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J.E.S. TUCKETT écrit dans AQC 37 (1924) un intéressant commentaire concernant les Anciens et les Moderns, avec son style acéré et son esprit toujours anticonformiste (je traduis) :
Les archives de l’Old Dundee Lodge, loge londonienne vieille de près de 300 ans, présentent un tableau extrêmement intéressant et très agréable de la vie maçonnique londonienne au XVIIIe siècle.
On a grâce à elles un récit assez complet de ce qu’était une Loge Moderne pré-Union, selon qu’elle se trouvait située dans ou à proximité de la Métropole ! Cette précision est nécessaire car il y a lieu de se demander dans quelle mesure les Loges de province avaient changé ou modifié leurs rituels en acceptant les Constitutions de la Première Grande Loge et donc ses altérations des rituels antérieurs à 1730 (la fameuse « inversion », le non-repect des fêtes de St-Jean, l’introduction des diacres, l’omission des prières, l’arche royale).
Les « différences » qui distinguaient les Loges de Londres (à quelques exceptions notables) des Modernes de celles de la Grande Loge rivale ou Antients sont bien connues, mais il est permis de douter que ces « différences » aient eu la même ampleur dans les régions plus éloignées du siège central.
Dans certaines provinces, l’évidence montre au contraire qu’au XVIIIe siècle, les Modernes et les Anciens pratiquaient le même Rituel, et qu’aucun changement (ou presque) n’avait dû été apporté suite de l’Union en 1813. Les Frères de ces Provinces étaient convaincus qu’ils utilisaient depuis toujours le Rituel qui leur avait été transmis, sans changement matériel depuis la première moitié du siècle précédent. Ainsi, ceux qui connaissent les écrits de Laurence Dermott se souviendront que dans Ahiman Rezon (3e édition) il est particulièrement sarcastique dans sa description de la méthode d’approche des Modernes d’Ouest en Est dans les différents Degrés. Or ces marches particulières que critique Dermott n’ont jamais fait partie du Rituel propre à ces Provinces.
Une opinion de Ric Berman (que je traduis par respect pour les lecteurs du blog)
Les migrants irlandais ont formé ou rejoint la Grande Loge dit des « Antients » parce qu’ils étaient, en grande majorité, socialement exclus de la franc-maçonnerie anglaise ! Le schisme entre la franc-maçonnerie irlandaise et anglaise était réel, non inventé, résultat direct de l’antipathie sociale entre les deux peuples. Certes, des différences de rituel et d’approche ont été avancées comme raisons ostensibles de la scission entre les deux. En 1758, la Grande Loge d’Irlande cessa ses relations fraternelles avec la Grande Loge d’Angleterre, étiquetée péjorativement de « Moderne », et reconnut la Grande Loge des Antients comme la seule légitime Autorité en Angleterre. L’Écosse lui emboîta le pas en 1773, les trois grandes loges, « Antients », Irlande et Écosse, établissant un pacte de reconnaissance mutuelle exclusif.
Malgré la rhétorique, la scission entre anglais et irlandais en franc-maçonnerie ne concernait que très partiellement le rituel. Les différences, évidentes (notamment leur attitude vis-à-vis de l’Arche Royale) furent très exagérées par les deux parties (le rôle des diacres et la transposition des mots des différents degrés par exemple). Les rituels des Modernes et des Anciens avaient bien plus de point en commun qu’on ne l’admet et cela était déjà attesté dès cette époque. Les conflits vraiment importants entre les modernes et les anciens étaient bien plus d’ordre religieux et social
– Religieux, car la Grande Loge d’Angleterre (les Modernes) était considérée comme ayant sécularisé la franc-maçonnerie et s’étant éloignée de la spiritualité traditionnelle.
– Social, car de nombreux francs-maçons anglais considéraient la franc-maçonnerie comme une activité relativement élitiste et souhaitaient qu’elle le reste.
Il y avait aussi la question clé du racisme. Presque sans exception, les élites anglaises du XVIIIe siècle dédaignaient l’Irlande et les Irlandais. Et la franc-maçonnerie « moderne » a emboîté le pas, en particulier à Londres. Les francs-maçons irlandais expatriés ont été dénigrés et beaucoup de ceux qui ont demandé à rejoindre une loge anglaise ont été refusés. Il y avait à cela plusieurs raisons, surtout dont la première était le préjugé infondé de la nature irréfléchie des Irlandais et un mépris général pour l’Irlande. Le problème était autant politique qu’économique.
