d’être un observateur fiable, ce qui n’empêche pas la vérification bien sûr (Pierre Chevallier, entre autres)
– JVW ne se préoccupe pas de savoir dans quelles conditions et à quelle date Voltaire a recruté son secrétaire Wagnière
– Finalement on comprend bien que JVW déplore que Voltaire fut FM, même tardivement (selon sa chronologie) car il n’y eut chez lui « que du mépris, de l’hostilité et du sarcasme envers la franc-maçonnerie ». On lui aurait même remis un « tablier de fantaisie ». Ben, ça alors ! N’était-ce pas le tablier d’Helvétius qui était FM (est-ce que JVW peut nous citer une preuve documentée de l’appartenance de ce fermier général à une loge ? Quel était son rôle quand il était FM ?)
En définitive, il n’y aurait que JVW à posséder le bon feeling, la bonne éthique, le bon style. Ceux qui ne partagent pas sa vision de la FM seraient-ils des imbéciles ? J’admets quant à moi la possibilité de me tromper. Encore faut-il m’en faire la démonstration, autrement que par des arguments captieux. Et je crois nécessaire de faire le rappel suivant : le principal argument de JVW est de dire que Charles de Lorraine ne pouvait pas être FM car il y aurait, selon ses dires, incompatibilité entre le fait d’appartenir à la FM et en même temps à l’Ordre Teutonique. Lui fournir la preuve que ce postulat est faux, en citant des contemporains de ce prince qui étaient à la fois de l’un et de l’autre, l’agace visiblement. Plutôt que d’examiner la documentation, il clôt le débat. Bizarre, bizarre, je vous assure cher cousin, vous avez dit.
Je n’apporte pas d’ « indices ». J’apporte la preuve documentaire qui figure dans les statuts de l’Ordre Teutonique. Charles de Lorraine ne pouvait pas être maçon pour des raisons d’obéissance religieuse ; il n’existe d’ailleurs AUCUN document probant qu’il l’ait jamais été, même en grattant les fonds de tiroir avec obstination. Pour moi, la discussion est close.
http://bruxellesmaconnique.over-blog.com/2018/03/bruxelles-maconnique-refutation-des-critiques-emises-par-joel-goffin.html
Vous n’avez pas compris le sens de mon post 142. Ce n’est pas vous qui avez trouvé des indices de quoi que ce soit, mais Kervella et moi-même qui en avons accumulés et qui montrent que Charles de Lorraine était plus que probablement FM.
D’autre part, j’attends toujours de lire les statuts de l’Ordre teutonique de 1761, année de la Grande Maîtrise de Charles de Lorraine… Etant entendu que la FM n’était pas considérée comme un Ordre chevaleresque médiéval. Mais bien la Toison d’Or dont Chales de Lorraine dut démissionner pour devenir GM de l’Ordre teutonique.
En ce qui concerne votre « réfutation », j’y répondrai point par point et la mettrai en ligne sur mon site bruges-la-morte.net
Remarquons le ton que vous prenez à l’égard d’un contradicteur (un exemple parmi d’autres) :
« Je ne m’étendrai pas plus loin sur une série d’affirmations contenues dans ce texte. Ce ne sont que des points de détail, qui encombrent la pensée de Joël Goffin, ce qui est regrettable lorsqu’on connaît la qualité de ses autres travaux. Mais il donne l’impression d’adopter, en cette matière, un comportement psycho-rigide qui consiste à donner UNE réponse à chacune des questions, et UNE SEULE : la bonne !! »
On dirait votre autoportrait…
Enfin, je ne suis pas « obsédé », comme vous le dites, à démolir votre livre sur « Bruxelles maçonnique ».
J’ai simplement une autre opinion que la vôtre sur le parc de Bruxelles. Je pense que cela s’appelle la liberté d’opinion et d’expression et pour les lecteurs le libre-examen. Est-ce que vous allez enfin comprendre que ces droits fondamentaux et ces qualités sont plus que de mise dans la FM ?
Revenons à Voltaire, voulez-vous.
André Kervella : « Réseaux maçonniques et mondains au siècle des lumières », éd. Vega, Paris, 2008.
P. 157 : je cite : « la logique la plus élémentaire veut que, si l’on tient loge à Cirey, outre concert, théâtre et marionnettes, alors les occupants du château sont pour la plupart initiés, sans que les femmes soient laissées à la porte ». Ceci concerne l’allée 1738.
Page 159 : A propos de Charles Porset, qui écrit « Voltaire le devint [maçon] sans discussion possible le 7 avril 1778, Kervella commente : « On voit bien ici qu’il l’est déjà quarante ans plus tôt. En effet, peut-on envisager un instant qu’une loge se tienne dans le château sans qu’il y participe, lui qui entend tout régir autour de sa personne ? ».
De plus, en 1778, « Voltaire est malade et loge à Paris chez le marquis de Villette… Or, est-il précisé, le marquis de Villette est franc-maçon […] M. de Voltaire l’est aussi ». … La référence donnée à cette divulgation, qui est un scoop, n’est autre que le fameux Bachaumont. On sait quel crédit peut être accordé à ce journaleux aux multiples visages. Wagnière, le secrétaire franc-maçon de Voltaire, émet trois dénégations formelles : « Monsieur de Voltaire n’était point franc-maçon ».
« Par conséquent, déduit Kervella, la réception organisée le 7 avril 1778 en son honneur est plutôt celle d’une AFFILIATION, non d’une initiation.[…] ».Eh bien, non !
Faut-il préciser à Monsieur Kervella :
-qu’on ne donne pas la Lumière à un affilié ; [Juge précise bien [à Paris] qu’on lui fit donner la Lumière accoutumée aux Neuf Sœurs] ;
-qu’on ne constitue pas un affilié, mais bien un apprenti-maçon qui est « créé, constitué et reçu » ;
-qu’on ne communique pas les arcanes du grade à quelqu’un qui les connaît déjà, ce qui est le cas de tout affilié.
Citons encore : « L’hypothèse se tient qu’il a maçonné, au moins à Cirey, dans des conditions jugées au moins peu orthodoxes pour l’époque, car on vient de voir que la loge est mixte, ce qui n’est pas banal […] mais il est téméraire, sinon incompatible avec ce que dévoile les correspondances croisées de Devaux et de Graffigny, de prétendre « sans discussion possible » [Porset] qu’il est resté profane jusqu’au crépuscule de sa vie » dixit Kervella. Eh bien oui !
Non seulement Arouet, dit de Voltaire dans l’espoir, toujours déçu, d’être enfin reçu par le roi, est un profane, mais encore un méchant profane. Lire l’Essai sur les Mœurs, chap. LXXXII, où il rattache l’origine de la franc-maçonnerie à l’histoire des confréries du Moyen Age, et notamment à la burlesque Fête de l’Âne ; ces amabilités sont écrites en 1756, c’est-à-dire APRES son séjour à Cirey, au cours duquel il est supposé être franc-maçon ! Ce séjour va de 1734 à 1749, décès de Mme du Châtelet. Dans son « Dictionnaire philosophique », au mot Initiation, Voltaire poursuit ses perfidies : « N’est-ce pas ce besoin d’association qui forma tant d’assemblées secrètes d’artisans [des congrégations sous la direction des jésuites] dont il ne nous reste presque plus que celle des francs-maçons ? » Ce texte de Voltaire date de 1764, soit à nouveau APRES son séjour au château de Cirey. Voltaire jette encore sa bile sur « les pauvres francs-maçons » dont « les mystères sont bien plats ». Ensuite, il vitupère sarcastiquement leurs « diableries burlesques » comparées aux Mystères d’Eleusis ou de Samothrace.
Bref, jusqu’à ce qu’il fut transporté aux Neuf Sœurs, en 1778, par les 30 amis constituant la claque du marquis de Villette, il n’y eut chez Voltaire que du mépris, de l’hostilité et du sarcasme envers la franc-maçonnerie.
P. 160 : Kervella concède qu’ « il ne se prive pas, à certains moments, très rares d’ailleurs, d’être critique dans son œuvre à l’encontre de l’Ordre, [ce qui] n’est pas suffisant pour déduire qu’il ne l’a jamais fréquenté avant 1778, sinon il faudrait rayer de la liste ses contemporains dans le même cas ».
Toujours la même méthode ; Voltaire était maçon car d’autres que lui vitupéraient l’Ordre et si nous le récusons pour ce motif, il faudrait récuser tous les autres « gens bien nés » avec lui. Même méthode qu’avec Charles de Lorraine : il fut Grand Maître de l’Ordre Teutonique mondial et franc-maçon en même temps, donc parjure et schismatique par rapport à ses serments et vœux monastiques, car « les gens de bien » étaient nombreux à l’être aussi. Source : l’Ordre Teutonique lui-même, sans intermédiaire.
Bref : le point de départ du raisonnement visant à démontrer l’initiation maçonnique de Voltaire, supposée être très antérieure à 1778, repose en effet sur la logique la plus élémentaire. La voici en résumé : s’il y a loge à Cirey, alors les occupants du château sont pour la plupart initiés ; Kervella estime que Voltaire ne peut s’empêcher d’y participer ; Voltaire était donc déjà maçon à Cirey ; il n’a donc été qu’affilié à Paris, en 1778, soit quarante ans plus tard. Quelle était sa loge ? Elle n’aurait pas manqué de s’en glorifier urbi et orbi. Que fit-il durant son parcours initiatique ? L’historien Jean Tulard nous dit que : « faire de l’histoire, c’est raisonner sur des documents ».
Donc, affilié à Paris, avec quarante ans d’ancienneté, le vieux frère Arouet ?! Tiens donc ! C’est la raison pour laquelle le frère abbé Cordier de Saint-Firmin [extrait de la planche à tracer de la respectable loge des Neuf Sœurs, à l’Orient de Paris, le septième jour du quatrième mois (erreur) de l’an de la vraie lumière 5778 »] annonce à la loge qu’il a la faveur de présenter, pour être UN APPRENTI MACON, MONSIEUR de Voltaire ; on communique au MONSIEUR les arcanes du grade, on lui remet deux paires de gants blancs, et un tablier de fantaisie, cerise sur le gâteau de cette soirée mondaine et « de bon ton ». Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement, Monsieur, ce qui fait que votre fille est muette.
Pour en finir, j’ai interrogé diverses personnes ayant travaillé, classé et répertorié une masse de documents dans les Archives départementales de Haute-Marne, contenant celles du château de Cirey. Voici ma requête : « Je me permets de vous demander si, au cours de vos recherches et dépouillement des archives du château de Cirey, vous auriez trouvé la moindre trace d’une loge maçonnique mixte qui y aurait eu des activités au cours du séjour de Voltaire ; s’il existe le moindre document, tableau des membres, lettre de convocation aux maçons voisins, diplômes de grades, textes de conférences, programme de travaux, procès verbaux de séances, Livre d’Or, inventaires de meubles, décors et/ou décorations « liturgiques », correspondances et registres de maçons visiteurs, etc. qui viendraient soutenir et confirmer le bien-fondé de la thèse exclusive de M. Kervella ».
J’ai reçu la réponse suivante, sans intermédiaire :
« Aucune, cher Jean van Win ! Il est fatiguant de rencontrer sur son chemin ces pauvres diables qui ne peuvent respecter ni les faits, ni l’absence de faits. Je vous félicite de combattre les fantasmes de M. Kervella — sont-ils basés sur le portail de l’aile de Voltaire à Cirey où l’on voit les symboles des arts, dont celui du bâtiment ? »
voir mon post 134 : Pour Charles de Lorraine et l’Ordre des chevaliers teutoniques, vous n’avez rien démontré du tout. Au contraire, depuis vos derniers écrits sur le sujet, les indices se sont accumulés en faveur de son appartenance à la FM.
Merci à DESAP. C’est rafraîchissant. Je laisserai là, pour ma part, les obsessions portant sur Charles de Lorraine et un Parc « mystérieux » qui, de fait, n’intéresse prioritairement que les Bruxellois. Mais c’est la mentalité « de Saint Hilaire » qui me gêne, comme celles de Cagliostro, Taxil et autres Barruel. Un cadre dirigeant de la Ville de Bruxelles me disait : » la franc-maçonnerie est trop belle pour qu’on la laisse abîmer avec de telles sottises ».
Je nous trouve peu courtois – hé oui j’y tiens – envers l’ auteur Francis Frankeski qui nous a présenté ici son « Voltaire : secrets d’une initiation », éditions Itinéraires, France. Revenons à notre sujet, si tel est votre désir.
M. van Win, vous devriez comprendre qu’un ensemble potentiellement maçonnique intéresse tout le monde et pas seulement les Bruxellois.
Mon article « Le Quartier royal : une forêt de symboles » (en ligne) est assez fouillé et sourcé pour ouvrir une nouvelle piste de réflexion que plusieurs spécialistes français et belges envisagent positivement.
Je me suis même tapé l’ensemble du dossier du 18e siècle aux Archives générales de Bruxelles (intitulé « Création du Parc de Bruxelles » et toujours sans cote de rangement à l’heure actuelle !).
En réalité, les esquisses de l’obélisque du FM Godecharle annoncées dans les manuscrits officiels de l’époque ont bien évidemment disparu (on est en Belgique). Si un lecteur en possède un dessin, il peut me contacter via mon site bruges-la-morte.net
L’obélisque devait être « la pierre angulaire » du Parc (citation de l’époque). Le FM Houdon (Loges Les Neuf Soeurs) devait en dessiner le bassin « le plus parlant ».
Je me cite : « Le projet du Parc prévoyait initialement un obélisque triangulaire, un mausolée ou une pyramide, surmonté d’un aigle doré maître de la foudre et d’une couronne au milieu du bassin circulaire. Garni de guirlandes, il devait être rehaussé de quatre médaillons, agrémenté de quatre cascades, ainsi que de quatre statues au centre du bassin. Le tout veillé jalousement par huit sphinges. L’effigie de Starhemberg aurait dû également y prendre place dans l’axe central du Parc. Les statues devaient être dédiées à Mercure (Hermès), à Minerve (Athéna), déesse de la Sagesse, à l’Abondance (Cérès-Déméter) et à l’Escaut. Le monument ne vit jamais le jour suite au refus de l’empereur Joseph II, (qui en réalité détestait les FM illuministes à la Starhemberg). Il préféra financer des chantiers publics comme le port d’Ostende. Avec le plan gravé, l’obélisque aurai servi de signature à l’ensemble du Parc Royal… Starhemberg dut se contenter d’un Mercure-Hermès au caducée et de ses armoiries ornées du collier de la Toison d’Or. »
Il y a également le fronton du Palais de la Nation du FM Godecharle intitulé « La Justice punissant les Vices et récompensant les Vertus ». Or, un rituel Kadosh de l’époque nous dit ceci : « – Qui punira les vices et récompensera la vertu ? » Réponse : « – Le Grand Architecte de l’Univers seul. »
Enfin, il y a le Trésor de la Toison d’Or qui se trouvait dans l’axe du Parc (côté Palais Royal actuel). Il fut emporté à Vienne en 1794. Pour les illuministes autrichiens, la Toison d’Or représentait la pierre philosophale.
Ces trois éléments n’ont jamais fait l’objet d’une analyse de nos spécialistes bruxellois.
Mon étude se trouve en ligne gratuitement.
N’oublions pas que l’allée biaise principale (vers la Place Royale) vise le coucher de la Saint-Jean d’Hiver, une fête d’obligation maçonnique au 18e siècle.
Voici un article qui explique entre autres la symbolique des sphinx et des obélisques dans un cadre ésotérique et maçonnique :
http://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/PM-Jean-Marcel-Humbert.pdf
M. van Win devrait comprendre que si Bruxelles possède le plus grand ensemble maçonnique au monde, cela intéresse tout être humain passionné par ce type de sujets et pas seulement les Bruxellois.
Enfin, l’Angleterre et l’Allemagne possèdent de très nombreux jardins maçonniques de la même époque que le parc. Sans compter le château d’Attre en Wallonie.
Pour aider les chercheurs, voici une liste non exhaustive qui m’a été fournie par Pierre-Yves Beaurepaire :
Günther, Harri und Volkmar Herre, Gärten der GoetheZeit, Edition Peter Lang, Leipzig, 1993
Cazzaniga G.M., Giardini settecenteschi e massoneria : il giardino di memoria, in Id. ed., Storia d’Italia. Annali 21: La Massoneria, Einaudi, Torino, 2006 pp. 120-39
Curl J. S., The Lanscape Garden and Freemasonry, Ars Quatuor Coronatorum, CXVI (2003) pp. 83-126
Curl, J.S., The Art and Architecture of Freemasonry, an Introductory Study, Batsford, 2002
Hajós G., La Franc-maçonnerie et le jardin anglais du XVIIIe siècle avancé en Autriche, Studies on Voltaire and Eighteenth Century [=SVEC], vol. 265, Oxford, 1989, pp. 1503-15
Olausson M., Freemasonry, occultism and the picturesque garden towards the end of the eighteenth century, Art History 8, 1985, pp. 413-33
Reinhardt H., L’influence de la Franc-maçonnerie dans les jardins du XVIIIe siècle, in Cresti C. éd., Massoneria e architettura, Bastogi, Foggia, 1988 pp. 87-94
Svirida I., Le jardin naturel et la Franc-maçonnerie, SVEC, vol. 263, 1989, pp. 311-13
Il convenait de le dire dès le début. Quand on est gêné par la mentalité de quelqu’un, on laisse parler la subjectivité. Ce qui peut fort bien se comprendre. Mais, dans ce cas, il faut jouer cartes sur table. Une analyse historique se construit seulement à partir des faits constatés, non des idées présumées de ceux qui en sont les acteurs ou les auteurs.
La joute Jean Van Win / André Kervella est intéressante, bien menée par les parties et par certains côtés humoristique.
Je vous encourage, mes Frères, à continuer de ponctuer de traits d’humour opportuns et de courtoisie sans vous interdire de souligner, même d’appuyer, les contradictions de chacun.
Je pense que c’est ainsi que s’exprime l’esprit chevaleresque dans le cadre de notre époque et c’est également une belle représentation de ce que la Maçonnerie produit de mieux.
J’ajoute que s’interdire l’agressivité et alléger le propos de quelques friandises, c’est offrir une lecture agréable et permettre de saisir chez chaque protagoniste la part d’objectivité qu’il exprime.
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Un régal !
Cf Post 130, 131 – Vraiment, en matière de courtoisie, Jean van Win n’a de leçon à donner à personne. Il nous éclaire cependant sur les manipulations lexicales dont il est coutumier. Quand je lis dans son Bruxelles Maçonnique que Villeroy est un « sombre crétin », ce sont bien ses mots, n’est-ce pas? Maintenant, il essaie de se corriger. » Je n’ai pas écrit que Villeroy, ou Villeroi, était un « sombre crétin », mais j’ai écrit, en page 87 de mon « Bruxelles maçonnique », que : « Villeroy fut en effet un sombre crétin, il est permis de l’affirmer à l’exemple de Saint-Simon ». Donc, il veut nous expliquer qu’il a écrit ce qu’il n’a pas écrit. Comprenne qui pourra.
Son livre fournit de nombreux exemples de jugements à l’emporte-pièce qui n’ont qu’un seule but : assurer sa propre prétention à laver plus blanc que blanc.
Voici son jugement sur Adolphe Cordier: « pseudo-historien très contestable, mais dénué du moindre sens de la critique historique » (p. 21)
Sur Paul Duchaîne: » pêche par une méconnaissance évidente des règles de base de la critique historique » (p. 25)
En matière d’antiphrase autopromotionnelle, on en est conclut que JVW se considère comme un historien incontestable très au fait des règles de la critique historique. Ce pourquoi il nous bassine sur son sens inné du rationnel, de la scientificité, loin des mythes et des légendes (p. 14-17).
Pourtant, quand on lui démontre que sa thèse principale ajustée autour d’une soi-disant incompatibilité entre la FM et l’Ordre teutonique ne tient pas la route, il préfère tourner la tête, comme dans la pièce de Molière (Cachez ce sein que je ne saurais voir).
Quand il écrit (p. 11) que la FM des origines « n’était nullement un Ordre, mais une simple Fraternité », et quand on lui prouve le contraire, citation d’Anderson à l’appui, il fait pareil (oh ! ce sein…)
Quand on lui montre que nombreuses sont ses affirmations péremptoires dont il ne produit pas la moindre preuve, même réaction.
