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-24- Cette intervention nous enjoint à mieux comprendre ce qu’on aurait mal compris.
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On nous explique que « les maçons de 1717 acceptaient en loge tous les hommes qui conformaient leur comportement à la « religion naturelle » qui consiste à « être des hommes bons et vrais ou hommes d’honneur et d’honnêteté ».
D’où sort cette obligation de comportement ?
Où est-elle spécifiée ?
Mystère.
Où est le rejet de « l’athée stupide » et du « libertin irréligieux » dans ce descriptif hâtif, pareillement présent chez les Antients ?
Evaporé.
On nous parle de « religion naturelle » comme on nous parlerait d’un quelconque rejet de la déité dans une optique de laïcité en filiation avec le GODF.
Or « L’Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers » imprimée à Paris en 1737, donne deux définitions de la « religion naturelle », dont celle-ci, qui en la circonstance nous concerne car il est fait explicitement référence à Newton et aux déistes anglais par l’intermédiaire des Unitariens :
« Il faut admettre l’existence d’un Être suprême, éternel, infini, intelligent, créateur, conservateur et souverain maître de l’univers qui préside à tous les mouvements et à tous les événements qui en résultent… »
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Si sont nommées, dans les « Constitutions » de 1723, les cultures chaldéennes, Egyptiennes, Mésopotamiennes, Israéliennes, Romaines, Grecs, pourquoi passe-t-on sous silence « ADAM, notre premier parent, crée à l’image de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers » et évacue-t-on le « Messie de Dieu, le Grand Architecte de l’Eglise » ?
Pourquoi ne fait-on pas état de la culture biblique explicite qui englobe la descendance d’ADAM : CAIN, ENOCH, SETH, TUBAL-CAIN, JUBAL, JABAL, NOE et ses fils JAPHET, SEM et CHAM, NEMROD dont il est dit que c’est « le nom qui fut donné par la Sainte Famille et par MOISE » ?
Pourquoi ne pas évoquer la notion du « Dieu tout puissant » « l’omnipotent Architecte de l’Univers » en référence à AUGUSTE, NABUCHODONOSOR, Le GRAND CYRUS, au peuple d’ANGETERRE, aux Rois SAXONS et ECOSSAIS, au Roi ATHELSTAN, au TABERNACLE.
Pourquoi, concernant le Temple de Salomon, ne pas citer ce que les « Constitutions » de 1723 en disent : « Modèle que Dieu avait montré à Moïse sur la Montagne », « Temple du VRAI DIEU », ainsi que du « Temple du Dieu ETERNEL à Jérusalem » et concernant les « 3600 Princes » qui œuvrèrent au Temple de Salomon, on cite « Roi (I, v. 16) », « Roi (v. 14), « Chroniques (II, v. 18) », « Chroniques (II, v. 16) », Chronique (II, v. 14) ».
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Pourquoi refuser de considérer ce qui apparaît comme étant un « Centre d’Union », un « Centre d’Harmonie » sans que ne prédomine une doctrine particulière dans cette cohabitation de plusieurs cultures, dont la culture chrétienne et qui cohabitent et s’entremêlent sans dogmatisme affiché dans un environnement anglais éclairé par le siècle de Lumières ?
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Concernant Ahiman Rezon, Dermott aurait fait du biblisme et du catholicisme à tous crins et se serait écarté complètement des « Constitutions » de 1723.
En est-on si sûr ?
Pourquoi ne pas citer des noms de personnage hors Bible et hors catholicisme que Dermott évoque avec déférence : Socrate, Euripide, Démosthène (« l’honneur de l’éloquence Grec »), Virgil (« le fameux poète latin »), Servius Tullius (un autre Roi des Romains), Agathoclese (« roi de Sicile), Arfaces (« roi des Parthians »), Ptolémée (« Roi d’Egypte »), Lamusius (« roi des Lombards »), Caius Marius (« consul de Rome), Salomon (« Grand-Maître d’Israël » comme dans les « Constitutions » de 1723) etc. etc.
Il fera état des Hébreux, des Arabes, des Chaldéens, du Temple de Salomon (comme dans les « Constitutions » de 1723 !), présentera une généalogie biblique semblable aux généalogies que l’on retrouve dans les « Constitutions » d’Anderson depuis Adam…
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Et surtout pourquoi faire des liens entre religion et Franc-maçonnerie ?