Le problème fut transposé en Amérique. Les 300.000 irlandais qui émigrèrent au XVIII° siècle dans les colonies (du Delaware à la Caroline du Nord) y implantèrent une maçonnerie de type « antient » qui devint majoritaire aux Etats-Unis.( Over the Hills and Far Away -Irish and Antients Freemasonry in Eighteenth-Century Middle America (Ric Berman, 2020)
@26: C\’est donc tellement faux ce qu\’écrit Prichard, que des mesures de contrôle sont prises afin de ne pas laisser entrer n\’importe qui dans les loges des Moderns… drôle non ? Dermott et les Antients ne prennent aucune mesure quand le TDK est publié… on ne voit rien de tel dans les registres, non ?
Je veux bien qu\’on puisse interpréter les faits comme on l\’entend, mais là, je ne vois pas comment expliquer qu\’on puisse dire que ce qu\’écrit Prichard est faux alors que cela impose aux Moderns de prendre des mesures…
J’ai écrit en # 26 : « La GL désapprouve sévèrement cette initiative (la publication de Prichard). Le 15 décembre 1730, Prichard est traité de faux frère et d’imposteur. »
Je n’ai rien écrit d’autre (et ça n’a rien de drôle !)
Pierre Noël écrit : « Il est habituel de lire que les « Antients » l‘ont emporté sur les « Moderns » lors de l’union de 1813 et que la GLUA fut établie uniquement sur les exigences « anciennes ».
Certains parlent même à cette occasion de « capitulation des Modernes ». Les rituels actuels en témoigneraient, comme les Règlements adoptés à cette occasion. La Grande Loge unie d’Angleterre serait, par la forme et sur le fond, « ancienne », bigote, rétrograde et intolérante, ne conservant de son héritage de 1717-1721 que le souvenir et l’enveloppe. Le souci des fondateurs d’établir une maçonnerie basée sur le progrès des sciences (Newton et la Royal Society), la tolérance religieuse (le premier article d’Anderson), l’ouverture aux Lumières naissantes auraient été balayés, remplacés par le conformisme borné des Antients, leur obscurantisme et leur attachement aux valeurs religieuses traditionnelles. L’image est séduisante mais résiste-elle à l’épreuve des faits ou n’est-elle qu’une image d’Epinal parmi d’autres ?»
Je me permets (tardivement) d’apporter une petite pierre à cette discussion courtoise en m’excusant de la fournir en anglais (langue que chacun maitrise…). C’est un extrait d’une conférence que j’ai donnée à Manchester il y a une dizaine d’années.
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The definition of ‘the’ First Landmark as the ‘belief in the G.A.O.T.U.’ seems to have appeared first in 1878 within the United Grand Lodge of England’s resolution about France. I believed it was true until I read, first in Gould and then in many other books or papers , the portrait of Martin Folkes who was appointed Deputy Grand Master on 24 June 1724 by Charles Lennox, 2nd Duke of Richmond . This is how the Rev. William Stukeley , Folkes’s contemporary, depicted him:
«In matters of religion an errant infidel & loud scoffer. Professes himself a godfa[the]r to all monkeys, beleives [sic] nothing of a future state, of the Scriptures, of revelation. He perverted Duke of Montagu, Richmond, Ld Pembroke, & very many more of the nobility, who had an opinion of his understanding; & this has done an infinite prejudice to Religion in general, made the nobility throw off the mask, & openly deride & discountenance even the appearance of religion, w[hic]h has brought us into that deplorable situation we are now in, with thieves, & murderers, perjury, forgery, &c. He thinks there is no difference between us & animals ; but what is owing to the different structure of our brain, as between man & man. When I lived in Ormond Street in 1720, he set up an infidel Club at his house on Sunday evenings, where Will Jones, the mathematician, & others of the heathen stamp, assembled. He invited me to come thither but I always refused. From that time he has been propagating the infidel System with great assiduity, & made it even fashionable in the Royal Society, so that when any mention is made of Moses, of the deluge, of religion, Scriptures, &c., it generally is received with a loud laugh .»
