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Qui a jamais dit que ces gentlemen s’ennuyaient ? Au contraire, ils semblent, à distance, passionnés, curieux de tout, avides de nouveauté, découvrant un univers inconnu et tellement différent de celui que la « tradition » (médiévale, chrétienne, scolastique …) leur serinait
« ludiques, conviviales, complices et fraternelles »! L’expression en offusque plus d’un lorsque on parle de notre société, ici et ailleurs. Est-ce par « esprit de sérieux », par conviction d’appartenir à un groupe d’excellence investi d’une mission à nulle autre pareille ? Par refus d’admettre que le « jeu » (de rôle, du masque, de la pièce dans la pièce… ) est un élément indissociable de la vie culturelle (au sens propre) ou tout simplement sociale ?
Stukeley avoue que « sa curiosité l’avait amené à être initié dans les mystères de la Maçonnerie, qu’il soupçonnait être les vestiges des mystères des anciens ». Il attendait, comme tant d’autres après lui, la révélation de secrets du passé. Il n’a trouvé que des amis, des complices avec qui il pouvait deviser agréablement dans un cadre agréable. Après une dizaine d’années, il se désintéressa de la maçonnerie (et passa sans doute à des choses « sérieuses » selon lui).
La question est intéressante et très pertinente. On peut penser que le « jeu » de rôle, de masque, de pièce dans la pièce relève de la convivialité et de la vie culturelle, sans pour autant oublier qu’il est issu des jeux (mystères) servant à transmettre des connaissances initiatiques, donc réservées à quelques-uns.
Combien de maçons, comme Stukeley, ne trouvent rien d’intéressant dans la maçonnerie aujourd’hui… alors qu’ils s’attendaient à découvrir de grands secrets. Combien de maçons dans les loges passent à côté de ce qu’ils ont sous les yeux (en disant bien entendu aux autres qu’il n’y a rien à voir… puisqu’ils n’y ont rien vu) et trouvent la FM seulement conviviale et ludique.
Certes, la fraternité est fondamentale (dès lors qu’elle est sincère), mais ce n’est pas parce qu’on a jamais vu la « lumière » qu’il faut dire aux autres que cela n’existe pas. Pour qui reste à la surface, il est certain que les « jeux » de la maçonnerie pourront paraître puériles… ils passeront alors des choses plus sérieuses, de leur point de vue.
On peut débattre sur la « lumière » qu’il y a trouver… j’en conviens tout à fait, mais il n’est plus vraiment nécessaire dès lors qu’on s’est plié à l’ascèse enseignée dans les rituels (qui ne sont pas des inventions de Gentlemen qui s’ennuyaient). Sans être passé par cette étape, c’est comme parler de l’amour sans jamais l’avoir rencontré. C’est comme expliquer à d’autres ce qu’est le Karaté sans jamais en avoir fait…
Je suis confus de mon erreur (voilà ce que c’est de re-lire trop vite !) : 1755, non bien sûr, il faut lire 1722 pour les Constitutions Roberts
la correction avait été automatiquement faite 😉
Intervention 15 (à propose de mon message 14) « Je comprends tout à fait mais… non ? L’histoire traditionnelle y (dans les Const d’A) est fondamentalement changée, il faut bien (re)lire ces textes pour se rendre compte qu’il y a plusieurs innovations MAJEURES dans les écrits d’Anderson (T) »
T. a lu trop vite mon message 14 (pn) ! La note 1) est pourtant claire : « L’histoire traditionnelle du métier, véritable mythe fondateur non sans quelque dimension « syndicale », s’y trouve inchangée depuis le XIV° siècle », c’est bien aux Old Charges depuis le Cooke jusqu’au texte de 1755 (Roberts) que je fais allusion (et non à Anderson).
Au tant pour moi 😉 Merci.
Au temps pour toi, mon TCF!
Les deux orthographes sont admises… mais font débat… comme 1717 lol.