Quand il reproche à ses confrères de s’adosser à des compilations de seconde ou nième main, et qu’il le fait à son tour sans sourciller (post 130 : Le Forestier), il trouve par miracle le procédé digne de lui.
C’est un adepte du dualisme tranché, qui ignore les nuances. Ainsi, il n’y aurait que 2 manières d’écrire l’histoire : l’une adopterait une approche mythique, l’autre une approche scientifique (p. 14). « Nous avons l’intention dans cette étude, et en utilisant les méthodes de la critique historique, de réfuter systématiquement certaines légendes et certains mythes… » (p. 17). Outre que les postures systématiques trahissent un automatisme de pensée peu accordé à la prudence du chercheur, je pense que JVW n’est pas informé des réflexions épistémologiques actuelles des historiens sur les indécidabilités testimoniales et indiciaires, ainsi que sur la variabilité des interprétations et la convergence néanmoins souhaitée des conclusions.
Il ajoute in fine: « Mais les Bruxellois apprécieront à leur juste valeur ceux qui prennent la défense de l’auteur du Bombardement de la Terreur, le pitoyable criminel de guerre Villeroi. » Qui prend la défense de qui ? Ai-je écrit quelque part que le bombardement de Bruxelles fut un acte de bravoure ou de discernement militaire ? Je me limite à observer que JVW emploie des termes qui ne sont pas accordés aux principes de courtoisie qu’il prône chez autrui mais dont il se dispense pour lui-même. En tentant, vainement d’ailleurs, de me peindre en avocat de Villeroy, il se pose en virtuose de la transduction, cette audace qui fait passer d’une situation à une autre en imaginant entre les 2 un lien de causalité qui n’existe pas.
Je crains qu’il soit aussi un adepte de la projection psychologique qui consiste à imputer aux autres les travers qu’il occulte en lui-même. Ainsi, « Il est une vieille tactique qui consiste à créer des diversions afin d’attirer l’attention sur des points accessoires, voire étrangers au débat. » C’est bien son style, tant dans ce blog que dans ses ouvrages, n’est-ce pas, ?
Je ne comprend pas que ces querelles d’experts (sans intérêt, sauf pour eux) devienne des propos méchants entre maçons.Que se passerait-il si c’était important ?
Les Bruxellois (es) apprécieront seuls – mes excuses à mes amis français fort peu concernés – mes commentaires portant sur la fin de l’intervention de M. Kervella, en dépit de ses diversions multiples destinées à éluder un problème posé il y a bientôt 300 ans : Charles de Lorraine pouvait-il être membre d’un Ordre autre que celui de l’Ordre Teutonique ? Les francs-maçons français intitulent leur Fraternité « Ordre », depuis Ramsay. Il est important de le prouver, car un Charles de Lorraine profane – le contraire n’est nullement démontré – n’aurait certes pas pu cautionner d’imaginaires et intempestives initiatives « maçonniques » prises futilement par Starhemberg, haut aristocrate maçonnant en Autriche au sein de la très noble Stricte Observance, sous le regard réprobateur de Marie-Thérèse. Joseph II ira beaucoup plus loin que la réprobation.
Deux précisions dont M. Kervella devrait tenir compte :
1. Je m’appelle Jean van Win, et non Jan Van Win.
2. Je n’ai pas écrit que Villeroy, ou Villeroi, était un « sombre crétin », mais j’ai écrit, en page 87 de mon « Bruxelles maçonnique », que : « Villeroy fut en effet un sombre crétin, il est permis de l’affirmer à l’exemple de Saint-Simon ». Et j’ajouterai ceci, à l’intention des lecteurs bruxellois de ce blog créé à Bruxelles en 2004 par un Bruxellois : Villeroi fut non seulement un représentant typique des aristocrates lèche-bottes d’Ancien Régime, mais il fut encore un criminel de guerre et, en d’autres temps et lieux, il aurait été jugé et pendu à Nüremberg.
Rappelons ceci qui est bien connu : en 1695, Villeroi reçoit le commandement de l’armée des mains du maréchal de Luxembourg. Il est ensuite battu à Chiari en 1701, fait prisonnier en 1702 à Crémone, est battu à nouveau en 1706 à Ramillies, prend la fuite et se réfugie à Lille.
C’est cet illustre foudre de guerre, à la fois incapable et présomptueux, qui, au matin du 12 août 1695, installa tranquillement ses énormes batteries de bombardes et de canons sur les hauteurs du petit village de Scheut, à Anderlecht. De là-haut, il avait une vue plongeante sur la ville de Bruxelles, enfermée dans ses remparts, dont le centre ne se trouvait qu’à 2,6 km de ses bouches à feu. (cfr. Le beau plan de Bruxelles de Bonnecroy). C’est donc à bout portant que Villeroi opère, sans risque aucun. Trois jours et deux nuits durant, les Français pilonnent systématiquement à boulets rouges la Grand-Place et ses nombreuses églises avoisinantes. Les environs de cette superbe place sont ravagés par une averse diluvienne de bombes incendiaires. Certaines sources donnent le chiffre de 3000 maisons détruites, mais le nombre officiel se monte à plus de 5000 voire 6000 maisons ravagées. Quel fleuron que cet exploit valeureux pour la gloire du Roi-Soleil !
Le Bombardement de Terreur, le pilonnage obstiné d’une population civile innocente détruit le quartier de la Monnaie et le couvent des Dominicains ; y sont pulvérisés quantité de meubles, d’œuvres d’art uniques et d’archives. Le soir, l’église de la Madeleine est détruite, de même que le couvent des Récollets. L’hôpital Saint-Jean est atteint et de nombreux blessés y sont brûlés vifs. L’église de la Chapelle, où repose Pieter Breughel, et le centre de Bruxelles ne sont qu’un immense brasier. Les pillards se livrent aussitôt au vol, aux crimes et règlements de compte, en toute impunité, étant donné le chaos complet qui règne dans les poussières et les fumées.
Un certain M. de Vigny écrit à un M. de Barbésieux : « nous avons bombardé le plus grande partie des maisons de la ville de Bruxelles. Toutes les hauteurs des environs sont remplies d’une quantité de gens […] qui regardent un si beau spectacle ».
Au cœur de ce « beau spectacle », Villeroi annonce à son maître Louis XIV qu’il a fait pendre 15 à 20 soldats, et brûler vif un cavalier que l’on a trouvé en possession d’un Saint Ciboire rempli d’hosties. Brûlé vif, sous Louis XIV, le Grand Roi…
Les batteries françaises arrêtent le massacre après 48 heures de « beau travail ». Les victimes humaines sont ensevelies sous des masses de décombres, et les dégâts culturels sont inestimables. Près de 6000 maisons, soit 1/3 de la ville, sont réduites en cendres.
Les Mémoires de Saint-Simon constatent que, finalement, ce Bombardement de Terreur criminel d’une population civile ne servit à rien ; Villeroi dut rendre son bâton de maréchal et le vit remettre à ses camarades, qui ne l’avaient pas mieux mérité que lui, et qui n’en étaient pas plus capables. Il tombe dans la plus profonde disgrâce, est déchu de son commandement et surtout perd la faveur du roi, qui ne lui adresse plus la parole. Saint-Simon avait observé que « lorsqu’il fut dans le Conseil, le roi était peiné de cette ineptie, au point d’en baisser la tête, d’en rougir… ». Saint-Simon ajoute : « nulle lecture, nulle instruction, ignorance crasse sur tout ».
L’écrivain français du XXe siècle Roger Nimier précise : « Villeroi, le plus grand sot de France ».
L’Europe unanime crie au scandale dès qu’elle est mise au courant du saccage d’une capitale et d’une cour princière qui faisaient vivre le souvenir de Charles-Quint. Les cours étrangères s’indignent car aucune d’elles ne sera désormais à l’abri des bombes jetées par-dessus les murailles d’une cité. Versailles fut embarrassée (sic) ; elle n’avait pas pour habitude de prendre en considération une opinion autre que la sienne. C’est Napoléon qui qualifiera ce « beau spectacle » de « barbare et inutile ». Car, en fait, il ne servit à rien.
Mais il s’agit pour Bruxelles de reconstruire. Les Anversois étaient en quête de placements intéressants. Ils avancent des sommes considérables aux Bruxellois. La reconstruction de la ville de Bruxelles sera poussée par l’énergie revendicatrice du monde corporatif. La ville bourgeoise sera rebâtie en quelques années à peine ; il suffit de voir, sur la Grand-Place et dans les jolies rues avoisinantes, le nombre de pignons rénovés arborant fièrement la date de 1702.
La population et les autorités se trouvent confrontées à un gouffre financier, mais les impératifs sont surtout économiques, et la rapidité d’exécution est une obligation vitale. Toute la population s’y met ; des ordonnances règlementent l’urbanisme nouveau, moyennant une approche globale de l’espace public, sans imposer la moindre contrainte esthétique. Le Magistrat tente bien de fixer quelques principes réglementent « l’embellissement de la ville », mais toute forme d’accord paraît impossible. Les propriétaires refusent toute idée d’unification des façades.
Bruxelles renaît de ses cendres tel un phénix, et grâce à l’esprit de ses corps de métier et au professionnalisme de ses entrepreneurs, qui sont fort nombreux et divers. Plus que jamais se vérifie l’adage : « Igne Natura renovatur Intergra ».
Enfin, est-il nécessaire de revenir, une fois de plus, sur les analyses et conclusions de tous les architectes et urbanistes, tels : Maurice Culot, architecte-urbaniste ; Eric Hennaut, licencié en histoire de l’Art ; Marie Demanet, architecte et licenciée en histoire de l’Art ; Caroline Mierop, architecte-urbaniste. Sans oublier Christophe Loir et Victor G. Martiny, et leurs études poussées et dûment motivées.
Les inventions des ésotéristes de pacotille, quant au caractère « alchimique de la Grand-Place », comme du caractère « maçonnique du Parc de Bruxelles », ne reposent que sur une conception du monde héritée de l’abbé Barruel, du romancier Saint-Hilaire, et de ceux qui croient en un monde mystérieux et parallèle peuplé de Rose-Croix, de Templiers, de Compagnons, d’Alchimistes et autres Supérieurs Inconnus.
Mais les Bruxellois apprécieront à leur juste valeur ceux qui prennent la défense de l’auteur du Bombardement de la Terreur, le pitoyable criminel de guerre Villeroi.
L’auteur de cet article flirte avec un ethnocentrisme malheureusement bien à la mode de nos jours : seul un Bruxellois peut comprendre Bruxelles. Avec une pointe d’humour, je dirais que grâce aux Français, nous avons la plus belle Grand-Place du monde. Enfin, c’est ce que disent les « modestes » Bruxellois du genre van Win.
Les Français intitulent leur fraternité « ordre » depuis Ramsay ? Oh oh…
Et les Anglais ? Voyez chez James Anderson : « The Brethren in foreign Parts have also discover’d that several noble and ancient Societies and Orders of Men have derived their Charges and Regulations from the Free Masons, (which are now the most ancient Order upon Earth) and perhaps were originally all Members too of the said ancient and worshipful Fraternity. But this will more fully appear in due time. » Ceci en 1723, sans que les Français y soient pour quelque chose.
Jean Van Win va peut-être aussi assimiler à un Ordre analogue au Teutonique l’Ordre de Méduse, l’Ordre de la Boisson, ou l’Ordre des Insipides, baptisé ainsi par Richard Steele en 1710, avec le commentaire suivant: « « Quiconque n’aurait pas étudié leur nature et ne saurait pas la vraie cause de leur soudaines familiarités, pourrait penser qu’ils ont entre eux des intimités secrètes, comme les francs-maçons. » (1710….)
Je suis bien d’accord au moins sur le point suivant : augmenter les diversions en égarant les lecteurs sur des chemins improbables n’est pas une bonne méthode pour faire jaillir la vérité.
Il est une vieille tactique qui consiste à créer des diversions afin d’attirer l’attention sur des points accessoires, voire étrangers au débat. Nous n’y échappons pas : Christopher Wren, (depuis 2007, de nouvelles sources anglaises n’ont pas résolu la controverse) ; von Schmiedburg (avec une évidente coquille dans la date qui, de 1774, devient hélas 1744) : ma source en foot note est donnée : « La FM occultiste et templière », de Le Forestier, page 200 ; Joséphine Bonaparte (avec un « sans doute », qui signifie « probablement », et non pas « sans aucun doute ») ; Landsperg, (qui est loin d’être le seul maçon parjure, comme le déplore Charles de Lorraine). Car on trouve d’autres « doubles appartenances » cachées et peu courageuses.
Un fait majeur concerne néanmoins Charles de Lorraine : « L’Ordre des francs-maçons » est excommunié en 1738. Je cite In Eminenti : « certaines sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, appelés communément du nom de francs-maçons ou d’autres noms, selon la variété des langues ».
L’occupation d’un haut rang, tel celui de Charles de Lorraine, ne met pas non plus à l’abri des foudres vaticanes : « nous défendons sévèrement et en vertu de la sainte obéissance, à tous et chacun des fidèles, de quelque état, grade, condition et prééminence qu’ils soient, laïcs ou clercs, séculiers ou réguliers, méritant même une mention particulière ».
On m’objectera qu’il n’est pas question d’Ordre, ci-dessus. Mais si…mais si… Le discours de Ramsay, datant de 1736, se compose de deux parties, tendant clairement à faire de la franc-maçonnerie un successeur des ordres chevaleresques de l’époque des Croisades. Elle est bien positionnée comme un Ordre (en France, à tout le moins). La première partie du Discours traite « des buts que propose l’Ordre », tandis que la seconde traite de « l’origine et l’histoire de l’Ordre ».
Il est donc au contraire très important de démontrer que Charles de Lorraine, Grand Maître mondial catholique, soumis à l’autorité du pape des catholiques romains, ne pouvait pas être franc-maçon, en vertu des statuts de son Ordre ainsi que des vœux et des serments qu’il avait prêtés.
Votre article me semble contenir deux bizarreries.
1. Comment Charles de Lorraine peut-il déplorer qu’un FM soit « parjure » s’il n’est pas lui-même FM et lié par le serment.
2. En 1761, année de la Grande Maîtrise de Charles de Lorraine, l’Ordre teutonique ne considérait sans doute pas la FM comme un Ordre chevaleresque au sens médiéval du terme (Malte, Ordre du Temple, Saint-Lazare, etc). Elle devait sourire de l’héritage templier revendiqué par certaines branches de la FM.
D’autre part, et pour l’exemple, Wilhelm Marschall von Biberstein était à la fois Franc-maçon et chevalier teutonique…
Charles de Lorraine a plus que probablement été reçu (ou initié, c’est comme on veut) en France. Les Teutoniques n’étaient sûrement pas au courant de cette appartenance dans l’hypothèse où il y aurait eu incompatibilité. Ce que je ne pense pas (cf? supra).
Bonjour,
Ce jour est paru dans la Libre Belgique un dossier sur le parc royal de Bruxelles. Selon toute vraisemblance, il n’est pas maçonnique. Peut-être un point final à la controverse née dans cet article ?
Voici le lien : http://dossiers.lalibre.be/parc-royal/
Pas du tout. Cet article n’apporte aucun élément nouveau, contrairement à mon étude :
http://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/Quartier-royal-une-forêt-de-symboles.pdf
En résumé, l’obélisque du FM Gilles Godecharle devait donner la clé maçonnique du Parc. Mais Joseph II a refusé sa mise en place au bassin du Parc. A un moment où il s’apprêtait à mettre la FM sous sa coupe (1785).
J’apporte 15 éléments nouveaux par rapport au fantaisiste Saint-Hilaire :
1. Le prince de Starhemberg, membre de la Stricte Observance Templière, est le maître d’œuvre du Quartier Royal (et non Charles de Lorraine).
2.Tous les dirigeants autrichiens à Bruxelles sont à l’époque Francs-maçons (un léger doute subsiste pour Charles de Lorraine). Le chancelier Kaunitz à Vienne également.
3. Angle du Parc à 45 degrés : ouverture minimale du compas lors d’une tenue.
4. L’obélisque du Franc-maçon Godecharle n’a pas été placé au bassin rond du Parc, comme c’était prévu. Allégorie : Minerve-Athéna, Mercure-Hermès, Abondance/Cérès-Déméter, Aigle et sphinges..
5. Monument au plan gravé avec angelots munis du compas, de l’équerre, du ciseau et du maillet.
6. Un kiosque au Phénix qui se trouvait en 1841 au bassin rond.
7. L’importance de l’allée oblique vers la Place Royale.
Le coucher de la Saint-Jean d’Hiver, fête d’obligation maçonnique au 18e siècle, est ciblé.
8. Trophée de la « Toison d’Or » à l’entrée du Parc, rue Royale (Hôtel Errera).
9. Trésor de la Toison d’Or (pierre philosophale) dans l’axe du Parc (Chambre héraldique, détruite).
10. Présence d’un « Passage des Colonnes » à l’Occident symbolique (rue de la Régence, détruit).
11. Allégorie de la Justice au fronton du Palais de la Nation dans l’axe du Parc : Delta rayonnant , colonne tronquée, etc.
12. Bas-fonds avec Marie-Madeleine (Maçonnerie opérative) dans une grotte à l’entrée du Parc.
13. Mise en exergue dans le Parc de la « Vérité » et de la « Charité » (sculptures). La « Justice » figure au fronton du Palais de la Nation dans l’axe central du Parc.
Ce sont 3 « valeurs » éminentes dans la FM du 18e siècle.
14. Un Christ-Hermès (Christ-Lapis ou pierre philosophale) parmi les « Hermès » du Parc
15. L’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg est un décalque du Temple de Salomon (tel que le conçoit la Franc-Maçonnerie du 18e siècle).
Soutien à mon étude de plusieurs historiens et maçonnologues.
Rien de nouveau, en effet. JVW ne fait que reprendre ce qu’il a écrit dans son livre. La différence entre l’article et le livre est néanmoins de taille. Dans le livre, il prétend à la rigueur scientifique, en alléguant que Charles de Lorraine ne peut être FM en raison d’une incompatibilité avec l’Ordre teutonique auquel il appartient aussi. La fausseté de son allégation ayant été démontrée, il se rabat sur une simple opinion journalistique, avec toutes les approximations que cela suppose.
Van Win fait sien ce propos de Pierre Noël : « Concernant Charles de Lorraine : tant qu’on n’aura pas une preuve irréfutable de sa réception dans l’ordre (un diplôme, son nom sur un tableau de loge, un témoignage direct d’un maçon connu, une lettre signée par lui ès-qualité …), on devra en rester à la constatation Not Proven ». Il ajoute : « Les ‘preuves’ apportées à ce jour, parfois sans excès de courtoisie, par ceux qui tiennent obstinément à ce qu’il ait été maçon, sont infondées ou volatiles. »
Dans ce cas, je lui suggère de relire son ouvrage Bruxelles maçonnique où il se montre moins exigeant, car il accepte volontiers la qualité maçonnique de certains personnages du passé sans se soumettre aux critères qu’il énonce. Premier exemple (p. 93) : « Quant à Christopher Wren, architecte de la cathédrale Saint Paul à Londres, il devint Vénérable de la loge Saint-Paul en 1683, fut élu grand maître de ‘la très ancienne et vénérable confrérie des Maçons libres et acceptés d’Angleterre’, et fut réélu à cette charge en 1698. » Aucune preuve, et pour cause ! Pas de PV de réception, pas de tableau de loge, pas de lettre signée de lui ès qualité ». Pas de témoignage direct ? Ah, mais si bien sûr, il y en a un qui dit que Wren a été reçu FM en 1691 (bizarre, bizarre…). Où Van Win a-t-il capté son information ? Il nous le dira peut-être.
Deuxième exemple (p. 157) : « c’est le baron von Schmiedburg (Eques a Tilia) qui, en 1744, décida le duc Albrecht-Kasimir von Sachsen-Teschen, le gendre favori de Marie-Thérèse, à demander son admission dans l’Ordre Intérieur de la Stricte Observance Templière. » Outre qu’en 1744 la SOT n’existait pas, sur quoi justifier ce propos ?
Troisième exemple (p. 158) : « Joséphine de Beauharnais fut sans doute initiée à Strasbourg, alors que le Général, son époux, y tenait garnison. » Sans doute ? S’il n’y a pas de doute, preuve documentaire, SVP.
– Van Win détourne la problématique en disant, qu’il n’y a pas de preuves de l’appartenance maçonnique de Charles de Lorraine à la FM (preuve selon ses critères si incertains), mais qu’il peut quant à lui prouver la non appartenance. Il se fonde sur l’incompatibilité alléguée de la FM et de l’Ordre Teutonique.
