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« The Whole Institutions of Free-Masons opened » est un gazetin (dont ce fut l’unique édition) imprimé à Dublin par un certain Wilmot, en 1725, avec comme adresse, « Blind key », jeu de mots masquant l’adresse réelle de l’imprimeur, le « Blind Quay », devenu à présent l’Exchange Street, (à Dublin toujours). C’est la « clé aveugle » indiquée en fin de l’impression originale ! Plusieurs libraires et éditeurs résidaient au début du XVIIIe siècle dans cette rue proche de la Liffey et du château de Dublin. En 1726, W. Wilmot était l’un d’eux. Il mourut l’année suivante et une concession d’Intestat est enregistrée au nom de « Willmot William, imprimeur, Dublin. 1727 ».
Pour en rester aux fantasmagories, une des divulgations britannique (The whole Institution opened, gazetin publié à Dublin en 1725 en une feuille volante dont il ne subsiste qu’un exemplaire, reflet probable de son insignifiance) décrit trois « prises », aux doigts, au poignet et au coude, accompagnées de mots (ou de couple de mots) aisément reconnaissables par un maçon « normal ». Cette progression naturelle se termine par :
« I want the primitive Word, I answer it was God in six Terminations, to wit : I am, and Johova is the answer to it and Grip at the Rein of the Back ».[Notons que cette prise « à l’échine du dos » qui se poursuit par les « cinq points » classiques n’a pas été conservée].
Cette réplique évoque pourtant bien des choses ! Lorsque Dieu révèle son nom à Moïse lors de l’épisode du buisson ardent, connu de tous, mécréants et autres, il dit “I AM WHO I AM. This is what you are to say …I AM has sent me to you’” (Exodus 3:14) (Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle ‘je suis’ m’a envoyé vers vous).
Au sens premier du texte, Dieu dit s’appeler « Je SUIS » (I AM). La divulgation de 1725 ne dit rien d’autre ! L’examinateur dit « Je veux le Mot primitif », l’interrogé répond que c’est Dieu « en six terminaisons » (3 couples de deux mots). Le premier est « I am », et Jéhovah est la réponse ! De même, dans le Nouveau Testament, lorsque Jésus dit « JE SUIS » en réponse aux Pharisiens (« Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis ». Jean 8.58, Segond), il croit ce qu’il dit et s’identifie au Père !
Que la traduction de l’hébreu soit erronée ou pas, ne change rien au sens que les protestants ont donné à cette phrase ; qu’on y « croie » ou non est hors sujet et n’a aucune importance (ni d’ailleurs aucun sens), le fait est que cela fut imprimé dans un contexte maçonnique avant de tomber dans l’oubli, comme bien d’autre choses (le nom d’Allah notamment qui apparaît dans une divulgation de l’année suivante).
@ 61 – I am who I am ne vaut pas mieux que Je suis qui je suis. La formule hébraïque Ehyeh Acher Ehyeh est un inaccompli qui affirme l’immuabilité de la nature divine, par l’introduction du futur, et dont la plus proche traduction en français est Je suis celui que je serai.
@ à Ergieff : Je m’attendais à cette réponse, d’où mon avertissement (« que la traduction de l’hébreu soit erronée ou non »). Ce qui importe ici n’est pas la vérité philologique, mais ce que connaissaient/interprétaient les rédacteurs de 1725 (qui se basaient sur la KJV ou la bible de Genève).
@ 63 PIERRE NOËL. Tout a fait d’accord avec toi, c’était juste pour faire avancer le schmiblick.
Sous couvert de fantasmagories (?), d’une feuille volante en unique exemplaire dont la valeur est considérée comme étant insignifiante (quid d’autres catéchismes regroupant ces mêmes aspects ?), d’une exégèse biblique sans autre finalité, d’un document atypique qui serait tombé dans l’oubli ; le catéchisme irlandais, qui au passage perd sa signification irlandaise, « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725, se retrouve relégué au « Cabinet des curiosités » maçonniques, où, en l’état, il aurait pu faire partie de la collection du naturaliste britannique Hans Sloane.
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Cela étant je n’ai aucune difficulté à admettre ce rejet systémique, même si à mon modeste niveau de connaissance de ce sujet, j’arrive jusqu’à présent à d’autres conclusions qui pourront toujours être remises en cause, tant est que l’esprit d’ouverture est l’objet même de la recherche.
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J’aimerais simplement rappeler que lorsque j’ai fait état de « nouveautés » inhérent à ce catéchisme, il ne s’agissait bien évidemment pas de l’important contenu biblique qui a été très justement reproduit (et qui pourrait cautionner un contenu irlandais, les Irlandais étant de fervents catholiques), mais de la première formulation de 3 Cérémonies qui apparaissent reproduit sur ces schémas bibliques, rejoints par un autre Ms irlandais « Grand Mystery Laid Open » de 1727 qui mentionne à son tour une série de 3 mots, signes et attouchements, tous éléments qu’on retrouvera ultérieurement reformulé dans l’Arc Royal avec les terminologies tels Guibulum (dérivé de Giblin), Jéhovah, « Je suis », « Excellent et très Excellent ».
On pointera plus tardivement dans la Maçonnerie française les mêmes terminologies (ou avoisinantes) que dans « The Whole ».
Dire que ce MS est tombé dans l’oubli ne semble pas rencontrer la réalité des faits que ce soit à travers l’Arc Royal où la Maçonnerie Française dès 1740 avec l’Installation ésotérique d’un Maître de Loge.
-56- Cette intervention n’est pas une surenchère, mais j’aimerais revenir sur ce qui a été considéré comme étant, je cite : « le non-sens de certains passages (notamment le charabia pseudo-arabe du GM LAID OPEN) »
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Il y a dans « The Grand Mystery Laid Open » de 1726 des terminologies qui ne furent peut-être pas comprises, mais qui pourraient être éclairées sous couvert de Cabale, voir en référence à certaines pratiques liées à l’Islam.
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Prenons l’extrait où il est question de « Laylah Illallah » comme étant le nom de Dieu « qui est qu’il n’est aucun Dieu que Dieu ».
Il s’agit de l’invocation la plus communément admise et utilisée dans la pratique du « dhikr », directement reliés aux confréries Soufies (confrérie des « Bektachis »).
Les linguistes pensent que « Laylah Illallah » est une déformation de Shahâdah, Lâ ilâha illâh Llâh dont les 4 mots constituent les 4 dents de la clef qui ouvre, pour les Soufis « toutes les portes de la parole de Dieu ».
« Laylah Illallah » sera considéré dans ce Ms comme étant « le premier maçon », « Dieu et l’Equerre » qui dans le judaïsme est une liaison avec « El Shadaï », et on retrouve « l’Excellence des Excellences » et le lien que nous pouvons faire avec « l’Excellent Maçon », nom attribué à « Giblin ».
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Nous avons un « Mot secret » : l’étrange « Checchehabeddin Jatmouny » dont il est dit que « C’est un mot cabalistique composé d’une lettre de chacun des noms de Laylah Illallah ».
Nous pourrions avoir à faire ici à la Cabale « notariqon » (dite littéraire), une des 3 formes cabalistiques littéraire avec la gematria et la temurah.
« A Defence of Masonry » (1730-31), texte en réaction à la publication de Prichard, fait état de la relation Cabale-Franc-maçonnerie et donne la bonne définition de la Cabale « notariqon » : « The Cabalists, another Sect, dealt in hidden and mysterious Ceremonies […] the Perfection of their Skill consisted in what the Dissector calls Leering of it, or by ordering the Letters of a Word in a particular manner »
Le « notariqon » consiste en effet à se faire succéder des termes sans apparentes significations, sauf à en posséder la clef.
Ainsi le nom esquivé du mot « Kabbalah » est « hrtcn hmkx ».
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Il y a ce questionnement : « Qui est le grand-maître de toutes les loges dans le monde ?/INRI.
Cette réponse se retrouve dans le concept de « L’Unio Mystica » qui apporte un nom secret désigné en lettres (INRI) qui cache le Nom Imprononçable hébraïque, et rappelons-nous que Hiram sera déifié et comparé au Christ.
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Avant 1730, des lettres hébraïques apparaissent à la suite « des signes et attouchements » dans le MS « A Mason’s Examination » de 1723, et on sait que les textes hébreux étaient souvent assimilés à la littérature kabbalistique.
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Historiquement on apprend, qu’à la suite de l’établissement de la Compagnie anglaise des Indes orientales en 1600, les échanges commerciaux puis culturels entre Anglais et Ottoman se multiplient.
De nombreux membres de la « Royal Society » (1661) s’intéressent à l’orientalisme jusqu’à acquérir et traduire des milliers de manuscrits scientifiques et religieux, et trois ambassadeurs de l’Empire Ottoman sont reçus membres de la « Royal Society » en 1682,1726 et 1728.
Le Ms « Sloane N° 3329 » daté de 1700 (certains donnent la date de 1640) fait état d’un signe particulier à donner pour s’adresser à « un maçon en France, en Espagne ou en Turquie », et nous savons que maints signes maçonniques sont d’un premier abord peu compréhensibles.
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Une lecture particulière peut donc être trouvée, mais il reste des interrogations comme « le marteau et la truelle » qui deviennent « Asphahani et Talagaica » (invention, mauvaise retranscription ?).
Association des Historiens Spéculatifs Amateurs de Trifouillis-lez-Oies, spécialistes de l’Irlande, de l’Ecosse et de l’Angleterre des XVIIé et XVIIIè siècles.
Études de manuscrits, interprétations de légendes urbaines et rurales, découvreurs de secrets.
Candidature : s’adresser au secrétariat, Boucherie Sanzot – Moulinsart – Téléfon : Bruxelles 26 34.
La réponse 55 ne peut qu’embarrasser le lecteur d’hiram.be ! Elle donne un n° erroné de la Boucherie Sanzot et ne contribue pas à résoudre le dilemme : le n° en question est-il le 421 ou le 431 à Moulinsart ?
??? Excellent mon cher Pierre Noël ! C’est à l’humour que l’on reconnaît le mieux le maçon.
La progressive mise au jour du Métier à partir de la seconde moitié du 17è sc. et la multiplication des réceptions en loge de personnages qui n’avaient rien d’intellectuels et tout de curieux, simplement parce qu’ils avaient la capacité de payer deux shillings, a favorisé le développement de toutes sortes de mythomanies autour des signes, mots, attouchement, symbols, phrases du rituel ou l’emplacement des Surveillants, celui-ci, excellent exemple, qui ne fût jamais dictée par autre chose que la position la porte d’entrée de la loge de manière à ne pas l’encombrer.