Pour justifier mon propos voici ce que Rylands écrit (1911) sur l’affaire, que cite Wonnacott (AQC, 1912, 25 p 172). [traduction personnelle]
« L’ancienne Loge de Saint-Paul (celle qui deviendra la N°1 de la GL de Londres &Westminster) semble avoir préféré les anciennes traditions du Craft et même si au début, peut-être par hasard des circonstances, elle a admis certains des « nouveaux » maçons, qui l’ont ensuite quittée pour rejoindre leurs amis dans d’autres loges, (notamment la loge aristocratique de Whitehall, actuelle n° 4), il est à peu près certain que les « vieux » membres avaient peu de sympathie pour le nouvel ordre de choses. Pendant un court laps de temps, l’influence de ces « vieux » maçons (les opératifs) persista et ils occupèrent les fonctions de Grand Surveillant en Grande Loge. Après l’élection du duc de Montagu, suivie immédiatement par la mise de côté des « anciennes constitutions de la maçonnerie » et un peu plus tard, la publication d’un nouveau livre de constitutions en 1722-17 (totalement inutile à leurs yeux). Cette publication a peut-être été considérée comme une violation flagrante de l’une des plus anciennes traditions du Craft et, bien que fidèle à l’allégeance qu’ils avaient donnée lors de la renaissance de la Grande Loge, certaines des anciennes loges ont refusé d’être submergées par les nouveaux maçons et s’en tinrent aux formes anciennes. Ils voulaient transmettre la maçonnerie telle qu’elle leur avait été transmise. Voilà, je pense, l’explication de la raison pour laquelle la Loge à L’Oie et à Grill (et probablement d’autres), au début du XVIIIe siècle, ne pouvaient guère se vanter d’être fréquentée par des Frère de la noblesse ou de gentlemen à la mode de l’époque.
A l’appui de ce point de vue, Rylands donne une citation de Prichard’ (Masonry Dissected 1730), qui est une attaque non pas contre la maçonnerie en général, mais contre les nouvelles modes qui menaçaient le « vieil édifice ». Bro. Rylands décrit les Constitutions de 1723 comme une publication officielle et les considère comme un abandon des anciennes traditions, suffisant en soi pour scandaliser les anciens maçons. Pour eux, c‘était l’abandon d’un, peut-être le plus précieux, de leurs usages anciens, l’utilisation du rôle des « Anciennes charges » ou Constitutions lors de la réception (making) d’un maçon. … Il semble plus que probable que l’édition des anciennes charges imprimée par Roberts en 1722 a été publiée non seulement pour devancer les Constitutions d’Anderson, publiées par la Grande Loge en 1723, et pour soutenir une revendication de l’ancienne forme de Constitutions, si totalement différente de celle sanctionnée par la Grande Loge. «
Je dois donc me répéter !
Oui, le Livre des Constitutions de 1723 est essentiellement différent de toutes les Old Charges antérieures, du Ms. Cooke au document Roberts (de 1722).
Celles-ci contenaient un code de conduite et des règles nécessaires à la pratique d’un métier (mystery) dans le cadre d’une ville ou une commune, où ils étaient organisés en guildes (ou corporations). [Pour la petite histoire, ces Charges sont encore lues, à titre de commémoration, dans les rituels de la Worshipful Society, dite des « Opératifs »]
Les Constitutions de 1723 en différaient par les XXXIX articles de Payne qui organisaient le fonctionnement d’une obédience moderne (ce que nous appelons la franc-maçonnerie, sans autre lien que « symbolique » avec la pratique d’un métier quelconque). Ces articles furent le modèle des règlements et statuts de toutes les obédiences actuelles, sans exception.
Les idées préconçues, intuitives, inductives font souvent plaisir à notre penchant pour les belles histoires et les explications rassurantes. Mais c’est aussi un piège pour la réflexion.
Avant de parler de la « « mystification » d’Anderson, de l’inexistence des emprunts et des ajouts à la tradition, il faut d’abord lire son Livre des Constitutions avec son histoire légendaire (remaniée et allongée par ses soins), ses quatre chansons, ludiques et profondes à la fois, et surtout les Règlements Généraux en 39 articles (compilés par Payne) approuvés par le GM, son Député, ses 2 Surveillants et les VM et SS des 20 loges existantes, le tout publié en 1723.
