Armoiries Schaw
William Schaw, fils de John Schaw de Broich et petit-fils de sir James Schaw de Sauchie.
Ils étaient "Gardiens de la Cave à Vin du Roi", d’où les trois Coupes couvertes d’or sur azur de leur blason.

Les Statuts Schaw, l’art de mémoire et le mot de maçon

Publié par Pierre Noël

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dimanche 30 mars 2025
  • 9
    Pierre Noël
    2 avril 2025 à 18h28 / Répondre

    Dans tous les métiers, il y a des apprentis, des ouvriers qualifiés, des spécialistes de l’une ou l’autre branche, des contremaîtres, des chefs de chantier et maîtres d’oeuvre … C’est vrai des hommes du bâtiment comme des horlogers ou des chirurgiens !

  • 8
    Arnaud Laehert
    2 avril 2025 à 16h51 / Répondre

    Il me semble qu’un Maitre Maçon ou Maçon désigne au moyen âge un architecte plutôt qu’un tailleur de pierre.
    Il est vrai que ceux-ci sont assez majoritairement issus des tailleurs de pierre.
    Un tailleur de pierre est un compagnon.
    Les Maîtres sur les chantiers médiévaux surveillent les travaux. Leur travail consiste à s’assurer que ce qu’exécutent les compagnons est bien conforme aux plans, ou plutôt aux croquis dessinés par les Maîtres et approuvé par l’architecte à qui le Maitre d’ouvrage a commandé l’édifice.
    Il m’apparaît bien avoir lu cet organisation du métier de la construction médiévale dans les ouvrages de recherche dédiés.

  • 7
    Etienne Hermant
    2 avril 2025 à 10h40 / Répondre

    Qu’est-ce donc cette innovation nommée « Art de la Mémoire » ?
    .
    Dans l’Article 6 des Statuts Schaw de 1599, on lit que :« le surveillant/diacre de la loge de Kilwinning doit choisir six maîtres des plus parfaits et habiles de mémoire pour juger de la qualification des maçons en art, métier, science et ancienne mémoire, car il en sera le responsable » ?
    .
    Il est donc question dans cet Art 6 de « science et ancienne mémoire ».
    Mais évoque-t-on bien ici « l’Art de la Mémoire », ou fait-on état d’une mémoire que possédaient les « maist, anctient maisteries of the lodge » de l’Article 5 des Statuts de 1599, à savoir les « maîtres, anciens maîtres de la loge » qui pourrait avoir attrait à un par cœur des catéchismes dont on retrouvera la désignation dans le Ms Dumfries N°4, sans connaître, il est vrai, à cette époque, l’existence avérée de catéchismes et à fortiori de leur contenu ?
    Et même si les mots « art », « métier » et « science » sont ici plus qu’interpellant !
    .
    L’Article 10, quant à lui, est plus explicite quant à cette qualification « d’Art de la Mémoire ».
    Il nous indique, en effet, que « tout compagnon du métier » ne sera pas admis sans un essai suffisant et une preuve de mémoire de l’art du Métier.
    Or, nous savons qu’un « essay » ou « essy » consistait en un travail à effectuer et non des moindres, comme cet « essy » demandé par Mary’s Chapel en 1686 à un certain John Hamilton.
    Ce tailleur de pierre se devait de construire une maison de trois étages avec l’entrée sur un grand escalier, un palier à l’arrière, des cheminées et un toit sur charpente.
    Le tout dans un délai de sept mois !
    On peut le comparer à un « chef-d’œuvre ».
    Il s’agit donc d’une « science » très élaborée du métier.
    Une « science » qui n’est pas sans implication avec un aspect « speculatif », terminologie déjà présente dans le « Cooke » moyen-ageux, prise à cette époque dans le sens de « théorique » en opposition avec la « pratique », « practyke ».
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    L’Article 13 remet à nouveau en avant l’importance de l’Art de la Mémoire et de la science de la maçonnerie : « Il est ordonné par le Surveillant Général que la loge de Kilwinning, étant la seconde d’Ecosse, jugera l’art de la mémoire et de la science de chaque compagnon du métier et de chaque apprenti conformément à leur vocation ».
    .
    Notons que Schaw fait référence dans ses Statuts au Ms Grand Lodge N° 1 (vers 1586) qui est un « Ancien Devoir » qui succède à la fin des chantiers religieux (1530) et introduit, à la place de Pythagore, Hermes et ainsi l’hermétisme de la Renaissance, qui, on le sait est une forme de spéculation, avec une référence à « L’Art de la Mémoire » dans ces mêmes Statuts Schaw.
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    Il ne s’agit pas de valoriser inconsidérément ces Loges opératives, comme il ne s’agit pas de les dévaloriser inconsidérément.
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    La difficulté réside sans doute là.
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    Il n’empêche on ne peut pas passer sous silence le discours symbolique sur les outils qui se pratiquait dans les Loges opératives ainsi que le désigne le « Maçon Accepté » Randle Holme III dans son ouvrage Academy of Armory publié en 1688.
    Difficile de passer sous silence les recueils d’emblèmes de la Renaissance qui propulseront le sens allégorique attribué aux outils déjà très présent dans le passé puisque la spéculation des maçons de métier sur leurs outils est attestée par la maçonnerie allemande de la fin du 15e siècle.
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    Il apparaît qu’en Ecosse, au 16e et 17e siècle, le métier de tailleur de pierre (car il faut bien cerner l’artisanat qui fait sens dans la pratique maçonnique et éviter le terme générique d’opératifs) ne consistait pas uniquement en l’exercice physique de la taille de pierre, mais incorporait au préalable une dimension intellectuelle non négligeable, qui, selon les spécialistes de ces matières, consistait « en la conception et le tracé des éléments complexes des voûtes ».
    .
    Et les recueils d’emblèmes de la Renaissance propulseront le sens allégorique attribué aux outils déjà très présent dans le passé.
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    C’est l’architecture qui est au centre des débats et son corollaire, l’interprétation symbolique qui lui est immanquablement attaché.
    .
    Négliger cet aspect ne fait pas sens dans la pratique même du Métier de l’époque.
    .
    Dommage que Youtube n’existait pas à cette époque, on aurait pu avoir des surprises, dans un sens comme dans l’autre…