A coups d’études approfondies de MS ou supposés catéchismes faisant état desdites mythomanies qui devaient déjà bien faire rire les opératifs de l’époque, certains à leur tour aujourd’hui cherchent la substantifique moelle de ces délires, prenant appui et valorisant leurs fumeuses analyses sur les non moins fumeuses spéculations et hasardeuses affirmations de « grands Maçons » contemporains.
C’est un des risques connu de la pratique maçonnique : tomber dans une infinie fantasmagorie.
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Le mot en question permet l’accès à la Ch:. d:. M:. parce que seul le Maitre est maçon, basta.
G = Géométrie = G:. A:., basta également.
Essayons déjà d’épuiser toute la signification rituelle de la Lettre, on en est encore très loin ; c’est d’ailleurs ce dont on entend le moins parler, étonnant n’est-ce pas ?
-44- « C’est un des risques connu de la pratique maçonnique : tomber dans une infinie fantasmagorie. »
Je suis amplement d’accord.
Ce contenu hallucinatoire en est le parfait reflet.
Au moins il a eu l’avantage de me mettre en joie, j’ai bien ri…
45 – Grand bien te fasse Ghiblim,
ou Giblim ou Gibboram ou Guibulum ou Giblin,
enfin tu choisiras le pseudo qui te plais le plus champion
??
-44- Reprenons notre sérieux quand on sait que le rire peut cacher un déficit de démonstration qui n’est pas présent dans mes interventions sur « Ghiblim », mais ce déficit est flagrant dans cette intervention 44 qui ne fait qu’affirmer sans le moindre contenu sourcé.
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On y trouve aussi des manquements qu’on peut, connaissant ce locuteur, aisément qualifier de voulu ou d’idéologique, on choisira la formulation.
Ainsi ce catégorique « G = Géométrie = G :. A :., basta »
Et G = God ?
47 – « G = Géométrie = G :. A :. » c’est le rituel, au premier grade.
Tu ne devrais pas hésiter à le lire et l’exploiter, c’est la seule source et le seul support de travail valables.
* Erratum : rituel du deuxième grade.
Mes excuses, chacun aura rectifié.
Me voila embarqué dans un débat bien éloigné d’Edimbourg, des opératif écossais et de Nessie, par l’érudit commentaire d’un correspondant sérieux qui a introduit Giblin(m) et ses corruptions conduisant à la lettre G et au bon dieu, du moins si l’on en croit son représentant, René Guilly.
Le mot, il est vrai, est d’importance dans le discours maçonnique où il sert de mot de passe, ouvrant au récipiendaire les portes d’un monde supérieur, présumé meilleur : le grade de maître au rite français, le vénéralat d’une loge britannique ou l’orient d’un chapitre arciforme ! Dans tous les cas, il se contenta pourtant de s’affirmer excellent maçon, sans prétention à la sainteté ni à l’appréhension métaphysique du G dans l’étoile, se contentant d’une modestie de bon aloi lorsque la Grande Loge s’apprêtait à fêter dans l’indifférence générale son dixième anniversaire.
La mention ’était biblique car où la trouver sinon dans ce roman de l’imaginaire humain qu’est la bible ?
17 And the king commanded them, and they brought great stones, costly stones, to make the foudation of the house, even hewed stones.
18 And Solomon’s workemen and the workemen of Hiram, and the* masons hewed and prepared timber and stones for the building of the house.
*The Ebrew word is Giblim, which some say excellent masons. I Kings 5, 17-18.
[Giblim est le pluriel de Gibli, habitant de Gebal]
And Solomon ‘s builders and Hirams builders did hew them, and the *stone-squarers
*Or Giblites Ezek 27, 9
Dans la KJV, la réf d’Ezekiel dit : « the ancients of Gebal »
Gebal (ou Byblos) est une ville phénicienne à 18 miles au nord de Beyrouth, au bord de la Méditerranée. Les citations bibliques montrent la connexion de ses habitants avec la construction du temple de Salomon. La qualification, excellent maçon, est remarquable par l’adéquation de son choix à l’activité réelle ou affectée de ses détenteurs. Par contre, de ses relations avec le principe/divinité il n’y a guère quoi qu’en disent les maçons, nos frères.
« Le mot, il est vrai, est d’importance dans le discours maçonnique où il sert de mot de passe […] le grade de maître au rite français, le vénéralat d’une loge britannique ou l’orient d’un chapitre arciforme ».
Oui, mais il s’agit ici d’une réaffectation du mot « Ghiblim » qui apparaît d’abord en France en 1745 avec « L’Ordre des Francs-maçons Trahi ».
Au paravent il a été évincé de sa place par les « Moderns » après la place octroyée à « Macbena », le « nom d’un maçon » n’est plus « Giblin » comme dans le Ms « Wilkinson » de 1727, mais bien « cassia ».
C’est donc en amont qu’il faut chercher la place première de « Ghiblim » pour avoir une chance de le relier à la lettre G.
Et c’est le catéchisme irlandais de 1725 dont j’ai déjà parlé « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » qui fait apparaître le mot « Gibboram », un dérivé de « Giblin », avec la progression Jachin/Boaz et index, Magboe/Boe et poignet, Gibboram/Esimberel et coude.
Ce « Giblim », « Excellent Maître » avec « griffe au coude » est le qualificatif du Maître Installé ou de Compagnon de « Royale Arche » au 18e siècle avec, nous allons le voir, des connotations à caractère divin qui peuvent être trouvées.
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« La qualification, excellent maçon, est remarquable par l’adéquation de son choix à l’activité réelle ou affectée de ses détenteurs. Par contre, de ses relations avec le principe/divinité il n’y a guère quoi qu’en disent les maçons, nos frères. »
Ce n’est pas ce qui apparaît lorsqu’on se penche sur les premières significations de « Giblin ».
Reprenons notre catéchisme irlandais de 1725 avec la progression « Gibboram/grippe au coude ».
Ce qui suit est la demande du mot primitif qui est Dieu en six termes, à savoir « Je suis » ajouté à « Excellent et Excellent, l’Excellence est sa réponse ».
Or « Giblin » est un « Excellent Maçon » comme God est un « Excellent Constructeur », comme le Christ est l’« Excellent Maçon qui saura rebâtir le Temple en trois jours », comme « Le Grand Maître Hiram » sera l’« Excellent Architecte » dans une vision pourrions-nous dire supra-humaine (figure du Christ).
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Il y a pour le moins des liens à explorer avec un « principe » et des références trouvées avec le « Royal Arche » avec Guibulum (dérivé de Giblin), Jéhovah, « Je suis », « Excellent et très Excellent ».
Lien également avec la Pierre Parfaite, l’Arche, où on retrouve la lettre G associé à l’« Installation Secrète » de « Ghiblim », ce Grand Maître dont la prérogative serait de diriger les Travaux de toute Loge où il se présenterait (« Parfait Maître Anglais ») avec une mission d’ordre divine par « Glory to God » et « Grandeur to the Master » (voir « J et B »).
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Sur ce même plan de la divinité, il se trouve dans le Fonds Kloss ca. 1765, un grade français de Royal Arche dénommé « Maçonnerie des Hommes » (Bibliothèque du Grand Orient des Pays-Bas) où on trouve une illustration qui montre les neuf arches, avec les rayons de lumière tombant sur le Triangle Divin avec les lettres M (oabon) au sommet du triangle, G (iblim) et G (iblum), dites ensemble « Mot Sacré, les trois initiales du vrai nom du Grand Maître Hiram ».
Hiram, identifié comme étant l’architecte du Temple assimilé à Jehova (parfois écrit « Geova » ou « Gehova ») par le simple fait que la Bible (en I.Chr.28) désigne l’Architecte comme étant Dieu lui-même qui a donné à David les plans du Temple.
A la fin du 18e siècle les anglais renonceront à affirmer la nature divine d’Hiram alors que cet élément était préservé dans les Rituels de la tradition française (RER de 1782, Rite Moderne du « régulateur du Maçon »).
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Des liens peuvent donc être trouvés, mais il s’agit d’un jeu de piste particulièrement complexe et enchevêtrés, la maçonnerie française ayant retrouvé tardivement des principes premiers du mot « Giblin ».
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Signalons au passage que la lettre G n’a jamais été associée à Géométrie dans les « Old Charges », il y a, bien entendu, une déduction simple à faire, mais cela prouve qu’à l’origine il n’était pas d’usage d’utiliser la lettre G en rapprochement d’un mot qu’on ne formalisera seulement avec « Géométrie » dans le Ms « Simon and Philip » de 1723.
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Il en va de même pour G = Giblin, sauf qu’ici le lien n’a jamais été formellement formalisé et cela s’apparente plus à un labyrinthe dont il faut trouver la sortie… pour peu qu’il y ait un lien entre les deux diront les plus sceptiques…
Mais avant d’en arriver à cette dernière conclusion il faudra écumer l’ensemble des documents, en dégager les prémices, établir des ponts et bousculer certaines idées reçues sur la notion de grade à ces époques de formation.
René Désaguliers n’a pas mis 30 ans d’étude pour rien avant de conclure, avant que ses suiveurs ne prennent le relais…
N’en jetez plus !
Devant une telle diarrhée de convictions plus qu’assurées, mes modestes remarques ne peuvent qu’être balayées comme fétu de paille dans une mer déchaînée ! Tout au plus oserai-je timidement faire remarquer que rien ne prouve que le catéchisme « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » soit irlandais d’origine, sinon son lieu d’impression (ce qui ne veut rien dire en ces temps difficiles) et qu’il n’en subsiste qu’un exemplaire.
« This anonymous folio broadsheet, printed on both sides, was published in Dublin in 1725. Only one copy is known to exist. It was formerly in Bro. Broadley’s collection, then in that of Bro. Wallace Heaton. It is now in Grand Lodge (of England) Library to which it was presented by Bros. R. A. Card and Wallace Heaton in 1939 » (KJH)
Il est dit « Printed by William Wilmot on the Blind-Key, 1725. (Dublin) ».