Pour se rendre compte de ce que cela avait de nouveau, d’inédit et, sans doute, de révolutionnaire pour certains « vieux » maçons de pratique, il faut les comparer attentivement aux « Vieilles Constitutions de l’ancienne et Honorable Société des Maçons Libres et Acceptés, prises dans un manuscrit écrit il y a plus de cinq cents ans », parues en août 1722 dans cinq numéros successifs du The Post Man, puis réunis dans un pamphlet vendu par J. Roberts (publié dans EK&J, p.71-82, aujourd’hui disponible sur internet). Il s’agit d’une des dernières versions des Old Charges (1), sans doute diffusée par certain maçons « traditionalistes » en prévision de la publication, annoncée l’année précédente, de « nouvelles » Constitutions, confiée par Montagu à Anderson et Désaguliers
1) L’histoire traditionnelle du métier, véritable mythe fondateur non sans quelque dimension « syndicale », s’y trouve inchangée depuis le XIV° siècle.
Je comprends tout à fait mais… non 😉 L’histoire traditionnelle y est fondamentalement changée, il faut bien (re)lire ces textes pour se rendre compte qu’il y a plusieurs innovations MAJEURES dans les écrits d’Anderson… des « nouveautés » qui n’ont pas leur place dans la maçonnerie « ancienne », celle des Constitutions de Roberts de 1722, d’abord publiées dans les journaux, puis sous forme de pamphlets… des écrits qu’on a tenté de faire disparaître.
C’est parce que justement les historiens ont étudié l’histoire à rebours et n’ont jamais été en mesure de dater convenablement les Old Charges qu’on en arrive à « croire » que tout est pareil et que cela n’a aucune importance. Ils ont préféré gommer tout ce qui est singulier pour inventer finalement une histoire… celle qu’ils imaginent. L’idéologie est forte dans tous les camps.
La date précise de création de la GL de Londres et Westminster n’a rigoureusement aucune importance (le temps est bien plus relatif, même sans objet, en maçonnerie que dans le Modèle standard), il faut cesser de faire des colloques sur ce sujet sans intêret.
En revanche, qu’a transmis Anderson ? Cette question est, elle, fondamentale.
RIEN, selon les tenants de « l’emprunt », rien de traditionnel en tout cas, donc rien qui ne représente la moindre valeur d’exemple sur laquelle nous pourrions calquer nos moeurs.
Mais alors, comment expliquer qu’une telle mystification ait pu être considérée par plusieurs centaines de millons d’hommes à travers trois siècles d’Histoire, dont l’essentiel de la quête était, est et, espérons-le, restera de dicerner le vrai du faux ?
La date de la création a une importance sur le plan de la recherche historique car elle permet justement de savoir quelle est la chronologie des écrits et donc de dégager ce qu’Anderson a essayer de masquer. Anderson était un intégriste anti-sémite, anti-stuart et iconophobe… il faut lire ses prêches pour le constater. Cet homme n’avait rien d’un maçon et il n’est en rien un modèle sur lequel il faudrait calquer nos moeurs. L’histoire est écrite par les vainqueurs ! Il ne faut jamais l’oublier. Les îles britanniques s’inscrivent à l’époque dans une guerre « totale » entre deux dynasties. Tous les coups sont permis… Les Antients ne sont pas des doux rêveurs qui s’affubler d’un titre pour paraître plus « antique » que les maçons de « 1717 ». Les francs-maçons de York (dont on a les écrits depuis 1712, mais dont on a des preuves documentaires de leur présence déjà en 1705… au plus tard) prennent le qualificatif d’Antient, pour nommer leur société, le mois qui suit les publications des constitutions d’Anderson en 1723… Ils rappelaient ainsi à leur membre que Londres « inventait » une maçonnerie… déviée. La maçonnerie d’aujourd’hui, malgré les altérations, a conservé quelque chose de traditionnel, car les Antients ont « redressé » (mais seulement pour une faible partie) ce qui devait exister auparavant et dont nous avons seulement quelques traces… mais tout fini par remonter un jour, il suffit d’aller chercher en dehors des lieux communs et de vérifier les preuves par soi-même.
