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Géplu.
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Je profite de cette occasion pour une réflexion indue, alors qu’on ne cesse de parler de démission par manque d’intérêt ou déception.
Combien de nos correspondants savent que hiram.be est une source quasi inépuisable de renseignements, d’informations, d’explications, de réponses à leurs questions (symboliques, historiques, littéraires …) ? Il serait lamentable de s’en passer ! Or combien consultent la barre d’outil en haut de l’écran pour chercher les/des sujets déjà traités sur ces colonnes ?
A lire ces rituels et développements, je comprends de moins en moins pourquoi des commentateurs bien-pensants ont pu décrire, depuis 200 ans et plus, le mouvement de Weishaupt (les « Illuminés de Bavière ») comme un épouvantail d’extrême-gauche, honni par les bonnes gens, renié par les francs-maçons de tout bord, alors qu’il n’est rien d’autre que l’expression des idées avancées de l’époque, celles qui ont amené la Révolution en France et le progrès ailleurs.
« The secret school of Wisdom » (2015) fut édité par Josef Wäges et Reinhard Markner, traduit de l’allemand par Jeva Singh-Arnand (Lewis Masonic). Sous le titre accrocheur, se cache une mine d’or.
C’est un livre de 447 pages qui contient la traduction intégrale des rituels, constitutions, instructions, commentaires des Illuminés de Bavière, tels que confisqués en 1784, en Bavière précisément. Ce sont les textes de Weishaupt et ceux de Knigge, traduits en anglais (les cinquante pages d’introduction expliquent la provenance des sources). Les rituels dits « maçonniques » sont ceux, usuels, de la franc-maçonnerie française du temps, à peine simplifiés, avec des grades bleus, un Ecossais et une espèce de Rose-Croix (Weishaupt n’a jamais dépassé le bleu)
Les premiers grades (la classe du minerval) ne sont pas « maçonniques ». Ils furent écrits par Weishaupt, encore « profane », avant l’intervention de Knigge (qui lui était maçon et de haut vol). Ce, sont ceux de novice, de Minerval, de Minerval -Illuminé et d’Illuminé-dirigens. Ils sont ceux de toute initiation dans une société secrète, une promesse de silence, une instruction, des signes de reconnaissance mais quelques points sont remarquables : la promesse d’obéissance absolue, quasi militaire, à des Supérieurs inconnus (on reconnaît là le fascination, haine et admiration à la fois, de l’ordre « militaire’ d’Ignace de Loyola) ; le sacrifice de sa liberté personnelle aux fins des Supérieurs qui ne peuvent se tromper ; l’étude, la lecture sont essentielles mais leurs résultats doivent être communiquées aux Supérieurs ; les réunions sont des réunions d’études et d’échanges ; une « ode à la sagesse » est lue lors de chacune d’elles ; l’étude suprême est l’étude de l’homme.
La réception est différente selon que le candidat est jeune et inexpérimenté ou d’âge mûr et expérimenté.
Il est bien spécifié qu’il ne s’agit ni d’attenter à la structure de l’état ni à la religion et à l’église, contrairement à ce qui est raconté partout (sans se rendre compte que ce sont des colportages d’auteurs réactionnaires, foncièrement opposés aux « Lumières »).
Les devoirs des officiers sont détaillés dans des instructions séparées, magistrat, censeur, questeur, secrétaire.
Le symbole de l’ordre est la chouette, oiseau de Minerve (d’où le nom minerval).
On y distingue très clairement ce qui est maçonnique et ce qui ne l’est pas je peux vous dire que la lecture en est bien indigeste et, en un mot, emmerdante ! Mais rien de ce que j’ai lu jusqu’ici ne correspond à ce qu’on en colporte. Il n’y est question ni de révolution, ni de bouleversement social mais uniquement de progrès vers le bien, d’amour et de fraternité dans le plus pur style rousseauiste.
(C’est à croire que les critiques ne les ont jamais lus).
Je n’ai pas eu le courage de tout lire mais dans ce que j’ai déjà lu, je n’ai rien trouvé des inepties qu’on raconte sur ce mouvement, très en avance sur son temps et dans la ligne du mouvement des « Lumières », certes « révolutionnaire dans une Bavière dévote et obscurantiste. .
L’ordre fut interdit en Bavière en 1785. Les textes furent publiés dès 1788. Un livre intitulé Der ächte Illuminatus (le véritable illuminé) fut publié en 1788, contenant l’Essai préliminaire, le novice, le Minerval, l’Illuminatus minor, l’Illuminatus major.
En 1793 et 1794, les degrés supérieurs (Illuminatus dirigens, Presbyter et Princeps) furent publiés en deux livres anonymes, Die neuen Arbeiten des Spartacus und Philo. Jusqu’à aujourd’hui, toutes les analyses, pour ou contre, furent basées sur ces seules sources.
Or tous ces commentaires imprimés sont biaisés, corrompus et fautifs, ce qui rend toute interprétation aléatoire. Il faut étudier les manuscrits, conservées pour la plupart aux Geheimen Staatsarchiv Preussischer Kulturbesitz à Berlin, où elles furent déposées par la Grosse National-Mutterloge Zu den drei Weltkugeln. Elles furent copiées par un seul scribe, sur un papier portant le même marquage. Les manuscrits ne sont pas datés mais estimés écrits sur une courte période postérieure à 1783.
Les textes transcrits et traduits dans ce livre proviennent pour la plupart des archives prussiennes et chaque manuscrit porte le sigle FM avec un n° d’ordre. D’autres sont conservés à Hambourg, d’autres enfin ont disparu mais furent transcrits par Schröder au début du XIX° siècle.
Si ce qu’écrivent nos deux auteurs est exact, les analyses antérieures, dont celles de Le Forestier, sont gravement erronées, sans même mentionner les conneries innombrables qui se succèdent depuis deux siècles.