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Un peu de calme les coteries…
En 1600 le Béarn n’est pas encore rattaché à la France, fort peu de chance de parler français parmi les béarnais, en dehors des élites.
De même réservons la langue des oiseaux aux oeuvres livresques et traités hermétiques.
Après notre tailleur de pierre n’aurait pas pu tout inscrire dans un cercle quarté…alors une ovale quarté…
Je la sens dure cette pierre, difficile de travailler en finesse…je vois mal une main bénissant dans une oeuvre profane, la tradition orale est belle, elle témoigne de la dureté du métier. De toute façon je doute que l’on retrouve la trace éventuelle d’une corporation dans cette vallée ! Alors gardons le mystère…
Pour le A le béarn est bien loin du saint empire romain germanique, mais je vous invite à relire la réédition remarquable avec ses annotations de l’oeuvre de franz rizha effectué par Jean-Michel Mathonière sur les signatures de tailleur de Pierre.
Je reconnais que le coup du tréteau vu de profil, après avoir bu une bouteille d’ Irouléguy, pourrait nous inspirer pour tracer un A en train de se replier !
Bon alors admettons que notre tailleur de pierres a taillé cette image pour rien… pour se faire plaisir sans intention particulière… en qq sorte du temps perdu.
Ce faisant arrêtons de chercher puisqu’il n’y a rien à trouver… et buvons frais.
Est-ce du temps perdu que de tailler une pierre afin d’afficher sur sa maison les outils de sa profession, la date de la construction, et la main de Dieu bénissant cette demeure ? Je ne pense pas… Est-ce du temps perdu que de chercher à trouver à cette évidence ô combien humaine et de tous les temps des prolongations où de grands Zinitiés (avec un Z majuscule) auraient cherché à nous montrer qu’ils possédaient les secrets de la quadrature du cercle ? J’incline à le penser… En fait, la seule question qui vaille, Michel a raison de soulever ce point, c’est à combien devrons-nous partager cette bouteille d’Irouléguy ? Car de cela dépend le niveau d’ivresse permettant d’excuser, soit la poésie, soit les prémisses d’un delirium tremens… Bonne journée.
Le pourquoi du A associé à l’équerre et le R au compas ? Il me semble pourtant avoir été clair dans l’explication on ne peut plus rationnelle de ces lettres : R et A sont les initiales de l’artisan, Raymond Argelas. Pourquoi vouloir absolument zozotériser à tout va sur la moindre chose ? Selon vous, il eut peut-être été plus signifiant d’associer le A au compas et le R à l’équerre ?
Cette forme du A, avec la barre brisée, est habituelle dans les métiers de la pierre depuis les marques lapidaires médiévales et elle a perduré jusqu’à la fin du XIXe siècle et même encore au début du XXe chez les carriers. Précisons d’ailleurs qu’à son origine, il y a peu de chances qu’elle ait voulu évoquer, comme je l’ai déjà lu, l’entrecroisement du compas et de l’équerre, emblème de métier qui ne s’est imposé qu’assez tardivement (et encore, pas systématiquement chez les « vrais opératifs »). Je serais par ailleurs curieux de savoir ce qu’est exactement selon vous un « chevalet » ou « tréteau » de tailleur de pierre, a fortiori avec cette forme.
L’ovale en forme de double anse de panier possède en effet un tracé géométrique intéressant et il n’est pas impossible que la géométrie de cet emblème procède d’une intention symbolique particulière. Mais je me garderai bien d’alimenter de vaines spéculations en la matière…
Quant à la « langue des oiseaux » « propre au métier », c’est à mon avis un peu comme la corde à 13 nœuds : des fantasmes que nourrissent les interférences entre des spéculatifs qui se rêvent opératifs et des opératifs qui lisent un peu trop les montagnes de c… que publient les spéculatifs sur les « bâtisseurs de cathédrales » ! Au demeurant, la question à cet égard serait déjà de savoir quelle(s) langue(s) parlaient au juste les tailleurs de pierre de la vallée de l’Ossau en 1600. Je ne sais pas s’ils connaissaient encore le grec… Grasset d’Orcet, sors de ce corps !