Prescott fait grand cas d’un Book E, qu’il appelle Rough book (recueil de brouillons), conservé dans les archives de la loge Antiquity (N° 2 de l’actuelle GLUA, c’est la plus ancienne loge de Londres, sans doute créée en 1691, se réunissant en 1717 à « l’Oie et le Grill » au coin de St-Paul). Bien que presque tous ses compte-rendu, minutes et rapports antérieurs à 1767 aient disparu (un inventaire en a été fait en 1778), il reste le Book E qui commence par une Minute (A General Assembly of a Greate Number of Free Masons) décrivant l’installation du duc de Montagu (24 juin 1721). Prescott le croit authentique, se basant sur l’écriture, et écrit peu de temps après l’événement. Tous les autres commentateurs pensent qu’il s’agit d’ une copie ( tardive et quelque peu trafiquée) de documents contemporains de l’événement.
Ces Minutes (1), d’après Prescott, remettraient complètement en cause l’histoire traditionnelle de la création de la Grande Loge de « Londres & Westminster ». Le duc de Montagu aurait juré ce jour-là, sur les Evangiles, “to Observe and keep inviolate in all tyme Cominge the Fraunchises and Liberties of the free Masons of England and all the Records of Antient Tymes in the Custody of the Old Lodge of St Paul in London, and was Moreover firmly held and Bound never to Connive at any Encroachment on the Landmarks of the old Lodges in England or Suffer the Same to be done by his Successors who shall also be bound by Oath to the same”. Il jurait ainsi d’observer les franchises et libertés confiées à la garde de la loge de St Paul, de ne jamais les enfreindre ni permettre que ses successeurs le fassent.
En retour, les Maîtres des « vieilles » loges renonçaient à leurs privilèges (ceux de pouvoir se réunir quand elles le voulaient et de recevoir des Maçons à leur guise et sans contrôle d’une autorité supérieure) et confiaient ces droits en dépôt (« surrendered in trust »(2) à la Grande Loge (en d’autres termes, c’était un contrat entre les 4 loges fondatrices, les 16 loges créées entre 1717 et 1721 et la Grande Loge). Prescott en conclut la GL fut créée en 1721, non en 1717, puisque c’est cette année-là que les membres des loges existantes ont renoncé à leurs droits, ce qu’elles ne pouvaient faire qu’une fois. Donc écrit-il, la Grande Loge ne pouvait avoir été créé avant 1721 (AQC, 131, pp 44-45). C.q.f.d. ! (pn)
Je ne peux m’empêcher de penser que nous sommes devant une querelle sémantique sans réel intérêt!
1) Ces Minutes ont été publiées par W.J. Wylands en 1911 en un volume de 402 pages (privately published, mais il en existe un exemplaire dans les archives du SCPLB), commentées par W. Wonnacot en 1912 (AQC 25, p.165), longuement discutées par C.Dyer en 1987 (pp 72-76). Prescott n’en parle pas.
2) «Surrender in Trust », ici fiducie, un transfert de propriété soumis à des conditions d’usage ou de durée. Cette notion existe principalement dans le droit anglais sous le nom de « trust »,
Le Book E est également évoqué dans les travaux de Pierre Méreaux et MK Schuchard. Il semble contenir (je n’ai pas encore pu le consulter) d’autres informations permettant de remettre en cause 1717…
Difficile d’imaginer les architectes du moyen âge et de la Renaissance, les maçons intendants des bâtiments royaux, ne jamais avoir retiré de leur activité, de leur vie, le moindre enseignement philosophique, métaphysique, scientifique et n’en aient pas résolument imprégné le Métier, ne serait-ce que pour des raisons d’organisation et la nécessité d’une dimension sociale respectueuse de tous sur les chantiers de manière à ce qu’il y règne la paix ;
ou qu’ils n’aient pas découvert de quoi était composé ce Métier dans l’Antiquité où celui-ci incluait d’autres principes que seulement mécaniques.
De même, difficile d’imaginer les maçons de 1717/23 faire dans le « ludique », ou bien ce qui suit jusqu’à nous n’est qu’un fantasme, par définition incohérent, donc cette théorie ne tient pas.
Je ne comprends pas que l’on puisse envisager Anderson, rédacteur ou co-rédacteur des Constitutions maçonniques, comme un maçon d’opérette, ou bien une fois encore ce que nous pratiquons aujourd’hui n’est que pure fantasme ; ce raisonnement ne tient pas.