Peut-on identifier un rituel maçonnique à une liturgie chrétienne ?
Y voit-on des sacrements comme dans le christianisme en faisant appel au Sacré autrement que métaphoriquement ?
A-t-on un quelconque Rite de baptême en début de Réception en Maçonnerie qui, à l’époque, rappelons-le, ne se référaient pas à une Initiation ?
Reçoit-on l’extrême-onction lors de notre passage vers l’Orient Éternel ?
N’évoquons-nous pas le secret, ce qui ne saurait être le cas en religion chrétienne ?
Le Chrétien agit en « serviteur » de sa religion, le faisons-nous ?
N’avons-nous pas un cheminement personnel, en réalisation de son propre perfectionnement et promouvant la fraternité, en dehors de toute contrainte d’ordre religieuse ?
Ne distinguons-nous pas nos mythes qui sont là pour dévoiler, de la religion qui voile ?
Pour mieux comprendre la différence entre ces deux textes, les Constitutions d’Anderson de 1723 pour les modernes et Ahiman Rezon de 1756 pour les Antients, il faut les comparer. Ils affichaient des positions très différentes notamment sur la religion.
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Les maçons de 1717 acceptaient en loge tous les hommes qui conformaient leur comportement à la «religion naturelle» qui consiste à «être des hommes bons et vrais ou hommes d’honneur et d’honnêteté». Une position laïque qui sera reprise et amplifiée par Anderson dans la version de 1738 des Constitutions, dans lesquelles il proclame textuellement la «liberté de conscience».
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A l’opposé, dans Ahiman Rezon, le texte obligeait les maçons à «croire fermement dans le vrai culte du Dieu éternel aussi bien que dans toutes ces archives sacrées que les dignitaires et les Pères de l’Eglise ont compilées et publiées pour l’usage de tous les hommes bons ».
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Là où les Constitutions de la Grande Loge de 1717 prônaient la tolérante et non pas l’obéissance à une doctrine religieuse quelle qu’elle soit, les textes des « Antients » obligeait les maçons à croire tant au culte « du Dieu éternel », celui des catholiques, qu’à la Bible en tant que document historique ! Ce sont là deux positions totalement inconciliables, et dont on retrouve encore l’opposition aujourd’hui entre les Grandes Loges dites « régulières », celles qui respectent les règles la GLUA, héritière de la GL de Dermott et qui impose toujours la croyance en un Dieu révélé, et les obédiences dites libérales et adogmatiques qui, comme le GODF, pratiquent une maçonnerie restée proche de celle créée par Désaguliers en 1717.
C’est ce qu’aiment lire beaucoup de maçons continentaux « libéraux et adogmatiques ».
En tous cas, P. Noël et consorts vous prenez les gens pour des gogos.
Dermott, et son Ahiman Rezon, condamne athéisme et déisme, seul le théisme est accepté, c’est à dire la Bible.
La superstition, Dermott n’invente rien, elle est condamnée par les trois religions du Monothéisme.
Quant à la « liberté absolue de conscience religieuse », la belle affaire !
Ahiman Rezon n’a qu’un seul objet : la religion, ancrer la Maçonnerie à la religion et qualifier de profanes tous ceux qui ne l’accepteraient pas, notamment les Moderns à qui est imposé d’être de nouveau reçus, une nouvelle cérémonie d’initiation dirait-on aujourd’hui, pour être acceptés chez les Antients.
Les mots ont un sens. S’il vous échappe, il n’échappe pas aux Maçons.
Rien, absolument rien sur les prétendues raisons données ici et ailleurs de la querelle Antients/Moderns, initiée par Dermott, ne se trouvent évoquées dans Ahiman Rezon.
Ces prétendues raisons, comme le mépris de classe, ne sont que conjectures.
En revanche, il y a une raison bien précise à l’amertume de Dermott vis à vis des Moderns, et celle-ci est très clairement évoquée dans la Constitution des Antients Ahiman Rezon : la religion.
L’unique objet de Ahiman Rezon est de rappeler que la Maçonnerie est souchées sur la religion et que sans la religion la Maçonnerie n’est rien.