Recently, Folkes’s characters were praised in the Online Newsletter of the Society of Antiquaries of London:
« In many ways, Folkes was a modern man before his time. David Boyd Haycock’s Dictionary of National Biography entry notes that he detested all forms of racial prejudice (‘In 1747 he explained to his friend da Costa, who was Jewish, that “we are all citizens of the world, and see different customs and tastes without dislike or prejudice, as we do different names and colours”’). It was Folkes’s active atheism that led Stukeley to describe him as ‘in matters of religion an errant infidel & loud scoffer’, but Stukeley goes on to say something else that suggests an acute mind at work: ‘he confesses himself a godf[athe]r to all monkeys … He thinks there is no difference between us & animals; but what is owing to the different structure of our brain, as between man & man’. Stukeley intends to scoff, but the comment raises Folkes to the stature of a Darwinian more than a century before Darwin » .
Merci cher A.B.
#27 Inutile de crier !
Il suffit de lire à quelques lignes d’intervalle « si le maçon comprend bien l’art, il ne sera jamais athée » et « il ne sera pas exclu de l’ordre pourvu qu’il croie en dieu de la manière qu’il veut » (je paraphrase) pour reconnaître le compromis, difficilement compréhensible pour un esprit cartésien (je l’admets) mais pas pour un insulaire moyen.
(Let a man’s religion or mode of worship be what it may, he is not excluded from the order, provided he believe in the glorious architect of heaven and earth)
« Les deux parties se mirent d’accord sur l’article premier de leurs Devoirs qui était un compromis subtil entre celui d’Anderson et celui de Dermott, mettant en avant la tolérance religieuse (Let a man’s religion or mode of worship be what it may) mais exigeant l’obéissance du Maçon à sa conscience (A Mason is, therefore, particularly bound never to act against the dictate of his conscience) » (« Devoirs d’un franc-maçon » de 1815).
FAUX par partialité : le texte de 1815 ajoute en précisant : « he is not excluded from the order, provided he believe in the glorious architect of heaven and earth ». Autrement dit un maçon qui ne croit pas au GADLU est et sera « exclu de l’Ordre » maçonnique. Thèse impossible à concilier avec les Devoirs de 1723 qui n’imposaient à chaque maçon que l’orthopraxis morale (« to be good men and true or men of honour and honesty ») et le laissaient par conséquent libre de ne pas comprendre correctement l’Art et d’être un athée ou un libertin. Ce qui fait incontestablement des « Devoirs » britanniques de 1815 une expression du triomphe absolu de la tendance fidéiste des Antients sur celle, rationaliste, des Modernes.
Refuser de voir que les exposures comme les rituels manuscrits sont l’ébauche , le brouillon ou l’ancêtre des rituels actuels, c’est ne les avoir jamais lu ou, pire, ne les’avoir jamais comparé à un rituel d’aujourd’hui.
Assurer que le Régulateur est dépourvu de toute allusion théiste, c’est ne l’avoir jamais lu.
Dans les deux cas, c’est bien d’aveuglement qu’il s’agit !
Parler de la maçonnerie des Anciens à St-Domingue sans dire qu’elle vient d’être révélée au public maçon par les soins de Pierre Mollier (fin 2019), c’est inélégant.
21 – qu’y a-t-il de plus inélégant, mon cher frère ?
Omettre de préciser ce que personne n’ignore ou ignorer le travail de Pierre Mollier en continuant de se faire une religion de ces vulgaires divulgations ?
Remercions Pierre Noël de nous qualifier d’incapables du moindre discernement (19).
On notera également qu’il est nécessaire, selon lui, d’être équipé de deux paires d’yeux pour bénéficier de son acuité intellectuelle ; il me semblait qu’un central et frontal suffisait, la difficulté résidant dans son acquisition.
Bref, rien que de très habituel chez notre TCF, sauf que voilà une sacrée prouesse, la remise en cause de Dermott himself !
Définitivement, laissons ces divulgations pour ce qu’elles sont, des indications sommaires et surement pas parole maçonnique.
De quoi disposons-nous de probant concernant le rituel des Antients ?
Du Rite Ancien d’York pratiqué par les Français de Saint-Domingue, travaillons là-dessus bon sang, les documents qui l’illustrent sont authentiques.
Problème : ce rite est une véritable messe catholique.
Conséquence : la théorie selon laquelle les différences entre Moderns et Antients se trouvent à la marge tombe à l’eau si l’on considère les différences entre maçonnerie GODF 1785 et York St-Domingue
Plus probant encore et cette fois authentiquement anglais : Constitutions 1723 édition 1756 vs Ahiman Rezon.