Suivons sa démonstration : au moment de sa réception à la résidence de l’OT fut obligé de restituer ses décorations de l’Ordre Militaire de Marie-Thérèse et son collier de la Toison d’Or, au motif qu’un Chevalier de l’OT ne peut être lié à un autre Ordre. Bien bien…
1°) Je n’ai pas connaissance que l’Ordre maçonnique fût considéré à l’époque comme officiel, institutionnel, avec reconnaissance d’Etat. La Gazette de France rapporte elle-même ceci, en 1761 « L’élection du prince Charles de Lorraine à la dignité de Grand-Maître de l’Ordre Teutonique ne permettant point à ce prince de porter les marques d’autres Ordres de Chevalerie, il a quitté celles de la Toison d’Or. » Je n’ai pas connaissance que n’importe quel individu de l’époque portât publiquement les marques de la FM (les processions anglaises sont occasionnelles, considérées come manifestations d’individus privés, sans liaison avec un protocole officiel)
2°) Dans la mesure où il a été reçu FM entre 1738 et 1745, il n’y a pas à cette date incompatibilité avec une appartenance à l’OT, puisqu’elle survient en 1761 seulement. Pratiquait-il l’art divinatoire, au point d’anticiper sur ce qui allait arriver une vingtaines d’années plus tard ?
3°) Le Pape estimait incompatible le fait d’appartenir en même temps à un Ordre religieux et à l’Ordre maçonnique. Pourtant… Les dirigeants de l’Ordre de Malte ont pensé la même chose avant la fin du 18e siècle. Pourtant… Les dirigeants de l’Ordre Teutonique ont pensé la même chose. Pourtant…
4°) Van Win produit une déclaration de 2007. En matière de témoignage direct (un de ses critères), nous sommes mal servis. En revanche, il est aisé d’établir que certains contemporains de Charles de Lorraine ne voient quant à eux aucune incompatibilité entre les deux Ordres.
5°) Je trouve assez piquant que ce soit le comte de Starhemberg, membre des Trois Aigles à Vienne, et ambassadeur à Versailles, qui annonce à Louis XV, lors d’une audience particulière, l’accession de Charles de Lorraine à la Grande Maîtrise de l’Ordre teutonique. Est-ce que, par hasard, Starhemberg et le prince Charles n’auraient pas les mêmes affinités maçonniques, et peut-être dans la même loge ? Précaution : quand je dis « par hasard » j’ouvre une piste qui reste à explorer…
– J’ai gardé le meilleur pour la fin. Dans le registre de La Candeur de Strasbourg (f° 180, en date du 3 janvier 1767), je lis que les membres de la loge se proposent de modifier le règlement général. Parmi les signataires : « Landsperg, Vble […] Landsperg, Chevr teutonique, de Landsperg, chever de Malte ». Donc, il n’y a pas d’incompatibilité ! L’argumentation de Jan Van Win implose d’un seul coup. Consequentia mirabilis ?
– Et, soit dit pour le fun, l’appel à la courtoisie est toujours de bon ton. N’empêche, quand je lis sous la plume de Jan van Win que le maréchal de Villeroy fut « un sombre crétin » (p. 87 de son livre), je pense que nous n’avons pas le même dictionnaire.
Pour ceux qui s’intéressent à la qualité maçonnique – ou non – de Charles Alexandre de Lorraine (Karel Alexander von Lotharingen). Une déclaration me fut faite, en 2007, par le Révérend Bernhard Demel O.T., archiviste de l’Ordre Teutonique (Deutschritter-Orden, ou D.O.) à Vienne, selon laquelle, lorsque Charles de Lorraine fut reçu par et élu Grand Maître de l’Ordre en 1761, il fut obligé de restituer ses décorations de l’Ordre Militaire de Marie-Thérèse ainsi que son collier de la Toison d’Or à leurs autorités respectives.
Les électeurs de l’Ordre étaient décidés à n’élire qu’un candidat princier. Le 3 mai 1761, Charles-Alexandre de Lorraine fut reçu à la résidence de l’Ordre. Il fut solennellement admis comme chevalier en l’église du château, sur présentation de deux chanoines de Wurzbourg. Le jour suivant, il fut nommé à l’unanimité Hoch-und Deutschmeister et immédiatement intronisé. […]. Il voulut s’attaquer à une révision de l’Ordensbuch, notamment à une synthèse des obligations non remplies du fait de la non-observance des vœux par les chevaliers et les prêtres. (Berhard Demel O.T., 1987 in « Charles Alexandre de Lorraine, l’homme, le maréchal, le grand maître », Europalia 87 Österreich).
Selon le Père Bernhard Demel O.T, cette restitution fut accomplie conformément aux statuts et à l’antique tradition, « mais non sans tristesse ». Charles de Lorraine en fit part à son frère l’empereur François, dans une lettre datée dès le 4 mai 1761. La raison précise de cette restitution obligée réside dans un article des Statuts de l’Ordre Teutonique, ainsi que je l’ai signalé.
L’obligation de restituer les insignes, qui établissaient son lien avec un autre Ordre, n’était que l’exécution des règlements et obligations toujours en vigueur au sein de l’Ordre Teutonique, malgré la non-observance des vœux par certains chevaliers, évoquée ci-dessus.
Les statuts de l’Ordre Teutonique existent en quatre langues. Les textes qui furent rassemblés et édités par Max Perlbach constituent les plus anciennes versions connues.
1 En latin : à l’usage du pape et de la curie romaine.
2 En français : incomplètement conservés.
3 En nederduits : la langue qui était utilisée dans la région du Rhin et de la Meuse ; ce texte est en majeure partie du XIVe siècle.
4 En Hoogduits ou haut-allemand : ce qui deviendra plus tard l’allemand officiel.
Les statuts étaient d’application pour tous les membres catholiques et étaient certainement applicables à l’époque de Charles de Lorraine. Au XVIIIe siècle, le baillage d’Utrecht, calviniste, s’est séparé et a aboli la règle du célibat.
On trouve, à la page 127 de ce recueil, les questions qui étaient posées à un candidat à l’entrée dans l’Ordre. La première de ces questions met bien l’accent sur l’IMPORTANCE qui était portée au premier de ces points. Elles furent posées au candidat chevalier Charles de Lorrraine.
Traduction française des questions adressées au postulant :
citation :
1. Êtes-vous lié à un autre Ordre ?
2. Avez-vous une femme ?
3. Etes-vous le serf de quelqu’un ?
4. Avez-vous des dettes ?
5. Avez-vous des obligations qui pourraient causer des ennuis à l’Ordre ?
6. Souffrez-vous d’une maladie cachée ?
Et si l’un un seul de ces points était d’application, et si nous devions l’apprendre, « alors notre frère ne pourrait rester et devrait quitter l’ordre ». Fin de citation.
Ajoutons que le nouveau chevalier Karl Alexander von Lotharingen eut à prononcer des vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, et dut de surcroît prêter serment de combattre les ennemis du christianisme par les armes.
Observons ici que la copie latine des statuts était destinée au pape et à la curie romaine ; la première excommunication papale véhémente des francs-maçons – In Eminenti – date de 1738. Elle était bien connue des chefs d’état en 1761, même si certains parlements ne l’ont pas entérinée.
Charles de Lorraine s’est marié en 1744 ; il partit aussitôt pour la guerre ; il laissa néanmoins sa femme enceinte ; elle accoucha en fin d’année, et mourut en couches. Veuf, il ne s’est jamais remarié depuis, et satisfaisait donc à l’exigence de célibat mentionnée au point 2 ci-dessus.
En conclusion, ce que j’écrivais en page 49 de la deuxième édition (2012) de mon livre « Bruxelles maçonnique, faux mystères, vrais symboles », est conforme à la réalité historique, et j’avais donné ma source, selon mon habitude.
Je pense donc que Charles de Lorraine ne fut jamais franc-maçon, contrairement à son frère François, avec lequel on le confond souvent, et contrairement aussi à Albrecht-Kasimir von Sachsen-Teschen, in ordine Eques A Tribus Stellis Coronatis, qui lui succéda au gouvernement des Pays-Bas autrichiens en 1780.
On ne peut démontrer « documentairement » l’appartenance maçonnique de Charles de Lorraine. On peut, à l’inverse, établir sa non-appartenance, comme Pierre Noël l’a bien montré sur ce Blog en constatant : « Concernant Charles de Lorraine : tant qu’on n’aura pas une preuve irréfutable de sa réception dans l’ordre (un diplôme, son nom sur un tableau de loge, un témoignage direct d’un maçon connu, une lettre signée par lui ès-qualité …), on devra en rester à la constatation Not Proven ».
Les « preuves » apportées à ce jour, parfois sans excès de courtoisie, par ceux qui tiennent obstinément à ce qu’il ait été maçon, sont infondées ou volatiles. Elles sont soit anonymes, soit le produit de racontars de bouche à oreille, soit reposent encore sur une théorie de 1854, selon moi à fondement politique. Mais elles se basent surtout sur les théories inventées par le romancier Paul Meurice, alias de Saint-Hilaire, qui voyait, lui aussi, du « mystérieux » et du « crypto-maçonnique » partout. Ce qui généra des tirages et des revenus énormes, dans les années 1973, dans le sillage persistant du retour en force de l’Irrationnel, avec « le Matin des Magiciens » de Pauwels et Bergier, et la revue « Planète », assortie de « l’esprit » antirationaliste qui l’accompagne.
Le texte des statuts, cité ci-dessus, contredit les hypothèses hilariennes, notamment celle qui voudrait faire voir, dans le Parc de Bruxelles, un « plan maçonnique » géant, créé hypocritement par Starhemberg, avec la complicité du « franc-maçon » Charles de Lorraine, sous l’œil suspicieux et dangereusement hostile de Marie-Thérèse. Comme si une patte d’oie, un éventail, un trident forcément à trois branches, copié sur le plan de la place d’armes de Versailles, pouvait devenir un compas à deux seules branches, à l’intérieur duquel on fourre une masse d’outils, tête-bêche, y compris un marteau de forgeron ! Mais à quelle fin ?
Cette théorie amusante, élaborée par l’imaginatif romancier Saint-Hilaire et son école, est rejetée par tous les urbanistes, architectes et archéologues de Bruxelles, profanes ou maçons, qui ont travaillé sur ce sujet. M. Eric Hennaut, responsable des archives d’architecture en Communauté française, et surtout l’architecte et ancien Grand Maître Victor G. Martiny sont les plus affirmatifs parmi cette cohorte d’experts : point d’ésotérisme dans le Parc de Bruxelles, ni d’alchimie sulfureuse à la Grand-Place. L’extraordinaire beauté de ces lieux privilégiés les dispense de recourir à ces chimériques artifices.
Que Charles de Lorraine soit FM ou non n’a aucune importance dans la mesure où c’est Starhemberg, membre de la Stricte Observance, qui est à la manœuvre dans l’élaboration du Quartier Royal et du Parc.
Le gouverneur Albert de Saxe-Teschen, son Frère en Loge Aux Trois Aigles, le rejoindra à Bruxelles en 1781.
Voici une hypothèse autrement plus étayée que celle de Saint-Hilaire :
« Le Quartier royal : une forêt de symboles ».
http://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/Quartier-royal-une-forêt-de-symboles.pdf
Si cette hypothèse devait se vérifier, cela ferait du Quartier Royal de Bruxelles le plus grand ensemble maçonnique au monde !
En réalité, ce post pourrait faire l’objet d’un article en tant que tel.
Ce qui est nouveau par rapport à l’hypothèse de Saint-Hilaire (Bruxelles, mille ans de mystères, 1978).
1. Le prince de Starhemberg, membre de la Stricte Observance Templière, est le maître d’œuvre du Quartier Royal (et non Charles de Lorraine) en connivence avec Albert de Saxe-Teschen, son Frère à la Loge Aux Trois Aigles. Charles de Lorraine n’a qu’un rôle effacé.
2.Tous les dirigeants autrichiens à Bruxelles sont à l’époque Francs-maçons à tendance illuministe chrétienne (un léger doute subsiste pour Charles de Lorraine). Le chancelier Kaunitz à Vienne également.
3. Angle du Parc à 45 degrés : ouverture minimale du compas lors d’une tenue.
4. Suite au refus de Joseph II, l’obélisque du Franc-maçon Godecharle n’a jamais été placé au bassin rond du Parc, comme c’était prévu. Allégorie : Minerve-Athéna, Mercure-Hermès, Abondance/Cérès-Déméter, Aigle et sphinges..
5. Monument au plan gravé avec angelots munis du compas, de l’équerre, du ciseau et du maillet.
6. Un kiosque au Phénix qui se trouvait à l’origine au bassin rond (1841).
7. L’importance de l’allée oblique vers la Place Royale.
Le coucher de la Saint-Jean d’Hiver, fête d’obligation maçonnique au 18e siècle, est ciblé.
8. Trophée de la « Toison d’Or » à l’entrée du Parc, rue Royale (Hôtel Errera).
9. Trésor de la Toison d’Or (pierre philosophale) dans l’axe du Parc (Chambre héraldique, détruite).
10. Présence d’un « Passage des Colonnes » à l’Occident symbolique (rue de la Régence, détruit).
11. Allégorie de la Justice au fronton du Palais de la Nation dans l’axe du Parc : Delta rayonnant , colonne tronquée, etc.
12. Bas-fonds avec Marie-Madeleine(Maçonnerie opérative) dans une grotte à l’entrée du Parc.
13. Mise en exergue dans le Parc de la « Vérité » et de la « Charité » (sculptures).
14. Un Christ-Hermès (Christ-Lapis ou pierre philosophale) parmi les « Hermès » du Parc
15. L’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg est un décalque du Temple de Salomon (tel que le conçoit la Franc-Maçonnerie du 18e siècle).
Réponses aux post 113, 115 et 116.
Dans la mesure où Geplu va accueillir dans son blog un article circonstancié sur le rôle d’Anderson dans l’écriture de l’histoire de la première Grande Loge de Londres, je retiens ici les aspects directement liés aux questions déjà abordées.
L’un des premiers biographes d’Anderson à parler de sa prétendue ruine est Walter Wilson en 1814, dans son livre sur les églises « dissidentes » de Londres, Westminster et Southwark (volume IV, pp. 33-35). Je le cite : « Dr Anderson épousa une dame fortunée, mais perdit une considérable partie de ses biens [property] par la faillite de la Compagnie des Mers du Sud [selon la terminologie française de l’époque – en anglais et au singulier : « the failure of the South Sea scheme »], en 1720 ». Pierre Méreaux, ainsi que David Stevenson, Pierre Noël et Patrick Négrier ont repris cette information, certains pour la nuancer à juste raison.
Aucun document d’époque ne permet de la vérifier. En revanche, Anderson subit des désagréments en 1736-1737 quand il est poursuivi par la justice pour dettes, et assigné à résidence dans le quartier de Prujean. Ce qui permet de l’attester est un document émanant d’Anderson lui-même. Il est l’une des victimes du huguenot Jacques-Christophe Le Blon auquel il a confié des fonds au cours des années 1720 (avec plusieurs autres actionnaires) pour monter une fabrique de tapisserie à Chelsea. Né en Allemagne, Artiste graveur de formation, membre de la loge se réunissant à La Corne (loge de Desaguliers et Anderson), Le Blon, qui n’est pas un escroc mais un entrepreneur enthousiaste et maladroit, s’enfuit à Paris en 1735. Anderson pensait toucher des bénéfices, il ne subit que des ennuis et se trouve dans l’impossibilité de rembourser ses propres créanciers.
J’insiste pour dire qu’il s’agit plus d’une assignation à résidence qu’une incarcération proprement dite. La Cour (ou le square Prujean) est un endroit où les justiciables de dettes doivent prendre un gite provisoire, le temps que leur procès soit instruit. Comme d’autres citoyens en insolvabilité temporaire, Anderson doit donc s’y tenir à disposition des juges. Constituée le 21 octobre 1731, il y a même une loge dans les lieux, à La Couronne. Et certains citoyens conservent la possibilité d’y continuer des affaires commerciales, à l’instar de cette tenancière d’un Café de Covent-Garden qui prévient par annonce dans le London Daily Post, en novembre, 1735 qu’elle va y ouvrir un établissement où elle espère que ses fidèles clients la rejoindront sans se préoccuper de la mauvais situation de la place « puisque ses infortunes l’obligent encore à y rester ». Après de longues semaines, Anderson bénéficie d’une mesure d’élargissement consentie par Robert Walpole. Il n’est pas le seul dans ce cas.
La femme d’Anderson ne se prénomme pas Rebecca. Je suis d’accord avec Prescott et Sommers sur ce point. Son nom est Ann Griffin. Ils se marient en 1713. Ils ont deux enfants, Catherine et James. Vers 1729, le couple se sépare. En 1734, Anderson quitte Swallow-Street et s’installe Lisle-Street, ensuite son groupe de fidèles établit une église écossaise dans Peter-Street.
Il existe plusieurs homonymes dans Londres à l’époque.
Rebecca Anderson est probablement Rebecca Lloyd, épouse d’un autre James Anderson, mère de James et de Marion. Sœur du colonel Richard Lloyd. Je n’ai pas davantage orienté mes investigations vers cette famille, car elles m’auraient éloigné de mon sujet. Mais, comme une recherche n’est de toute façon pas achevée, je suis preneur d’informations inédites sur Ann Griffin et Rebecca Lloyd. A mes yeux, rien n’est futile, et certainement pas les questions qui visent à interroger mes contradicteurs sur leurs propres méthodes. Qu’on parle de Voltaire, de Charles de Lorraine, ou de n’importe qui d’autre, il importe d’expliquer pourquoi on en parle et comment on légtime ce qu’on en dit.
Voici une première série de nouvelles recherches.
1°) Sur Ann Griffin. Elle est à éliminer de la biographie d’Anderson. Les documents sources sont contradictoires. En faisant le tri parmi les homonymes, on en arrive à constater que l’époux de Griffin est en réalité un James Anderton. Ils se marient le 28 février 1713, à Saint-Dunstan, Stepney. Ils ont trois enfants. James né en 1716 et décédé quelques jours plus tard. Ann(e), né en 1718, et Mary en 1719. La profession de ce James Anderon est « Wapping mariner ».
2°) J’en viens donc à être en désaccord avec Prescott et Sommers aussi sur ce point. Un de plus…
3°) Rien (pour le moment) dans les registres des paroisses londoniennes sur Rebecca, hormis les documents des Treasury Books. Là encore, de nombreux homonymes empêchent une identification rapide. Donc je reste preneur d’informations décisives à son sujet.
Merci André Kervella pour l’actualisation de vos recherches. Je continue à m’intéresser au Docteur du Treasury letter book et à votre travail sur Anderson car cela concerne la période de la maçonnerie qui m’intéresse, même si cette question de mariage est très secondaire. Le Docteur du Treasury LB demandait à s’installer près du Savoy (quartier dont la chapelle, que j’ai visitée, accueillera plus tard la dépouille de Désaguliers). Si notre pasteur est bien ce Docteur, et si Rebecca Anderson eut en février 1740 l’autorisation de s’y installer, c’est donc que ce qui paraît être son mari décédé (que j’identifie à titre d’hypothèse à notre pasteur) n’avait pas eu le temps d’y emménager (pour cause de maladie ?). Ce qui est cohérent avec le fait que notre pasteur mourut à Exeter court dans le Strand.
Le débat devient quelque peu futile et bien éloigné de l’initiation de Voltaire.
Un des auteurs qui a parlé « de la forte somme d ‘argent » qu’a perdue James Anderson « dans la faillite de la Souh Sea Bubble », c’est Pierre Méreaux (Les Constitutions d’Anderson, vérité ou imposture, 1995, p. 45). Il ajoute à la page suivante que James Anderson dût être complètement ruiné par cette catastrophe financière, « bien qu’il eût épousé une dame fortunée ». Méreaux ne donne pas de véritable preuve de ce qu’il avance (il cite Lepage), mais le conclut du fait que plusieurs sermons qu’il fit à cette époque furent imprimés aux frais de donateurs et qu’il en fit un autre aux prisonniers pour dettes (en 1737).
David Stevenson est plus nuancé : “ Of Anderson’s personal life, little is known, not even the name of his wife. The couple had a son and a daughter, the former being born about 1717. It is said that his wife’s dowry was mostly lost in the South Sea Bubble, the great orgy of speculation that collapsed in 1720 and ruined thousands. But the suggestion that he may have been imprisoned for debt and that poverty drove him to volunteer to write the Constitutions1 rests on prejudice rather than evidence.” (James Anderson, man & mason. Heredom, vol 10, 2002, p.99).
