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Johel Coutura (1946-1995) avait fait paraître en France à l’Université de Saint-Etienne en 1994 une anthologie de textes maçonniques (1736-1748) peut-être non diffusée en Belgique : Le Parfait maçon qui contenait, outre ce texte, six autres qui reflétaient un état parallèle de la maçonnerie sortie de la droite ligne des catéchismes classiques : Le Secret des francs-maçons mis en évidence ; Apologie pour l’Ordre des francs-maçons (notez ici l’emploi du mot Ordre) ; Le Secret des francs-maçons entièrement découvert à une jeune dame ; La Franc-maçonne ; L’Ecole des franc-maçonnes ; Constitutions (traduites par Jean Kuenen).
N’étant pas un pays vraiment arriéré, la Belgique a connu et diffusé l’ouvrage de Coutura que j’ai acquis en son temps.
la traduction de Kuenen l’est de l’anglais en néerlandais.
L’avantage avec les Nombres, c’est qu’on peut leur faire tout dire, ils ne répondent jamais.
Tous offrent des possibilités presqu’infinies, le trois, le cinq, le sept, le neuf, le quinze et j’en passe tellement il y en a.
Selon votre éducation, vos choix, vote passé, vos lectures et vos expériences, vous verrez dans le nombre 15, le triple de 5 (les cinq ordres d’architecture, les cinq sens, la deuxième volée de l’escalier à vis …), l’addition de 14 plus 1 (les 11 apôtres et les 4 Saintes Femmes) …; dans le nombre 9, le triple de 3 (la trinité, les côtés d’un triangle, les 3 portes du temple), dans le nombre 12, les chevaliers de la table ronde, les signes du zodiaque, les tribus d’Israël, les mois de l’année …
Jamais les textes ne vous démentiront ! Vous pourrez tout dire, tout imaginer, tout développer sans que rien de ce que vous dites ne soit jamais « erroné », mot qui n’a aucun sens dans ce domaine où tout est permis (tant qu’il ne s’agit que de mots).
Comment expliquez-vous que L’Origine et la déclaration mystérieuse de 1743, dont j’ai le texte chez moi, traduise correctement la mention de Prichard au sujet des « quinze » frères partis à la recherche du cadavre de maître Hiram, et que deux ans plus tard en 1745, toujours en milieu francophone, Gabriel-Louis Pérau mentionne dans L’Ordre des francs-maçons trahi « neuf » frères, origine des « neuf » frères du rite français de 1785 ? [Deux versions à l’origine de l’Elu des Neuf et de l’Elu des Quinze qui coexistent dans le même REAA] Dans cette tradition littéraire que composent les catéchismes de la maçonnerie moderne (1696-1751), une modification de la forme doit avoir une raison et se fonde en principe sur une réinterprétation. Laquelle ? Les Antients eux mentionnaient « douze » frères en soustrayant erronément les « trois » meurtriers des « quinze » frères originaux de 1730 (Trois coups distincts, 1760).
Quant au serment, prêté dans toutes les Instructions de langue française « en tenant la main sur l’Evangile », les procès-verbaux des descentes de police dans les loges parisiennes en 1744 indiquent qu’il s’agissait de l’Evangile selon Saint Jean. Dans les deux plus anciens textes français connus (1744 et 1745) du serment, celui-ci commence ainsi : « Foi de Gentilhomme, je promets & je m’oblige devant Dieu, & cette honorable Compagnie, de ne jamais révéler le Secret [ou Les Secrets] des Francs-Maçons… ». Dans les deux suivants (1745 et 1749) : « Je promets devant le Grand Architecte de l’Univers, qui est Dieu, … ». Dans le rituel du Grand Orient de France de 1785, il pose la main sur le glaive et dit : « Je jure et promets sur les Statuts généraux de l’Ordre et sur ce glaive symbole de l’honneur devant le Grand Architecte de l’Univers (qui est Dieu) … » (l’Evangile a disparu). Mais dans le Régulateur du Maçon, imprimé en 1801, qui reprend quasiment mot à mot le rituel de 1785, l’Obligation est prêtée devant le seul Grand Architecte de l’Univers, car les trois mots « qui est Dieu » en ont été retranchés. Cette suppression est-elle une conséquence à retardement de la Révolution de 1789, avec sa déchristianisation forcée ?
Le serment n’a de valeur que prêté sur la Bible … mais ce n’est pas un acte de dévotion.
Ah ! Et c’est un acte de quoi, alors ?
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Nous ne pratiquons pas la maçonnerie de Prichard, les frères qui ont ouvert des loges sur le continent à partir de 1725 ne l’ont pas fait avec leur « Prichard » sous le bras ; d’une, cette divulgation n’existait pas, d’autre part on leur a transmis puis ils ont transmis la maçonnerie des Moderns, la vraie, celle dont on serait bien inspiré de chercher à connaitre plutôt que d’être obnubilé par une Bible représentante de tout ce qui avait entravé la réflexion jusque là.
Une fois de plus, un livre des Constitutions, quatre éditions, soixante sept ans de maçonnerie Modern, des Antients qui les accusaient d’athéisme et pas une seule occurrence sur la bible dans aucune description d’arrangement de la loge, ni de cérémonie : il n’y a pas de Bible dans la loge Modern.
La disposition des ustensiles sur le plateau est montée sur la peinture célèbre de Frederic II initiant le Margrave Frédéric Von Bayreuth (1740) ; trois chandeliers à une bougie sur la table, la bible recouverte de l’épée au milieu.