Les différences sont de même nature et toutes aussi profondes.
C’est de cette exégèse qu’émergera une analyse pertinente et objective des circonstances de l’union de 1813.
Mon point de vue :
C’est la maçonnerie des Antients qui est retenue comme modèle du nouveau rituel.
La déchristianisation n’est qu’une façade, les principes religieux s’imposant.
Je vois une crainte des Anglais de voir ressurgir la Révolution à travers un Comité de Salut Public d’autant plus radical qu’il fera suite à l’effondrement de l’Empereur, ainsi une manière de s’y préparer et d’en contrer a priori toute éventuelle conséquence par une cohésion maximum des élites.
# 12, 17.
la fiabilité des exposures a été mise en doute par tous les auteurs du XIX° et du XX° siècles. Soupçonnées de vénalité et/ou de trahison, elles étaient ipso facto qualifiées de non-fiables, ce qui n’empêchent les mêmes auteurs de les utiliser lorsqu’il s’agissait de décrire l’évolution des rituels par exemple.
La position générale est bien plus nuancée ! Quiconque a vu une cérémonie maçonnique aujourd’hui, reconnaît aisément ce qui est authentique, déformé ou ajouté. Cela est vrai pour Prichard, les anonymes et les autres. les manuscrits nombreux, les imprimés chiffrés permettent de trier le bon grain de l’ivraie. Taxil lui-même donne des rituels tout à fait fiables, dont il faut bien sûr enlever les excès, les calomnies et les outrances.
De nos jours, les exposures sont considérées pour ce qu’elles sont, soit des aide-mémoires bien utiles à l’époque, soit des « forgeries » visant à tromper le public. N’importe qui au fait des pratiques actuelles, un peu habitué à la lecture de ces documents du passé fait aisément la part des choses.
A condition d’avoir des yeux pour voir et des yeux pour observer.
@19 :
Il faut donc se garder de tomber dans ces travers : tout rejeter ou tout prendre pour argent comptant. La position est nuancée, sans doute, mais rappelons que du point de vue documentaire, il n’existe aucune preuve confirmant les propos de cette divulgation dont Dermott se moque. Donc, en toute logique et surtout en toute rigueur, si l’on s’en tient à des écrits de l’époque, le TDK n’est pas le rituel des Antients de Dermott…
Les « modernes » se moquent tout autant de Prichard
Defence of Masonry, qui est publié en réaction de Masonry Dissected, ne dénonce jamais les divulgations de Prichard… cette longue réponse se veut rectificatrice sur certains points. C’est ce qui permet d’avancer que les divulgations de Prichard peuvent être considérées comme crédibles. Nous n’avons rien de tel, me semble-t-il, avec le TDK… il faut croire sur parole son auteur… comme Anderson pour le 24 juin 1717 😉
La GL désapprouve sévèrement cette initiative (la publication de Prichard). Le 15 décembre 1730, le duc de Norfolk étant GM, Prichard est traité de faux frère et d’imposteur. Son livre est qualifié de folie qui ne mérite aucune considération. Voici la transcription complète du PV :
« In violation of the obligation of a Mason which he swears he has broken in order to do hurt to Masonry and expressing himself with the utmost Indignation against both him (stiling him an Impostor) and of his Book as a foolish thing not to be regarded. But in order to prevent the Lodges being imposed upon by false Brethren or Impostors : Proposed till otherwise Ordered by the Grand Lodge, that no Person whatsoever should be admitted into Lodges unless some Member of the Lodge then present would vouch for such visiting Brothers being a regular Mason, and the Member’s Name to be entred against the Visitor’s Name in the Lodge Book, which Proposal was unanimously agreed to. »
Je profite de la très juste et seule source valable du pas d’apprenti donnée par Pierre Noël (exprimant la prudence avec laquelle doit s’établir le raisonnement), pour expliquer, à mon sens, ce que l’on peut entendre par « l’ésotérisme » du rituel maçonnique.
Le rituel maçonnique n’a rien d’ésotérique au sens surnaturel du terme (ce qui fait toute l’erreur de ceux qui cherchent ledit sens), il n’a d’ésotérique que le fait qu’il délivre son enseignement par l’intermédiaire de symboles, eux-mêmes n’exprimant rien de surnaturel.