Oui, la débâcle financière de la mer du sud en ruina des milliers, mais rien ne permet d’affirmer qu’Anderson fut affecté.
Si j’ai « affirmé » une chose de ce genre (je n’en ai aucun souvenir précis et ne peux qu’espérer qu’on me dira où je l’ai fait), je ne peux que le regretter.
Merci. Un petit peu de lumière. Mais pas assez. Loin de là. Pierre Méreaux est décédé en août 1997. Je lui avais écrit pour examiner ses archives à son domicile. C’est à ce moment que sa fille Arlette, qui résidait quant à elle au Congo, m’a appris son décès. Elle a quand même accepté que je me rende chez Pierre, à Saint-Quentin, pour que je puisse consulter les dossiers qu’il laissait à la disposition des chercheurs. Je me suis donc présenté à son adresse dès que je pus me libérer temporairement de mes obligations professionnelles. Je voulais procéder à des comparaisons et des complémentations avec les documents en ma possession. Je vous donnerai ultérieurement mon opinion, non sur Pierre qui était sincère et passionné, mais sur Anderson et ce qu’on sait positivement de lui à propos de ses investissements financiers.
De toute façon, démonstration est faite sur cette première question, que les allégations hâtives sur la ruine d’Anderson, telles qu’avancées par Pierre Noël, proviennent d’une source très indirecte. Dans sa logique, elles devraient donc être irrecevables. Mais jusqu’à ce matin, il les croyait fondées. Au vu de quoi il ne peut être exigeant envers autrui, puisqu’il ne l’est pas avec lui-même. Cela étant, j’apprécie son changement de position à cet égard. La source de son affirmation est un autre de ses posts relatifs à un autre thème sur le présent site Hiram.be.
Concernant Charles de Lorraine: tant qu’on aura pas une preuve irréfutable de sa réception dans l’ordre (un diplôme, son nom sur un tableau de loge, un témoignage direct d’un maçon connu, une lettre signée par lui és-qualité …), on devra en rester à la constatation Not Proven.
Après tout, il n’en mourra pas !
Hum… Ce raisonnement doit se tenir pour tous les autres FM dans le même cas. Donc, supprimons-les des études sur la FM. Considérons qu’ils n’en mourront pas non plus.. Jetons aussi aux orties la notice de Lalande qui évoque la première loge parisienne intra muros, car elle ne comporte pas de témoignages directs. Jetons les pamphlets anonymes ou sous pseudonymes qui font pourtant le miel des compilateurs, tant en Angleterre qu’en France. Demandons-nous si Samuel Prichard a réellement existé. Offrons l’énigmatique Larudan en sacrifice à Clio.
Et puis, parce qu’il faut quand même avancer, tâchons de répondre aux questions posées sur la cohérence méthodologique. Puisque Pierre Noël ne répond pas aux questions que je lui pose, je vais provisoirement me contenter d’une seule. Qu’est-ce qui lui permet de dire qu’Anderson a été ruiné par la faillite de la Compagnie des mers du Sud au début des années 1720 ? Quel témoignage direct, oral ou écrit ? Sil retient cette information comme valide, quels sont ses critères ? Contester, c’est stimulant et productif quand la contestation tient la route et quand elle n’est pas réversible vers celui qui l’émet. Je cite cet extrait d’un autre débat sur le site : « L’énigme, le sujet d’étonnement, c’est le bouleversement des années 1717-1721 (les années du krach de Law et de la South Sea Bubble qui ruina Anderson) ». C’est bel et bien une affirmation de Pierre Noël, n’est-ce pas ? Quelle en est la source directe ou indirecte ? Merci de m’éclairer et de faire profiter les lecteurs d’une information importante pour la compréhension de la biographie d’une personnage clef de l’histoire de la FM..
La vraie question à propos d’Anderson est :
pourquoi cet acharnement à le dénigrer ?
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D’autant, comme rappelé très justement, que tout est basé sur des suppositions.
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Qu’a-t-on à craindre de ce personnage clef dans la transmission de la maçonnerie ?
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C’est d’autant plus funeste que pendant qu’on le dénigre, on oublie ce qui est essentiel : le comprendre, comprendre pourquoi il décide un jour d’initier ses relations, ou bien à quelle demande répond-il ?
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A. Kervella, vous seul, avec Bernheim il me semble, qui ne tombez pas dans ce travers, avez-vous une idée à ce sujet ?
Je prépare en effet une biographie d’Anderson, où je distingue le personnage 1°) dans sa vie ordinaire et 2°) l’intellectuel (osons ce mot par anachronisme) auteur des fameuses Constitutions. Cette biographie sortira en librairie avant la fin juin, ou au début de juillet.
Résumer ces 2 points en quelques lignes me paraît ici impossible. Par contre, comme Pierre Noël possède des informations que je n’ai pas sur sa prétendue ruine des années 1720, je pense qu’il alimenterait richement le débat en citant ses sources qui, selon sa propre méthode, seraient imparables.
Une fois quil les aura produites, je pourrai sans doute faire la clarté au moins sur cet épisode de son existence. Ceci pour la vie ordinaire (disons profane).
Pour ce qui concerne l’intellectuel, je suis très surpris du réquisitoire ourdi depuis peu qui consiste à imputer à Anderson des falsifications qu’il n’a certainement pas commises. Je développe un chapitre entier dans mon livre pour montrer que Prescott et Sommers exagèrent et éludent même sciemment des questions gênantes.
Attention : en écrivant cela je ne dis pas qu’Anderson était plus blanc que blanc. Je considère que son récit des origines de la FM est contestable sur de nombreux points, et ses contemporains eux-mêmes le traitaient d’imposteur. Je dis seulement, mais j’y tiens beaucoup, qu’Anderson fournit sur les évènements de 1717 des informations recevables.
Du reste, si GEPLU accepte de recevoir une intervention séparée du présent post sur le sujet, je peux aisément pointer certaines failles du réquisitoire de Prescott et Sommers.
Dernière précaution : comme vous le savez sans doute, je distingue l’histoire de la franc-maçonnerie hanovrienne née en Angleterre en 1716-1717, de la franc-maçonnerie jacobite qui l’a précédée. Cela pour éviter qu’on m’impute de vouloir « sauver le soldat Anderson » au coeur d’une bataille qui ne concerne pas les jacobites. La question prioritaire à mes yeux est de savoir si ceux qui lui sont hostiles, avec une vigueur accrue ces deux dernières années, peuvent être approuvés ou pas. Le tout en jugeant sur documents.
En tant qu’historien, je laisse les aspects éthiques ou doctrinaux de côté. Cela peut faire l’objet d’un autre questionnement. Par exemple: l’exhortation à la concorde universelle, à l’équilibre des rapports sociaux, etc. Dans ce cadre, il est préférable de mobiliser la philosophie, ce qui ne me gênerait pas, bien au contraire. J’entends seulement, pour l’heure ne pas mélanger les genres.
Ossian Lang écrivait en 1932 : “Anderson’s wife, Rebecca, had brought him a considerable fortune, most of which was lost in a wild orgy of speculation quite generally indulged in and finally, in 1720, resulting in disaster for all stockholders in the South Sea scheme”. Or cette affirmation contient un point qui était vrai : la femme d’Anderson s’appelait vraiment Rebecca. Pierre Méreaux a consulté le « Treasury letter book » qui, à la date du 19 février 1740, autorisait Rebecca, veuve de James Anderson, à occuper l’appartement près du Savoy qu’Anderson avait été autorisé à occuper le 27 septembre 1738. On lit dans le Treasury letter book : « Sept. 27. 122. J. Scrope to Mr. Paxton, forwarding the petition of William Howard for a messuage near against Exeter Exchange in the Strand, late in the possession of Mrs. Greenwood, and the petition of Dr. James Anderson for an order to take possession of a forehouse and backhouse near the Great Gate of the Savoy, lately inhabited by Mary Hill: for said Paxton to put petitioners in possession accordingly, the Treasury having consented thereto [Letter Book XIX. p. 482]”. Si donc Lang ne s’est pas trompé en ce qui concerne le prénom Rebecca de l’épouse d’Anderson, on peut donc présumer que son information sur la relation entre Anderson et le krach de la Compagnie de la Mer du sud est possible même si elle n’est pas certaine.
Ajout à mon message précédent. Le nom de « Rebecca Anderson » apparaît dans le Treasury Letter Book vol. XIX. p. 527. On y lit à la date du 19 février 1740 : « Feb. 19. J. Scrope to Mr. Paxton. Forwarding Rebecca Anderson’s petition for possession of a fore-house and back-house near the Great Gate of the Savoy lately inhabited by Mary Hill. Petition to be put into effect, the Treasury having consented thereto”.
Le chancelier Kaunitz était reconnu comme FM et pourtant nul ne connaît sa Loge d’affiliation
Avec Michèle Galand, Docteur en philosophie et lettres et Professeur à l’ULB, nous sommes loin d’être seuls à penser que Charles de Lorraine était un Frère (p. 128-132). Le « Charles de Lorraine n’était pas FM » n’est qu’un dogme partagé par un petit cercle :
https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/SJC-Galand-doctorat.pdf
Bonjour à tous!
Je vous demande de ma pardonner si j’ai raté un épisode, mais est-il possible d’avoir la référence du texte de 1745 imprimé en 1747?
J’en profite pour donner mon opions sur certains avis exprimés: ce genre de débat, que personne n’est obligé de lire, est d’une grande richesse.
Il permet à des auteurs reconnus de compléter leur raisonnement, répondre à des objections, voire changer d’avis.
C’est là une excellente démarche scientifique.
J’en profite pour poser une (double) question à André: y a-t-il d’autres sources que le diplôme de 1785 qui attestent la pratique du Rite du Royal Secret par le Grand Orient de Bouillon? Se réunissait-il uniquement à Bouillon (charmant petit village au milieu de nulle part) ou également à Paris?
Je vous souhaite une excellente journée.
Pour ce qui concerne le Discours apologétique, voici le lien
https://books.google.be/books?id=i_ZjAAAAcAAJ&pg=PA67&lpg=PA67&dq=charles+de+lorraine+franc+ma%C3%A7on&source=bl&ots=UlSHtrOHrq&sig=a680GKetS3nICbLHXuRv-m16VUk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjOmPXPqPjYAhXlBcAKHUlGCrM4ChDoAQg9MAQ#v=onepage&q&f=false
Merci Michel – Pour ce qui concerne les preuves, mieux que les indices, de l’existence du Grand Orient de Bouillon, et a fortiori de la loge Saint-Charles de la PA, il n’y a pas que ce diplôme. Il y aussi des documents relatifs à la Chambre des Provinces du GODF, qui citent des correspondances entre Bouillon et Paris. Je donne quelques références supplémentaires dans mon article publié en décembre 2017, dans La Règle d’Abraham.
Je n’ai pas connaissance (documentairement prouvée) de réunions de la loge de Bouillon à Paris, bien que plusieurs de ses membres y soient souvent. Il n’est même pas sûr que la loge de Bouillon se réunisse constamment dans la ville de Bouillon. Voir à ce sujet l’installation des princes de Rohan à Bazeilles, au cours des années 1780.
l’ordre Bouillon a-t-il pu jouer un rôle particulier, y compris mythique, dans l’origine des templarismes ?
Le Grand Orient de Bouillon, non, puisque l’échelle des grades pratiquée provient de la Grande Loge de France.
En revanche, le duc de Bouillon (celui des Croisades) est effectivement à plusieurs reprises invoqué pour légitimer le contenu de certains rituels tirant vers la chevalerie templière adoptée par des FM du 18e.
De plus, il n’est pas impossible que les ducs de Bouillon de ce 18e siècle se soient cru honorés par un rappel des prouesses (preux) de celui des Croisades. Même titre nobiliaire : effet de halo sur les La Tour d’Auvergne.
Bonjour André!
Je ne te lâcherai pas, parce que ma question porte non pas sur l’existence de Saint-Charles de la Parfaite Harmonie, mais sur la pratique en son sein du Rite du Royal Secret.
Comme j’ai suivi ton conseil et commandé le dernier numéro de la Règle d’Abraham, je te recontacterai après avoir lu ton article à ce propos.
Excellente journée!
Merci. J’expose en effet dans cet article ce qu’il en est du Royal Secret (plus de détails encore dans mon livre sur le REAA).
Merci pour cette question (post 97) qui permet de préciser des points essentiels de méthodologie.
La citation de Kloss n’est pas faite, dans mon post 91, pour prouver la réception de Charles de Lorraine dans l’Ordre, elle est en effet redondante par rapport à la source imprimée de 1747. Dans ce cas, elle est un simple indice qui s’ajoute à d’autres, par exemple la notice de Lennhoff et Posner dans leur Freimaurer-Lexicon (colonne 958), ou la gravure dont Joël nous a indiqué le lien pour l’examiner.
En revanche, elle est une preuve qui permet d’établir que Jean van Win se trompe en imputant à Cordier d’avoir introduit en 1854 dans la littérature maçonnique la fable de cette réception. La citation est en effet de 1852. Lorsque van Win définit lui-même sa démarche en disant qu’il faut être complet et rigoureux dans la recherche des sources, je constate qu’il commet une grave erreur visant à discréditer Cordier. On ne peut pas énoncer des règles et s’en affranchir au gré des circonstances. Quiconque écarte cette preuve se situe d’emblée dans un autre domaine que l’histoire (le roman ? la fiction ? Van Win emploie le terme de mythe, et j’en prends acte). Voilà, sous une autre forme, ce que j’ai écrit dans mon post 91.
Cela rappelé, quelques observations supplémentaires sont bienvenues.
1°) Pour ce qui concerne le statut de la preuve ou de l’indice en recherche historique, je pense qu’il faut être cohérent. Une fois établie et validée, une preuve est irréfutable, tandis qu’un indice est discutable. En d’autres termes, la preuve autorise à affirmer, l’indice autorise à présumer. Cependant, faute de preuve directe liée au fait, le cumul d’indices peut être estimé suffisant par la communauté des historiens (laissons de côté les négationnistes, comme il y en a partout), pour que le fait en question soit considéré établi, ce qui n’empêche pas la possibilité de découvrir ensuite de nouveaux indices réclamant des réajustements de position. Exemple : le comte de Clermont a-t-il été élu grand maître des loges de France en décembre 1743 ? Oui, la preuve est certaine (je devrais dire : les preuves). Quel jour ? le 11, le 12 ou le 13 décembre ? Selon la réponse, on change du tout au tout la compréhension de son rôle dans l’essor de l’écossisme en France.
2°) Nombreuses sont les études consacrées à la FM du 18e siècle (je réduis volontairement mon propos à la période que je connais le mieux) qui font le distinguo entre preuve d’une réception en loge et preuve d’appartenance à l’Ordre. Comment se prouve une réception ? Notamment par un report au registre d’une loge ou à un certificat délivré à l’intéressé (laissons les faussaires sur les parvis). Comment se prouve une appartenance ? Par différents moyens, le premier est ce que les FM eux-mêmes définissent sous le terme de reconnaissance (mes FF me reconnaissent comme tel), les autres sont la mention d’un nom dans un tableau, dans une liste, dans un témoignage de contemporains (journal intime, correspondance épistolaire, article de journal, etc.) Pour dissiper tout de suite une éventuelle ambiguïté, j’ajoute que la procédure de reconnaissance amène à mobiliser des indices (mots, signes, attouchements, etc.) et quand ces indices sont jugés conformes on estime que la preuve est établie (voir 1° ci-dessus). Il en est de même à propos d’un témoignage contemporain : il faut toujours vérifier, par des indices concordants, s’il est valide ou pas. De ce point de vue, les indices collaborent à la validation de la preuve.
3°) Faute de disposer des preuves de réception, la plupart des ouvrages sur la FM se contentent de preuves d’appartenance. Mais sur quelles bases ? Est-ce au gré de paraphrases, de compilations, de confiance envers un auteur qu’on affectionne plus qu’un autre ? Ce qui me surprend le plus dans un débat sur la méthode, c’est l’invocation de la « science » (ce que je ne fais personnellement jamais) pour se donner des airs d’expert en épistémologie et pour réclamer chez autrui la rigueur qu’on n’a pas soi-même. Il me semble que lorsqu’on récuse une preuve, il faut aussi fournir la preuve que la récusation est fondée. Même chose quand on conteste un faisceau d’indices. Il ne suffit pas de dire qu’on n’y croit pas, que c’est billevesées et balivernes, il faut aussi expliquer pourquoi, avec des arguments cohérents. La dissymétrie est flagrante quand les critiques se bornent aux rejets plus ou moins dédaigneux (selon la personnalité des uns et des autres). En tout état de cause, c’est le temps qui fait office de juge de paix. Un auteur devient crédible quand d’autres passent après lui et engagent un processus de vérification. Or, la vérification ne se fait pas seulement dans les livres, quoiqu’on ne puisse bien sûr s’en passer, à condition qu’ils soient sérieux, elle se fait aussi dans les documents sources. A cet égard, qui se rend à la BNF vérifier les analyses de Pierre Chevallier et reconnaître leur pertinence souvent, et leurs inexactitudes parfois, ce qui arrive à n’importe qui (et c’est ainsi qu’on s’aperçoit que cet auteur était d’une grande honnêteté intellectuelle) ? Qui consulte les archives des Stuart pour y repérer les matériaux relatifs à la FM ? là, un silence assourdissant règne en France, que ne parviennent pas à dissiper les critiques tirant plus vite que leur ombre.
5°) Pour la bonne bouche, voici quelques questions qui illustrent le phénomène de compilation hasardeuse. Selon certains, la faillite de la Compagnie des Mers du Sud aurait ruiné James Anderson, mais qu’est-ce qui permet d’affirmer cela ? Qu’est-ce qui autoriserait à prêter aux huguenots un rôle dans l’apparition/essor de la Grande Loge de Londres ? Qu’est-ce qui permet de penser que la première Grande Loge de Paris est apparue en 1728 ? Quelles sont les preuves ? A défaut, quels sont les indices ? Tant qu’à faire, puisque la mode m’y pousse, qui a lu la thèse de Prescott et Sommers sur 1717-1721, avant d’y adhérer ou pas ? Et dans les deux cas qui a examiné les documents qu’ils ont retenus pour leur démonstration ?
Je voudrais donner un argument supplémentaire en faveur de Charles de Lorraine FM, qui me semble inédit :
Le 30 octobre 1775, un original qui se faisait appeler Théodore du Chenteau dédie à Charles de Lorraine une Carte philosophique et mathématique à vocation maçonnique illuministe, alchimique et kabbalistique. Elle est publiée à de très rares exemplaires. À la fois philosophe, alchimiste, mathématicien et expert en sciences kabbalistiques (sic), du Chenteau est un adepte des Philalèthes (littéralement les Amis de la Vérité), un rite élitaire fondé en 1773. Il s’agit d’une émanation de l’influente Loge parisienne Les Amis Réunis (1771). L’Académie occultiste est créée en 1775. À la recherche de la Vérité absolue, ce Rite a pour vocation de rassembler dans sa bibliothèque tout ce qui concerne la Franc-Maçonnerie et plus largement les « sciences occultes ». D’après Claude-Antoine Thory, cette carte révélerait « les grands mystères » des Élus Coëns dont le Rite Écossais Rectifié s’est partiellement inspiré. Fait remarquable en soi, l’une des gravures représente selon toute hypothèse Charles de Lorraine en Imperator décoré du Sceau de Salomon1. Son visage, notamment la forme caractéristique de la bouche, et l’uniforme romain évoquent la statue du gouverneur inaugurée sur la Place Royale au mois de janvier de cette même année 1775. Le personnage allégoriserait le « soufre rouge » ou la Pierre philosophale. Pour l’anecdote, du Chenteau et Charles de Lorraine étaient quasi voisins dans la campagne bruxelloise : l’alchimiste habitait au château de Borcht et le prince résidait régulièrement à Monplaisir.
Selon BNF Gallica, la carte constitue un exemple étonnant d’« ésotérisme graphique ». « L’auteur veut illustrer deux idées majeures. Derrière les différentes religions, il existe une unique philosophia perennis, une tradition primordiale à laquelle l’étude de la kabbale et des symboles peut nous donner accès. Toutes les composantes de la création et de la vie sont liées par des liens subtils mais bien réels. D’où un vaste réseau d’analogies et de correspondances qui insuffle et entretient la dynamique qui anime et soutient le monde.