Dermott consacre en outre un chapitre de ses Constitutions, « Adresse à la Fraternité » repris en tête du présent article, où il estime que les Moderns ne sont pas dignes de recevoir tous les secrets maçonniques.
En cause, leur Maçonnerie n’a rien de religieux.
Dans « Adresse à la Fraternité » il entend par « cérémonie supplémentaire » ni plus ni moins qu’une nouvelle réception.
Ahiman Rezon, disponible en français sur simple recherche internet.
Lire Ahiman Rezon avec une idée fixe (la religion!) conduit à un non-sens, « panglossien » si je peux me permettre. La lecture des minutes de la GL selon les anciennes constitutions (que j’ai commentées sur hiram.be) ne montre pas trace d’une obsession de ce type.
Je doute que notre aimable commentateur ait jamais lu l’un ou l’autre de ces documents. Et s’il les a lus, il ne les a pas compris (aurait dit Alain Bernheim).
Le 40 premières pages d’Ahiman Rezon sont un commentaire des Constitutions de 1738. Ils insistent sur la liberté « absolue » d’engagement religieux, mais il faut les lire !
A Mason Is Obliged By his Tenure To Believe firmly In the True Worship of The Eternal God, as well as In all those sacred Records which the Dignitaries and Fathers of the Church have compiled. So that no one who rightly understands the art, can possibly tread in the irreligious Paths of the unhappy Libertine or be induced to follow the arrogant Professors of Atheism or Deism ; neither is he to be stained with the gross Errors of blind Superstition, but may have the Liberty of embracing what faith he shall think proper, provided at all Times he pays a due Reverence to his Creator … Instead of entering into idle and unnecessary Disputes concerning the different Opinions and Persuasions of Men, (the Craft) admits in the Fraternity all that are good and true.
Mes excuses à tous (je traduis):
« Un maçon est obligé par contrat de croire fermement en l’authentique culte du Dieu éternel, ainsi qu’aux écrits sacrés compilés par les dignitaires et Pères de l’Eglise. En sorte que nul qui comprend bien l’art (le métier) ne peut s’engager dans les chemins du malheureux libertin ou être amené à suivre les arrogants professeurs d’athéisme ou de déisme. Il ne peut non plus être souillé par les grossières erreurs de la superstition aveugle, mais peut avoir la liberté d’embrasser quelque croyance (foi) qu’il estime appropriée, pourvu qu’en tous temps il révère son Créateur… Au lieu d’entrer dans de vaines et inutiles disputes concernant les différentes opinions et les convictions multiples des hommes, (l’Ordre) admet dans la Fraternité tous ceux qui sont bons et sincères. »
Cher Pierre, je crois qu’il convient de rajouter « irréligieux » entre « chemins » et « du malheureux…. » sinon le contradicteur obsessionnel va encore nous faire un cours de maçonnerie à sa façon. 🙂
En tout cas, il occultera la phrase : « Il ne peut être souillé par les grossières erreurs de la superstition aveugle, mais peut (may) avoir la liberté d’embrasser quelque croyance qu’il estime appropriée’.
http://www.gpsdf.org/documents/Ahiman%20Rezon.pdf
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Extrait, page 22 :
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– … des principes de l’Art : ils seront, je l’espère, justement admirés, parce qu’ils reposent sur la religion, la morale, l’amour fraternel, et l’esprit de compagnonnage.
Un Maçon est tenu par son engagement d’adorer vraiment le Dieu éternel et de croire fermement en lui, comme en toutes ces archives sacrées que dignitaires et pères de l’église ont compilées et publiées à l’usage des hommes de bien. Donc, quiconque comprend correctement l’Art, ne peut marcher dans la voie sans religion des malheureux libertins ni être amené à suivre ceux qui professent avec arrogance l’athéisme ou le déisme.
En effet les Antients et les Moderns se différenciaient par leur recrutement. Wigs vs Tories, émigrants irlandais (Dermott) et écossais vs locaux anglais, catholiques vs protestants et anglicans, stuartistes vs loyalistes etc… Comme tu l’écris le mépris de classe est très caractéristique de la société britannique et la rancune des irlandais et des écossais à l’égard des anglais est toujours présente. Je me souviens d’une conversation à Dublin avec un irlandais me montrant des immeubles construits au XVIIIe siècle par les « colons anglais » (sic.). Sans oublier qu’à l’époque la Grande Loge d’Irlande revendiquait l’antériorité sur celle de Londres ainsi qu’une maîtrise des pratiques rituelles plus ancienne et plus élaborée au sein de ses loges.