En revanche, le rituel est exclusivement métaphysique au sens qu’il s’adresse à ce qui est absolument métaphysique chez l’Homme, la pensée, et fait état de la mécanique par laquelle il est nécessaire qu’elle s’établisse pour éviter autant que cela soit possible de verser dans l’erreur ou la fantasmagorie.
Par ailleurs, la fonction exclusive du rituel, par le fait qu’il n’a aucun autre contenu qu’une méthode (ainsi y voir des principes bibliques, malgré sa lettre, est un non-sens. Les frères Antients étaient dans l’erreur, ce ne sont pas les principes bibliques qui ont permis la construction des cathédrales, mais la lettre G, les Moderns avaient raison), est de donner les moyens d’aborder les textes proprement métaphysiques (initiations antiques, philosophie grecque, Bible, entre autres), de manière à distinguer ce qui est de l’ordre de la réflexion (au sens du reflet de la réalité et par extension du Principe) de ce qui n’est que croyance, et ainsi aboutir à la compréhension universelle, autrement nommée Vérité comme, au risque de me répéter, la Géométrie, compréhension des lois physiques universelles, fut la Vérité qui permit de construire les cathédrales.
S’il est convenu que cet aboutissement du domaine exclusivement spéculatif du Métier est inatteignable, je n’en suis pas sûr tout étant conscient d’en être parfaitement incapable.
En revanche, il est certain que l’initié doit avoir pour objectif de l’approcher le plus près et le plus justement possible et ceci, tout aussi certainement, ne peut se réaliser qu’hors de toute croyance a priori, tout se trouvant dans l’épreuve et devant être mis à l’épreuve, sens des voyages maçonniques.
J’ajoute qu’il est très regrettable d’exiger d’un profane qu’il croit en un Principe ou un dieu pour l’admission en Franc-maçonnerie, tant partir de l’athéisme et aboutir à la compréhension qu’il ne peut en être ainsi participe d’un raisonnement solide et exige un travail soutenu, quand la croyance a priori a peu de chance d’engager à l’extrême profondeur de la réflexion nécessaire à ce changement de perception.
S’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais … 1723
Il n’y a pas de doute que les Antients ont bien gagné la partie et que, dès lors, la Maçonnerie s’est perdue.
« J’ajoute qu’il est très regrettable d’exiger d’un profane qu’il croit en un Principe ou un dieu pour l’admission en Franc-maçonnerie »: sauf dans une optique gnostique où on considèrerait que le parcours maçonnique aide l’homme, à travers un parcours initiatique en trois étapes, purificatrice, illuminative et unificatrice, à parvenir d’une certaine façon à se diviniser. Renier l’existence d’un être suprême au début de ce processus le rendrait selon moi difficile, voire absurde.
33 – Pour que votre conclusion soit acceptable il faut être certain de votre capacité à définir ce en quoi vous croyez.
Qu’avez-vous à dire de ce point de vue ?
« Un dieu défini est un dieu fini ». Comment définir l’ineffable? Je veux juste dire que croire en l’existence d’un être suprême, ou d’une grandeur qui nous dépasse, sans pour cela y rattacher quoi que ce soit de connu, me semble un préalable indispensable avant de tendre vers cet absolu. Le nier au départ rendrait la démarche gnostique caduque. Mais je ne considère pas ceci comme une conclusion, plutôt comme une invitation à un échange de vues constructif.
Vous oubliez celle du marin qui embarque sur la passerelle étroite.
Je m’explique : Il y a longtemps (ce devait être en 1980) j’avais fait une planche dans laquelle je comparais l’ouverture des travaux au décollage d’un vaisseau spacial. (Temps et espace privatifs, appel de l’équipage, vérification des fermetures etc …) pour faire remarquer que si quelqu’un arrivait en retard, il y avait une « perte de charge » par rapport à l’ambiance crée par le rituel d’ouverture (donc par le décollage) pendant le transfert du retardataire de la navette au vaisseau sur la passerelle en question.
Mais encore une fois, ce que j’en dis …
# 7 : Il y a une explication encore plus simple et non « ésotérique ».
Lorsqu’un maçon (ou autre), se trouve sur un échafaudage, à quelque hauteur du sol, il se déplace sur les planches transversales en collant ses pieds en équerre sur elles et en les déplaçant sans lever les pieds.
Pour ce faire, il se met tout près du mur pour avoir un appui et avance le pied le plus proche de celui-ci, le gauche si le mur est à sa gauche, le droit s’il est à sa droite.