Cette grande et complexe composition révèle donc les correspondances et les liens que la pensée hermético-kabbalistique croit pouvoir établir entre les constellations du zodiaque, les hiérarchies angéliques, les attributs divins de la kabbale, les sept cieux de l’Antiquité, les saisons, les parties du corps humain. »
Deux astérisques marquent les ajouts de Théodore du Chenteau, notamment le dessin au bas de cette page, mais aussi les colonnes maçonniques Jakin et Boaz avec grenades, la pierre cubique à pointe, la Sagesse, le zodiaque, le tétragramme sacré, etc. Alors Charles de Lorraine était-il un adepte ou un sympathisant des Philalèthes ? La dédicace grandiloquente rehaussée des armoiries du prince et l’approbation en bonne et due forme de Limpens pourraient inciter à le penser…
Pour comparer les deux représentations de Charles de Lorraine (la statue de janvier 177 sur la Place Royale à Bruxelle)
https://www.google.be/search?q=charles+de+lorraine+1775&client=firefox-b&dcr=0&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiM0ujkwKraAhUJU1AKHTJSCsMQ_AUICigB&biw=1280&bih=876#imgrc=muVRSfHV0vvpgM:
En bas à droite (zoomer pour les détails)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52504867c/f1.item
Il ne me parait pas possible de trancher sur : Charles de Lorraine maçon ou pas.
En revanche, il est un fait qui ne peut se prouver mais qui est évident pour tout adepte : il pratiquait l’Alchimie.
Mais ceci provoque inévitablement un pléonasme : un maçon est un alchimiste dont le laboratoire est la Loge.
La Maçonnerie, qu’elle soit opérative ou dite spéculative, n’est rien d’autre qu’une pratique de l’Alchimie dans une forme particulière ; tous les rituels (j’entends les authentiques, pas ceux bricolés aux XXè sc.) ne parlent que de principes alchimiques, même les « christiques » les plus réputés qui ne le sont que du point de vue du « xristos » et non du point de vue d’une religion en particulier.
Pour le constater il faut lire les textes des Pyramides de Saqqarah dont la traduction presque exhaustive est maintenant disponible, c’est troublant.
Je note, mais je n’ai jamais eu de doute tant les écrits de Guénon sont justes à ce sujet si tant est qu’on les prenne de la manière la plus objective, que cette très intéressante Carte philosophique évoque une Tradition primordiale.
Entre les Textes des Pyramides, les textes alchimiques et les rituels maçonniques il n’y a pas l’épaisseur d’un micron pour une différence quelconque.
Les Franc-maçons d’aujourd’hui, dans leur très grande majorité réfutent cette évidente relation (à mon sens, continuité pure et simple) par crainte de passer pour des charlatans illuminés.
C’est très regrettable parce que c’est l’usage du principe de réflexion de l’Alchimie qui nous a permis de nous défaire des dogmes, de tous les dogmes, religieux comme politiques.
Ceci, hors tout débat, n’est pas un argument polémique mais une question que je pose.
J’ai consulté mon exemplaire Georg Kloss, Geschichte der Freimaurerei in Frankreich (reproduction de l’original par Akademisch Druck- u.Verlaganstalt, Graz 1971)
J’y ai trouvé la référence de Kervella (p.60) mais j’ai constaté que Kloss (en 1852) avait ajouté la date d’initiation du prince de Galles (aufgenommen am 5. November 1737, absente dans l’original français) à ce qui est la traduction littérale de l’extrait de la « Défense apologétique » de 1747. Peut-on considérer cet apport comme un fait nouveau, supplémentaire, vu que c’est la redite (référencée) d’une information isolée, publiée par un auteur inconnu du siècle précédent ?
Permettez-moi de poser la question : est-ce une preuve (ou un indice) de plus ?
M.Kervella parle de Charles de Lorraine. Vous venez avec le prince de Galles…
Pour être concret, il me semble que ce portrait de Charles de Lorraine en 1753 est riche d’outils maçonniques : équerre, compas, perpendiculaire, ciseau, maillet.
L’allusion du graveur à la FM est limpide (légende de la gravure). Et ce graveur François n’est pas un anonyme. L’auteur du livre qui reprend cette gravure n’est pas non plus un anonyme. Qu’en pensez-vous ?
Je refais le lien avec le portrait de Charles de Lorrraine
https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/PM-CDL-Ursins-texte.pdf
Objection controuvée : objection accompagnant une autre objection ; ou objection se rapportant par hasard au sujet ; ou objection formulée par des faibles d’esprit (=euphémisme)
Vous cherchez à entretenir et à assouvir une querelle personnelle, avec une agressivité qui n’est pas de mise sur ce blog, mon frère. J’en resterai là.
Les lecteurs jugeront.
Je propose au modérateur, avec tout le respect que je lui dois pour sa remarquable ouverture d’esprit, de clore ce débat. Pour ma part, je ne vois pas de querelle personnelle entre deux personnes qui ne se sont jamais vues et qui travaillent sur des sujets fort différents, chacun selon leur méthode.
Il n’est ici nul besoin de clore d’autorité, le débat cessera de lui-même quand ceux qui y interviennent cesseront de l’alimenter. 🙂
Voir posts 89, 82 et 80.
Affirmation controuvée = affirmation qui se veut vraie sans l’être. Ainsi : « Une simple occasion mondaine ne suffit pas à faire de vous un ‘maçon’ » (post 82). Il s’agit là d’une objection sur un mode axiomatique très contestable du point de vue de l’historien, le seul qui soit en débat ici. Du moins pour moi, autre chose étant les jugements de valeur sur la sincérité ou la profondeur d’un engagement.
Dès lors que la preuve est établie qu’une réception à eu lieu (faire un maçon), elle suffit à l’historien. C’est ainsi que l’on peut juger abominable le rôle de certains francs-maçons nazis ou franquistes, en arguant qu’ils se sont mis en contradiction avec les principes et valeurs de la FM ; il n’en demeure pas moins qu’ils ont été FM, et c’est ce qui embarrasse certains concepteurs de dictionnaires biographiques. Je me répète, mais cela en vaut la peine : éthiquement ou stylistiquement parlant je comprends la perplexité de ceux qui distinguent des « bons » et des « mauvais » FM, des « sérieux » ou des « frivoles », des « profonds » et des « superficiels », des « tenaces » et des « éphémères ». Mais cela ne change en rien le fait qu’ils ont été reçus un jour.
J’ai du reste un problème de compréhension chaque fois qu’on cède au dualisme simplificateur. Il me semble qu’entre deux extrêmes, entre les bons et les mauvais, les sérieux et les frivoles, etc. il y a infinité de gradations possibles. Où arrêter le curseur pour émettre une appréciation discriminatoire ? En éliminant les mondains (un peu, beaucoup, davantage, passionnément, à la folie), on élimine du tableau des loges européennes du 18e siècle une grande proportion de personnages du 18e siècle, la plupart étant pourtant supposés les plus représentatifs de l’histoire du siècle des Lumières. Voilà un long et interminable travail pour les compilateurs à venir !
Mais, recentrons le débat. Jean van Win se flatte d’avoir écrit des propos argumentés et quasi définitifs à la fois sur Voltaire et Charles de Lorraine. Le problème de cet auteur est qu’il ne peut légitimer ses incohérences. Les mettre en exergue l’agace visiblement. Ainsi, parce qu’il n’aime pas Cordier, examinons la proposition 15 de son Bruxelles maçonnique qu’il croit concluante (126-127) : « Le ‘faux mystère’ de l’appartenance maçonnique de Charles de Lorraine n’apparaît qu’avec Adolphe Cordier, en 1854. On ne saura jamais pourquoi, mais on peut suspecter une recherche d’honorabilité rejaillissant sur la Maçonnerie belge à un moment difficile diplomatique, où elle en avait grand besoin. »
Eh bien non, Cordier doit être exonéré sur ce point, et lui faire un procès d’intention manque de pertinence. La preuve se trouve chez Kloss, entre autres, qui parle déjà en 1852 de cette initiation en se fondant sur la Défense apologétique : « Ja man findet auf Seite 69 eine Stelle, deren Inhalt, wenn das, was eben angeführt worden, nicht wahr gewesen wäre, zu bedenklichen Folgen hätte führen können. Freimaurer sind: « Franz Stephan von Lothringen, Grossherzog von Toscana, dermalen Kaiser; Carl Alexander von Lothringen, sein Bruder; Karl Friedrich, König von Preussen, Chef der berühmten Loge zu Berlin und Grossmeister aller Logen in Preussen; beinahe alle deutschen Fürsten; in England vom Prinzen von Wales (aufgenommen am 5. November 1737) bis zum Bürger von London, vorausgesetzt, dass er ein Mann von Rechtschaffenheit und Sittlichkeit sey; in Frankreich, in welchem der Orden erst noch tolerirt ist, S. Hoheit der Graf von Clermont, Grossmeister aller Logen in Frankreich, unter Einwilligung (du Consentement) des Königs, der Prinz von Conty, die Herren Grafen von Maurepas und St. Florentin, und alles, was am Hofe am höchsten steht. » (Histoire de la FM en France, Darmstadt, 1852, volume 1, p. 60.)
Je trouve assez contradictoire le fait que van Win fasse l’éloge d’une méthode qu’il déclare « scientifique » (p. 16-17) en déclarant la nécessité de fournir une « bibliographie complète » (p. 17) dans une étude revendiquant ce label. Visiblement, il ne connaissait ni la Défense apologétique avant d’écrire son livre, ni la monographie de Kloss (j’ai en réserve une demi douzaine d’autres références de même valeur).
J’en déduis que, selon ses critères (qui ne sont pas les miens), il n’est pas scientifique. Plus encore, comme il estime que les non scientifiques sont dans le mythe, il définit lui-même sa propre position.
« Finalement, dirais-je que …. Pierre Noël se sert de ma propre analyse de l’oeuvre pour m’adresser des objections controuvées ? »
Désolé mais j’ignorais totalement que Kervella avait analysé cette apologie dans un de ses ouvrages précédents (je n’ai pas tout lu de cet auteur !).
Que l’ouvrage n’ait pas été imprimé « à Francfort », en une époque où se cacher derrière des lieux-dits d’impression à l’abri de la police du roi était pratique courante, je le crois volontiers.
J’aurais adressé des objections « controuvées » à Kervella dans le message incriminé ? Y ai-je seulement mis des « objections »?
M. Kervella n’a pas tort. Tous les éléments qu’ils vous donnent et ma gravure, vous semblez les rejeter d’une chiquenaude. J’y vois un a priori de votre part : « Qu’ils disent ce qu’ils veulent, Charles de Lorraine n’est pas FM. »
Suite aux posts 81 et 82 je ne résiste pas au plaisir de reprendre ici ce que j’écrivais en 1999 sur La Défense apologétique, dans mon livre La passion écossaise (éditions du Rocher, 341-342), comme quoi il faut se méfier des critiques adressées en aveugle avec la fausse impression de déstabiliser un interlocuteur.
. « La page de couverture porte qu’il est imprimé à Francfort sur le Main chez Rudolf Fisscher. J’hésite à le croire. Sachant qu’il est courant de fournir des indications trompeuses de lieu, voire de date, afin de tromper les inspecteurs de la librairie royale (taxes et censure), je présume qu’il y a intention de brouiller les pistes. Mais ce débat est mineur. Quel qu’il soit, l’éditeur annonce dans sa préface que l’intention de l’auteur anonyme (soi disant résidant à dix-huit cents lieues de l’Europe, dans une île, ce qui ajoute aux artifices de présentation) est de répondre aux pamphlets débités ces dernières années contre l’Ordre, comme ceux de l’authentique abbé Pérau, du faux abbé Larudan ou du précurseur en la matière Samuel Prichard. Or, sur 68 pages au total, y compris la préface et les notes annexes, une vingtaine grosso modo sont consacrées à la disculpation des Templiers.
A en juger par certaines de ses tournures, celui qui tient la plume est un robin, habitué des analyses juridiques. Première remarque, il aborde de front la question protestante pour dire que, si l’Eglise catholique lui paraît digne de respect et retient ses propres suffrages, cet argument ne lui paraît pas suffisant pour contraindre les religionnaires à revenir de force dans le bercail. « Nous convenons que rien ne serait plus salutaire qu’une controverse victorieuse, qui ramènerait au sein de l’Eglise des brebis égarées ; mais une expérience de tant de siècles, celle de ce dernier surtout, nous a appris l’inutilité et le danger de ces disputes ». Ce thème, nous l’avons vu est aussi affiché dans les documents de l’Ordre Sublime. Deuxième remarque, les Frères de la capitale ne sont pas regardés, sur le plan de la rigueur, comme des exemples. Peu instruits, fantasques, il ne respecteraient que très approximativement les règles de la Maçonnerie en général. « On appelle, en commun proverbe, Maçons de Paris ceux qui ne s’acquittent point, ou qui s’acquittent lâchement de ce que l’Ordre prescrit ». Rencontrons-nous un seul Parisien dans la liste de l’Ordre Sublime ? Pas un. Troisième remarque, l’opuscule consacre deux pages au problème anglais en assurant que l’« esprit de parti » n’y a jamais pénétré les loges, que les Whigs et les Tories ont toujours su se tolérer réciproquement. Malgré les révolutions, les Frères n’auraient jamais dérogé à leur éthique. »
Finalement, dirais-je que Jean van Win et Pierre Noël se servent de ma propre analyse de l’oeuvre pour m’adresser des objections controuvées ? J’ai, sur ce point, le net privilège de l’antériorité (presque 20 ans…). Il va de soi que, depuis, j’ai d’autres documents à produire (j’ai tout de même creusé la question). Et comme Joël l’a fait aussi (post 86), je lui laisse le soin, quand il le jugera utile de prolonger le débat sur ce point.
Lodge of reconciliation est le nom qui fut donnée à une loge temporaire, créée à Londres, qui avait pour but d’uniformiser les rituels des deux Grandes Loges rivales, celle des « Moderns » et celle des « Antients ». Elle déboucha sur un compromis qui permit l’union effective des deux entités en une « Grande Loge Unie d’Angleterre » en 1813.
Un grand merci à André Kervella pour la précision et la courtoisie de sa réponse.
La « Défense apologétique des Francs-Maçons, contre les cinq discours des R.R. P.P. …. Missionnaires à …. par Frère …. » (Edité à Francfort-sur-le Meyn, Chez Rudolf Fisscher, MDCC XLVII) est une défense un peu naïve d’un auteur anonyme contre les critiques habituelles adressées à la franc-maçonnerie. On les a encore lues récemment, avec quelle agressivité ! dans le Guardian. Essentiellement cette défense se résume à l’assurance qu’il ne se trame dans les loges rien qui soit contraire à la religion et au souverain (l’Etat aujourd’hui), que les francs-maçons sont fidèles à leur religion et surtout tolérants envers toutes les confessions, qu’ils ne sont (bien sûr) ni athées ni déistes. Bien sûr il y a de mauvais maçons, comme il y a de mauvais chrétiens et de mauvais prêtres, mais cela ne peut suffire à jeter l’opprobre sur la société. Récemment, on a reçu trop de gens indignes dans la société, mauvais sujets, mais les maçons de Province les appellent « Maçons de Paris » (p. 56).
Suit une intéressante digression sur les Templiers, qui n’a pas sa place ici. Tout en fin du volume (69 page) vient l’extrait cité par A. Kervella. Il vise évidemment à justifier la défense de la société en montrant que des seigneurs du plus haut rang daignent s’y faire admettre.
Est-ce assez pour établir la qualité « maçonnique » de quiconque ? Une simple occasion mondaine ne suffit pas à faire de vous un « maçon ». Une mention égarée (et apparemment unique pour Charles de Lorraine) dans une apologie suffit-elle ? (les Fake news ne datent pas d’hier). François de Lorraine a-t-il jamais été en loge après sa réception comme maître maçon à Londres ? Frédéric de Prusse a-t-il encore jamais battu maillet après son départ pour la guerre de Silésie ? Laissons au comte de Clermont le bénéfice du doute, mais les autres ? Ne faut-il pas les laisser dormir en paix avec Emile Littré, Jules Ferry et Joseph Haydn dans le répositoire des célébrités maçonniques ?
(Toutes mes excuses à Emmanuel).
J’ai du mal à percevoir le sens de cette réponse.
1°) Tous les autres FM cités dans l’extrait sont FM. est-ce que Charles de Lorraine serait un intrus que l’auteur aurait glissé là pour abuser des lecteurs crédules ? Je rappelle qu’en 1738 il est annoncé comme étant prévu dans la liste des personnalités à initier, et que c’est dans une lettre privée, sans inclination vers les fake news.
2°) S’agit-il de nier la qualité d’initiés à ceux qui, suppose-t-on un peu vite, n’aurait pas prolongé leur engagement ? Que sait-on des Maurepas, Saint-Florentin et même d’Antin, en France ? Que sait-on des Walpole et autres en Angleterre ? Qu’est-ce que la qualité maçonnique ? Y aurait-il des « bons » initiés à rassembler dans les dictionnaires et des « mauvais » qui ne mériteraient pas de l’être ? Selon quels critères, SVP?
L’historien considère des faits, pas des jugements sur les personnes.
Je reste d’ailleurs perplexe sur l’usage des documents. Quand on sait que la plupart des divulgations, souvent anonymes ou sous pseudonymes, tant en Angleterre qu’en France, sont dans le style défini par Pierre Noël, c’est-à-dire « naïf », je m’interroge sur l’usage qu’en font les compilateurs d’aujourd’hui).
Le caractère contestable et original des références de Kervella, comme Alain Bernheim l’a déjà bien mis en évidence dans le n°9 des Acta Macionica, apparaît dans cette référence. Car « La Défense apologétique des francs-maçons » est un ouvrage ANONYME, soi-disant de frère ….(sic). Il s’apparente donc aux divulgations et contre-divulgations de l’époque, imprimées parfois à Paris (et non à Francfort, Amsterdam ou Bruxelles afin d’éviter l’approbation et privilège du roi, ce qui était problématique en 1747.
Kervella aurait du bien lire la phrase en exergue : « Il n’y a aucune occasion où ce ne soit un crime évident que de juger mal.. .ainsi, il ne faut pas juger ou juger favorablement ». MAT
Je ne considère pas comme valable une telle « référence » anonyme.. Karl Alexander fut Grand Maître de l’Ordre teutonique ; jamais il ne fut maçon. On le confond avec son frère.
Même réponse qu’à Pierre Noël, avec un additif. Citer Bernheim à la barre me paraît risqué. C’est l’auteur de la thèse désormais réfutée selon laquelle un Ordre du Royal Secret aurait été fondé par Morin.
Le problème des documents sources est que, lorsqu’ils gênent une théorie préétablie, les contradicteurs déploient une infinité d’arguties et de techniques de diversion pour le discréditer. Dans ses techniques, il y a le détournement de l’attention vers des considérations sans liens avec le sujet.
Allez, encore un effort : presque tous les gazetins de la première moitié du 18e siècle qui font allusion aux FM sont anonymes. Beaucoup sont ironiques et « naïfs ». S’il fallait suivre van Win, il faudrait donc les rejeter. Mais, dans ce cas, il détruirait lui-même les démonstrations de son Bruxelles maçonnique, car il recourt à des auteurs qui les ont utilisés pour écrire leurs propres ouvrages. Pierre Chevallier, notamment, aurait-il été assez stupide pour bâtir ses études sur du vent?
M. Van Win, sauf erreur de ma part, vous n’avez toujours pas cité l’article des statuts de l’Ordre teutonique qui interdit d’être à la fois Grand Maître de cet Ordre et FM. La charge de la preuve vous appartient donc, encore et toujours. C’est pourtant votre postulat pour proclamer que Charles de Lorraine n’était pas FM (cf. Bruxelles maçonnique). Pas de réaction non plus au portrait de Charles avec ses outils qui se trouve au Cabinet des Estampes à Bruxelles.
Enfin, j’ajouterai qu’il est possible de savoir qui se cache derrière l’anonyme de Francfort d’Amsterdam. Mais je vous laisse chercher.
Réponse à 71 et 72. La référence concernant Charles de Lorraine, initié, se trouve dans « Défense Apologétique des Francs-Maçons », imprimé à Francfort-sur-le-Meyn, chez Rudolf Fissher en 1747, pp 67-68.