Cher JMM
Un de mes anciens maîtres qui fut Compagnon avant d »être professeur disait parfois « la prétention de savoir fait souvent des savants prétentieux ».
J’apprécie chez vous l’érudition incontestable mais assez peu sa manière d’être que je connais un peu pour vous avoir vu et entendu en conférences.
Pour ma part je n’ai pas procédé par voie affirmative mais seulement par questionnement parce que pense en effet que pour éclairer les intention de l’artiste il est nécessaire de s’informer le plus complètement possible sur l’auteur; son environnement local et son histoire. La langue parlé est une des infos à retrouver.C’est seulement à partir de là qu’on peut éventuellement formuler des hypothèses plausibles. A ce moment mes questions restent entières.
Un chevalet ou un tréteau j’en vois chez mon ami tailleur de pierre qui vus de côté affectent la forme d’un A médiéval. Il s’en sert soit pour former une table soit pour poser dessus des pièces de petite taille.
Quant à la forme ovale le décalage des centres n’est pas une question anodine au plan symbolique.
Enfin sur la langue des oiseaux je vous laisse votre opinion.
Néanmoins fraternellement vôtre..
J’aime beaucoup les donneurs de leçons fraternels… Depuis que j’ai entrepris de décaper certaines conneries que l’on colporte avec beaucoup de suffisance dans les milieux compagnonniques et maçonniques, j’en entends beaucoup. Plus jeune, on cherchait à me les imposer en me disant : « P’ti gars (je suis en effet de petite taille), tu es trop jeune pour savoir ceci ou cela. Tu n’as pas encore atteint tel grade ou tel niveau. Tais-toi ! » Aujourd’hui, il est difficile de me reprocher mon ignorance. Donc on me reproche mon érudition, ma prétention, etc. C’est assez pitoyable, non ?
Vos questions, justement, ne sont pas des questions : ce sont des affirmations qui n’osent même pas dire leur nom… Et précisément, pour ma part, je n’ai pas la prétention de savoir. Mais j’ai en revanche l’exigence profonde de douter, d’interroger, d’approfondir, de ne pas me laisser aller à mes propres croyances et certitudes.
Puisque vous semblez connaître un peu mon travail, je vous rappellerai que j’ai justement donné dans une de mes publications la clé géométrique (et, de fait, symbolique) de ce tracé de l’ovale. Toutefois, il me semble indispensable avant d’éventuellement partir dans les interrogations « symboliques » de faire tout d’abord table rase des fantasmes « zozos » et de correctement définir le sens historique et concret. À bon entendeur…
Mais pourquoi donc prenez-vous la mouche??? Je ne vous ai pas reproché votre érudition, je n’ai pas contesté vos précisions sur l’auteur de cette pierre gravée. J’ai au contraire dit comme vous sous une autre forme « qu’il y a lieu de définir correctement le sens historique et concret ». Je me cite après vous « … pour éclairer les intention de l’artiste il est nécessaire de s’informer le plus complètement possible sur l’auteur; son environnement local et son histoire. La langue parlé est une des infos à retrouver.C’est seulement à partir de là qu’on peut éventuellement formuler des hypothèses plausibles. A ce moment mes questions restent entières…. ».
Pour ma part je n’éprouve pas le besoin de jouer les redresseurs de torts à tous propos. Ceci étant vous ne pouvez pas considérer les opinions et questionnements des participants de ce blog comme des fantasmes ou des élucubrations zozotiques (en mémoire votre réponse à une dame (conférence de Colmar) qui vous a posé une question assortie de considérations prêtant à sourire … si elle avait pu lors de votre réponse trouver un trou de souris…). Cette manière d’être serait mon seul reproche. Fraternellement plutôt que « à bon entendeur… ».
Fin de l’échange.
C’est gentil de me servir sur un plateau l’exemple de cette conférence à Colmar afin d’illustrer les ravages hélas bien réels du zozotérisme !
Pour mémoire, ce n’était pas une simple « conférence » : c’était à l’occasion du XIXe colloque international de glyptographie organisé du 28 juillet au 1er août 2014 par le Centre international de recherches glyptographiques (CIRG). Bien que ce n’était pas un colloque universitaire, ce n’était pas non plus un rendez-vous d’intervenants dépourvus de toute rigueur à cet égard.
