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Je n’avais pas prêté attention à cette article, cet homme et frère m’étant inconnu.
Je commencerai par lui rendre hommage, le texte de Philippe Foussier et les éloges qui le complètent achèvent de me convaincre d’une valeur humaine inestimable.
Si j’interviens, c’est à la faveur d’un détail amusant, s’il n’était tragique.
L’article évoque le curé Meslier, théoricien de l’athéisme et précurseur des Lumières, si ce n’est l’initiateur par le paradoxe qu’il véhicula et provoquera inévitablement le questionnement des hommes libres.
Pensez, un homme d’église, pourfendeur de la religion et auteur d’une critique radicale de la société du XVIIè siècle, dénonçant les injustices de la noblesse dont il était censé défendre les intérêts.
Dès lors me vient à l’esprit ce qui me semble une vérité, les évidences sont le propre de l’illusion.
Et je pense à nos historiens maçons, se faisant forts de nous décrire la réalité de la première Grande Loge à l’appui d’une connaissance quasi exhaustive de la société anglaise du début du XVIIIè siècle, nous affirmant, en dépit d’un texte révélant le contraire (Constitutions 1723), que la religion était d’une évidence telle pour ces premiers franc-maçons spéculatifs, dont parmi les personnalités les plus importantes se trouvait des hommes d’église (Désaguliers, Anderson), qu’il était impensable pour eux, non seulement de la moindre remise en cause de la religion, mais moins encore que le texte fondateur de la franc-maçonnerie spéculative puisse la relativiser en quoique ce soit, quand à sa condamnation ce serait une idée farfelue.
Ces mêmes historiens, écartant d’un revers de main une partie des premiers écrits maçonniques qualifiés pour la circonstance de fantaisistes, nous assurent, le coeur, la raison et leurs connaissances sur la main, que l’évidence de la croyance religieuse était à ce point ancrée chez les hommes de cette époque qu’elle n’avait pas besoin d’être justifiée, et contestée n’est pas une hypothèse.
Nous vivons une drôle d’époque en Franc-maçonnerie.
Alors que partout les connaissances progressent, alors que scientifiques et universitaires font de la remise en cause des certitudes la condition impérative à l’établissement de la réalité, nous les maçons nous établissons notre réalité historique sur de supposées évidences déterminant une toute aussi supposée réalité.
J’invite tous les frères doués de la capacité à se remettre en question, doués de la capacité de faire preuve d’objectivité jusqu’à la remise en cause de leurs intérêts et des certitudes qui les servent, à faire une analyse objective des textes Moderns authentiques, notamment s’agit de la partie « historique » des Constitutions 1723 et son éventuelle corrélation avec l’article 1 des Obligations.
Chaque mot est important, rien n’est écrit au hasard et il n’y a rien de fantaisiste dans ces textes comme cela est de coutume dans les travaux des maçons, comme cela était l’exigence sur les chantiers de nos frères opératifs.
Egalement à s’interroger sur les raisons de l’émission de nouvelles Constitutions en 1738, période de déclin pour la GL, ainsi que sur les raisons qui ont motivé les Moderns à abandonner ces nouvelles Constitutions pour revenir au texte de 1723, ceci dès la création de la GL des Antients et par deux fois au plus fort de la querelle qui les opposait.
La connaissance de l’Histoire primitive de la franc-maçonnerie détermine la justesse de sa pratique.
C’est à l’image du C.d.R. et du grade d’Apprenti où se trouve dévoilée toute la maçonnerie.
La franc-maçonnerie est de plus en plus pénétrée par la religion et par la politique, ces deux champs directeurs deviennent son alpha et son oméga. Aucun des deux, à aucun titre et aucun de leurs principes respectifs ne sont, à mon sens, l’objet de la Maçonnerie.
Je découvre, aujourd’hui, 16 octobre 2020, en ouvrant la Revue du XVIIIe siècle, la mort de Roland Desné.
Ce fut ‘mon patron’ à Reims, en Littérature comparée. Un collègue loyal, élégant.
Un jour dans un café rémois où je bavardais avec des étudiants, j’apprenais, surprise, qu’il (le communiste) m’avait toujours défendue, quand les ‘stals’ de l’Unef-Idée m’attaquaient, qui me jugeaient ‘gauchiste’, ce que je n’étais pas. Les communistes libertaires étaient rares et les patrons loyaux et élégants encore plus rares. Après Mai 68, personne, aujourd’hui, ne peut imaginer l’état d’esprit des notables qui avaient eu peur.
Quand je fus attaquée par le Directeur du département de français, qui me faisait de gentils sourires dans les couloirs de la faculté, il écrivit à la présidence et démonta longuement le rapport du collègue qui m’était en péril ma tituralisation..