D’où le caractère éminemment grotesque des 3 premières assertions de Van Win dans son livre (p. 125)
1. Cette pseudo appartenance fut ignorée de tous ses contemporains [je fournis ici la preuve du contraire]
2. Il n’existe aucun document attestant cette appartenance [je fournis ici la preuve du contraire. Et si l’on récuse une source imprimée, il faut récuser toutes celles de même genre concernant les autres FM du siècle : ça va en faire du monde !]
3. Il n’existe aucun témoignage chez aucun des Maçons belges, français ou autrichiens, corroborant cette appartenance [idem]
Une fois qu’on a démontré l’irrecevabilité des 3 premiers points, l’ensemble de la démonstration de van Win s’étiole considérablement.
Je rassure Pierre Noël sur les princes de Galles. Une ligne a sauté dans la citation par les caprices du copié/collé. Je la rétablis donc dans son intégralité: « On en compte d’initiés dans l’Ordre, François-Étienne de Lorraine, Grand duc de Toscane, aujourd’hui empereur ; Charles-Alexandre de Lorraine, son frère ; Charles-Frédéric, roi de Prusse, chef de la fameuse loge de Berlin et grand maître de toutes les loges de Prusse ; presque tous les princes d’Allemagne ; en Angleterre depuis le prince de Galles jusques au bourgeois de Londres, pourvu qu’il ait de la probité et des mœurs ; en France, où l’Ordre n’est encore que toléré S.A.S. le comte de Clermont, grand maître, du consentement du roi, à toutes les loges de France, M. le prince de Conti, les comtes de Maurepas et de Saint-Florentin, et tout ce qu’il y a de mieux à la cour. »
1 seul prince de Galles dans la foule…
Et voilà bien pourquoi les débats historiques sur la FM m’em……. profondément!!!
L’histoire maçonnique est une chose trop sérieuse pour la laisser entre les pattes des histrions (citation de je ne sais plus qui à propos de je ne sais plus quoi).
C’est une brillante contribution maçonnique de votre part.
En effet dans une discussion maçonnique de ce genre on s’efforce de trouver les points de convergence et s’il reste des points divergents on s’efforce de les réduire courtoisement c.à.d sans chercher à discréditer l’autre, à le railler et j’en passe. Merci de vous en souvenir.
La raillerie n’est pas de mon côté. Je cite M. Van Win : « Par une accumulations de détails picrocholinesques, M. Joël tend à prouver la justesse des théories romanesques de l’école Saint Hilaire. On ne convainc jamais ceux qui ont la foi, et il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre. »
Merci Emmanuel, ce combat de coqs est totalement inintéressant et hors de tout principe maçonnique.
Pour l’objectivité, on remarquera que seul A. Kervella documente ses propos ; le reste n’est qu’affirmations péremptoires.
Néanmoins, c’est une telle foire d’empoigne que l’on ne peut savoir si notre connaissance a progressé.
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Je fais une proposition :
l’organisation des Etats Généraux de l’Histoire Maçonnique, au sein d’une loge temporaire sur le modèle de la « Lodge of Reconciliation », ceci de manière à ce que les Travaux se déroulent sous le Maillet et non de chapelle à chapelle dans la discorde.
Pour ceux qui ne connaissent pas et qui sont avides d’améliorer leur culture maçoonique, dont je suis, est-il possible d’expliquer ce qu’est une dite « Lodge of Reconciliation »?
Ca sonne vaguement comme une sorte de jury de fraternité, mais ne fait-on pas éventuellement faire fausse rite à l’imaginer ainsi?
Kervella écrit : « C’est en 1745 (information imprimée deux ans après) qu’on sait que cette réception a eu lieu, autrement dit la réception se passe entre ces deux dates de 1738 et 1745. «On en compte d’initiés dans l’Ordre, François-Étienne de Lorraine, Grand duc de Toscane, aujourd’hui empereur ; Charles-Alexandre de Lorraine, son frère ; Charles-Frédéric, roi de Prusse, chef de la fameuse loge de Berlin et grand maître de toutes les loges de Prusse ; presque tous les princes de Galles, jusques au bourgeois de Londres, pourvu qu’il ait de la probité et des mœurs ; en France, où l’Ordre n’est encore que toléré S.A.S. le comte de Clermont, grand maître, du consentement du roi, à toutes les loges de France, M. le prince de Conti, les comtes de Maurepas et de Saint-Florentin, et tout ce qu’il y a de mieux à la cour.»
Peut-il donner la référence de cette information ?
Et qui sont ces « princes de Galles » qui seraient presque tous initiés ?
A l’époque, à part le fils de George II, Frederick (celui de Fredericksburg, Viriginia où fut initié Georges W), à qui Anderson dédia sa 2° édition (en 1738), je ne vois pas (à moins bien sûr d’inclure le « jeune prétendant » dont la réception en maçonnerie est pourtant loin d’être démontrée, à moins de voir dans la fameuse réception à Holyrood, en septembre 1745, une initiation maçonnique).
L’origine de la controverse entre M. Joël et moi réside dans les ouvrages à très gros tirages dus à la plume féconde et rémunératrice du romancier Paul de Saint Hilaire. Cet auteur voit dans le plan du parc de Bruxelles (Parc Royal), un immense compas maçonnique, et l’inclusion dans celui-ci d’outils et d’instruments maçonniques (y compris un marteau de forgeron !).
L’auteur de cette représentation « ésotérique » visible du ciel (à destination de qui ?) serait le frère comte de Starhemberg (p. 114 de mon Bruxelles maçonnique, éd. Télélivre, 2012) désigné à la rénovation du quartier néo-classique par Charles de Lorraine en raison de ses compétences en urbanisme. Charles de Lorraine fut un grand bâtisseur ; il délégua en partie ses pouvoirs à Starhemberg. TOUS les urbanistes et architectes francs-maçons qui ont étudié cette question, y compris Victor G. Martiny, ancien SGM du Grand Orient de Belgique, ont nié le caractère pseudo-maçonnique de ce beau parc, ainsi d’ailleurs que les connotations alchimiques dont l’école Saint Hilaire accable son palais du Coudenberg et les demeures de la Grand-Place de Bruxelles.
Les 15 arguments (au minimum) qui rendent l’appartenance maçonnique de Charles de Lorraine à la franc-maçonnerie plus que réfutable se trouvent en page 125 de mon livre précité. Mais M. Joël, qui tient obstinément à une symbolique et à une vision du monde qui lui sont particulières, tient aussi à faire valoir sa thèse de la « création maçonnique » d’un parc construit selon tous les experts que j’ai cités, au départ d’une patte d’oie, d’un éventail, d’un trident, car le plan du parc montre à l’évidence une figure à TROIS branches, et non à deux. Ce n’est pas un compas, et on retrouve cette figure, sous des formes très similaires à Saint Petersburg, à Karlsruhe, à Washington, à Aranjuez, à Würzburg, mais surtout à Versailles (la place d’armes) dont Charles de Lorraine était vraiment amoureux. et nostalgique. Un voyage sur Google Earth vous en persuadera.
Cette figure symbolise au choix, à l’époque, les pouvoirs qui émanant d’une autorité et qui se répandent vers ses administrés, ou encore les inputs reçus de la base devant remonter vers le centre.
Par une accumulations de détails picrocholinesques, M. Joël tend à prouver la justesse des théories romanesques de l’école Saint Hilaire. On ne convainc jamais ceux qui ont la foi, et il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre.
PS : l’ouvrage de Cordier, annoté par Jottrand, dont je possède un facsimile, comprend un grand nombre de correction et l’un ou l’autre commentaires fraternels mais sévères. Cordier semble être l’auteur de la fable faisant de Charles de Lorraine un franc-maçon. En page 183, il se réfère au prince Charles « protecteur des loges belges » (sic). C’est néanmoins exact ; les loges eurent de nombreux « protecteurs », accordant leurs « auspices », tels le roi Léopold 1er et Napoléon. Le premier fut « maçon honoraire », le second ne le fut pas, en dépit d’une armée d’auteurs qui le proclament.
A propos de la loge Saint Charles : la page 343 de Cordier est plus révélatrice encore. Je cite : « il a été IMPOSSIBLE de découvrir l’époque de l’érection de cette loge. Son règlement lui-même est sans aucune date ; cependant, il apprend que la loge Saint Charles eut pour fondateur le prince Charles de Lorraine […] Nous invitons tous les frères à se trouver en loge le jour de la Saint Joseph et le jour de la Saint Charles, la seconde, celle de notre vénérable fondateur ».
Cordier conclut : « ce passage est explicite en ce qui concerne la coopération du prince Charles de Lorraine aux travaux de la loge et sa qualité de vénérable fondateur ». Et il ajoute un élément primordial : « le règlement de la loge Saint Charles, LE SEUL DOCUMENT qui existe attestant son existence ». Et encore :
« La loge Saint Charles ne figure pas au tableau des loges de l’obédience du Grand Orient provincial (sic) des Pays-Bas autrichiens ». Et pourquoi donc ?!
Le problème est que ce seul document, personne ne l’a jamais vu, à part Cordier. C’est le même Cordier qui défend la thèse de la création, en 1721, de sa propre loge montoise, la Parfaite Union, par le duc de Montaigu (sic). L’éditeur du facsimile précise, en page B de sa présentation : « tout cela relève, une fois encore, de la légende, car aucun document contemporain britannique ou continental ne vient appuyer cette tradition ».
Comment se fier à Cordier ?
Puisque M. Van Win fait allusion à l’un de mes articles sur le Parc de Bruxelles, voici le lien.
https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/Quartier-royal-une-for%c3%aat-de-symboles.pdf
A chacun de se forger une opinion selon les codes maçonniques (= libre-examen).
Pour ma part, je clos ce débat que le modérateur de ce blogue a eu la patience de laisser continuer.
Ni les arguments de Van Win ni ceux de Kervella ni ceux de « Joel » ne prouvent rien grand chose.
Que Charles de Lorraine ait été entouré de « maçons » occasionnels ou parfois assidus (comme le marquis de Gages) est vraisemblable sinon connu. Qu’il se soit intéressé à l’alchimie est démontré par la visite de son palais de Bruxelles, dont les décorations font quelques allusions à cet « art » (le gouverneur des PB autrichiens a-t-il été au-delà d’un intérêt théorique jusqu’à opérer lui-même?).
Maintenant en quoi le fait éventuel d’avoir pris, les yeux bandés et la culotte relevée, un serment (de plus) a-t-il influé sa vie de grand seigneur plutôt populaire, plutôt bonhomme, grand jouisseur de la vie ?
Aurait-il lui aussi comploté pour remettre un Stuart sur le trône d’Angleterre, comme semble l’avoir fait la moitié de l’Europe continentale ?
Donc, si je comprends bien, le fait de produire des archives d’époque qui attestent de l’initiation de Charles de Lorraine ne contribue pas à prouver qu’elle a eu lieu.
Si une telle position était admissible, il faudrait réfuter toutes celles concernant la grande majorité des autres FM du 18e siècle, à commencer par celles relatives aux premières loges de Paris, entre autres.
En outre, à quel endroit ai-je dit que Charles de Lorraine devait être associé au mouvement des jacobites ? Nulle part.
J’ai tendance à préférer les arguments aux sentiments.
A propos du post 66. Le 63 n’est pas de moi. Je ne comprends donc pas de quoi il s’agit. « Les arguments de A.Kervella guère convaincants. » Erreur d’attribution ? N’ayant pas quant à moi consulté les documents cités, je ne suis pas en mesure d’émettre une quelconque opinion. En ce qui concerne Charles de Lorraine, les arguments que j’avance son étayés par des sources irréfutables.
A propos du commentaire 63.
L’exemplaire de « L’histoire de l’ordre maçonnique en Belgique » (1854) par A.Cordier, membre de la loge la Parfaite Union de Mons, offert par celle-ci au F. Gustave Jottrand à l’occasion de sa visite le 19° jour du 12° Mois 5895, fut mis en vente chez le libraire G.Denys, rue du chêne, Bruxelles, en 1975. Cet exemplaire porte les annotations au crayon du F. Jottrand lui-même. Elles sont relativement peu nombreuses, marquent quelques passages qui parurent importants au lecteur et ne sont jamais critiques ni désobligeantes. En particulier, les pages (Chap VII, § III, p. 343-345) consacrées à la loge Saint Charles, «à Bruxelles», ne comportent aucune remarque négative ni aucun commentaire. La mention «fondateur» avant le nom du prince Charles de Lorraine est soulignée sans plus. L‘existence de cette loge est pourtant plus que problématique et les arguments de A.Kervella guère convaincants.
Quelques années plus tard, une édition en fac-simile fut réalisée, à la demande de l’acquéreur du volume, par l’imprimeur René Elisabeth (ed. Memo-Codec, Nivelles). C’est sans doute un exemplaire de ce fac-similé qu’a acquis le CEDOM (et sans doute Jean Van Win lui-même).
Gustave Jottrand était avocat, homme politique, libre-penseur très engagé dans la défense de la cause flamande, membre des Amis Philanthropes (1861) et VM de 1876 à 1878, président de la ligue de l’enseignement et secrétaire de Vlamingen Vooruit. Il fut GM (adjoint?) du GOB en 1895-1899. Il a écrit un essai sur les Constitutions de 1786 du REAA dans le CR de la conférence des Rose-Croix de 1888 (Bruxelles, SCDB, pp. 105-124). Remarquablement précis dans les détails, il conclut que la paternité du roi de Prusse ne peut être mise en doute (ce que plus personne ne semble croire à l’heure actuelle)
Oui, en gros, c’est ce que j’ai dit. Que le nom de Charles de Lorraine est souligné sans commentaire. Alors que Jottrand est très sagace pour déceler les erreurs de l’ouvrage de Cordier… Voir mon lien url du post 63. M. Kervella est certainement plus convaincant que M. Van Win en la matière. Rappelons que ce dernier se base principalement sur le fait qu’on ne peut être à la fois GM de l’Ordre teutonique et FM. Or, M. Van Win ne m’a jamais donné l’article des statuts de l’Ordre qui l’indiquerait explicitement. Donc, j’en conclus que cet article n’existe pas, que son postulat est erroné.
Vous ne dites rien du portrait de Charles de Lorraine de 1753, assez éloquent (post 61). Et Le fait qu’il fut perçu comme protecteur de l’Ordre tout en étant le parrain de la fille du Marquis de Gages, organisateur de la FM en Belgique, c’est évidemment le hasard. Son entourage est truffé de FM, jusqu’à son docteur et son secrétaire Cordier (un homonyme de l’historien de la FM sans doute). Et ainsi de suite.
Je constate qu’il existe un « faisceau d’indices » montrant que Charles de Lorraine aurait été franc-maçon. Et rien d’autre. Il existe aussi un « faisceau d’indices » qu’il ne le fut pas. Ce qui se démontre, ce n’est pas la non-appartenance d’un quidam, mais bien sa réelle qualité maçonnique.
Validité des indices : nombre de grands musiciens de jazz ont été maçons, selon « l’indice » qu’ils seraient les auteurs de la fameuse chanson « I’m beginning to see the light » composée après leur réception. Mais voilà : le refrain dit : « when I kiss your burning lips, I’m beginning to see the light ». Quel indice !
Pour ma part, j’ai aimé participer à un débat sur Voltaire, à propos de qui j’ai publié : « Voltaire sous l’éclairage des rituels du temps », éd. Télètes, Paris. Nous en somme loin, et donc, pour ma part, j’ai dit.
Comme je n’emploie pas ce terme « faisceau d’indices », mais bel et bien de preuve, et comme Van Win ne répond pas aux questions cruciales, il n’y a donc pas débat, et il n’a rien dit du tout. Détourner l’attention vers le Jazz sans qu’on comprenne pourquoi ne peut que décevoir les lecteurs. Soit dit en passant, Joël me semble être sur la bonne voie.
Allez, un dernier refrain pour la route. Voici une sentence péremptoire: la qualité maçonnique de Charles de Lorraine « est totalement ignorée de tous ses contemporains, au XVIIIe siècle » (dixit Jean van Win, p. 40, 2e édition de son Bruxelles maçonnique). En produisant une citation de 1745 (imprimée en 1747) je prouve le contraire. Comme dit mon épouse (noire et amatrice de Jazz), mets de la musique là-dessus, ça ne changera pas les paroles…
M. Van Win, loin de vouloir en faire un débat personnel et dans l’unique souci d’éclairer les lecteurs de ce blogue des plus dynamiques, je me permets toutefois de vous rappeler que les archives des Loges de l’époque (env. 1740-1760) étaient fort lacunaires. De plus, vous ne m’avez toujours pas cité la source qui vous permet de prétendre qu’il était incompatible d’être GM de l’Ordre teutonique et FM. Et c’est une lacune éléphantesque dans votre thèse monomaniaque que Charles de Lorraine n’était pas FM. Donc, je pense que la charge de la preuve se trouve… dans votre camp.
De plus, notre bien-aimé Charles a fort probablement été initié en France et non en Germanie.
Quant à M. Kervella, pour avoir lu plusieurs de ses études (Ramsay, Rite de Bouillon, etc.), j’ai pu constater que ses arguments sont toujours sourcés, parfois même excessivement. Ce qui malheureusement n’est pas votre cas. Cf. votre thèse « Bruxelles maçonnique… »
Un simple exemple, vous parlez de Cordier et de son Histoire de l’Ordre maçonnique (1853) dont vous posséderiez l’exemplaire annoté de sa main. En réalité, ce fac-similé se trouve au CEDOM (bibliothèque et archives du GOB), rue de Laeken. Il suffit de consulter la page consacrée à Charles de Lorraine pour constater que le nom de ce dernier y est simplement souligné (!), sans aucune remarque négative, ce qu’il ne manque pas de faire concernant d’autres chapitres. Donc, j’en conclus que Jottrand accepte la mention de Charles de Lorraine comme FM.
https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/Cordier.pdf
il faut lire « l’exemplaire annoté de la main de Jottrand » pour la compréhension du post.
Réponse aux différents post de HRMS. Un peu longue, mais nécessaire compte tenu des enjeux historiographique, loin des postures émotionnelles.
Sachant que la pierre de touche de l’historien est la chronologie, il convient d’étager la réponse en fonction d’elle. Je propose trois grandes séries de remarques.
PREMIERE SERIE – 1°) L’histoire de la FM dans le duché de Lorraine commence avec certitude en 1737 quand l’ancien roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, en prend le gouvernement, sous la protection de son beau-père Louis XV. On peut fournir de nombreux documents qui attestent de l’ouverture d’au moins une loge.
2°) Dans le duché de Bouillon, les indices fiables commencent à apparaître après 1757, quand le prince Stuart Charles-Edouard s’est installé au château de Carlsbourg. La seule loge connue alors est Saint-Charles de la Parfaite Harmonie. C’est par elle que la notion de Grand Orient est appliquée, à juste raison d’ailleurs puisque Bouillon est un duché souverain.
3°) Ramsay étant mort en 1743, il ne peut donc être invoqué comme ayant de près ou de loin participé à la naissance de ce GO de Bouillon. En revanche, il a été précepteur dans la famille La Tour d’Auvergne, donc de Bouillon. Il peut à ce titre avoir eu une influence sur son jeune élève futur duc et cousin du prince Charles-Edouard.
4°) Il est possible de trouver des fonctionnaires de ce duché qui, avant 1757, étaient FM à Paris. Ils se déplaçaient beaucoup dans la capitale française. Plusieurs ont probablement constitué le noyau des fondateurs de Saint-Charles de la Parfaite Harmonie.
5°) De même, des Lorrains pouvaient avoir des emplois en dehors du Duché et être FM à Paris. C’est le cas des Beauvau-Craon et des Choiseul. François-Vincent-Marc de Beauvau-Craon passe d’ailleurs pour l’introducteur de l’Ordre dans le duché (gazetin du 23 septembre 1737, voir plus bas)
DEUXIEME SERIE – 6°) Avant tout ce qui précède, Jacques III, est chassé de Saint-Germain-en-Laye en 1713 (clause du traité d’Utrecht). Il se réfugie en Lorraine. Plusieurs agents de son parti font souvent la navette entre Paris et son lieu de résidence pour lui communiquer des courriers confidentiels relatifs aux entreprises qu’il conçoit pour sa restauration dans les Îles Britanniques. La plupart d’entre eux sont FM, mais on ignore s’ils engagent en quelque manière une activité de loge.
7°) En 1716, Jacques III échoue dans une expédition militaire de reconquête, et songe à revenir en Lorraine, mais le duc de l’époque lui fait savoir que sa présence n’y est pas souhaitable. D’où le fait que Jacques, après un séjour en Avignon, se replie en Italie.