Je m’en tiendrai à mon scepticisme de départ ! Je ne crois pas à la signification « mystique » de Giblin (quelle que soit la manière de l’écrire), quoi qu’en ait pensé notre maître à tous. Comme le disent nos voisins et néanmoins amis : We agree to disagree !
« notre maître à tous » Réné Guilly ?
En ce qui me concerne c’est #NiDieuNiMentor
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J’espère qu’on excusera ces quelques lignes qui se bousculent en 38 dans une volonté, sans doute trop appuyée, de synthèse, alors que ces éléments demandent bien plus de développements, et bien entendu demandent aussi à être discutées, ce qui est le cas en l’espèce.
Ils ne se veulent donc pas « de convictions plus qu’assurées », mais mettent en lumière certains aspects de concordance initiés par Guilly qu’il est difficile de balayer d’un simple revers de la main sans en avoir étudié les innombrables arcanes.
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« The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725, pas irlandais, ce qui fragiliserait ma démonstration de départ…
Il y a des similitudes entre ce Ms imprimé à Dublin, et d’autres catéchismes de la même époque de provenances différentes : citons le Ms « Graham » de 1726 découvert dans les archives d’un Frère (le Révérend Robinson) à Londdesborough Rectory, à une vingtaine kilomètre de York, et le Ms « Simon and Philip » de 1725 provenant de Bristol, en Pays de Galles.
Le catéchisme irlandais (la Grande Loge d’Irlande a été constituée à cette datation ce qui prouve au moins une activité maçonnique irlandaise à cette époque) a des particularités que ces autres MMSS n’ont pas.
Philip Crossle, qui a étudié la Maçonnerie irlandaise, évoque la présence ancienne du « Royal Arch » dans ce qui est le troisième degré en Irlande dans la progression des « mots, signes et attouchements » que j’ai donné et qui se trouvent amplement illustré dans la Ms. « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725.
Le premier catéchisme irlandais est le Ms « Trinity College » de 1711 (trouvé dans la bibliothèque du Trinity College) avec un dessin en tête d’un monogramme proche du « Royal Arche », mais avec des interrogations non levées quant à sa provenance, cette maçonnerie, venue d’Angleterre, semble avoir été destiné aux anglo-irlandais expatriés en Irlande pour lesquels avait été bâti ce Collège de Dublin qui comportait « une fraternité de francs-maçons (discours du « Terrae filuis » de 1688).
Oserai-je rester sur mes positions quant à la provenance irlandaise du « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725 jusqu’aux preuves contraires ?
Oserais-je vous remercier pour ces informations qui ne peuvent qu’être utiles à ceux d’entre nous qui ne connaissent rien de la maçonnerie irlandaise, ni des auteurs cités (Heron Lepper, Crossle, Crawley …). Je crains qu’ils ne soient nombreux à n’en avoir aucune idée !
Je suis convaincu qu’un petit article original sur ces sujets mal connus serait très apprécié par les lecteurs, bien plus que ces quelques commentaires hâtifs sur un sujet (la maçonnerie écossaise des origines, dont vous ne parlez guère) assez éloigné de la maçonnerie irlandaise. Guilly a effleuré le sujet mais, pour ce que j’en ai lu, a surtout parlé d’iconographie, peu des rituels.
Petit complément sans importance.
la maçonnerie irlandaise a ceci de particulier qu’elle est très pointilleuse sur ses rituels dont elle désire qu’ils soient uniformes dans ses loges, d’où l’établissement d’une Grand Lodge for Instruction qui édite le rituel officiel de l’obédience, obligatoire et invariable. Il présente deux types de caractères, ceux en gras pour le rituel imposé (qui ne permet aucune déviation), ceux en italique pour le rituel autorisant quelques variations mineures.
Les différences avec les rituels anglais et écossais sont nombreuses et intéressantes, dont plusieurs intéressent tout particulièrement le maçon Français.
Hélas, que ne faut-il supporter ? Tout qui est un peu intéressé par ces vieilleries sait cela !! Inutile donc de les asséner comme la découverte du siècle !
Giblin se retrouve dans une broadsheet (équivalent de gazettin) publié à Dublin en 1725, The whole Institutions of Free-Masons opened , qui contient un tuilage avec trois mots (ou couple de mots) et trois attouchements. Chaque mot appelle un mot en réponse : Boaz et Jachin, Magboe et Boe, Gibboram et Esimberle (déviation possible de Giblin et de Timber, bois de charpente). Les Guiblim étaient les habitants de Byblos (ou Gebal) en Phénicie, à 18 miles au nord de Beyrouth, la capitale du Liban actuel. La ville était connue pour son commerce de bois. Ses habitants étaient traditionnellement tailleurs de pierre ou bûcherons. La même divulgation irlandaise ajoute que les Gibonites, habitants de Gebal construisirent la cité de Simellon (« la cité de Salomon » ?). Giblin sera plus tard le mot de passe des maîtres au rite français et n’apparaît comme tel que dans Le Franc-Maçon Trahi … de Gabriel-Louis Calabre Pérau, publié pour la première fois en 1742 (17 ans après la Lettre). Les mots de passe des trois grades y sont d’ailleurs dits « originaires de Francfort-sur-le-Main » qui n’est pas vraiment une cité irlandaise. Il deviendra le mot (et le nom) des Maîtres Installés à la britannique.
Voilà une soudaine saute d’humeur assez curieuse, voir inappropriée…
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Il ne s’agit pas « d’asséner » quoi que ce soit « comme la découverte du siècle ! », mais de se pencher sur une relation possible entre Giblin = G.
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Pierre Noël écrit en relation avec la maçonnerie irlandaise : « Guilly a effleuré le sujet mais, pour ce que j’en ai lu, a surtout parlé d’iconographie, peu des rituels. »
Guilly n’a pas été le seul dans ses recherches, il a été rejoint dans le cadre d’une Loge d’étude et de recherche, la « Loge Fédérale des Maîtres Installés », et depuis 1996, ces travaux se sont poursuivis dans le cadre d’une « Loge des Maîtres Installés » dépendant de la « Loge Nationale Française ».
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On peut ne pas être en accord avec la finalité de ces travaux, voir de mes attendus, mais de la à en suffoquer…
Le Ms irlandais « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725 ne contient pas seulement un tuilage avec trois mots et trois attouchements, dont « Ghiblim » qui sera considéré comme « Excellent Maçon ».
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Le principal contenu de ce Ms est une nouveauté, un « mot primitif » qui en fera son particularisme dans les réponses apportées : dans la partie « Explication de nos secrets » il y accompagne le mot « God », et « Johova » est sa réponse avec une griffe inédite séparée des autres Quatre points, « au creux du dos », et la communication des mots « Excellent et Excellent ».
La maçonnerie irlandaise, que ce soit ce Ms ou les « Trinity Collège » (1711) et le « Free-masons Opened (1725), tous deux originaire de Dublin, montrent 3 catégories distinctes de maçons bien avant que ce système ne soit structuré en Angleterre.
On retrouvera dans cette même maçonnerie irlandaise avec le T.D.K (1760), dans la partie de l’Installation du nouveau Maître dans la chair, un mot « Ghibbilum ou Excellent Maçon ».
La maçonnerie française retrouvera le mot « Giblim » dès 1745 en mot de passe après que la maçonnerie se soit complexifiée.
On retrouvera dans « l’Ecossais des 3 JJJ » Jehova, Jakin, et le « mot de Jérusalem, Giblin », et dans le Rituel de 1758 « Eléments de la Maçonnerie » (« Parfait Maître Anglais »), à nouveau Giblim en mot de passe, mot qui permet à un « Parfait Maître Anglais » de prendre la direction des Travaux de toutes Loges (voir mes différentes interventions pour plus d’importants éléments en rajout et surtout de s’inspirer de la source complète de ces travaux).
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Il s’agit d’un puzzle à retracer et d’aucuns pourront dire qu’ils ne trouvent pas, après s’être approprié de l’ensemble des études, de concordance avec G = Giblin « Excellent Maçon ».
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Concernant « L’Ordre des Francs-maçons Trahi » de Pérau, Pierre Noël indique : « Les mots de passe des trois grades y sont d’ailleurs dits « originaires de Francfort-sur-le-Main » qui n’est pas vraiment une cité irlandaise. »
Voici ce que le texte indique précisément : « guères en usage qu’en France, et à Francfort sur le Mein » ;
« En usage » ne donne pas la provenance…
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Merci pour cet échange.
En quoi #52 concerne-t-il l’Ecosse et ses pratiques maçonniques d’origine ??
Pourquoi notre honorable commentateur n’écrit-il pas tout cela dans un articulet inédit, qui concernerait à la fois l’Irlande et la France ?
Il pourrait notamment nous expliquer pourquoi un tract/pamphlet imprimé à Dublin (au XVIII° siècle est nécessairement « irlandais ».
« Il pourrait notamment nous expliquer pourquoi un tract/pamphlet imprimé à Dublin au XVIII° siècle est nécessairement « irlandais ».
Puisque la question est posée dans ce cadre, tentons une réponse, mais je n’ai jamais mentionné que « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725 était « nécessairement irlandais », mais plutôt que certains éléments s’y rattachant pointaient vers cette désignation.
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Quels éléments pourrait-on mentionner ?
– Si nous prenons un autre Ms irlandais qui l’a précédé, le « Trinity College » de 1711, collège (université) bâtie sur une ruine d’un monastère par Elisabeth I pour des Anglais expatriés, qui pourrait avoir de ce fait une origine anglaise, malgré une structure écossaise qui n’a rien de rédhibitoire ; on peut néanmoins mentionner que c’est le premier texte qui mentionne 3 catégories de maçons, suivit du Ms pareillement irlandais « Free-masons Opened » de 1725, et que la maçonnerie irlandaise est le précurseur de ces désignations (selon « Lodge of Research N°CC » à Dublin).
Dans le même temps Lepper and Crossle nous signale qu’il n’y avait pas d’activité maçonnique en Irlande dans les vingt premières années du 18e siècle, mais rappelons-nous que Elisabeth de Saint-Léger fut reçue dans la confraternité maçonnique en 1710 ce qui indique pour le moins des activités individuelles maçonniques irlandaises à cette époque.
– « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725, qui à cette datation c’était dotée dune Grande Loge (suivent les « Constitutions de Penell » en 1730), montre des éléments de l’Arc Royal dont la première mention documentée est irlandaise (1743, paru dans le « Faulkner’s Tribune Journal », cortège pour la célébration de la St Jean par la Loge de Yougall N°21 : « Quatrième Arc Royal porté par deux Excellents Maçons »), et en 1744, toujours en Irlande, Fifield d’Assigny écrivait que les maçons de l’Arc Royal étaient tous de très « Excellents Maçons ».
– Faisant suite a la bataille de la Boyne de1690 qui vit la victoire de Guillaume III d’Orange, protestant, sur Jacques II, catholique, nombre d’Irlandais émigrèrent en France, sans que l’on sache précisément l’influence de la maçonnerie irlandaise sur la maçonnerie française.
Il n’empêche, des Rituels français anciens de 1760 (voir notamment Paul Naudon), font état d’un groupe de « trois sublimes Ecossois » qui soulève une trappe de pierre dotée d’un « gros anneau de fer » qui correspond aux mentions retrouvées à l’identique dans des rituels irlandais (« flagstone in which was set a ring ») avec « Giblim » et l’attouchement au coude.
– Il y a des comparaisons à faire entre le Ms « Graham » daté du 24 octobre 1726 par Thomas Graham (découvert dans des archives familiales pas loin de York) et « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725 (feuille publiée sur deux faces, imprimé à Dublin).
Ils ont tous deux exactement le même titre, qui pourrait, sans certitudes, désigner une origine géographique commune.
Ils ont tous deux une prise au poignet et au coude (inédit), font intervenir l’expression « Marrow in the bone » (inédit) et la présence de la « Triple Voix » (inédit), et enfin « Jehova » fait son apparition dans les deux manuscrits.
Notons que « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » de 1725 précède la « Graham » de 1726, avec la prudence à accorder aux datations.
– Est-ce que le fait que notre manuscrit irlandais est un « pamphlet » le discrédite automatiquement ?
Songeons au « Masonnery Dissected » de 1730 qui est pareillement un pamphlet…
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Je prends congé ici selon les vœux de l’auteur de l’article sur l’Ecosse, ces échanges de part et d’autre qui se sont prolongés constituant une dérive par rapport au thème central.
Je ne peux m’empêcher de citer un extrait d’H. Poole dans The Graham Manuscript (AQC n° L 1937)
Il ne manque pas d’insister sur les points communs entre le Manuscrit et deux textes imprimés (sous forme de « broadside », désignant une feuille volante diffusée dans le public ou gazetin en Fr, forme fréquente de publication à l’époque), The WHOLE INSTITUTIONS of FREE-MASONS OPENED et The GRAND MYSTERY LAID OPEN. En effet, les éléments communs contenus dans les trois sont nombreux suggèrent une source commune et tendent à démontrer leur caractère authentiquement « maçonnique », malgré le non-sens de certains passages (notamment le charabia pseudo-arabe du GM LAID OPEN). Il conclut sur la nécessité de la plus grande prudence avant tout conclusion.
La réponse #24 n’est pas « légère ». S’appuyant sur le texte, elle tend à montrer que le Stanley est un pamphlet, écrit en langage ordurier, traitant des événements politiques des premières années du XVIII° siècle (1700-1713). Il se veut un pastiche de l’ancien anglais et accouche d’une langue qui ne fut jamais parlée, ni sous la reine Anne ni jamais. L’allusion maçonnique finale à l’exposition indue de « secrets » maçonniques, elle, est bien dans l’air du temps et pas dans celui d’un passé inexistant.
Mais de là à affirmer péremptoirement qu’elle révèle la véritable signification des éléments évoqués (la lettre G, Giblin et J&B), il y a une marge.
A mon tour de persister : il s’agit d’une réponse « légère ».
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Le Ms Stanley n’a été évoqué que parce que le mot « Giblin » y apparaît en 1713 lié à un « secret » ce qui sera le cas par « mots, signes et attouchements ».
J’écris : « Il ne s’agit donc pas de trouver une correspondance avec la lettre G à ce stade, mais de montrer l’apparition d’un mot en G qui se retrouvera développé dans d’autres MMSS (dont certains que j’ai cités) tant dans la Maçonnerie irlandaise que dans la maçonnerie française. »
C’est clair !
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Suivront jusqu’à 1730, au moins une dizaine d’autres occurrences sous les formes de « Ghiblim » (« Constitutions » d’Anderson de 1723), « Giblen », « Gibonites », « Gibboam », « Gibboram », « Gibberum » et plus tard « Gibelum », « Gibbilum », etc.
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A aucun moment je n’affirme « péremptoirement » la liaison G = Giblin à partir du Ms Stanley.
C’est à partir du catéchisme irlandais daté de 1725, « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » qui fait apparaître le mot « Gibboram » avec la progression Jachin/Boaz et index, Magboe/Boe et poignet, Gibboram/Esimberel et coude ; que je débute ma démonstration.
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Lorsqu’on affirme pour G = Giblin : « Je maintiens : délire ! », qui émet un avis péremptoire ?
Le Stanley MS a été présenté à G.W. Speth, premier secrétaire de la loge QC, en 1886. Il en a publié un commentaire en 1888, dans le tout premier n° d’AQC aux pages 166-169. Le manuscrit est en fait une version de plus des Old Charges, contenant quelques variantes sans grande importance mais se terminant par la prophétie en vers non rimés de Francis Bacon (1214- 1294, philosophe et franciscain anglais), prétendument datée de 1677. Intrigué par ce poème, Speth a reconnu un texte à clés, dénoué l’énigme et montré qu’il faisait de nombreuses allusions aisément reconnaissables à des événement notables de 1688 à 1714 (mort de la reine Anne), ce qui rendait la date prétendue plus qu’improbable pour qui ne croit pas aux prophéties, ce qui était le cas de Speth (et qui est le mien).
En revanche, la présence du mot Giblin ne manqua pas de le surprendre, surtout dans un contexte maçonnique car il n’était apparu que 6 fois, entre 1723 et 1727, la première fois dans les Constitutions d’Anderson (Ghiblim) et les 5 autres fois dans des « catéchismes » anglais précoces (Harry Carr, 1946 ou KJH, 1943) où Giblin (ou un dérivé, Giblen, Gibboram, Giboam) est un « mot » toujours associé à une étape « supérieure » aux deux premiers degrés comme c’est encore le cas au rite « français » (et peut-être ailleurs, qui sait ?) pour ne parler que de lui. Speth conclut qu’il fallait admettre que ce mot était utilisé avant 1717. Mais il omit de rapprocher Giblin de la lettre G, les deux n’ayant, évidemment, aucun rapport comme le dit très aimablement un honorable commentateur.
G.W. Speth, après avoir situé la composition du texte entre avril 1713 et août 1714, concluait que « en conséquence, nous devons admettre qu’avant même 1717, date de la Grande Loge d’Angleterre, il existait un rituel plus élaboré que certains d’entre nous veulent bien l’admettre… », autant préciser sa pensée.
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Par ailleurs, entre 1723 et 1727 le mot « Giblin » et dérivés n’est pas apparu seulement dans des catéchismes anglais comme annoncé.
Il existe une exception notoire.
Celle d’un catéchisme irlandais particulièrement intéressant, publié à Dublin et daté de 1725, « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » qui fait apparaître le mot « Gibboram », dérivé de « Giblin » que j’ai utilisé comme point de départ de mon essai de démonstration, le Ms Stanley n’étant utilisé que comme texte comportant pour la première fois le mot « Giblin » associé à un « secret », sans plus (voir mon intervention en 22).
Rappelons que la Maçonnerie irlandaise s’était dotée d’une Grande Loge en 1725.
Il existe un autre texte irlandais daté de 1724 et pointé par Lepper and Crossle dans « History of the Grand Lodge of Irland » (1957) où apparaît « Giblun » et parfois « Giblin » : « A letter from the Grand Mistress of the female Free-Masons to Mr Harding the Printer » (Dublin).
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Pour celles et ceux que ces investigations intéressent, ils peuvent prendre connaissance des travaux portés par René Désaguliers sur le sujet : « Les Pierres de la Franc-maçonnerie » Paris, Dervy 1995, ses articles tel « La Pierre triomphale » dans R.T. N°89 qui nous intéresse en l’espèce.
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Ils se feront une idée personnelle des déclarations de Guilly et en tireront leurs propres conclusions.
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Pour Désaguliers qui c’est penché 30 ans sur le sujet des « mots, signes et attouchement » où il conditionne la Maçonnerie des origines à « Quatre Grades et cinq Mots », il déclarera concernant G = Giblin :
– « à chaque fois que la lettre G apparaît quelque part, vous devez soupçonner que c’est d’abord Ghiblim et que si G signifie « Ghiblim », çà veut dire aussi qu’il n’y a aucune contradiction entre la lettre G qui signifie « God » ou « Géométrie »».
– « le mot « Ghiblim » est étroitement lié à ce que nous appelons la Pierre Angulaire, que l’on peut aussi appeler Clef d’Arc sur laquelle, ou autour de laquelle, est toujours représentée la lettre G ».
– Il conclura, en corrélation avec la maçonnerie irlandaise et l’Arc Royal : « la lettre G n’est connue que des Maîtres de Loge et signifie Ghiblim et rien d’autre ».
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Pierre Mollier qui préfaça le RT N° 75 sur la question écrit : « Au-delà de ces conclusions, qui peuvent bien sûr être discutées, le grand mérite de cette importante étude, c’est de bousculer nos idées classiques sur la question des grades ».
Pour compléter 37 :
« Une lettre de la grande-maîtresse » (1724), lettre anonyme publiée, à Dublin, sept ans après l’année fondatrice de 1717 et un an avant la première mention d’une Grande Loge en Irlande. Sa première édition est d’août 1724, la deuxième de 1730. Elle fut attribuée à Jonathan Swift et est incluse dans plusieurs éditions de ses Œuvres. John Harding, imprimeur à Dublin, l’édita ainsi que plusieurs œuvres anonymes de Swift (notamment les Lettres du drapier la même année, ensemble de pamphlets dirigés contre la politique monétaire du gouvernement ). En 1730, un autre imprimeur de la même ville, George Faulkner (1703-1775), édita les œuvres de Swift et y inclut cette Lettre mais en remplaçant le nom de Harding par le sien . La Lettre n’apparut plus dans les éditions ultérieures des œuvres de Swift, notamment dans celle de Walter Scott qui date de 1804. Elle n’est pas reprise dans les Œuvres de Jonathan Swift, publiées dans la collection de La Pléiade en 1965 (éd. et traduction d’Emile Pons).