La même dichotomie se retrouvait dans l’Amérique coloniale).
les antients majoritaires, classes populaires et laborieuses, certainement plus religieuses (comme le sont restés les Américains); les Moderns élitistes, nantis, propriétaires terriens, proches du pouvoir et conservateurs.
Le mot « posh » rend tout cela, mieux qu’un long discours.
Le courage est aussi admirable que la couardise est méprisable.
J’avais apprécié celui de Pialat devant un parterre de tdc qui le sifflaient et persiflaient :
« Si vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas non plus »
Désolé, je n’avais pas vu la nouvelle reconversion : la ROUTE d’ANUBIS.
Après les « Constitutions » de 1723 vues à travers le prisme de la Grèce antique par DESAP, et à travers le prisme de l’Ancienne Egypte par ANUBIS/RE, serions-nous par l’entremise de cette ROUTE sur le Chemin de Damas dans une reconversion chrétienne ? Pour cette dernière reconversion j’ai de sérieux doutes… J’espère qu’on m’excusera pour cette arrogance toute passagère…
Anubis/Re, l’égyptophile radical, précédemment Désap, le philhelleniste tout aussi radical, vise à un changement de pseudo en « l’Epicier », afin de pouvoir raconter à satiété ses salades qui encombrent son officine, à moins qu’il vise « Betteravier », afin de pouvoir casser du sucre à tout va sur le dos de tout un chacun …
Article hyper intéressant ! J’y ai appris pas mal de choses.
Quel plaisir de lire ce genre de contributions bien pensées et structurées.
Mille mercis !
les lettres de Verus Commodus datent de 1725. Dermott avait 3 ans !
Et bien votre texte n’est pas clair.
Et puis, qui a entendu parlé des Verus Commodus ?
Quid hoc est ?
« Verus Commodus » est un pseudonyme du XVIII° siècle, comme « Anubis Rê » ou « Désap » le sont du XXI° siècle.
Pas le temps de jouer aux devinettes.
Humm, humm … mes sources sont :
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– Un article de Pierre Noël intitulé : « Quand Lawrence Dermott, le soi-disant Antient, brocardait les Moderns ! » paru sur le blog Hiram.be le 29 avril 2023 (je ne connaissais pas l’existence des lettres de Verus Commodus de Dermott ?)
– Ahiman Rezon, édition 1778, chapitre « Adresse à la Fraternité » (que je connaissais).
L’ensemble repris dans un article de Pierre Noël intitulé : « Quand Lawrence Dermott, le soi-disant Antient, brocardait les Moderns ! » paru sur le blog Hiram.be le 29 avril 2023.
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Humm, Humm, Humm, défense de rire ??
En résumé, Dermott n’a jamais qualifié les Maçons de la GL d’Angleterre de ruffians … sauf dans les lettres qu’il leur adressait.
En outre, il clamait haut et fort, cette fois-ci, qu’il était hors de question de leur accorder la moindre confiance.
Une paille, des détails sans importance.
Faut quand même le dire !
Avancer une énormité, sans le moindre argument concret qui puisse l’appuyer, … c’est pas une connerie ?
Une preuve de plus, avec ce texte adressé par Pierre Noël, que les chicailleries maçonniques ne datent pas d’hier, et que les progrès en cette matière restent au point mort, voire reculent sérieusement, surtout quand des instances de « grandes obédiences » dont on a remarqué récemment le déclin, traitent ceux qui ont quitté leurs rangs pour fonder des structures où la fraternité et le travail maçonnique sont plus importants que la bureaucratie, de « pseudo-maçons ».
J’aimerais répondre à Brumaire qu’elle a raison! Oui, bien sûr. Les querelles existaient entre maçons en d’autres siècles (et existeront toujours). Mais il ne faut pas oublier que celles dont on parle venaient d’un mépris de classe, affiché, outrancier, entre deux mondes socialement, culturellement et financièrement à l’opposé l’un de l’autre.