Initialement, ma « communication » lors de ce colloque savant devait porter sur la pratique de la marque lapidaire chez les compagnons tailleurs de pierre en France (c’était la demande qui m’avait été faite par l’organisateur). Toutefois, ayant d’emblée formé le projet de démontrer que c’était là un faux débat puisqu’il n’existe pas à proprement parler de pratique collective de la marque dans les compagnonnages français à l’époque moderne, j’ai finalement opté pour une communication plus constructive. À savoir, précisément pour couper court à un certain nombre de visions fantasmatiques et romantiques, un exposé sur ce que nous savons réellement quant aux compagnonnages français de tailleurs de pierre — notamment à partir de l’exceptionnelle base documentaire avignonnaise que j’explore depuis 1996. Ce n’était donc clairement pas, comme annoncé en préambule même de ma communication, une collection de poncifs quant à ce que nous ne savons pas et que, tout au plus, on peut évoquer au titre des hypothèses restant à documenter et à vérifier. Et encore moins, dans ce contexte, l’exposé de mes propres convictions quant à l’ésotérisme, supposé, des « bâtisseurs du Moyen Âge » (pour employer un concept assez mou).
De fait, après avoir aussi clairement cerné quel était l’objet de ma communication et quelles étaient par conséquent ses limites, certaines questions du public au moment du débat étaient pour le moins hors sujet. Et dans la mesure où ces personnes, comme il arrive régulièrement dans les conférences publiques, n’avaient en réalité pas de « questions » à poser, mais seulement des « affirmations » à faire, transformant ainsi le débat en chaire à prêcher leur foi et afficher leurs égos, il est difficile — et pour tout dire, intellectuellement malhonnête — de sous-entendre que mon attitude dans mes réponses a été incorrecte.
Au demeurant, il me souvient très clairement qu’un homme a lui aussi transformé la fin de ce débat en gloubi-boulga zozotérique avec l’affirmation réitérée, tel un crédo prouvant n’importe quoi, que « l’absence de preuves ne constitue jamais que la preuve de l’absence de preuves », pur sophisme dont sont coutumiers tous ceux qui « savent » (eux !) afin de justifier dans leurs exposés le recours à la « tradition orale » des grands initiés (dont ils sous-entendent ainsi qu’ils font partie, eux) ! Bref, entre la femme que vous avez évoquée et ce personnage, une partie du public a fini par bruyamment applaudir à mes réponses (qui certes étaient devenues quelque peu cinglantes au fur et à mesure qu’ils insistaient sans aucun égard pour ceux qui avaient, eux, des « questions » à poser) afin de les faire taire !
Je me demande bien qui était ce grand initié…
Pour ceux que cela intéresse, les actes de ce colloque ont été publiés et ma communication y figure sous le titre : « Aperçus sur les compagnonnages français de tailleurs de pierre ».
Intéressants développements de JMM et LG mais qui n’expliquent pas le pourquoi du A associé à l’équerre, le R associé au compas et la forme du cartouche en ovale (anse de panier)? Pour le dernier point on peut penser que c’est la forme de la pierre qui a contraint le tracé sauf si l’anse de panier (multi centres) a un sens? En regardant attentivement la photos on voit que la main semble désigner le centre de la croix (pouce) alors que les doigts joints semblent montrer un point sur l’axe horizon…. . Quant au A ne serait-ce pas un chevalet (tréteau de de tailleur de pierres)?…. Dans cette perspective ne pourrait-on voir das cette figure un message selon la langue des oiseaux propre au métier? (ce qui n’exclue pas les autres lectures envisagées.