Elle fut reproduite en fac-simile par Henry Sadler en 1898, puis par John Heron Lepper et Philip Crossle dans leur Histoire de la Grande Loge d’Irlande, I : 445-462 (1925), enfin par Douglas Knoop, Gwilym Perwedur Jones et Douglas Hamer… dans les Early Masonic Catechisms (1° édition en 1943, augmentée en 1969, pp. 229-240). Elle s’y trouve sans nom d’auteur, les éditeurs n’étant pas convaincus qu’elle soit de Swift.
L’étoile flamboyante est le principe qui anime le maçon -elle se trouve au cœur de la pierre cubique au RF, la pointe est sa projection- le G au centre est le principe de l’étoile, sa signification rituelle -il n’y a bien que celle-ci qui recouvre une vérité maçonnique- est Géométrie, c’est aussi une initiale, celle du G:. .
L’Homme, ou le maçon, n’est pas un principe, il est une résultante, une projection.
En aucun cas G ne peut, d’un point de vue maçonnique, représenter le maçon, la lettre perdrait ainsi toute sa réalité et son potentiel d’enseignement. En outre l’associer aux Ghiblim, c’est faire preuve d’idolâtrie.
Prendre la Bible et ses principes pour socle de la Maçonnerie est facteur d’erreurs, c’est se fier aux apparences consistant à croire que la Bible fonderait le rituel parce que celui-ci use de certaines de ses images, c’est s’en tenir à l’écume.
Il y a quelques années je logeais dans un hôtel de la rive sud du loch Ness. J’avais demandé à mon hôte qu’elle était l’heure la plus favorable pour espérer voir apparaître Nessie. Sa réponse fut très explicite: de nuit, mais n’y a pas d’heure ou d’endroit précis. Le mieux est de se munir d’une chaise pliante et d’une bouteille de scotch pleine. On s’asseoit au bord du lac et quand on a fini de boire le whisky, Nessie apparaît.
Ce qui est agréable avec les écossais c’est que, plus encore que les anglais, ils vivent leurs rêves en mélant avec humour présent, passé et futur, mythe et réalité.
C’est peut être ça le second sight ?
A l’intention d’Ergief qui devrait aimer ! Dans la loge de SCOON AND PERTH, une des plus vieilles d’Ecosse, lors de l’harmony qui suit l’initiation est pratiqué ce qu’ils appellent « le baptême ». Le RWM verse un peu de whisky mélangé d’eau sur la tête du nouvel apprenti qui répète les mots : « Me voici, le plus jeune et dernier apprenti prêt à obéir aux ordres de mon maître de lundi matin à samedi soir ». Cette pratique remonte aux origines de la loge et serait déjà mentionnée dans le livre des minutes en 1741.
31- Effectivement j’apprécie ! Merci pour cette info. Frat.
-24- Je suppose que cette réponse légère m’est adressée faisant suite à mon intervention 22.
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Il ne s’agit ni de « faire preuve d’érudition » dans un but d’étalage, ni de la maçonnerie écossaise en la circonstance, mais bien d’un essai de démonstration faisant suite à cette remarque définitive concernant la lettre G = Giblin : « Je maintiens : délire ! G est depuis toujours (en maçonnerie) l’initiale des mots Géométrie et God en anglais. Inutile d’épiloguer sur les centaines (et plus) d’expressions où God/Dieu/ Gott/ Djou… apparaissent. Le mot y devient tic de langage et rien d’autre » dixit Pierre Noël.
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Pourquoi se focaliser sur le Ms Stanley, on se le demande, ce n’est qu’un premier jalon où apparaît le mot « Giblin », qui par la suite trouvera une correspondance avec la lettre G (voir mon intervention 22).
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C’est sur cette base de démonstration, dont j’ai rappelé les prémices (René Désaguliers) dont nous sommes tous tributaires, que j’ai émis l’hypothèse que les « Old Lodges » illustrées dans le Ms Simon and Philip de 1723 avec une lettre G au milieu d’une figure en losange, puisse signifier Giblin et non Géométrie, là où, sur un autre dessin du même MS provenant des « New Loges », celle des Moderns, la lettre G apparaît au centre d’une figure rayonnante cerclée avec la désignation explicite de G = Géométrie.
J’ai également, dans cette même perspective, fait état de la Convocation de 1726 de l’« Antediluvian Masonery » où il est question de « plusieurs conférences sur l’Ancienne maçonnerie, particulièrement sur la signification de la lettre G… » avec l’apparition du mot « Giblin » et une référence aux Moderns, indiquant des « innovations » dans leur chef.
Voir mon intervention 16 pour plus de détails.
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Je ne demande pas qu’on suive mon hypothèse, mais elle n’est pas bâtie sur du sable et peut faire sens…
Je ne comprends pas l’objet de ce message (sinon faire preuve d’érudition) qui n’a rien à voir avec la maçonnerie écossaise primitive.
Pourquoi parler du Stanley en omettant son langage ordurier et volontairement agressif à l’égard de l’Ecosse (traitée de pute qui dépouille son client anglais), de la France (dont le roi, Louis XIV, est couvert de merde par la reine Anne), mais aussi de l’Angleterre et des Pays-Bas qui « pissent dans une plume d’oie » leur traité de brigand (sens argotique de to piss in a quill) ??
Tout cela pour finir par deux vers qui parlent de Giblin et de squares ?
Pourquoi omettre que ce document a tous les aspects d’un pastiche qui emploie un langage qui se veut archaïque avec ses ye (pour the) que Shakespeare n’employait plus ??
Pour ceux qui ne connaissent pas le Stanley :
Le Stanley MS, un ms, à l’époque inédit, des Old Charges discuté par G.W. Speth dans AQC I : 127-129
C’est un manuscrit sur parchemin, dont la calligraphie indiquerait un rédacteur élevé dans les années 1680. Il avait été présenté à Speth par un certain F. Stanley qui le possédait dans ses collections. Il ne diffère des versions habituelles des Old Charges que par quelques variations mineures mais, et c’est là son intérêt, se termine par quelques vers de mirliton concernant surtout la fin de la guerre de succession d’Epagne, intitulés :
La prophétie de Frère Roger Bacon, disciple de Balaam, qu’il écrivit sur l’angle NE des pyramides d’Egypte en lettres capitales.
When a Martyrs Grand Daughter In ye Throne of great Britain
Makes Capet Proud Son look, You’d think him beshitten
When ye midway & Mais piss toyether In a Quill
And Tayus & Rhine of ye Seine have their will,
(allusion à la paix d’Utrecht)
When ye Thames has ye Tay taen for better or worse
(union de l’Angleterre et de l’Ecosse, financée par l’Angleterre)
And to purchase ye Doxy has well drained his purse,
(Doxy est un vieux mot pour prostituée)
When by roasting a Priest ye Church has her wishes
Loyall Tory’s In Places, Whiggs Silent as ffishes
When Europe grows Quiet, & a man yts right wily
Setts up a woodbridge from ye Lands End to Chili
(un pont de bois des Cornouaille au Chili, la Compagnie des mer du Sud)
Ffree Masons beware Brother Bacon advises
Interlopers break in & Spoil your Divices
Your Giblin & Squares are all Out of Door
And Jachin & Boaz shall bee Secrets no more
Pour Speth, le poème fut écrit du vivant de la reine Anne, donc avant août 1714, mais après la paix d’Utrecht (avril 1713). Il parle en 4 vers de l’irruption d’intrus chez les francs-maçons, vraisemblablement de gentlemen parmi les opératifs. Le risque en est la divulgation d’éléments rituels déjà bien existants (Giblin, l’équerre, Jachin et Boaz exposés à la curiosité du public, auxquels on peut ajouter l’angle NE du titre) bien avant le « revival » de 1717. On voit aussi que la fascination pour les Pyramides et leurs secrets est bien antérieure aux rites « égyptiens ».
Pierre Noël
« Notons au passage que traduire Fellow par Compagnon est malheureux car celui-ci rend mal que le Fellow est un artisan ou un praticien, maître de son art et membre à part entière de son métier (tel le Fellow of the Society of Medicine par exemple), et non l’étape intermédiaire, souvent négligée et subalterne de la franc-maçonnerie française. »
Commentaire surprenant pour quelqu’un de cultivé comme toi !
Je t’invite donc à revoir ton point de vue en allant jeter un coup d’œil vers les métiers du Bâtiment (ce ne sont pas les seuls mais ce sont ceux que je connais le mieux). Je te conseille particulièrement l’Association ouvrière compagnon du devoir du tour de France (AOCD) et la Fédération compagnonnage des métiers du bâtiment.
Errare humanitaire est, perseverare diabolique…
Le hasard veut que j’ai connu dans ma vie plusieurs « Fellows of the Royal Society of Medicine ».
C’est le titre commun, en anglais, des membres titulaires de quantité d’assemblées professionnelles. C’est aussi le cas de la Société Royale de 1660, celle qui fait saliver les amateurs les amateurs d’histoire maçonnique (Désaguliers faisait suivre son nom des initiales FRS)
Je pense comme Pierre Noël que la traduction par « compagnon » au sens français usuel et actuel est quelque peu malheureuse, du moins imprécise tant notre compréhension du terme est affectée par l’histoire française des statuts professionnels et aussi par l’imaginaire de la franc-maçonnerie, d’une part, et celui des compagnonnages, d’autre part (et avec des interférences entre les deux). Bref, pour faire simple, le « fellow » de l’époque considérée est plutôt en rapport avec le « maître » qu’avec le « compagnon » des communautés françaises de métiers sous l’Ancien Régime, et, en tous les cas, pas du tout avec le « compagnon du Devoir » de la même époque.
Quitte à aller chercher des éléments de comparaison avec les compagnonnages français, faut-il encore en connaître précisément l’histoire et les nuances, et ne surtout pas confondre la « maîtrise » des savoirs et des techniques dont peuvent faire preuve certains compagnons contemporains avec celle de leurs prédécesseurs des XVIIe et XVIIIe siècles, où l’état de « compagnon du Devoir » n’avait absolument rien d’officiel et ne durait de toutes les façons que le temps de leur Tour de France. Certains « maîtres » avaient été « compagnons du Devoir » auparavant, la majorité des autres non. Ce qui n’affectait pas vraiment la question de leurs compétences professionnelles, le Tour de France n’ayant pas vraiment à ces époques vocation d’université ouvrière, pour reprendre un de ces termes à le mode dont on se repaît sans réfléchir…
30-
Quitte à parler du Compagnonnage (pas uniquement en France) et pour ne pas dire n’importe quoi, il faut effectivement en connaître l’histoire et les nuances. C’est pourquoi j’invite une nouvelle fois les sois disant sachants à visiter et/ou à contacter, entre autres, l’AOCD et/ou la FCMB.