8°) Plusieurs exilés jacobites prennent cependant racine dans le duché. Ils s’y installent et y font des affaires, c’est le cas de Daniel O’Heguerty, dont au moins 3 fils sont FM. Il est notoire que l’un d’eux participe à la formation de la première loge de Paris intra muros (rue des Boucheries) en plus de celle de Saint-Germain-en-Laye. Un autre est actif dans la loge du régiment de Dillon. Ont-ils eu une influence sur les Lorrains ? La recherche gagnerait à être poussée dans cette direction. Je n’ai pas eu le temps de la mener.
9°) En 1727, après la mort de George de Hanovre (qualifié d’usurpateur), Jacques III revient en Lorraine pour se concerter avec les membres de son parti qui y résident et examiner avec eux un nouveau plan de restauration. Sa présence est vite connue et, sous pression des ambassades anglaises, le duc Léopold oblige Jacques III à s’en aller (août). Il dit le faire à contrecœur (Stuart Papers, à Windsor)
TROISIEME SERIE -10°) La réception maçonnique de François de Lorraine à la Haye en 1731 est à replacer dans le contexte des tractations diplomatiques qui suivent, avec l’accession de George II aux trônes de la Grande Bretagne. Après son mariage avec l’Impératrice Marie-Thérèse, il devient aussi duc de Toscane, en succession de Gaston de Médicis en 1737. Confidence du duc de Richmond au ministre Walpole à son sujet : « Notre frère, le Grand duc pourra-t-il jouir en paix de son Grand Duché ? Je crains que le pape n’approuve pas la présence d’un franc-maçon si près du Saint-Siège. » (Notez le « Notre Frère »)
11°) Son frère Charles est personnellement impliqué dans les mesures prises en 1737 pour passer le duché de Lorraine à l’ancien roi Stanislas. Quelques semaines après la prise de résidence de ce dernier, un gazetier note : L’Ordre des FM « s’est rendu très vif en Lorraine depuis l’arrivée du roi à Lunéville. C’est le primat de Lorraine qui en est le chef, fils de Mr le prince de Craon, et qui passe dans ce pays pour un mauvais sujet. Ils font beaucoup de recrues. Ils s’assemblent souvent, et comme ils n’ont pas été apparemment si exacts à se cacher qu’ailleurs, on dit qu’on y a vu que la cérémonie qui se fait à leur réception est que le candidat est dépouillé tout nu et qu’on lui bande les yeux, le reste de la cérémonie n’a pu se voir. »
12°) C’est l’année suivante que l’initiation de Charles est programmée. Lettre du marquis de Saulx-Tavannes à Philippe-Valentin Bertin du Rocheret. « Notre ordre a reçu un terrible coup de notre St Père. Vous verrez qu’il faudra le recevoir pour le désabuser et lui apprendre à ne pas si mal juger de son prochain et à ne pas condamner ce qu’il ne connaît pas. J’ai été fort édifié du Grand Duc [François de Lorraine] qui est très bon maçon, et j’aurais reçu ici le prince de Waldeck, le prince Charles de Lorraine et beaucoup de généraux si nous avions été le nombre requis. Mais j’en attends un et Milord Grafford qui est ici et moi nous recevrons le prince de Waldeck. Ne m’oubliez pas auprès de Madame votre chère frimassone que je salue de tout mon cœur. »
13°) C’est en 1745 (information imprimée deux ans après) qu’on sait que cette réception a eu lieu, autrement dit la réception se passe entre ces deux dates de 1738 et 1745. « On en compte d’initiés dans l’Ordre, François-Étienne de Lorraine, Grand duc de Toscane, aujourd’hui empereur ; Charles-Alexandre de Lorraine, son frère ; Charles-Frédéric, roi de Prusse, chef de la fameuse loge de Berlin et grand maître de toutes les loges de Prusse ; presque tous les princes de Galles, jusques au bourgeois de Londres, pourvu qu’il ait de la probité et des mœurs ; en France, où l’Ordre n’est encore que toléré S.A.S. le comte de Clermont, grand maître, du consentement du roi, à toutes les loges de France, M. le prince de Conti, les comtes de Maurepas et de Saint-Florentin, et tout ce qu’il y a de mieux à la cour. » SI Van Win nie la validité de cette information capitale pour Charles de Lorraine, il doit être cohérent avec lui-même en la déclarant fausse pour les autres personnages cités. Oh oh ! Les lecteurs de ce Blog se feront leur propre opinion.
CONCLUSION – Le prince Charles de Lorraine fut donc bel et bien FM. On ignore les connexions de Ramsay avec la Lorraine ; si on les connaît avec la famille de Bouillon, il va de soi qu’il n’en avait pas avec la loge de ce Grand Orient.
Voici le portrait de Charles de Lorraine avec les « outils »
https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/PM-CDL-Ursins-texte.pdf
M. Joël connaît bien ma source depuis longtemps, et fait semblant de l’ignorer. Cette incompatibilité concernait le Grand Maître de l’Ordre Teutonique, et non les simples membres. M. Joël sait aussi que mon correspondant de 2007, le Pr Bernhard Demel O.T. était docteur en théologie et, depuis 40 ans, a exercé la direction des archives viennoises de l’Ordre. Il fut le fondateur de la Commission historique internationale pour l’étude de l’Ordre, et participait aux conférences « Ordines militares » de l’université de Torun en Pologne.
Le Pr. Demel m’écrit ceci : « dans sa lettre annonçant son élection [comme Grand Maître de l’Ordre Teutonique] à l’empereur François, le 4 mai 1761, Charles-Alexandre précise que, conformément aux statuts et à l’antique tradition, mais non sans tristesse, il restitue la grand-croix de l’Ordre militaire à Marie-Thérèse, dont il avait été décoré lors de la première proposition du 7 mars 1758, et également sa Toison d’or, qu’il avait reçue le 5 avril 1729 ».
M. Joël va m’accuser, une fois encore, de faire argument d’autorité car je cite ma source.
Mais peut-il révéler sa source à lui, qui établit la « probabilité » d’une initiation de Charles de Lorraine en France ? Un tel scoop mériterait d’être établi aux yeux de l’Histoire.
Je ne vois pas dans votre réponse la mention d’une quelconque incompatibilité entre le fait d’appartenir à la FM et à l’Ordre teutonique. Pour être clair, donnez-moi le texte précis qui dit par exemple : « nul ne peut-être FM et GM de l’Ordre de la Toison d’Or ».
D’autre part, M. Kervella indique très justement que les archives des Loges autour de 1750 sont très lacunaires (c’est un euphémisme) et ce fait est capital pour ce dossier.
Tout un faisceau d’indices montre que Charles de Lorraine était FM et probablement initié en France (donc les Autrichiens qu’il représentait à Bruxelles n’étaient pas censés être au courant de cette appartenance, sauf son frère François bien évidemment).
A remarquer que vous faites fi de ma mention du portrait de Charles de Lorraine et ses « outils » qui repose à la KBR (Cabinet des Estampes) et que vous pouvez librement consulter. Il est très éloquent.
Enfin, vous ne vous posez aucune question sur la citation de M. Kervella concernant la mention de Charles de Lorraine cité comme FM en 1747. Mais sans doute connaissez-vous en la source.
1°) S’il fallait avoir entre les mains un procès-verbal de réception en loge pour déterminer si, oui ou non, un personnage du 18e siècle est franc-maçon, on resterait sec sur les 2/3 (au minimum) des listes françaises et anglaises (ou irlandaises ou écossaises). Où et quand Desaguliers a-t-il été reçu ? Des hypothèses sont émises, pas des certitudes. De même pour Anderson, Sayer, Payne, Montagu et la très grande majorité des précurseurs des deux côtés de la Manche. Mais, comme dit la formule déjà pratiquée : « Mes Frères me reconnaissent comme tel. »
2°) Dès 1723, les listes britanniques sont loin d’être complètes dans la première moitié du 18e siècle, y compris dans le registre de la Grande Loge ou un grand nombre sont recopiées, et pas toutes. Mieux encore, il y a des cas de réception qui sont connus sans qu’on ne trouve jamais ni le nom de leur loge dans ce registre, ni leur composition. Ainsi de William Stukeley (sa loge de Londres, à l’auberge de « La Fontaine », et celle de Grantham). Je pourrais citer une dizaine d’autres. Bizarre, n’est-ce pas ?
Je peux aussi citer des cas de double initiation (Paris et Londres), pour des raisons liées à la notion de régularité, of course.
3°) Quand le fidèle Wagnière est-il devenu valet de chambre de Voltaire (puis son secrétaire) ? En 1755. Voltaire a alors quitté la Prusse depuis 2 ans. Conséquence : Wagnière n’a jamais été témoin, ni direct ni indirect, de ce qui se passait à la cour du roi Frédéric et particulièrement au château de Sans-Souci. Et si l’on s’intéresse de près à la correspondance de Madame de Graffigny, on s’aperçoit qu’avant 1750 Voltaire fréquentait de nombreux francs-maçons dont… le fameux Charles de Lorraine, dit Charlot pour les intimes du cercle de Graffigny. J’ajoute que l’usage du terme « Frère » chez Frédéric est rarement innocent.
4°) Alors, à propos de Charlot, force est de compléter la citation le concernant : « On en compte d’initiés dans l’Ordre : François-Estienne de Lorraine, Grand-Duc de Toscane, aujourd’hui Empereur ; Charles-Alexandre de Lorraine son Frère ; Charles-Frédéric Roi de Prusse, Chef de la fameuse Loge de Berlin, et Grand-Maître de toutes les Loges de Prusse ; presque tous les Princes d’Allemagne […] » A partir de là, quel est le problème ?
5°) Je pourrais citer une cohorte d’écrivains du passé qui se sont « moqués méchamment » de la franc-maçonnerie tout en lui appartenant. Quand je lis la prose de certains auteurs très médiatisés, je pourrais citer leurs héritiers actuels. Le débat de savoir s’ils étaient/sont sincères et une autre affaire qui échappe à l’interprétation strictement factuelle.
Pour le modérateur, il s’agissait d’une réponse à M. Kervella et non d’un post autonome.
M. Kervella, savez-vous qu’il existe même un portrait de Charles de Lorraine représenté avec les « outils » ? Il se trouve au Cabinet des Estampes à la KBR (Bibliothèque Royale de Bruxelles).
Voici une description sommaire : Charles de Lorraine (1753) par le graveur François.
« Se vend chez lui au Triangle d’Or Hôtel des Ursins derrière St Denis de la Chartre. À Paris avec P. du R. [Privilège du Roi] »
À l’époque, l’Hôtel des Ursins accueillait quelquefois la Grande Loge de France (notamment la Loge dite de Bussy-Aumont), chez le Frère Saint-Martin, traiteur (sic).
La mention « au Triangle d’Or » est clairement une allusion maçonnique.
Remarquer la cornue « alchimique » sous les outils.
Jean-Charles François était le graveur du duc de Lorraine et roi de Pologne FM en exil, Stanislas Leszczynski.
Ceci dit, j’ai encore potassé et je n’ai trouvé nulle part une interdiction formelle et statutaire d’appartenir à l’Ordre teutonique et à la FM.
Ce que M. Van Win voulait sans doute dire, c’est qu’il était interdit d’appartenir à deux ordres « chevaleresques » en même temps : la Toison d’Or et l’Ordre teutonique, d’où sa démission de l’Ordre de la Toison d’Or afin d’accéder à la Grande Maîtrise de l’Ordre teutonique.
Ma recherche ne m’a pas poussé jusqu’à étudier l’iconographie relative à Charles de Lorraine. Mais apprendre qu’il existe des portraits à indices maçonniques ne me surprend pas. Pour ce qui concerne l’Ordre teutonique, je n’ai pas trouvé de document qui établisse une quelconque incompatibilité entre cet Ordre et la FM. Il me semble d’ailleurs que plusieurs membres de la SOT étaient de cet Ordre. Ce qui me sidère dans le débat autour de Charles de Lorraine, c’est qu’il existe bel et bien une source qui le dit explicitement FM et qu’elle puisse être considérée comme nulle et non avenue.
Un minimum de cohérence est souhaitable. Si on se permet de récuser une preuve de cette nature, il faut expliquer pourquoi, et en supposant que la plaidoirie soit acceptée il faut l’appliquer à toutes les autres preuves analogues. Dans ce cas, l’histoire de la maçonnerie risque de ressembler à une loterie. Et j’en donne ci après l’illustration.
« Quant à Christopher Wren, architecte de la cathédrale St Paul à Londres, il devint Vénérable de la loge Saint-Paul en 1683, fut élu de la très ancienne et vénérable confrérie des Maçons libres et acceptés d’Angleterre, et fut réélu à cette charge en 1698. »
Un tel propos n’est étayé par aucune preuve. En revanche, on possède un témoignage direct de 1691 qui dit que Wren a été reçu dans la Société des francs-maçons cette année-là. Ce témoignage provient du journal intime (Diary) de John Aubrey. De plus, Wren lui-même ni les membres de sa loge ne revendiquent nulle part un titre de grand maître. Qui croire, Aubrey ou Van Win, auteur de la citation ci-dessus ? Je préfère Aubrey et le registre de la loge Saint-Paul (plus tard Antiquity n°2).
Quatre réponses en passant.
1. Wagnière, secrétaire maçon de Voltaire, affirme par trois fois que son maître n’était pas maçon. Il n’existe pas la moindre trace de son initiation en Angleterre. Celles de Montesquieu, de Marat et de Sade père n’y sont pas passées inaperçues. Voltaire ne parle de maçonnerie (souvent) que pour s’en moquer méchamment.(Essai sur les mœurs, 1772).
2. Les membres du cercle intellectuel, restreint aux « hommes à la conscience éclairée », s’appellent « Frères » sans la moindre connotation maçonnique. Comme les Noirs se donnent du Brother.
3. James d’Anderson ?! Je me borne à constater qu’il existe une controverse au sujet de son initiation.
4. Charles de Lorraine ne fut jamais maçon. Il ne le pouvait pas en raison des statuts régissant sa fonction de Grand Maître mondial de l’Ordre Teutonique. Il fut forcé de restituer ses insignes de la Toison d’Or et de l’Ordre de Marie-Thérèse. PIerre Chevallier cite une lettre du marquis de Saulx-Tavannes adressée au frère Bertin du Rocheret, datée du 9 octobre 1738, qui dit : « j’ai esté fort édifié du Grand Duc [François de Lorraine] qui est très bon masson et j’aurais reçus icy le prince de Waldeck, le prince Charles de Lorraine et beaucoup de généraux si nous avions esté le nombre requis. Mais j’en attends un et Milord Grafford qui est icy et moy nous recevrons le prince de Waldeck … ». Reçus signifie à l’époque « initiés », comme on dit hélas de nos jours. Le prince Charles n’était maçon ni en 1731, comme son frère François, ni en 1738, selon Saulx-Tavannes. Cet extrait ne prouve donc nullement que Charles de Lorraine était maçon ; il prouve, en réalité, exactement le contraire. Faut-il rappeler l’hostilité constante de Marie-Thérèse aux activités maçonniques de son époux François ? Elle trouvera son paroxysme sous Joseph II, qui nuira à la maçonnerie, croyant la protéger. Cela n’a pas empêché bien des « commentateurs » d’affirmer que Charles de Lorraine l’était. Dans quelle loge, et où ?! Aucune trace, ni en Autriche, ni aux Pays-Bas autrichiens.
Le problème de M. Van Win, c’est qu’il ne cite pas ses sources. Ainsi, j’aimerais qu’il nous montre l’article des statuts de l’Ordre teutoniques qui interdit l’appartenance simultanée à la FM et à l’Ordre teutonique. Plusieurs officiers de l’Ordre teutonique étaient membres de la FM, jusque dans les Pays-Bas autrichiens. D’autre part, cette querelle n’a pas de pertinence puisque Charles de Lorraine a probablement été initié en France.
Si M. Van Win ne cite pas la source demandée supra, il sera peu crédible. Et selon l’adage, qui se trompe une fois peut se tromper plusieurs fois…
Reconnaissons le mérite à Kervella de tout sourcer.
C’est tout de même excessivement … regrettable pour ne pas dire autre chose !
Il n’y a pas un seul historien, ou auto-proclamé comme tel (nous sommes très fort pour cela en Franc-maçonnerie), qui soit d’accord avec un autre.
Chacun a ses théories, de préférence contraires à celle du voisin, toutes réputées s’appuyer sur d’irrrrrrréfutables preuves documentaires, de sorte que le pov’maçon qui aimerait savoir à peu près ce qu’il s’est pâââssé au XVIIIè, n’a d’autre choix que d’entreprendre des recherches.
Mais comme il a le demi-siècle à peine sonné et qu’il n’est pas rentier, il lui faut soit choisir une chapelle (ben voyons ! on a que ça à faire), soit … ben débrouille-toi, vieux !
Et le comble c’est que, dès que le pov’maçon se risque à avancer un raisonnement, il se trouve toujours un historien éclairé pour lui tomber dessus à bras raccourcis.
Je grossis le trait, mais c’est un peu cela tout de même, n’est-ce-pas ?
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Mais bon sang !! quand allez-vous vous décider à vous réunir documents en main pour faire la lumière ?
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Bon, soyons concrêt : alors ?? Charles de Lorraine, frangin ou pas ???
Par bonheur, il existe des convergences entre historiens sur des points essentiels pour l’intelligibilité du passé maçonnique. Les mêmes historiens peuvent néanmoins être en désaccord sur d’autres points. Dans tous les cas, il s’agit d’argumenter. L’argument déterminant est celui qui s’adosse à une preuve. La preuve est administrée par un document le plus contemporain du fait ou des faits évoqués. Ce qui compte, c’est qu’elle soit vérifiable. D’où la nécessité des références. Je suis en mesure de fournir celles qui alimentent mes analyses. Pour cette raison, aucune réticence, bien au contraire, à envisager un débat documents en main. Je formule à ce sujet le vœu que ceux concernant les Stuart jusqu’à la fin du 18e siècle soient enfin examinés en France, et même en Angleterre par davantage d’auteurs (qui en France s’y est intéressé ?). Un exemple de débat possible est relatif à la thèse qu’Andrew Prescott et Susan Mitchell Sommers affichent depuis peu. Le site en parle, d’ailleurs. D’après ces deux auteurs, il ne s’est rien passé à Londres en 1717. La naissance de la Grande Loge anglaise daterait de 1721, seulement. En France, cette thèse a trouvé des échos à amplitude redoublée. Pour le moment, qui a cherché à vérifier, « documents en main » ? J’aimerais le savoir. Et pour terminer sur le concret concernant Charles de Lorraine, la réponse est OUI. Il est « frangin ». Preuve à l’appui.
Soit dit par ailleurs, pour dissiper une éventuelle équivoque. Je ne suis pas historien maçonnique, au sens où je ne m’intéresserais qu’aux francs-maçons. J’ai d’autres champs d’étude, comme la seconde guerre mondiale, entre autres. Dans ces champs, la méthode reste la même : preuve, validation de la preuve, argumentation, etc.
M. Kervella, savez-vous qu’il existe même un portrait de Charles de Lorraine représenté avec les « outils » ? Il se trouve au Cabinet des Estampes à la KBR (Bibliothèque Royale de Bruxelles).
Voici une description sommaire : Charles de Lorraine (1753) par le graveur François.
« Se vend chez lui au Triangle d’Or Hôtel des Ursins derrière St Denis de la Chartre. À Paris avec P. du R. [Privilège du Roi] »
À l’époque, l’Hôtel des Ursins accueillait quelquefois la Grande Loge de France (notamment la Loge dite de Bussy-Aumont), chez le Frère Saint-Martin, traiteur (sic).
La mention « au Triangle d’Or » est clairement une allusion maçonnique.
Remarquer la cornue « alchimique » sous les outils.
Jean-Charles François était le graveur du duc de Lorraine et roi de Pologne FM en exil, Stanislas Leszczynski.
Ceci dit, j’ai encore potassé et je n’ai trouvé nulle part une interdiction formelle et statutaire d’appartenir à l’Ordre teutonique et à la FM.
Ce que M. Van Win voulait sans doute dire, c’est qu’il était interdit d’appartenir à deux ordres « chevaleresques » en même temps : la Toison d’Or et l’Ordre teutonique, d’où sa démission de l’Ordre de la Toison d’Or afin d’accéder à la Grande Maîtrise de l’Ordre teutonique.
Quatre mots en passant.