merci pour vos réponses et commentaires
bonjour
c’est effectivement dans le village d’Izeste
Comme l’a pertinemment fait remarquer l’ami Yonnel, il est toujours utile d’être le plus précis possible dans la localisation de ces photographies d’éléments évoquant la franc-maçonnerie ou le compagnonnage. En l’occurrence, cette sculpture se trouve dans le village d’Izeste ainsi que nous l’apprend un remarquable travail d’inventaire réalisé par Jean-Pierre Dugène et publié en 1986 : « Les inscriptions et décorations de l’habitat rural ossalois ». Voici ce qu’il dit à propos de cet emblème :
« Les initiales R.A. sont celles de Raymond Argelas qui vécut dans cette maison. On lui doit d’avoir rehaussé le pont Germe (sur la route d’oléron à Arudy). La tradition orale veut que l’absence de l’annulaire et de l’auriculaire soit la conséquence de la perte de deux de ses doigts au cours de la pose de la clé de voûte d’un pont. On sait que certains initiés emploient cette méthode comme signe de reconnaissance pour signifier le grade dans une corporation. »
Cet emblème fait pendant à plusieurs autres disséminés dans plusieurs villages de la vallée d’Ossau, notamment à Béost comme l’a signalé Yonnel. Le thème de la main revient à plusieurs reprises, avec ou sans doigts absents. On voit ainsi à Béost un exemple daté de 1626 où une main entière s’apprête à saisir le compas par sa tête, le tout accompagné d’une équerre et d’un niveau. Un peu plus loin, toujours à Béost, un écu divisé en quatre quartier nous montre à nouveau une main à laquelle il manque deux doigts, sans qu’il soit possible d’affirmer qu’il s’agit des mêmes ou, au contraire, du pouce et de l’index ; les autres quartiers présentent une règle et un compas, un niveau, une équerre et une fausse-équerre (biveau).
Le travail de Jean-Pierre Dugène évoque l’existence de dynasties familiales de tailleurs de pierre, actifs dans la vallée depuis le XVIe siècle jusqu’au début du XXe. Les emblèmes les plus récents renvoient au compagnonnage du Tour de France, assez probablement celui des compagnons du Devoir Étranger.
Quant au symbolisme, il convient de rester prudent (la vertu par excellence des compagnons tailleurs de pierre). Pour l’essentiel, comme partout en Europe, les principaux outils du maçon tailleur de pierre servent tout simplement à désigner la profession. Ces emblèmes sont tout à la fois marques et enseignes publicitaires. Reste la question de la main, dans laquelle on peut tout aussi bien voir, sans que cela soit nécessairement contradictoire, soit la main de l’artisan, exposée aux accidents hélas fréquents dans la profession, soit celle du Grand Architecte (elle vient souvent, comme dans l’exemple de la photographie, d’en haut). Auquel cas, ce ne sont peut-être pas des doigts coupés qui sont figurés, mais tout simplement les doigts repliés lors du geste de la bénédiction. Cette dernière hypothèse me semble la plus plausible, tenant compte du fait que les nombreuses autres figurations sculptées des maisons de la vallée comportent force symboles chrétiens, à commencer par le IHS qui a connu ici une grande fortune.
Quant à l’hypothèse soulevée par Renaud, j’inclinerai pour ma part à inverser la proposition : les maçons spéculatifs britanniques n’auraient-ils pas emprunté, eux-aussi, à la symbolique chrétienne ? Quant à marquer, marquons bien…
Il est pourtant évident que c’est de la franc-maçonnerie opérative ! Tout véritable initié aura reconnu dans les doigts coupés de cette main une allusion au rituel de la Marque et aussi à celui de l’Installation Secrète du Vénérable Maître !
Le photographe aurait pu, au moins, nous donner le nom du village, car 18 communes font partie de cette magnifique vallée d’Ossau… que j’ai longtemps arpenter quand j’étais à Pau.
Cher Géplu, c’est exact, la vallée d’Ossau compte nombre de ce type de témoignage.
J’en veux pour preuve le village de Béost, en béarnais Biost ou Bioust, représentatif de l’art ornemental de l’habitat rural dans ladite vallée. Par exemple, dans la rue Carré du Hourc bordée de nombreuses maisons fort bien conservées, nous avons la façade d’une imposante maison qui porte un cartouche 1784, du maître-maçon Sassoubs. Il a laissé de nombreuses sculptures aux tendances royalistes, fleurs de lys martelées ainsi que des outils de bâtisseurs. Sur le pilier droit du portail, une autre plaque apparaît, Saquasa 1596, la plus ancienne pierre gravée de Béost. Jean de Saquasa est issu d’une famille de bâtisseurs mentionnée dès la fin du XVᵉ siècle. Rappelons que la date affichée évoque la construction de la maison ou sa rénovation. Ici, 1600.