C’est bien la nécessité de la cohérence qui doit être centrale, ceci en dépit, s’il le faut, de la source documentaire.
Il suffit de lire la lettre : Francis Scott (11 1 1694/5-22 4 1751), comte de Dalkeith, devint GM en 1723. Il hérita du duché de Buccleuch en 1732. La lettre de Richmond parle du « duc de Buccleuch, son prédécesseur ». Elle dut donc être écrite après 1732 et 1750 (Richmond est mort en 1750)
Le titre de duc de Buccleuch fut créé en pairie d’Écosse le 20 avril 1663 pour le duc de Monmouth, fils illégitime de Charles II d’Angleterre, qui avait épousé Anne Scott, quatrième comtesse de Buccleuch.
Anne fut créée duchesse afin que le titre demeure après l’exécution de Monmouth en 1685 (pour rébellion armée contre son oncle, James II). Sa descendance directe est toujours bien représentée au Royaume-Uni
Francis Scott (11 janvier 1694/95 – 22 avril 1751), comte de Dalkeith et 2e duc de Buccleuch (à partir de 1732) fut grand maître de la Grande Loge d’Angleterre (la première) de 1723 à 1724 (succédant à Wharton). Il devient membre de la Royal Society le 12 mars 1724 et chevalier de l’ordre du Chardon le 2 février 1725.
Le titulaire actuel est Richard Walter John Scott (né le 14 février 1954), comte de Dalkeith, 10e duc de Buccleuch et 12e duc de Queensberry. C’est le plus grand propriétaire terrien du Royaume-Uni et le président du groupe Buccleuch, une holding avec des intérêts dans la propriété commerciale, les affaires rurales, la nourriture et les boissons.
Cette histoire de complot originel -car je ne sais pas qualifier autrement le fait de « créer un instrument politique et faire disparaître ce sur quoi il s’est construit », les mots ont un sens- ne tient pas malgré tous les documents que l’on puisse présenter, ceci pour une raison assez simple que Prescott et Sommers ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ne sont pas maçons : c’est rédhibitoire vis à vis de la maçonnerie, inverse aux principes et valeurs du rituel et ceci rendrait la maçonnerie impraticable.
Définitivement, les profanes, si érudits et respectables soient-ils, n’ont pas les moyens de comprendre objectivement la réalité de la maçonnerie.
On met face à eux des maçons à qui l’on reproche de n’avoir que convictions ou suppositions, oubliant que certaines des raisons qui forgent leur position ne peuvent être dévoilées qu’en loge.
David Stevenson n’est pas maçon… il n’a donc rien compris ? 😉
Certes, il a conclu trop vite que la FM a été inventée en Écosse (ce qui n’est pas vrai, les preuves documentaires seront publiées début mai) mais ce qu’il a mis en évidence est majeur pour l’histoire de la maçonnerie. Celle-ci est en train d’être réécrite par ceux qui ne se satisfont pas des trop nombreux arrangements avec les faits… il n’y a pas de complot originel, il y a seulement un projet politique.
Les francs-maçons d’aujourd’hui ne sont, sauf exception, ni travailleurs manuels ni maçons de pratique, ni tailleurs de pierre ni « imagiers » (je connais beaucoup d’architectes fm mais ils emploient plutôt l’ordinateur). Nous en utilisons quelques instruments stylisés et quelques mots (toujours les mêmes) d’un langage que nous ignorons (qui sait encore ce que signifient headers, stretchers, row, bond … utilisés dans certains rituels britanniques ?). Un franc-maçon actuel paraîtrait bien incongru dans un atelier de tailleurs de pierre !
Le débat transmission/emprunt en devient futile. Tout au plus peut-on dire qu’entre 1645 et 1725 apparut une association (informelle au début) employant des termes hérités d’un Métier de construction, mais utilisés dans un cadre ludique, convivial, complice et fraternel (avec sans doute une arrière-pensée « politique »). Les hommes du Métier présents dans la Fraternité (qui n’avait jamais prétendu superviser le Métier) furent rapidement remplacés et il n’y en avait plus en 1723 (sinon à titre personnel). Ce débat n’a pas sa place en Europe (ni en Amérique) où la franc-maçonnerie que nous connaissons n’eut jamais d’attache, de près ou de loin, avec les métiers de construction, que ce soit en France (1725, 28 ou 32), en Hollande (1721, 1735) ou en Allemagne (1735, 1751). Cela est encore plus vrai aujourd’hui où une partie de cette maçonnerie s’occupe d’abord de refaire le monde et de chasser l’infâme.