-17et18- G=Giblin dans l’Ancienne Maçonnerie ?
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Comme je l’ai clairement indiqué concernant le Ms Stanley : « Dès 1713 un mot en G (« Giblin ») apparaît dans les textes britanniques avec le Ms Stanley ».
Il ne s’agit donc pas de trouver une correspondance avec la lettre G à ce stade, mais de montrer l’apparition d’un mot en G qui se retrouvera développé dans d’autres MMSS (dont certains que j’ai cités) tant dans la Maçonnerie irlandaise que dans la maçonnerie française.
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Le Ms Stanley précise que « Giblin est un secret » et c’est bien là l’élément clef qui nous permettra une traçabilité de la lettre G en correspondance avec « Giblin ».
De quel « secret » peut-il bien s’agir et comment en arriver à la conclusion que Ghiblim = G dans l’Ancienne Maçonnerie à l’exemple de Géométrie (New Masonry) et God, ou, du moins, en formuler une hypothèse qui puisse être largement étayée ?
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A cette époque de formation on ne faisait pas état de Grades, mais bien de « secrets » qui étaient successivement révélés au candidat dans une progression que nous pourrions appeler d’ordre initiatique avec des « mots, signes et attouchements » qui caractériseront la maçonnerie naissante.
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Avant « Masonery Dissected » de Prichard (1730), des catéchismes faisaient explicitement état de 3 catégories de maçons avec une particularité pour la maçonnerie irlandaise : l’Apprenti irlandais correspondait aux grades d’Apprenti et Compagnon de 1730, le Compagnon irlandais à celui de Maître, contenant le personnage d’Hiram, et pour terminer le Maître irlandais à l’Arc Royal qu’on pourrait appeler primitif et qui incluait la Cérémonie ésotérique d’« Installation du Maître de Loge » dont font état les « Constitutions » de 1723 qui nous indiqueront que le Grand Maître installe le nouveau Maître « selon un cérémonial particulier conforme aux usages » sans plus de détails ici.
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Un catéchisme irlandais particulièrement intéressant, daté de 1725, « The Whole Institutions of Free-Masons Opened » fait apparaître le mot « Gibboram » avec la progression suivante Jachin/Boaz et index, Magboe/Boe et poignet, Gibboram/Esimberel et coude.
L’« Explication secrète » qui suit indique que « Gibboram et Simber » signifient les « Gibonites », les « Giblim », que la Bible de Barker (1580) qualifie d’« excellents maçons » (des Tailleurs de pierre d’élite de la cité phénicienne de Gebal).
On retrouvera « Giblim » et « Excellent maçon » accolés dans d’autres catéchismes avec « Giblim, réponse Excellent maçon et griffe au coude » en fin de progression.
Or, parmi ces progressions, il y en a une d’importance, voir de central : « L’Installation secrète du Maître de Loge » déjà évoqué dont il apparaîtra par différents recoupements que cette « Installation » est d’origine Irlandaise.
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Cette « Installation » fut considérée comme antérieure à 1722 par Knoop, Jones et Hamer (1940).
A l’époque contemporaine des « Constitutions » de 1723, les Maîtres de Loge britanniques étaient installés dans leur dignité par une cérémonie comportant un attouchement au coude au cours de laquelle leur qualité d’« Excellent Maçon » était reconnue par la dénomination « Ghiblim ».
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On retrouvera ces formes primitives de l’« Arc Royal » passées plus tardivement (1740) dans la Maçonnerie française avec « L’Ecossais des 3JJJ », « Le Parfait Maçon Anglais », « Royal Arche » avec dans chaque cas un personnage dénommé « Giblim » et une griffe au coude et l’« Excellent Maçon » dont la prérogative serait de diriger les Travaux de toute Loge où il se présenterait.
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Ce « Giblim », « Excellent Maître » avec « griffe au coude » est le qualificatif du Maître Installé ou de Compagnon de « Royale Arche » au 18e siècle.
Ce « Maître des Loges », le « Giblim » se trouvera assimilé au « Grand Maître Hiram » à « God » et à une figure christique car il sera l’« Excellent Maçon » qui saura rebâtir le Temple en trois jours.
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Emmanuel Zimmermann, qui vécu en Irlande (de 1775 à 1803), représentatif de l’usage des « Antients », écrira dans « J et B » : « what signifi the letter G, it signifi Glory to God, Grandeur to the Master and Geometrie to the Craft ».
René Désaguliers (alias René Guilly), après trente années de recherche sur le sujet des « mots, signes et attouchements », dont le mot « Giblim », retrouvera ces trois désignations de la lettre G par :
God, Excellent Constructeur
Ghiblim, Excellent Maçon
Géométrie, Excellent Architecte.
Il conclura, en corrélation avec la maçonnerie irlandaise et l’Arc Royal : « la lettre G n’est connue que des Maîtres de Loge et signifie Ghiblim et rien d’autre » et précisera « God, Ghiblim, Géométrie, c’est la même chose, et tout cela représente le Logos de l’Evangile de St Jean, çà représente le Grand Architecte de l’Univers ».
Il fera état de la Pierre Parfaite (Triomphale) de la Clef d’Arc de l’Arc Royal, Arcade ornée de la lettre G qu’on retrouvera illustrée en 1731 sur le « Frontispice des Constitutions de Cole » qui montre un arc voûté au fronton duquel figure la lettre G au départ d’un escalier à vis et dont le dédicataire, Lord Kingston, deviendra à cette même datation Grand Maître de la Grande Loge d’Irlande.
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Pour celles et ceux que ce champ d’investigation intéresse -j’y trouve personnellement beaucoup de sens- ils pourront prendre connaissance de l’étude sur 188 pages faites par Paul Paolini dans « Renaissance Traditionnelle N° 175 » de juillet 2014, préface de Pierre Mollier.
J’ai cité l’association Rose-Croix /Mason word/ Double vue (clairvoyance) évoquée par Henry Adamson, un maître d’école de Perth, dans La Thrénodie des muses, de 1638.. Qu’entendaient les Ecossais par Double vue ? Ce n’était pas une conséquence de la fumée du whisky, mais un phénomène connu dans les Highlands, la « clairvoyance ».
A SUCCINT ACCOMPT OF My LORD TARBOTT’S RELATIONS,
OF THE PREDICTIONS MADE BY SEERS, Whereof himƒelf was Ear and Eye-witneƒs.
(Une relation succincte des prédictions de voyants, par un témoin)
J’ai entendu beaucoup de choses de la Seconde Vue (sans trop y croire) … J’ai été amené à m’enquérir de ces choses en 1652, étant contraint d’habiter dans le Nord de l’Ecosse … L’avis général était que de nombreux Highlanders, surtout ceux des Iles, en étaient pourvus, hommes, femmes et enfants indistinctement. Parfois, ce don venait avec l’âge, mais nul ne pouvait dire d’où cela venait. C’est un handicap désagréable pour la plupart de ceux qui en sont atteints et ils aimeraient en être débarrassés à n’importe quel prix s’ils le pouvaient. La vision n’est pas de très longue durée, ne durant qu’aussi longtemps qu’ils ne clignent pas des yeux. Les plus hardis fixent des yeux pour que la vision dure plus longtemps ; mais les peureux ne voient que l’espace d’un instant et clignent des yeux dès l’instant qu’ils ont une vision. Celles-ci sont habituellement d’une créature vivante ou d’objets inanimés en mouvement, comme un bateau.
Ils ne voient jamais de mort. Mais ce qu’ils prévoient ne manquent jamais d’arriver, et en l’endroit où ils l’ont vu. Ils ne peuvent prédire quand surviendra ce qu’ils ont vu …. Ainsi, s’ils voient un homme dans un linceul, ils peuvent deviner si son décès est proche ou lointain d’après que le corps est entièrement couvert ou pas. …
[In The Secret Commonwealth of Elves, Fauns and Fairies by Robert Kirk (1691) and Andrew Lang [1893] (L’original est de 1691, mais il ne fut publié qu’en 1893)
En 1730, Il y avait près de 100 loges en Ecosse, opératives ou déjà « mixtes », qu’on peut grouper en trois régions : Kilwinning (au S.O.), Edimbourg (au S.E.) et Aberdeen (au N.E.).
Les Corporations écossaises (les guildes) étaient composées d’artisans divers dont ceux du bâtiment (wrights, squaremen and carpenters) organisés à l’échelle communale et les Loges constituées de masons, organisées par William Schaw (1598).
Le terme « free » désignait la franchise ou liberté de la cité (le droit d’y travailler !), le free man mason (très différent du free stone mason anglais), qu’on obtenait après 7 ans d’apprentissage et 7 ans supplémentaires de pratique (à une époque où l’espérance de vie après l’enfance était de 29 ans pour un homme).
Ces loges ont accepté des bourgeois et des nobles, parce qu’elles avaient besoin d’argent et de protection pour subsister ! C’est ainsi que Jacques VI, roi d’Ecosse (avant de devenir Jacques I d’Angleterre), fut, dit-on, reçu maçon et free man à Scoon (près de Perth) en 1601 ! Les exemples sont nombreux, pendant tout le siècle, bien expliqués par Gould, Lyon, Stevenson … Le plus célèbre est le cas de Murray (ou Moray) reçu à Newcastle en 1641, en présence de John Mylne, un tailleur de pierres et architecte célèbre qui avait reçu Jacques VI. Ces organisations n’avaient d’autre but que de protéger le métier de régler les conflits qui pouvaient survenir et surtout d’empêcher les intrus (les cowans) de travailler et gagner leur croûte dans la ville ! Le mot de maçon était une barrière (imaginaire) de plus.
Tout cela déclina au XVIII° siècle. L’utilité économique des loges s’estompa sans disparaître. Le métier devint libre, par l’activité de nouveaux centres d’activité.