Je n’étais pas carriériste, il l’avait compris, aussi de temps à autre, pour me pousser, il me proposait des notes de lecture d’ouvrages allemands sur le XVIIIe siècle, me fit participer à un jury d’agrégation, etc.
*
J’aimais sa très fine ironie, accompagnée d’un petit éclat joyeux dans la prunelle de ces yeux. Jamais agressive, mais toujours tamponneuse.
Je terminerai sur un détail, qui en dit long (à mes yeux) : quand il m’est arrivé, lors des grèves de la SNCF de revenir de Reims dans sa 2CV, pour lui éviter un long détour (j’habite à l’est de Paris, il habitait à l’ouest), j’insistais pour qu’il me largue à une porte de Paris. Il haussait les épaules et disait sur un ton bourru et même agacé : « à quoi ça sert d’avoir une voiture si on n’est pas capable de déposer quelqu’un devant sa porte ». Personne n’a refait ce geste fraternel (pas même des ami-ies intimes).
Je me promettais toujours d’aller le voir et d’en profiter pour le remercier et pour son soutien et plus encore pour la liberté qui fut la mienne sous son ‘directorat’. C’était un homme de gauche conséquent qui vous traitait en égale. Rarissime.
La mort laisse des regrets, dit-on… Oui, je regrette de n’avoir pas pris le temps d’aller le voir, je le savais malade.
De sororales pensées à sa femme à la convivialité musicale. Quant aux enfants : je sais par expérience combien il est précieux d’avoir eu un père que l’on peut respecter.
Bariant Marc 31/07/2020
Je partage les sentiments de notre frère René, j’ai eu le bonheur de rencontrer Roland à l’aréopage « Sources », je garderai de lui sa fraternité et sa grande érudition, discret et fraternel, assidu à nos travaux j’ai beaucoup appris de ses réflexions. Désormais assis à la table des sages, il contemple la face de lumière de notre maître Hiram, adieu Roland…
Affectueux hommage à Roland Desné , passeur des Lumières parmi nous pendant des années..
Votre Charles Coutel
Cela m’attriste beaucoup. Je ne connais rien, au mieux pas grande chose, à la franc-maçonnerie, mais je sais que chacun des membres apporte une lumière particulièrement bénéfique pour l’humanité. Une de ces lumières s’est éteinte sans que l’humanité en rende compte qu’elle est encore plus perdante
A l\’époque où je dirigeais la marque éditoriale \ » Editions Vega\ » , j\’ai eu l\’honneur de fréquenter un peu le F Roland Desné. J\’ai pu à l\’occasion de la publication de \ » Le parler des francs-maçons\ » apprécier son intelligence acérée , la hauteur de ses points de vue, son immense culture et même son érudition . Mais le F Roland Desné n\’était pas qu\’un grand intellectuel , dont les écrits invitent à la réflexion . C\’était un authentique Franc-maçon , incarnant , dans ses actes , dans son comportement, sa pensée . C\’était un homme modeste , humble , fraternel , un de ceux qui , par leur présence sur les colonnes, honorent la Franc-Maçonnerie.
Merci à Philippe Foussier pour ce très bel hommage qui rend très bien compte de la personnalité et de l’œuvre de Roland Desne. Le passage à l’Orient éternel de Roland me peine beaucoup. C’ est lui qui le premier m’a invitée à présenter une communication à un colloque du GODF L’un des trois sur le bicentenaire de la Révolution française. C’était hier…il avait ainsi ouvert la porte de la recherche sur la franc maçonnerie à une jeune chercheuse, merci Roland!
J’étais à cette date le Vénérable Maître de la R.L. La Noble Amitié à l’Or. de Metz : j’ai donc eu le privilège de procéder à son initiation le 14.09.1974
Je l’avais invité suite à la sortie de son livre sur le curé Meslier
C’est la famille PORSET qui me l’avait présenté. Connaissant ses relations maçonniques et ses publications, je lui ai posé cette question :
– Pourquoi n’êtes-vous pas Franc-Maçon ?
-parce que on ne me l’a jamais demandé.
-considérez alors que c’est fait.
et il est parti avec une copieuse documentation.
8 jours plus tard j’avais sa réponse avec toutes les précisions données par notre Fr. Philippe FOUSSIER.
Il venait, à chaque Tenue, de Reims à Metz et il a été d’une assiduité rare.
Il venait de temps à autre chez moi passer le week-end, accompagné de Malvina, sa compagne., pianiste de talent.
Il vivait en dernier dans sa maison de Corse.
Je suis très triste
Il lui sera rendu, dans sa Loge messine, un hommage car les plus anciens en avaient
gardé un excellent souvenir
René HALLY