A Toulouse, création d’une « Université Populaire »

La détestation d’Onfray me sidère.
Si on connait un meilleur passeur de l’histoire de la philosophie y compris des philosophes athées oubliés, qu’on me le signale. D’autre part, sa volonté de mettre en parallèle les idées et le comportement des penseurs ( pour Sade, Freud, Sartre) notamment est un modèle de mise en pratique d’une éthique.
Cela dit que l’on n’aime pas certains de ces raccourcis, c’est possible.
Pour l’avoir écouté cet été sur France Culture, Onfray a parlé plusieurs fois des maçons avec respect, notamment comme victimes du fascisme.
Quant à son éducation, rares ceux qui la prennent en compte comme il l’a fait.

Mes chers amis. Je ne suis ni un admirateur inconditionnel d’Onfray (encore que quand il critique BHL sur ses « conseils » géopolitiques, je ne suis pas loin de le suivre). Il a par ailleurs souvent « planché » au Grand Orient de France, mais ses prises de position récentes sur les immigrés semblent l’avoir marqué du sceau de l’infamie. Je connais également le mouvement d’éducation populaire issu de la mouvance libertaire et syndicaliste du 19ème siècle et je suis reconnaissant aux Frères qui en entretiennent le souvenir de le faire. Je cite simplement Onfray et son « cour magistral » de Caen car il permet à de nombreuses personnes (ses cours se font à « guichet fermé »). De la même manière j’aurai pu citer les cours magistraux qui étaient dispensés il y a quelques années au CNAM et qui faisaient salle comble. On pourrait aussi parler des nombreux « café philosophiques » qui sont animés par des Frères et eux utilisent la méthode du débat.

Les authentiques « Universités populaires », qui existent en France depuis 1849 (la première a été fondée par un pasteur protestant) sont un mouvement d’éducation populaire, né dans la mouvance du socialisme libertaire. Dès l’origine, de nombreux frères s’y sont impliqués. Elles utilisent des méthodes pédagogiques d’enseignement actif et participatif (le débat). Elles adhérent à l’Association des Universités Populaires de France et sont, à l’heure actuelle une vingtaine en France.
Je précise cela pour deux raisons :
– Lorsqu’Onfray a créé la sienne à Caen, en 2002, il IGNORAIT qu’il en existe une, authentique, à Caen depuis 1945 (dirigée un certain temps par Georges Bertin, universitaire et sociologue, proche de la FM). Il faut dire que fréquenter, en tant qu’élève puis enseignant, l’enseignement catholique privé ne prédispose pas ni à connaître ni à fréquenter les mouvements d’éducation populaires comme « Peuple et Culture », La ligue de l’enseignement, etc… qui sont laïques et plutôt inspirés par le socialisme libertaire ou autogestionnaire. L’association des Universités populaires de France aurait pu faire un procès à Onfray pour usurpation d’appellation. Etant, justement, libertaire, elle ne l’a pas fait.
– Ce que Onfray appelle « Université populaire de Caen » est une série de « cours magistraux » où le « Maître » (j’allais dire le gourou ) dispense avec une autorité auto-proclamée un savoir vertical. Cette méthode d’Onfray est aux antipodes des méthodes pédagogiques des authentiques Universités populaires, qui sont elles basées sur des méthodes d’enseignement actives et participatives. Ces méthodes sont basées sur le  » Débat » qui, au demeurant, est la source même de la méthode philosophique.
Je ne doute pas que la première conférence de l’UPGT sur « l’histoire de l’éducation populaire » saura remettre les faits à leur juste place ….
Quant aux admirateurs d’Onfray, s’ils ne sont pas adeptes de la pensée binaire mais de la pensée ternaire, je leur laisse le soin d’aller y voir de plus près …. et d’en tirer quelques conclusions
AJ LACOT
ex-animateur du mouvement d’éducation populaire « Peuple et culture », créé dans la résistance par un maçon opératif portugais Bénino Cacérès avec le sociologue Joffre Dumazedier, mouvement d’inspiration socialiste libertaire, lui !

C’est effectivement une bonne solution pour tous ceux qui n’ont pas le Bac et qui ne peuvent pas accéder à l’Université. Paris 8 après les évènements de 68avait débuter dans cet esprit. C’est aussi le cas à Caen avec Michel Onfray qui dispense ses enseignements gratuitement. Je dis souvent que la maçonnerie est une « école à penser » pas une « école de pensée ». L’initiative de nos Frères en est une belle illustration.

Tout en saluant l’initiative, je me demande si : « démocratiser la culture et dispenser gratuitement un savoir au plus grand nombre » n’est pas un petit peu le rôle de l’école, du collège et du lycée ?