Cela n’empêcha certes pas les Métiers de construction (apparus après la révolution néolithique) de continuer à se développer jusqu’à couvrir la terre de sky-scrapers vertigineux, de maisons quatre-façades impersonnelles et de blocs hideux de béton sans âme. Dans cette évolution qui conduit à l’anthropocène tentaculaire et étouffant, le christianisme et l’image d’Epinal des constructeurs de cathédrales maniant la truelle tout en chantant des psaumes ne sont qu’une parenthèse.
Il ne s’agit pas de critiquer la maçonnerie d’aujourd’hui, ni de la dénigrer, ni de chercher une maçonnerie « pure ». Il n’y a pas une maçonnerie aujourd’hui mais bien des maçonneries… en revanche, il est important de rétablir le sens de l’histoire et l’exactitude des faits. D’abord en remettant de l’ordre dans les Old Charges, ce qui permet de voir que les datations actuelles sont erronées, ensuite de mettre en évidence que la tradition qu’on appelle « initiatique » a toujours été présente dans le métier… certainement pas avec la forme qu’il y a actuellement… mais nous en avons des restes, car les rituels ne sont pas des « inventions » ex nihilo. Cette réunion d’hommes du métier, au sein même du métier, comme démontré par Stevenson à partir de 1598/99 en Écosse, existait bien avant cette période… pour ne pas dire depuis toujours, du moins depuis que cette maçonnerie-là a pris racine dans les îles britanniques. L’arrivée de Gentlemen ne doit pas éclipser ce que conservait la maçonnerie avant le 17e siècle. Enfin, des antiquaires, des lors, des hommes de haut rang ou encore des esprits brillants comme Moray ne sont certainement pas venus chercher un cadre ludique, convivial, complice ou fraternel… c’est autre chose qu’ils venaient chercher dans les loges de tailleurs de pierre. Le rétablissement de faits historiques prend du temps…
Merci pour ce point de vue. Néanmoins, pour qui lit l’anglais, on voit clairement que l’article de Prescott et Sommers est largement documenté et étayé, reposant sur des faits et des dates, alors que leurs contradicteurs avancent des convictions et/ou suppositions bien moins développées…
Ce qui est mis en évidence par Prescott et Sommers n’est pas un « complot » mais une face de l’histoire qui se révèle progressivement : la GL de Londres et de Westminster est le détournement d’une ancienne tradition, celle conservée par la Society of Freemasons dont on a de nombreux témoignages (déjà au milieu du 17e siècle). Ce détournement a été fait dans un double but : créer un instrument politique et faire disparaître ce sur quoi il s’est construit…
Dernier point : si on tient pour valides des écrits postérieurs à des faits dont on n’a aucune autre preuve directe, alors il va falloir tenir compte de nombreux documents qui pulvérisent la théorie de l’emprunt… Pourquoi seraient-ils en effet moins crédibles ? Parce qu’ils ne collent pas à la « théorie dominante » ?
Je ne comprend pas pourquoi des documents contemporains seraient toujours gages de plus de fidélité à la réalité. À cette enseigne, on ne devrait rien connaître de Platon, Socrate, Xénophon, Sophocle, Jésus, Auguste, Pompée, etc…, la plupart des personnages de l’Antiquité.
La problématique ne repose pas sur des documents originaux contemporains ou non, mais sur leurs interprétations ou leurs exploitations dans le cadre d’un récit historique cohérent.
Il serait intéressant de connaître la date de la lettre du duc de Richmond.
Merci beaucoup M. Noël pour cet éclairage des plus intéressants. Et surtout pour avoir exhumer cette lettre du duc de Richmond qui est très explicite sur ses devanciers. Déjà lui considérait qu’il s’était passé quelque chose d’important en 1717 même si ceux de l’époque n’en étaient pas tout à fait conscients.
Encore une fois merci.