1°) La double initiation n’est pas rare dans la première moitié du 18e siècle. Elle est réclamée chez les adhérents présumés ou confessant avoir reçu la première dans une loge qualifiée d’irrégulière par la seconde. La GL de Londres en fait d’ailleurs un principe d’admission dans n’importe quelle loge de sa gouverne. La réciproque est assurée par la GL de Paris (preuves documentaires à l’appui).
2°) A la fin des années 1740, Frédéric de Prusse parle (en français) du « Frère Voltaire » qui comparaît « Sans Souci comme un couvent, moitié militaire, moitié littéraire ». Il le fait de la même façon qu’il parle, entre autres, du marquis Boyer d’Argens, notoirement connu à l »époque comme FM, ou de Charles-Etienne Jordan, dans la même situation (preuves documentaires à l’appui).
3°) La date de réception en FM de James d’Anderson n’est pas connue, pas plus que celle de son père, pourtant indubitablement membre de la loge d’Aberdeen dans le dernier tiers du 17e siècle (preuves documentaires à l’appui).
4°) il faut se méfier des affirmations expéditives. Par exemple, Charles de Lorraine, réputé par certains pour n’avoir jamais été FM, l’a été. Preuves documentaires à l’appui: « On compte d’initiés dans l’Ordre, François-Estienne de Lorraine, grand duc de Toscane, aujourd’hui empereur, Charles-Alexandre de Lorraine, son frère » (1747)
A propos du Duché de Lorraine, qu’en est-il de l’Ordre de Bouillon (ou du Rite ?)
Bouillon nous éloigne de Voltaire. Disons, pour aller vite, que j’ai publié un article dans le dernier numéro de La Règle d’Abraham (décembre 2017) où je rappelle comme ce grand Orient a fonctionné (pas d’Ordre éponyme en rapport, ni de Rite). Les FF de Bouillon pratiquaient le système établi par la GL de Paris, en 25 grades dont le sommital était le Prince de Royal Secret. Certains adeptes des Maçonic fictions attribuent la création du Royal-Secret à Etienne Morin, ce qui est démenti par les archives (voir aussi mon lire sur le REAA où je produis les preuves documentaires).
MERCI
@André Kervella: qu’est ce qui est connu de la relation entre le duché de lorraine, AM de Ramsay, l’ordre de bouillon?
@HRMS post 37
Vous expliquez quoi que ce soit a propos du 18e siecle ou du racisme des lumieres dont voltaire est le chantre quand vous parlez de progres ethiques actuels , c’est billevesee,il n’y a pas pire sourd qui ne veuille entendre, brisons la monsieur, restez avec vos certitudes et laisser les historiens (serieux eux) tisser les veritables liens entre le racisme moderne et voltaire
@ PHILIPPE : Etes vous sur de bien voir, de bien lire ce qui est écrit, de savoir lire ?
@HRMS post 41
Etes-vous sur de ne de ne pas etre un adepte du racisme des lumieres?pour ma part je suis convaincu par vos demonstrations,vous vous inscrivez parfaitement dans ce mouvement, certes ancien mais tellement moderne
Philippe déraille …
@Desap,
MTCF Patrick, malheureusement non, monsieur HRMS veut nous faire entendre sa version d’un voltaire insere dans le XVIIIe siecle, siecle raciste selon lui, il se trompe,il nous trompe et devient de ce fait l’allie tres objectif de voltaire le premier des premiers inventeurs du racisme moderne, appelle racisme des lumieres
Dans une analyse notamment de type épistémologique, ici sur l’erreur d’anachronisme, l’insulte diffamatoire en place d’une lecture sans oeillère, sans Mtx, n’est évidement pas un argument rationnel (vos références académiques sont toujours attendues?), par contre nous savons depuis l’inquisition, les procès en sorcellerie des puritains, les procès politiques staliniens … (qui seraient donc de retour?), que cette perversité de comportement, puisque se drapant dans la moralité comme idéologie, sert à avant tout à disqualifier et à souiller celui que l’on expose comme un adversaire, sans rien en connaitre hormis les éléments du débat auxquels il n’est pas dit qu’il y adhère; Surtout apprenez à lire, ça libère.
On se trompe en cherchant à excuser des erreurs par les préjugés erronés d’un temps donné et par le degré d’avancement de l’opinion à une époque donnée. La vérité est intemporelle et connaissable en principe par chacun à toute époque.
Ceci est tout de même extrêmement théorique.
Certes, il avait eu Valladolid, néanmoins La définition de l’Homme restait exclusivement liée à l’idée religieuse de possession d’une âme ; de plus, parmi ceux reconnus comme Homme, on distinguait très clairement des races, et l’on considérait la race blanche européenne comme supérieure à toutes les autres, ceci notamment validé par sa capacité à élever des bâtiments monumentaux, son art de vivre, son histoire et ses lignées royales, ses Lettres, sa Musique, etc.
Il est parfaitement envisageable qu’un Voltaire considérât de bonne foi ceux qu’il nommait « nègres », si ce n’est faisant partie du règne animal, au mieux étant d’une race très inférieure ; et rien dans son environnement ne lui permettait ne serait-ce que d’envisager qu’il put en être autrement.
.
A la « faveur » d’une destruction environnementale telle que le risque de disparition de l’humanité est maintenant possible à moyen terme, on s’interroge sur la réalité du monde animal et végétal et l’on constate de manière très probante qu’animaux et végétaux sont doués, si ce n’est d’une conscience (quoique, à mon sens c’est certain), assurément d’une réelle capacité d’analyse, d’appréciation et donc de recul sur les évènements, ce qui produit du sentiment.
Allons-nous pour autant cesser de couper des arbres et de manger vaches et cochons ?
Nous en sommes encore plus loin que Voltaire l’était de Schoelcher.
Vous avez tous bien raison de discuter de l’initiation de Voltaire aujourd’hui. Tout le monde sait qu’il s’agit d’un poisson d’avril.
@ HRMS post 1
Il n’y a jamais eu deux initiations (hum!) de Voltaire. Celle de Londres, en 1726, si ma mémoire est bonne, est inexistante, j’ai démontré cela dans mon livre déjà cité. Celle de Paris fut une farce mondaine ; la loge responsable de cette cérémonie hérétique in articulo mortis fut, en effet, démantelée par le GODF.
c’était une question …. comme pour AM Ramsay … à nos yeux l’époque était tellement surréaliste avant l’heure
Lire les post 17 et 25 … et défense de rire !
Pessoa était-il F M?
oui il l’était
Pessoa a certes écrit des textes en prose et en vers sur la FM mais à ma connaissance son appartenance maçonnique n’a jamais été démontrée.
Il a courageusement défendu l’Institution lorsqu’elle fut attaquée sous la dictature de Salazar mais cela ne prouve rien.
C’était, incontestablement,un homme très informé mais seulement très informé.Ce qui n’enlève rien à ses textes ésotériques, bien au contraire.
Anderson initia tout le monde ? C’est une métaphore, bien sur. Mais Il était chapelain, et il existe une controverse sérieuse portant sur sa qualité de franc-maçon. Il n’aurait jamais été initié, un peu comme le maréchal Magnan, qui n’était pas maçon avant d’être Grand Maître « de l’Ordre », et qui reçut les 33 degrés du REAA en une matinée. Voilà où nous mène un débat à propos de Voltaire ! Joyeuses Pâques.
Ben voyons !!!
Aucune métaphore dans mon propos, je laisse ça aux intellectuels.
Anderson pas maçon ? v’la aut’chose ??
Jésuite sûrement.
Il suffit de lire ce que Voltaire a écrit sur la maçonnerie pour être convaincu qu’il n’était aucunement maçon par l’esprit. Il avait été reçu à l’Académie, et les Neuf Sœurs n’ont pas voulu être en reste de mondanité..
Avant de mourir, Voltaire, paniqué, écrit ceci à l’archevêque : « je me suis confessé ; si Dieu dispose de moi, je meurs dans la sainte religion catholique où je suis né, espérant de la miséricorde divine qu’elle voudra bien me pardonner toutes mes fautes ; si j’avais scandalisé l’Eglise, j’en demande pardon à Dieu et à Elle ».
Pour les incurables amateurs de mythes maçonniques, je cite Alec Mellor : « il n’est rien de plus éloigné de l’esprit initiatique de l’Ordre que l’esprit voltairien ».
Bref, on m’a toujours regardé avec des gros yeux lorsque je disais :
Voltaire n’était, ni de près, ni de loin, maçon !
De même pour Newton, ce n’était pas un maçon,
mais lui, à la différence du précédent, était un Frère puisqu’il était alchimiste.
Ce fait avéré est trop peu pris en considération, ceci permettrait de comprendre la raison (ou « les raisons » si l’on se place du point de vue profane) de la création de la GL de Londres par son secrétaire
son secrétaire …Désagulier, travaux sur l’optique aux CRs de la Royal Sociéty n’était pas tout seul; ne pas penser qu’il fut « LE » créateur de la GL de Londres
Mon cher HRMS, en ces temps là, être « secrétaire », d’autant plus d’une personnalité telle que Newton, ce n’était pas du tout, mais alors pas du tout, ni péjoratif, ni une fonction subalterne.
Imaginer le contraire serait comme si nous considérions les secrétaires de nos loges comme des gratte-papiers !!
Dans « secrétaire » il y a de manière très concrète le mot « secret ».
.
Si le TCF Désaguliers n’était pas le « seul » créateur de la GL de Londres, il en en fût néanmoins, à mon sens, la Pierre angulaire et la Clef de voute, avec son ami le Très Cher Anderson, mal aimé pour des raisons très incompréhensibles, qui lui, initia tous le monde !
@désap: Vous êtes un romantique et c’est agréable à l’oreille, mais cela ne fait pas bon ménage à avec l’histoire notamment culturelle et l’état social des sociétés; observer les réalités de la notre permet de ne pas « croire » aux fariboles même au travers des allégories des mythologues, et des ésotérismes de bazar.
Oui, oui, assurément.
Bonne journée, cher HRMS.
Il n’existe hélas aucun tracé de cette « cérémonie ». On peut la reconstituer grâce : (1) au compte-rendu du successeur de Monsieur de Bachaumont dans ses Mémoires secrets ; (2) au récit détaillé qu’en a laissé le baron Friedrich von Grimm dans sa correspondance ; (3) à la relation de l’initiation du « Nestor du Parnasse français » laissé par le F. Bricaire de la Dixmerie.
J’ai comparé ces récits détaillés avec les usages de la maçonnerie d’esprit, de goût et de style français, en 1778, car on ne peut pas encore parler de Rite Français à cette époque.
La cérémonie organisée par les Neuf Sœurs s’inspire, peu ou prou, d’une initiation maçonnique de haute fantaisie, et ne respecte nullement les usages d’une société initiatique traditionnelle, usages que l’on suppose contrôlés et approuvés par le Grand Orient de France.
Les infractions rituelles les plus graves qui pourraient frapper ce cérémonial de nullité initiatique sont :
(1) l’entrée en loge du candidat les yeux non-bandés ; (2) l’absence de voyages et d’épreuves ; (3) la remise d’un tablier de maître mais aussi de gants blancs ; (4) l’installation du néophyte à l’Orient, contraire à tout protocole maçonnique. Toutes ces fantaisies ne s’expliquent pas par le seul grand âge du candidat.
Le Grand Orient de France, dont le Grand Orateur était présent (selon Grimm), fera des remontrances très sévères aux Neuf Sœurs, en raison de la façon très irrégulière selon laquelle cette cérémonie fut exécutée.
On a beaucoup discuté sur la nature de cette « initiation » : au grade d’Apprenti ou au grade de Maître. Elle n’eut lieu, de toute évidence, ni à l’un, ni à l’autre. Les sarcasmes de Voltaire, qui toute sa vie durant a clabaudé sur la Maçonnerie, sont effrayants de férocité.
Sa réception fut un coup de prestige concocté par une loge d’académiciens, de savants, d’artistes, mais se retourna contre les Neuf Sœurs : elle réussit à s’aliéner un triplé de poids considérable : le Grand Orient de France, l’Eglise de France et le roi Louis XVI.
« La cérémonie et son rituel sont parvenus jusqu’à nous » : un scoop ! A part le fait que « Les Neuf Sœurs » devait pratiquer l’une des variantes du Rite Français en cours à cette époque et les quelques informations avancées par les Chroniqueurs du temps, à ma connaissance on a aucune idée du rituel précis qu’utilisait « Les Neuf Sœurs ». On ne peut même pas faire l’hypothèse que la Loge pratiquait « Le Régulateur du Maçon », c’est-à-dire le rituel « standard » du Grand Orient de France… puisque celui-ci ne sera fixé qu’en 1785 (et Voltaire est initié en 1778).
Quelle coïncidence, non ?! Je suis l’auteur de l’ouvrage : « Voltaire et la franc-maçonnerie, sous l’éclairage des rituels du temps », publié aux éditions Télètes, Paris, en 2012, ISBN 978-2-906031-75-3
L’étude minutieuse des rituels en vigueur en 1778, sous les auspices du Grand Orient de France, mis en parallèle avec le très hérétique pseudo rituel élaboré pour l’occasion par la loge XXX, apporte enfin un faisceau de réponses sans ambiguïté au célèbre dilemme posé tant par les historiens profanes que par les historiens francs-maçons : Voltaire est-il jamais vraiment devenu franc-maçon ? Ou bien est-ce, au contraire, une certaine maçonnerie qui est devenue voltairienne ?
Disons que Voltaire était Franc-maçon par l’esprit. Il n’avait sans doute pas besoin d’être initié dans les formes de l’art. Combien de FM n’ont-ils pas été initiés de façon traditionnelle sans avoir le comportement idoine ? Fernando Pessoa a même écrit que l’on ne pouvait être initié que par soi-même…
Houla !
Pas sûr que Rennequin sut construire une Cathédrale …
… pas plus que Le Vau sut élaborer la Machine de Marly.
Doit-on ici comprendre que Pessoa a été Franc-Maçon?
J’en ai lu peu, et il y a quelques années déjà, il ne me semble pas avoir aperçu d’allusion maçonnique.
Les rapports de Pessoa avec la franc-maçonnerie sont étudiés de manière exhaustive dans mon livre sur La Pensée maçonnique du XIV° au XX° siècle, chapitre XXIX : « Les origines et l’essence de la maçonnerie d’après Fernando Pessoa » (Editions du Rocher, 1998, p. 225-235).
Pourriez-vous aller plus avant?
Pessoa a-t-il été initié?
oui
MTCF,
Tu devrais lire les ecrits racistes et antisemites de Voltaire(il y a toujours une texte dans tous ses livres,pamphlets etc..)il est meme l’inventeur du raciste, appele racisme des lumieres, alors Voltaire Franc Macon par l’esprit….. je pense qu’il nous faut dire que Voltaire etait tout sauf Franc Macon
Toujours cette erreur, cette faute d’anachronisme, c’est fatigant: pensez vous que les FM du XVIII avaient nos mentalités?
j’ai dans mes papiers le travail annuel d’ chapitre R+C du XIX, qui fait très explicitement l’apologie de la colonisation alors cours, avec des arguments de l’époque; au XVIII nos FF étaient comme nous le sommes aussi, en devenir, dans le même gentil conformisme maçonnique qui n’est pas plus à notre crédit, mais plutôt à notre débit.
Tout ça pour dire que Voltaire, en ce qu’il était, a comme même objectivement fait plus pour le genre humain que la plus part d’entre nous et tout ça s’en être FM, institution dont le b…l , à l’époque sous la coupe de la noblesse et les bourgeois de robe, devrait alors aussi profondément vous choquer,; toutes « choses » avancent par réaction, par gradient contradictoire, par dialectique … mais vos FF ont du vous l’apprendre, Non?
@ MRMS
Je suis toujours ravi de recevoir des lecons de sachant mais pas d’incultes qui en plus se targue de connaitre ce qu’etait Voltaire, il a fait plus pour le genre humain que la plupart d’entre nous, c’est votre avis ce n’est pas le mien je pense qu’un homme qui a dit cela:
« Enfin je vois des hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce. » n’a pas sa place au pantheon!!!
Pauvre de nous! :cette faute d’anachronisme, par aveuglement idéologique qui ne laisse pas « ses » métaux et ne voit as sa poutre …c’est vraiment fatigant: je répété donc pensez vous que les FM du XVIII avaient nos mentalités?
Et peut-on savoir dans quelle oeuvre de Voltaire se trouve cette citation?
Titre de l’Oeuvre plus, éventuellement, le chapitre concerné.
Loin de moi l’idée de la remettre en cause, surtout sans en savoir davantage, mais ce pourrait être le cas typique de la citation qui, sortie de son contexte, peut prendre un tout autre sens.
Il existe ainsinquelques réparties dans Candide auxquelles ont peut faire dire ce que l’on veut.
@HRMS post 30
Donc vous justifiez le racisme et l’antisemitisme ordinaire de Voltaire, belle attitude de Franc Macon!!!
NON Le XVIIIe siecle Francais et meme Europeen n’etait pas raciste contrairement a ce que vous persitez a dire en revanche Volataire lui l’etait, il a initie le racisme des lumieres ne vous en deplaise
Savez-vous lire ?
Sentant poindre l’invective, soyez assuré que je ne justifie en rien et qu’il soit bien établi que Voltaire fut raciste et spéculateur négrier ; J’essaie de comprendre et je maintiens que les conditions sociales et culturelles déterminent, entre autres, les opinions des hommes (y compris les plus illustres), ce que chez nous nommons les mtx;
Quant à savoir si le XVIII, Français précisez-vous, était ou n’était pas raciste, merci de donner une référence témoignant qu’il ne l’était pas, alors qu’il s’y perpétrait à la suite du XV et XVI, les traites négrières, le génocide nordamérindien, la ghettoïsation et les progromes continentaux des juifs…etc,
Même avec sa défense par Condorcet, Marat et Grégoire, et même par Voltaire, on peut lire de Montesquieu, au livre XV de L’Esprit des Lois, avec l’ambiguité sarcastique de ce conditionnel préliminaire qui a tant fait gloser,.
« De l’esclavage des Nègres
Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres. Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé, qu’il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une manière plus marquée. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui chez des nations policées, est d’une si grande conséquence. Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
Des petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains : car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié. »
« Il y a des pays où la chaleur énerve le corps et affaiblit si fort le courage, que les hommes ne sont portés à un devoir pénible que par crainte du châtiment : l’esclavage y choque donc moins la raison. »
enfin ces débats n’étant jamais simplistes, rappelons ce que Voltaire disait de Montesquieu de façon explicite dans sa « Critique de l’esprit des lois » :
« Si quelqu’un a jamais combattu pour rendre aux esclaves de toute espèce le droit de la nature, la liberté, c’est assurément Montesquieu. Il a opposé la raison et l’humanité à toutes les sortes d’esclavages. […] Je veux me joindre à ce défenseur de la nature humaine. »
@Lazare Lag post 31
Essai sur les Mœurs et l’esprit des Nations, de Voltaire (1756) il y a des citations dans chaque tome.
Traite de Methaphysique ou vous trouverez la citation mais de tres nombreuses autres
@HRMS post 34
Justifier de la maniere que vous faites, Voltaire, et l’inserer dans la normalite du XVIIIe (ecrivain, loges maconnique mode de pensee generale etc…) cela va a l’envers de tout ce que les historiens serieux nous disent, en fait vous faites du revisionnisme de l’histoire votre cheval de bataille tout simplement pour rehabiliter le raciste ordinaire de voltaire.votre anachronisme c’est un peu le point de detail de jm le pen
C’est bien ce qu’il fallait attendre de votre vérité idéologique: l’anathémisation et l’insulte commune aux idéologies primaires, qui inversent les mots et la pensée pour falsifier le réel mémorisé et fabriquer des procès politiques simplistes et anachroniques contre celui-ci; A ce titre merci de fournir les historiens sérieux que vous évoquez sans références, et qui attesteraient que la culture de la société du XVIII siècle, ambiance régence et Louis XV, qui fabriquait déjà le colonialisme à venir du XIX, n’était pas conforme aux déterminants qui la conditionne, même si des progrès dans la pensée morales des rares personnes éclairées d’alors, seront à l’origine (mais pas que) de nos propres progrès éthiques actuels.
De quelle initiation parle-t-on ?, de la première évoquée par des contemporains ou la seconde la mondaine à la loge xx, d’un vieillard presque sénile, dont la « tenue funébre », plutôt le cirque de ses funérailles maçonnico-mondaine qui entraîna le démontage de la loge ?