  • 6
    Pierre Noël
    1 avril 2025 à 13h20 / Répondre

    Un bel exemple de cette mémorisation basée sur des informations visuelles est la description du tableau de loge, exemple assez facile car basé sur un support visible (le tableau) et non mémorisé ou « imaginé » ! Quoi de plus simple que de contempler et décrire un tableau de loge ? Il requiert simplement une « systémisation » du regard (de gauche à droite et de haut en bas, par exemple) de manière à n’oublier aucun détail, aucun développement. Il est essentiel que l’orateur comprenne ce qu’il fait et parle sans entrave, sans se laisser parasiter par l’obsession du mot juste (celui écrit dans le texte imprimé). Nous avons trop souvent le spectacle lamentable d’un orateur tétanisé par la peur de ne pas trouver « le mot juste » , celui imposé dans un rituel concocté par une solennelle « loge d’instruction nationale » comme les aiment certaines Grandes Loges.

  • 5
    Pierre Noël
    31 mars 2025 à 14h24 / Répondre

    J’ai lu avec passion le livre de Frances Yates et l’ai rappelé et cité dans mon petit article.
    Je reste dubitatif devant l’interprétation de Stevenson que j’ai découverte vers 1980.
    L es statuts parlent certes de l’examen dans « l’art et la science » que devaient soumettre les « intenders » aux postulants au métier mais que recouvrait cet examen ? Enseignait-on les mystères occultes de la science médiévale aux maçons d’un mur d’enceinte, d’une pierre tombale, d’un pont sur une rivière, d’une muraille d’un château-fort, d’une contrescarpe de protection ?
    il est amusant de lire sur you tube (par exemple) les témoignages de tailleurs de pierre d’aujourd’hui sur leur métier, leurs outils, leurs techniques (taper stonemason par curiosité). On n’y parle jamais de philosophie ni de Giordano Bruno.

  • 4
    ERGIEF
    31 mars 2025 à 11h41 / Répondre

    J’ajoute qu’à partir du siècle des lumières celui ci tomba en désuétude , du fait de ses liens avec les religions post conciliaires, et ne fut plus enseigné. La FM spéculative, qui aurait pu constituer un de ses derniers bastions, par filiation avec les anciens métiers, a fini par le placardiser.
    Aujourd’hui sa partie exotérique, méthodologique, mnémotechnique, est timidement remise à l’honneur dans quelques enseignements supérieurs.

  • 3
    ERGIEF
    31 mars 2025 à 11h29 / Répondre

    Si l’art de mémoire, connu depuis la plus haute antiquité, fut un outil de transmission orale et imagière à des époques ou écriture et lecture étaient réservées aux classes sociales éduquées, il constitua dans les faits un véhicule de 1er choix pour la scolastique des églises de Rome et d’Orient. Certes à la Renaissance il fut un support de l’ésotérisme post classique mais un libre penseur et humaniste tel Rabelais s’en moquait ouvertement parce qu’il le jugeait contraire à la véritable érudition et frein à la curiosité et au libre examen, du fait de son détournement par les clercs. Ce qui ne l’empêchait en rien de finir sa vie curé de 2 églises à Meudon.
    Parmi les méthodes mnémotechniques qu’enseigne l’art de mémoire celle du palais est un formidable outil pour qui la maîtrise.
    D’autre part, pour toutes les raisons qui précèdent, la formule « Temple de Mémoire » me semble vouloir désigner, au travers du temple archétype de Salomon, la Tradition que René Guénon, n’en déplaise à ses détracteurs , qualifiait de primordiale.

  • 2
    Jean-Michel Mathonière
    30 mars 2025 à 8h22 / Répondre

    Concernant l’art de la mémoire, il est important à ajouter que la publication la plus importante sur le sujet est le livre de Dame Frances A. Yates, citée dans cet article pour son « The Rosicrucian Enlightenment » (1972) : « The Art of Memory » (1966) (traduction française, « L’Art de la mémoire », 1987). Basé essentiellement sur l’architecture, l’art de la mémoire est une composante essentielle de la culture de la Renaissance — où l’architecture elle-même est prépondérante.

  • 1
    Remi
    30 mars 2025 à 7h14 / Répondre

    Un très grand merci à PN pour cette belle contribution riche et intéressante. 👍😊

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