Mais les loges subsistèrent, sans rôle économique, mais en maintenant une certain tradition, de convivialité, de festivité, du vivre ensemble.
Puis vint la nouvelle, que les bloody English avaient créé une grande Loge, qu’ils avaient été jusqu’à faire du pays de Galles (farouchement indépendant comme l’Ecosse) une province (les GM provinciaux pour le pays de Galles sont parmi les plus anciennement créés).
Cette décision fut sans doute l’aiguillon qui poussa les loges écossaises à créer une Grande Loge d’Ecosse. Le processus fut difficile, en raison de la susceptibilité de ces gens, mais finalement ils y arrivèrent, en 1736. L’histoire est compliquée et cocasse, mais je la raconterai une autre fois.
Les Ecossais avaient compris le risque que la GL d’Angleterre veuille prendre le pouvoir en Ecosse et y créer des GM provinciaux comme elle l’avait fait au Pays de Galles, d’autant plus que six nobles Ecossais au moins avaient été Grands Maîtres d’Angleterre.
Les loges d’Edimbourg (Mary’s Chapel, Canongate Kilwinning et Jouneymen Masons) se réunirent donc en 1735 et décidèrent d’envoyer une circulaire à toutes les loges d’Ecosse (il y en avait une centaine) les invitant à envoyer leur délégué à une assemblée à Edimbourg pour élire un Grand Maître.
Trente-trois loges furent représentées à l’assemblée de 1736. La loge d’Edimbourg était bien décidée à faire élire son maître en chaire. Mais c’était sans compter la mère-loge de Kilwinning qui avait des « filles » à Edimbourg (Canongate Kilwinning notamment). Quelques temps avant l’assemblée, Canongate initia puis fit maître maçon Sir William Sinclair, descendant d’un Sinclair qui avait été reconnu patron et juge (fonction héréditaire) des maçons d’Ecosse du temps de Jacques VI (à l’instigation de William Schaw).
Le jour de l’assemblée, au moment du vote, Sinclair lut une déclaration qu’il renonçait pour lui et ses descendants à sa « charge » (qui n’était pas celle d’un GM mais seulement d’un arbitre entre les loges). Cette « grandeur d’âme », cette renonciation volontaire lui valut les suffrages unanimes, même de ceux qui avaient mandat pour un autre candidat. Il fut élu et resta en fonction un an. Canongate Kilwnning, fille de Kilwinning, peut donc se targuer d’avoir eu le premier GM d’Ecosse.
-9- et -10- Mettons le #Horsdélire.
Et soyons particulièrement attentifs à la réponse donnée.
Quelle est l’incontournable signification de la lettre G inserée dans une figure en losange en référence au dessin intitulé « This is the form of the old lodges » qu’on retrouve dans le Ms « Simon and Philip » de 1725 ?
J’avais émis le « délire » suivant (habituellement appelé hypothèse) : « l’importance avérée de la lettre G dont la signification, outre Giblim (sa première occurrence), pourrait renvoyer à un sens divin par l’expression Glory to God ou encore Grace of God ? »
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Précisons que dans ce même Ms, nous avons un autre croquis intitulé « This Lodge is the new lodge under the Desaguliers regulation » (la Loge des Moderns anglais), montrant au centre du dessin un cercle rayonnant centré de la lettre G avec ce « N.B.this circle and the Holy Flam added when Masters are taken up ».
Le catéchisme nous donne la réponse de la lettre G, il s’agit ici de « GEOMETRIE ».
Cette GEOMETRIE est celle d’Anderson qui dans les « Constitutions » de 1723 en précise les contours : «… les Arts mécaniques donnèrent l’occasion aux savants d’apprendre à réduire les éléments de la Géométrie en méthode et cette noble science, réduite de la sorte, constitue le fondement de tous les Arts (en particulier de la Maçonnerie et de l’Architecture) et les Règles par lesquelles ils sont conduits et pratiqués ».
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Mais la signification de la lettre G des « Old Lodges » ne nous est pas donnée.
Faut-il dès lors y voir, par effet d’imitation, GEOMETRIE ?
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On nous affirme que la lettre G vient des « Old Charges » qui, de fait, sont incontestablement anglaises ?
Si la lettre G n’apparaît nulle part dans les « Old Charges » (les « Constitutions Roberts » de 1722 n’en font pas plus état), on peut raisonnablement penser qu’elle désigne la GEOMETRIE, donc la Maçonnerie, d’autant plus que le Ms Régius commence par relater la Géométrie selon Euclide en précisant que la « Maçonnerie » est « la bonne Géométrie » ce qui sera mis en évidence dans le Ms Cooke et les « Anciens Devoirs » ultérieurs.
La maçonnerie du début du 18e siècle (dans son ensemble) s’en est-elle uniformément référée ?
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Dans l’ancienne maçonnerie c’est l’expression « Allmighity God » qui apparaît sans trace d’un G qui pourrait signifier GEOMETRIE.
Dans le MS anglais « Masonery Dissected » (1730) relevant des Moderns, sous l’intitulé « The Repeating of the letter G », on trouve « Welcome, Brother, by the grace of God », (que j’ai donné) alors que la Géométrie est par ailleurs désignée comme « cinquième science ».
Dans une convocation de 1726 des « Maçons Antediluviens » opposés à la Loge des Moderns, il est fait état de la lettre G : « plusieurs conférences sur l’Ancienne maçonnerie, particulièrement sur la signification de la lettre G… ».
On ne référence pas ici la lettre G.
Sommes-nous en la circonstance en présence d’une Loge de Métier ?
Difficile de l’affirmer, puisque les termes « Antediluvian Masonry » et « « Ancient Masonry » peuvent désigner des Maçons de l’ancienne tradition qui n’appartiennent pas au Métier.
Néanmoins, en fin de convocation il est question de « cowan » à écarter qui sont des sortes de manoeuvres qui ne possèdent pas le « Mot de Maçon » comme c’est le cas pour les Tailleurs de pierre.
Même si ces maçons pouvaient aussi bien être des Maçons rétifs aux changements, que des maçons d’une maçonnerie moribonde ou encore des pré-spéculatifs à la recherche d’une antériorité, les identifier de facto aux « Anciens Devoirs » serait purement spéculatif, d’autant plus que la « description particulière donnée du Temple de Salomon » pratiquée par cette maçonnerie ancienne, donne la description du meurtre d’Hiram : « avec toute l’histoire du fils d’une veuve tué d’un coup de masse, trouvé ensuite trois pieds Est, trois pieds Ouest, et trois pieds perpendiculaires, ainsi que la nécessité qu’il y a pour un maître à bien comprendre la règle des trois », ces éléments n’apparaissent pas dans les « Anciens Devoirs » ce qui laisse pour le moins des interrogations quant à la provenance de cette « Ancienne maçonnerie ».
La convocation se termine par une signature : « Par ordre de la Fraternité – Lewis Giblin ».
Giblin = lettre G ?
#Délire ?
Une Ancienne maçonnerie qui montre une opposition avec les Moderns, indiquant des « innovations » dont pourrait être incluse la « signification de la lettre G ».
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Posons-nous la question de savoir si « Giblin » apparaît par ailleurs.
C’est le cas.
La lettre G faisait l’objet, à l’entame du 18e siècle, de spéculations, ce qui vaut une mise en garde du Frère Bacon : « Le Frère Bacon conseille aux Francs-maçons de prendre garde aux mauvais sujets qui font irruption pour déranger leurs instruments : leurs Ghiblim et équerres vont se retrouver sur la place publique, et Jachin et Boaz cesseront d’être des secrets » (« Prophétie du Frère Bacon » 1713 »).
Dès 1713 un mot en G (« Giblin ») apparaît dans les textes britanniques avec le Ms Stanley.
« Ghiblin », orthographié de différentes manières (Giblim, Giblun, Giblen…), se retrouvera dans le le Ms « The Grand Mystery of Free-masons discover’d » de 1724, le Ms « A letter from the Grand Mistress… » également de 1724, le Ms « Institution of Free Masons » de 1725…
Les Ghiblim constituaient une compagnie de tailleurs de pierre de la cité de Gebal.
La Bible Barker (1580) stipule qu’ils étaient « d’excellents maçons ».
Anderson en ferra état dans se « Constitutions » de 1723.
Dans le Ms Wilkinson (1727), Giblin désigne le nom d’un Maçon.
En 1731, le « Frontispice des Constitutions de Cole » montre un arc voûté au fronton duquel figure la lettre G au départ d’un escalier à vis.
René Désaguliers qui étudia longuement ces éléments, affirmera en 1988 : « à chaque fois que la lettre G apparaît quelque part, vous devez soupçonner que c’est d’abord Ghiblim… »
Ce qui ne veut pas dire que Ghiblim, Géométrie ou God n’ont aucune affinité.
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#Je délireTu déliresIldélire ?
Je maintiens : délire !
G est depuis toujours (en maçonnerie) l’initiale des mots Géométrie et God en anglais.
Inutile d’épiloguer sur les centaines (et plus) d’expressions où God/Dieu/ Gott/ Djou … apparaissent. Le mot y devient tic de langage et rien d’autre.
Dieu merci, la plupart des maçons s’en foutent !
Ffree Masons beware Brother Bacon advises
Interlopers break in & Spoil your Divices
Your Giblin & Squares are all Out of Door
And Jachin & Boaz shall bee Secrets no more
Le Stanley dit seulement que le mot Giblin est un « secret » maçonnique, comme B & J. Il ne fait aucun rapprochement avec la lettre G;
13 Je suis allé à Kilwinning il y a une dizaine d’années. Il y a, dans les locaux actuels de la Loge, un petit musée ou sont effectivement affichées ces prétentions, qui m’ont été confirmées par le frère qui m’à accueilli. Il est vrai que j’ai plus eu la sensation d’être en visite à Lourdes que dans la plus ancienne Loge d’Ecosse ?. Je me suis aussi rendu sur les ruines de l’ancienne abbaye où je n’ai pas éprouvé de sensation particulière. Mon 6ème sens est resté muet.
A 150 km de la à Rosslyn je n’ai pas non plus retrouvé trace des Templiers. Dans la boutique souvenirs il y avait même quelques affiches un peu ironiques envers la Franc Maçonnerie. En revanche le plafond du chœur de la cathédrale inachevée est orné de pierres sculptées chargées de symboles qui valent le détour mais sur lesquels les guides ignares font totalement l’impasse pendant leurs visites.