C’est toujours le cas en Allemagne comme le montre cet extrait de l’ouverture au 1° degré d’une loge de GLLvD :
« Der Logenmeister: Brüder Aufseher, nähern Sie sich dem Altar (l' »altar », c’est le plateau du VM) , um das Licht zu empfangen! Bruder Zeremonienmeister, reichen Sie mir die Kerze (bougie ou boute-feu)!
Nach dem Aufruf zum Anzünden der Kerzen auf den Säulen (colonnettes sur le plateau, supports des bougies) Der Zeremonienmeister reicht die Kerze von der nordöstlichen (nord-est) Säule dem Logenmeister, welcher sie an dem nordöstlichen Lichte auf dem Altar anzündet.
Der 1. Aufseher nimmt die Kerze von der südöstlichen (sud-est), der 2. Aufseher von der südwestlichen (sud-ouest) Säule und beide zünden sie an der Kerze des Logenmeisters an. Hierauf steilt der Logenmeister zuerst seine Kerze auf die nordöstliche, der 1. Aufseher die seinige auf die südöstliche, der 2. Aufseher die seinige zuletzt auf die südwestliche Säule. »
La disposition des lumières est remarquable : c’est celle du « rite français », comme dans toutes les loges allemandes du temps (stricte observance ou pas).
C’est bien la preuve que le Démasqué témoigne d’une influence allemande.
A noter que la bible n’est utilisée que pour donner sa valeur au serment, pas pour faire un quelconque acte de dévotion, prononcer un patenôtre, en lire un ou des extraits …C’était l’usage depuis des générations aux moments importants de la vie. Inutile d’y voir plus.
L’auteur du Démasqué, nommé Thomas Wolson ou Wilson dans le texte, était, semble-t-il, un personnage haut en couleur de l’époque, comme le Barry Lyndon de William Thackeray (et Stanley Kubrick !).
George Smith est né en 1722 à Greenwich. Il s’engage dans l’armée prussienne puis néerlandaise vers 1740-1748 (guerre de succession d‘Autriche). Il est Initié à Leipzig en 1742 à la loge Aux trois compas, devenue aujourd’hui Minerva aux trois palmiers.
Après la guerre, il s’établit à Utrecht et se marie en 1748. Il devient clerk à l’Eglise anglaise d’Utrecht en 1752 et vit en enseignant l’anglais et de divers expédients pas très honnêtes (notamment divers trafics, dont celui de livre anciens), ce qui ne l’empêche pas d’être membre, en 1757, d’une loge anglaise « Regularity » à Amsterdam, travaillant avec une patente de de Lord Chandos GM d’Angleterre.
Il sert dans l’armée anglaise en 1760-1762 pendant la guerre de sept ans (lieutenant puis capitaine d’un régiment d’infanterie). Retourne en 1769. Devient en 1772 1772 inspecteur de l’académie militaire de Woolwich. En 1778 il est GMP Kent, puis WM de la Royal Military Lodge 371 à Woolwich toujours. Il devient en 1780 JGW GL of E (modern) mais est exclu en 1785 pour faux. Il meurt peu après (1785 ?).
C’est lui qui aurait écrit le Maçon Démasqué, paru d’abord en 1751, soi-disant publié à Londres, mais en réalité à Arnhem ou Utrecht. Toutes les rééditions le furent aux Pays-Bas ou en Allemagne. Jan Snoek montre bien que ce texte n’a pu être écrit que par un maçon qui connaissait aussi bien les usages anglais, français qu’allemands. Plusieurs détails de la divulgation le prouvent, dans le texte comme dans les illustrations. C’est notamment le cas de la disposition du plateau du vénérable : la bible ouverte est recouverte de deux glaives entrecroisés ; à côté est posé un compas ouvert ; 3 chandeliers portant chacun une bougie sont disposés en triangle aux angles du plateau. Cette disposition particulière se voit encore en Allemagne.
Toutes ces révélations trouvent leur source dans Prichard, avec quelques ajouts et développements. Il paraît un goulet d’étranglement entre les exposures écossaises ou anglaises et les manuscrits français des années suivantes, ceux de Berne, de Paris ou de Liège (révélés par Luquet, Bernheim ou Van Win).
Il en va de même pour les « grands » rituels des années suivantes d’Angleterre, d’Ecosse, de France ou d’Allemagne qu’on les nomme modernes ou anciens, andersoniens ou non, français ou écossais mixtes ou pas. La conclusion est claire : si on estime que la maçonnerie de Prichard est une mystification (qu’il en soit la victime ou le responsable), toute la maçonnerie d’aujourd’hui (celle pratiquée dans les loges dogmatiques, les loges libérales et les autres) est née de cette mystification et ne peut en aucun cas se targuer d’une origine « opérative » médiévale ni d’être le dernier réceptacle d’une sagesse antique.
Etude remarquable et conclusion pertinente. Toutefois, s’il est exact que les Old Charges soient » encore médiévales » on peut noter des influences Renaissance dans plusieurs.
Un nouvel article pour la défense de la présence de la Bible en loge modern.
Serait-on terrorisé à l’idée que soit démontré le contraire ?
Oui ces divulgations n’ont rien d’officiel et de fait ne témoignent en rien des usages règlementaires des Moderns.
En revanche, les Constitutions de 1723 à 1784 ne font jamais état de la Bible dans aucune description de cérémonie.
Il est au minimum troublant de persister à affirmer la présence d’un ornement ou meuble jamais cité et le prouver par une documentation extérieure et pamphlétaire.
Refuser de distinguer des usages probablement en cours dans des loges et le caractère règlementaire, c’est s’interdire de connaitre la réalité de la maçonnerie Modern, de même qu’ignorer le chapitre des Constitutions traitant de la Rome antique c’est ne pas voir qu’il est l’introduction de l’Art. 1 des Obligations.