Hé oui Pierre, l’explication du pas d’apprenti « mimant » celui de l’ouvrier se déplaçant avec prudence sur un échafaudage et assurant son pas est l’explication la plus couramment retenue, et personnellement celle qui me parait la plus crédible.
N’est-ce pas l’essence même du symbolisme d’offrir plusieurs niveaux d’interprétation ?
absolument. 🙂
Comment sait-on que le TDK est le rituel des Antients ?
Merci
Parce que c’est dit dans l’introduction.
Donc pas d’autre source… pourquoi faudrait-il croire son auteur sur parole alors que Dermott se moque ouvertement de cette divulgation dans l’édition de 1762 d’Ahiman Rezon ?
12 – Voilà bien illustré le problème que pose les divulgations.
Celles-ci ne peuvent en aucun cas servir une historiographie, seulement des croyances par définition incapables d’établir la réalité.
Les railleries de Dermott sur les marches des Modernes, leur « montée à l‘orient » dans chaque grade, révèlent une différence de rituélie des deux systèmes qui ne manque pas d’intérêt.
Les pas « réguliers et reconnus » qui conduisent, chez les Modernes, le candidat de l’occident à l’orient signifient (ou symbolisent) le passage du monde des ténèbres et du désordre à celui de la lumière et de l’ordre, constante de l’ésotérisme occidental. Ils se font sur le tableau de loge au premier grade, par-dessus aux deux autres. Dans le premier cas, c’est le passage du monde sensible au monde ordonné, représenté par le tableau ; dans le deuxième, simulant l’enjambement d’une tombe, c’est le passage du monde sensible au monde des idées, illimité et ineffable par essence, « au-delà de la matière ». Qui a lu Guénon, Eliade, Von Gennep ou Corbin sait que cette démarche est symbolique d’un changement d’état ou, comme ils disent, d’une « mutation ontologique ».
Les Anciens n’enseignaient qu’un pas, en équerre et en ligne droite à chaque degré, comme si le candidat montait les marches d’un escalier (que montre la gravure de « Hiram »), objectivant la notion de montée ou de progrès.
Dans les rituels anglais et écossais actuels, les deux sont présents à des moments distincts des trois cérémonies. Autre exemple de syncrétisme ou de compromis !
Ca vole très haut.
J’ai presque tout compris.
Mais je pense que les pas sont en ligne droite sans lever le pied au 1er degré, (une dimension) toujours sans lever le pied au 2ème sur une surface (2 dimensions) et dans l’espace à 3 dimensions au 3ème.
Je préfère ça à une interprétation zozotérique.
Mais ce que j’en dis …
@ Un Nuage et de l’Eau (2):
Loin de moi l’idée de me désintéresser du fond de ton intervention, mais c’est autre chose qui m’intrigue, ton pseudo.
J’ai du mal à le comprendre, ou au moins à lui trouver une explication (à mes yeux) rationnellement satisfaisante.
La seule chose qui me vient à l’esprit étant liée au lait (nuage) et au thé (l’eau), je sais ça ne fait ni très sérieux, ni très maçonnique, désolé.
Mais peut-être est-ce un peu plus ésotérique. Surtout en lisant solve et coagula…
A suivre?
@ Lazare-Lag (3):
Oh, il n’y a aucun mystère là-dedans, juste un petit clin d’œil à une tradition un peu plus orientale que Jérusalem et même que Babylone. Et puis ce n’est qu’un pseudo. Son nom fut autre…
雲水 Unsui https://en.wikipedia.org/wiki/Unsui
Bonne journée !
Un très grand merci pour cet article fort instructif qui montre bien je crois à quel point les revendications identitaires et essentialistes qui aboutissent invariablement, depuis nos origines, à des conflits de chapelles, reposent sur du vent.
Et «en même temps», ces mêmes conflits, pour absurdes et infondés qu’ils soient, semblent bien avoir une utilité pratique capitale s’il est vrai, et je le crois volontiers, que sans eux la franc-maçonnerie dans son ensemble n’aurait été qu’une mode éphémère. Il en va de même pour les nations, les religions et partis politiques. Si l’union fait la force, la désunion mobilise les énergies. Les deux sont indispensables. Solve et Coagula.
Un big merci à Mr Noël pour cet article historique et pédagogique, on y voit plus clair dans cette querelle historique et ses nuances.
C’est le genre d’article qui permet de remonter à la source et de commencer à comprendre… un peu.