Les archéologues sont assez nombreux aujourd’hui à remettre en cause la présence de Templiers en Écosse. Ils contestent notamment l’authenticité des pierres tombales censées couvrir leurs sépultures. Chevalesques sans doute mais templieres pas sûr…
Faut lire le Rosslyn hoax de Robert Cooper, bibliothécaire de la GL d’Ecosse. Il démonte toutes ces fables qui datent souvent du XIX° siècle.
Un degré à Kilwinning mérite quand même d’être vu pour l’atmosphère !
Les templiers réfugiés en Ecosse, ça vaut Rennes-le-château !
Merci Pierre pour ces précisions très enrichissantes. J’ai deux questions concernant Kilwinning n°0:
– La Loge mère revendique la paternité du Mot de Maçon.
– Les frères prétendent qu’à ses débuts elle se réunissait dans le chapitre de l’abbaye.
Avons nous des preuves de la véracité de ces informations ?
à 11; Kilwinning (qui est un patelin de 15.000 Habitants à 20 miles au sud de Glasgow) est surtout connue par ses prétentions. Il s’y trouve les ruines d’une abbaye qui serait la plus ancienne d’Ecosse, fondée par un certain St Winning au VII° siècle.
Elle se présente comme la première loge d’Ecosse alors que la plus ancienne source la qualifiant de «the ancient lodge of Scotland » date de 1643. Elle fut acceptée comme la « head » et deuxième loge d’Ecosse par W.Schaw en 1599. Sa rivalité avec Edimbourg est proverbiale).
Le premier Minutes book est de 1642. La loge pratiquait sans doute le Mason Word, mais il n’y a pas de preuve qu’elle l’ait inventé. (Il est amusant de comparer les entrées Kilwinning de wikipedia en anglais et en français !)
La loge actuelle est aussi la GL Provinciale de Kilwinning, province dont elle est la seule loge (l’Ayrshire dont elle fait géographiquement partie a sa propre province forte de 44 loges).
-1- Concernant le « Diamond », on retrouvera dans le MS « Simon and Philip » de 1723, au centre d’un dessin intitulé « This is the form of the old lodges » une figure en losange avec la lettre G en son centre.
Ce losange est-il la représentation d’une pierre précieuse, ou encore, sommes-nous en présence d’une pierre taillée en forme de Diamond ; le seul but, en la circonstance, étant de montrer l’importance avérée de la lettre G dont la signification, outre Giblim (sa première occurrence), pourrait renvoyer à un sens divin par l’expression Glory to God ou encore Grace of God ?
Dans « Le Tuilage d’un maçon » de 1723, le Diamond fait partie des quatre « bijoux précieux en maçonnerie » avec l’Équerre, le Parpaing et la Planche à Tracer.
« l’importance avérée de la lettre G dont la signification, outre Giblim (sa première occurrence), pourrait renvoyer à un sens divin par l’expression Glory to God ou encore Grace of God ? »
Tous les délires sont permis.
Très accessoirement, le « Dialogue entre S et P » est typiquement anglais, comme la lettre G qui vient des Old Charges.
les MS écossais n’en parlent pas.
Plein d’intérêt comme toujours Pierre. Merci.
Les vingt ou vingt-cinq loges permanentes sont finalement le produit des statuts SCHAW. Distribuées dans tout le pays, leurs livres d’architecture montrent qu’elles ne sont pas consacrées au travail de la pierre, moins encore à son apprentissage, mais à des activités administratives, sociales, conviviales et ludiques réunissant les membres de la loge : 2 ou 3 réunions par an, l’admissions de nouveaux membres, la récolte des cotisations, les jugements de litige et les amendes, les réceptions rituelles, l’élection annuelle du WARDEN et le banquet également annuel le 20 décembre (sic). Le travail vraiment opératif se fait ailleurs, sur les chantiers et les lieux de travail, comme l’apprentissage d’ailleurs, que ne connaissent pas les non-opératifs. Parler de transition ou d’emprunts dans ces conditions devient problématique.
Formées souvent par des opératifs, beaucoup reçoivent ensuite des non-opératifs (nobles ou bourgeois) et leur histoire ultérieure montre des conflits fréquents entre les deux groupes pour le contrôle de la loge, avec des hauts et des bas (prédominance des uns, départ des autres, retour ultérieur ….). Un seule (Dunblane) est connue pour des amitiés jacobites (en 1715) sans lendemain.
Tout cela n’est pas simple et ne correspond pas au message théorico-dogmatique de certains thuriféraires. (Faut lire the early freemasons in Scotland, de D.Stevenson)
Pour vous montrer le genre de préoccupation : la première entrée du livre de Mary’s chapel, Edimbourg, actuellement n° 1 de la Grande Loge d’Ecosse (le texte est dans Murray-Lion, 1900). Il s’agissait bien de cheminée et de « cowan » (pas de cathédrale !!).
Je traduis :
Dernier jour de juillet 1599
Ce jour-là, George Patoun, maçon, admit et confessa qu’il avait fait offense au diacre & à ces messieurs en utilisant un cowan pour travailler à une cheminée pendant deux jours et demi. Pour cette offense il se soumettait, quant à l’amende, au bon vouloir du diacre et de ces messieurs, qu’il leur plaise de (la) mettre à sa charge, et eux, par respect pour l’humble soumission dudit Georges et en (considération) de sa situation sociale, pardonnèrent ladite offense pourvu toujours que si lui ou quelqu’autre frère osait commettre la même offense à l’avenir, la loi frapperait les coupables, sans exception de personne.
Ceci fut rendu en présence de Paul Maisson, diacre, Thomas Weir, gardien, Thomas Watt, Johne Broun, Henrie Tailziefer, ledit George Patoun & Adame Walkair.
L’organisation écossaise avait une particularité, la coexistence dans une même cité d’une corporation (la guilde) et en parallèle d’une loge, se réunissant souvent dans le même bâtiment ! La corporation regroupait les métiers du bâtiment (tailleurs de pierre et charpentiers, nommés « wrights » ) et était représentée dans les autorités communales. La loge était « secrète » mais ses membres (les masons, dirigés par un Warden) faisaient aussi partie de la corporation (dirigée par un Deacon), seule représentée à la Commune. A la loge, la vie interne (les amendes notamment) et les cérémonies initiatiques et rituelles ; à la corporation, la vie publique et les responsabilités communales.
Le parcours était complexe : l’adolescent de 14 ans devenait apprenti de la corporation (indentured) sous contrat d’un maître, enregistré (booked) dans les registres communaux, puis (quelques années plus tard) admis dans la loge et « entered » (initié). Sept ans plus tard, il était reçu « Fellow et Master » dans la loge (alors qu’il n’était encore que fellow de la corporation). Il ne devenait master de la corporation et burgess de la ville que bien plus tard, avec de la chance, un mariage avantageux, des appuis politiques, de l’argent en suffisance … Le cas de Dunblane est bien raconté dans A.Q.C. lxvii, p. 139 et suivantes, au départ du Minutes Book de la loge.
Cette situation amena parfois la révolte des fellows laissés pour compte qui firent sécession et créèrent une loge à eux (ce fut le cas de la Jouneymen Masons Lodge à Edimbourg, qui existe toujours)
Bonjour,
Merci à Pierre Noël pour ce décryptage inspirant de cette « proto-maçonnerie ».
L’histoire ne dit-elle pas de quel pied part l’apprenti ?
Frat.·.
Georges
Le Sloane décrit ainsi la marche :
Another signe is placing their right heel to the inside of their left in form of a square so walk a few steps backward and forward and at every third step make a Little Stand placeing their feet Square as aforesd.
« Placer le talon droit dans le creux du pied gauche, faire trois pas et terminer en plaçant les pieds comme dit plus haut » ! Je comprends cela comme un départ du pied gauche, mais je peux me tromper.
Merci de tout coeur à Pierre Noël pour ce remarquable texte. Concision et érudition. Quant à la marche, il me semble au contraire que mettre le pied droit ainsi permet de partir du même. Du reste, l’inverse n’est pas impossible, surtout pour un ambidextre (ou ambipédestre) comme je le suis. Bref, ce petit secret semble bien gardé et c’est plutôt plaisant. Que la recherche continue et MERCI à celles et ceux qui la tracent !
Petit complément ! Dans le Mason’s examination, la marche est décrite partant du pied droit
« To meet a Brother, You must make the first Step with your Right Foot, the second with your Left ; and at the third you must advance with your Right Heel to your Brother’s Right Instep »
Donc trois pas, droit-gauche-droit, le dernier mettant le talon (droit) dans le creux du pied droit de l’autre F.
Diamond a plusieurs sens.
le diamant est d’abord, pierre précieuse (gemstone) qui n’a pas sa place dans ce contexte. Le losange, forme géométrique du « carreau » du jeu de cartes (nommé diamond en anglais), ne convient pas vraiment.
Ici, le mot désigne plutôt la pierre taillée sur toutes ses faces (comme un diamant !), à l’inverse de la pierre brute. Cubique me paraît plutôt approprié, même si une véritable pierre cubique est assez rare, me semble-t-il dans la construction (je duis loin d’y connaître quelque chose)
Le mot Ashlar désigne plutôt une pierre dont certains côtés sont taillés en forme d’angle droit (le mot vint d’axilla qui a donné aisselle). le perpend-ashlar, c’est un parpaing.
Bonjour,
Une question à Pierre Noël : dans « Mason’s examination » la phrase anglaise est « and know the Astler, Diamond, and Square » traduite ici par « et je connais la pierre taillée, la pierre cubique et l’équerre ».
« Astler » déformation de « Ashlar », c’est bien une pierre de taille.
Mais « diamond » traduit en « pierre cubique » m’interroge ; j’avais en tête que « diamond » était une figure géométrique de type losange. Il est vrai qu’Harry Carr évoque l’hypothèse d’une corruption de « dinted ashlar » lui-même corruption de « perpend ashlar », ce qui correspond dans le vocabulaire français à « un bloc de pierre taillée qui traverse un mur d’un côté à l’autre et sert de pierre de liaison » d’après Knoop, Jones et Hamer. C’est donc bien une pierre cubique (et pas un cube…), mais une pierre cubique avec une fonction particulière (une boutisse parpaigne). Est-ce bien le sens de « diamond » ? J’avoue rester sur ma faim !
Frat.·.
Christian